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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

Produit Intérieur Brut contre Gaspillage Intérieur Brut (23 octobre 2006)

J'ai toujours été fasciné par la façon dont les humains comptent, et plus particulièrement par la manie qu’ils semblent avoir de toujours compter ce qui ne devrait pas compter. Récemment, je me suis intéressé à la manière dont est calculé le Produit Intérieur Brut (PIB) américain. Selon le gouvernement des Etats-Unis, le PIB a augmenté de 2,6% au deuxième trimestre 2006, après avoir connu une augmentation de 5,8% sur le premier trimestre. Les économistes nous gratifient alors de commentaires qui laissent à penser que c'est une bonne chose. Nous produisons plus par habitant, ce qui signifie que la production nationale augmente plus rapidement que la population. Mais la croissance a récemment ralenti pour atteindre un niveau soutenable sans déclencher d'inflation.

Les gouvernements de tous les pays de la Terre font ce même type de calcul en adoptant le même raisonnement. Le point de vue général est que la croissance du PIB est une bonne chose, point trait !

Mais pour les penseurs lean, cela devrait au contraire être le début de la discussion. Le PIB prend simplement en compte l’ensemble de l'activité économique. Toutes les biens produits ou les services fournis sont considérés comme du « produit » à condition que quelqu'un les paye.

De ce fait, l’explosion de la croissance des services en ligne et des centres d’appel pour aider les consommateurs à utiliser les produits qu’ils ne savent pas installer, qui ne fonctionnent pas avec leurs autres produits, ou simplement qui ne marchent pas, contribue à la croissance du Produit Intérieur Brut. Il en va de même pour le rappel des produits défectueux. Et il en va de même pour les nouveaux lieux d’entreposage de stocks inutiles. Que pensez-vous de la construction d’immenses aéroports pour transporter des passagers à qui l’on impose une escale à un point C alors qu’ils souhaitent juste aller directement d’un point A à un point B ? Que pensez vous également des dépenses engagées dans les gigantesques centres médicaux pour faire attendre des patients qui attendent la prochaine étape dans leur traitement dans un flux engorgé ? Tout cela contribue à augmenter le Produit Intérieur Brut !

Clairement le problème ici est que la mesure de ce qui est appellé « Produit » mélange deux choses très différentes : la valeur et le gaspillage. Ce dont nous avons vraiment besoin est de mesurer le PIB (calculé sur la base de l’ensemble des « produits » qui créent réellement de la valeur au sens où celle-ci est perçue par le consommateur) et de le comparer au Gaspillage Intérieur Brut (que nous pourrions également apellé le PDG, le Produit Intérieur Gaspillé). Nous voulons que le premier augmente mais nous voulons que le dernier disparaisse.

Ce problème comptable a en fait deux dimensions supplémentaires. D’une part, même dans le cas de biens qui créent vraiment de la valeur pour le consommateur- imaginons un nouvel ordinateur qui fonctionnerait sans avoir besoin d’appeler un centre d’appel – les processus pour le concevoir, le fabriquer et le livrer sont un mélange de valeur et de gaspillage. Par exemple, assembler les pièces est une action qui crée de la valeur tandis que retoucher le produit fini dans l'usine jusqu’à réussir à faire en sorte que tout fonctionne correctement constitue un gaspillage. Mais le consommateur doit payer à la fois pour la valeur et pour le gaspillage.

La deuxième dimension est que des externalités imposées à l'environnement par les processus de création de valeur sont actuellement comptabilisées en tant que produit économique. Par exemple, une étude récente menée par le ministère de l'environnement du gouvernement chinois a estimé que sur les 10 % d’augmentation du Produit Intérieur Brut chinois, 3% ont en fait été dépensé pour essayer de traiter les dommages environnementaux causés sur la santé humaine et l'agriculture et provoqués par les autres 7% ! Dans ce cas, les « internalités », sous forme de marchandises et de services produits pour les consommateurs, sont confondus avec les externalités : le fardeau de leur production sur l'environnement. Tous les deux sont comptabilisés dans le PIB.

Nous sommes tous familiers des étiquettes sur les produits qui nous indiquent quelle est la proportion du produit fabriquée sur le territoire national, quelle est la proportion du produit faite à l’aide de produits recyclés, quelle est la proportion du produit en graisse, en protéine, en hydrate de carbone, etc. Que penseriez-vous d’étiquettes qui nous informeraient sur le nombre d’étape qu’il a fallu pour créer la valeur et sur le nombre d’étape qui sont du gaspillage du point de vue du consommateur ? C'est-à-dire, une comptabilisation des étapes que le client est content de payer comparées à celles que le client est forcé de payer en raison de la mauvaise conception ou de la mauvaise performance des processus mobilisés pour la production du produit ? Et que penseriez-vous d’étiquettes « vertes » qui montreraient les coûts sur l'environnement qui doivent être soustraits de la valeur du produit ?

En réalité, tout cela serait absurde si ce n’était qu’un exercice comptable supplémentaire. À moins que les gaspillages soient réellement évités, ce type de comptabilisation ne serait bon qu’à produire davantage de muda.

Ce que je propose à la place, c’est que les penseurs lean aident les autres (ceux qui ont moins de vision lean) à voir que la croissance est une bonne chose mais seulement la croissance de la valeur, pas la croissance des gaspillages. Et ainsi j'espère que nous tous réexaminerons chaque processus que nous touchons pour distinguer clairement ce qui est de la valeur et ce qui est du gaspillage. Ceci n’est naturellement qu’un préalable nécessaire. La valeur de l'exercice se situe dans l’élimination des gaspillages, pas dans sa comptabilisation.

Mon espoir ultime est qu'un jour notre méthode actuelle de comptabilisation du Produit Intérieur Brut devienne parfaitement fiable même si nous ne la changeons pas. Nous compterons alors vraiment la croissance de Valeur Intérieure Brute, quelle que soit le nom que nous lui donnerons, parce que nous aurons enlevé le Gaspillage Intérieur Brut.

Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

Lettres archivées


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