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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Dans le temps qui nous est imparti (3 décembre 2009)

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Retour au boulot (17 février 2010)

 
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Il y a quelques semaines, j'ai pu visiter l'Arsenal de Venise, où sans discontinuer depuis 1104 l’on construit et entretient des navires militaires. L'Arsenal est toujours une base navale italienne, et il faut pour le visiter obtenir un laisser-passer du Quartier Général à Rome. Mais je ne me suis guère intéressé aux activités d'aujourd'hui. Plutôt à la remarquable histoire de l'Arsenal comme un point de repère dans la longue histoire de la pensée Lean.
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Dans ma dernière lettre, je parlais d'aller plus loin que Toyota. Et à la lumière de ce qui s'est passé ces derniers mois, cela peut étrangement ressembler à de la prescience. En fait, ce n'en était pas : je parlais moins de Toyota que du chemin qui se trouvait devant la communauté Lean.
 
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Durant le 15e siècle, les Vénitiens firent une véritable percée dans l'organisation de la conception et de la production. Ils adoptèrent un standard pour leurs galères et commencèrent à analyser la façon de produire ces bateaux en grandes quantités. Au milieu du 16e siècle, les galères étaient produites sur stock, et assemblées en kits de centaines de vaisseaux chaque année. Quand les besoins militaires le justifiaient, des coques préfabriquées étaient calfatées et mises à l’eau. Elles passaient ensuite en flottant entre de nombreuses stations de travail où l’on installait les mâts, le gouvernail, le pont, les bancs, les rames, les canons et tous les autres éléments du produit le plus complexe existant à cette époque. Ce qui nous donne le premier exemple connu de production en flux continu avec un ordre d'assemblage standard. Et, en 1574, quand le roi de France Henri III le visita, l'Arsenal fut capable de calfater et d'assembler une galère en une heure seulement. (Par chance pour nous, la disposition de l'Arsenal n'a pas changé depuis le 16e siècle de façon qu'il est toujours possible aujourd'hui d'imaginer comment le travail était fait.)
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Je souhaite prolonger la réflexion suscitée par vos réponses à ma demande de contributions. Mais d'abord, je ressens le besoin de prendre le temps de réfléchir à la situation actuelle en vous suggérant de garder deux points à l'esprit :
 
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Comme je parcourais l'Arsenal et que je réfléchissais à la façon dont les concepteurs et les ouvriers de production avaient contribués à la connaissance humaine et aux bonnes pratiques, j'ai commencé à me demander ce que nous pourrions encore ajouter de notre temps. Notre période d'activité (en tout cas la mienne), est celle d'après 1979, quand les pratiques développées par Toyota, Honda et leurs centaines de fournisseurs au Japon ont commencé à être transférées à d'autres pays et d'autres industries.
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Comme je l'ai dit dans ma dernière lettre : Toyota continuera à bien se porter. Je pense qu’autour du changement de siècle, la société Toyota a fait une erreur très humaine en décidant qu'elle voulait devenir le plus grand constructeur automobile du monde rapidement, un objectif sans aucun intérêt pour le client. Puis elle a mis en œuvre tout ce qui était nécessaire pour grossir en conséquence, dépassant ce faisant la vitesse-limite d’évolution que chaque organisation doit respecter.
 
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Il me semble que nous avons d'ores et déjà réalisé plusieurs choses marquantes.
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En écrasant l'accélérateur, Toyota a perdu le contact avec les valeurs et les méthodes rigoureuses qu’elle a brillamment appliquée ces 50 dernières années pour résoudre les problèmes des clients tout en prospérant. Le résultat sera quelques bosses sur sa route dans le futur. Et il devrait encore y avoir des secousses à court terme puisque chaque journaliste, instance de régulation, commission législative et avocat dans chaque pays pourra mettre en cause la fiabilité des produits de Toyota.
 
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Nous avons transféré et adapté les outils Lean à la production, au développement de produits, à la gestion des fournisseurs et au support aux clients vers un grand nombre d'industries dans un grand nombre de pays.
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Il n'y a plus grand-chose à y faire. Mais ce que Toyota peut faire et fera, c'est du Hansei (la réflexion critique sur soi-même), et un travail de réorganisation pour revenir à ses fondamentaux et progresser à nouveau. Cela requiert une analyse des causes racines et le test de contre-mesures, ce qui semblera atrocement lent aux observateurs extérieurs. Mais nous avons appris que les rustines rapidement appliquées, basées sur une connaissance incomplète du problème, ne sont pas durables. C'est pourquoi il nous faut tous être patients (et espérer que l'édiction de règles par les gouvernements deviendra aussi un processus robuste et fiable.)
 
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Nous avons acquis une certaine expérience de tous les outils de management – le déploiement de la politique, l'analyse A3, le management standardisé avec le kaizen – qui sont nécessaires pour introduire et soutenir les outils Lean.
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Faire du Heinjunka (lissage) des émotions est utile pendant une crise. C'est impressionnant de voir combien les médias oscillent facilement entre les félicitations excessives et des critiques irrationnelles des sociétés. Toyota n'était ni aussi bon que ce que beaucoup pensaient, ni aussi mauvais que ce que certains pensent maintenant. Mais, au sein de la communauté Lean, ce type de fluctuations de l'émotion est aussi perturbant que l'échec à niveler la demande (c'est-à-dire à pratiquer le lissage) dans la gestion de quelque processus que ce soit. Donc, restons calmes et retournons travailler sur nos propres problèmes qui sont de créer des entreprises Lean, pendant que Toyota s'occupe des siens.
 
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Mais nous n'avons pas réussi à implanter cet ensemble d'outils et de méthodes de management, sauf dans quelques organisations, et même celles-là se débattent dans les conditions turbulentes que l'économie mondiale continuera vraisemblablement à créer. Eh bien, que pouvons-nous raisonnablement espérer accomplir dans le temps d'activité qui nous reste, qui dans mon cas se trouve être probablement les dix prochaines années?
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Voilà qui est dit ! Je peux passer à quelque chose de plus important. Il s'agit de vos réponses à ma suggestion de partager vos sujets de préoccupation au sujet de la direction que nous devons prendre en tant que communauté Lean. J'ai reçu plus de 300 réponses très approfondies, totalisant plus de 300 pages écrites, de la part aussi bien de personnes travaillant en atelier que de membres de comités de direction, dans une large gamme d'industries et tout autour du monde. J'en suis très touché et extrêmement reconnaissant.
 
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Il n'est pas réaliste de croire que toutes les organisations vont devenir Lean. Et cela n'a pas vraiment de sens car la pensée Lean va continuer à évoluer avec les conditions changeantes et à mesure que les problèmes rencontrés par les clients pousseront à transformer les solutions. Le voyage ne finit jamais puisque la vie ne cesse de changer.
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Nous trouverons bientôt une façon de rendre ces réponses disponibles sur Lean.org (tout en garantissant l'anonymat des répondants.) Mais le volume et la longueur des réponses m'ont empêché de le faire avant la date que je m'étais donnée. En attendant, je souhaite résumer ici les thèmes importants que vous avez mis en avant sur les challenges les plus importants à attaquer ensemble.
 
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Mais pouvons-nous espérer atteindre une étape intermédiaire sur le chemin ? Plus précisément, pouvons-nous créer au moins un entreprise complètement Lean dans chaque industrie ou secteur majeur d'ici 2020 ? Par entreprise Lean, j'entends une organisation qui se focalise clairement sur les problèmes du client, qui met en place une conception Lean des produits, une production Lean, une gestion des fournisseurs et un support au client travaillant ensemble grâce à un management Lean de façon à résoudre de façon efficiente les problèmes du client.
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  • Thème numéro un : pas un d'entre vous ne pense que nous avons besoin de plus d'outils ou de connaissance techniques supplémentaires pour aller plus loin. Et pas un ne pense à des expérimentations dans ce champ-là, même si mon avis est que nous serons sans doute amenés à (re)découvrir et à tester au moins quelques nouveaux outils avec le temps.
  • Thème numéro deux : nombreux sont parmi vous ceux qui identifient la confusion qui peux exister sur la nature profonde du Lean comme un frein au progrès dans votre organisation (Je confesse que j'ai été surpris.) Et vous reliez cela en partie avec le flux sans fin de noms étranges – tous japonais sauf « Takt », qui est allemand – qui sont devenus le jargon Lean (A nouveau j'ai été surpris, mais pour des raisons différentes que j'expliquerai plus loin.)
  • Thème numéro trois : nombreux parmi vous sont ceux qui ont identifié les échecs du management à la tête, au centre et tout en bas de leur organisation comme le challenge le plus important auquel ils font face dans la création d'une entreprise Lean pérenne.
  • Thème numéro quatre : nombreux sont ceux qui trouvent que les méthodes de formation utilisées dans la plupart des organisations n'enseignent ni le système Lean ni la bonne utilisation des outils Lean.
  • Thème numéro cinq : beaucoup ont dénoncé l'incohérence qu'il y a entre la pensée Lean et les systèmes de primes mis en place dans de nombreuses entreprises (pour les employés comme pour les fournisseurs) pour évaluer et motiver les comportements.
 
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C'est sûrement un objectif ambitieux, et qui le devient encore plus quand on pense aux difficultés rencontrées par les entreprises Lean les plus exemplaires. Mais nous avons la plus grande partie des connaissances nécessaires dans nos mains, ce qui fait que nous n'avons pas besoin d'inventions fondamentales. Et tous les éléments d'une entreprise Lean ont été testés individuellement dans des organisations bien réelles. La question est donc plutôt de savoir si nous pensons que nous le pouvons. Et la seule façon de le savoir, c'est de conduire un grand nombre d'expérimentations dans la communauté Lean mondiale, en partageant librement nos expériences, dans l'esprit du PDCA. Pour ma part, je continuerai de penser que nous pouvons le faire tant que nos expérimentations ne prouveront pas définitivement le contraire.
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J'avais également proposé de suggérer des expérimentations que vous pourriez mettre en œuvre avant d'en partager les résultats pour trouver une solution à ces challenges. Il s'est avéré que vous avez été meilleurs à identifier les challenges qu'à proposer des expérimentations, mais je m'y attendais. Laissez-moi par conséquent vous suggérer une série d'expériences à mettre en œuvre pour faire face aux challenges identifiés :
  • Expérience numéro un : décidons d'un moratoire sur l'introduction de nouveaux outils jusqu'à ce que nous soyons capable de créer un contexte managérial propice à la mise en œuvre de chaque outil. C'est une expérience facile à mettre en œuvre.
  • Expérience numéro deux : chaque organisation a besoin de parvenir à un consensus sur des termes standards qui expriment leurs méthodes clefs ou leurs principes de management pour créer toujours plus de valeur pour le client tout en utilisant toujours moins de ressources (« créer toujours plus de valeur pour le client avec toujours moins de ressources » est, soit dit en passant, ce que j'ai toujours voulu dire par « Lean. ») Et il n'est pas du tout sûr qu’il soit nécessaire que ce standard soit identique pour toute la communauté Lean. Pouvons-nous conduire quelques recherches sur le vocabulaire que les organisations qui ont le mieux réussi ont utilisé et nous interroger sur l'intérêt qu'il y aurait à standardiser le langage pour toute la Communauté Lean ? Aussi étrange que cela paraisse, si j'ai utilisé des mots japonais, c'est précisément parce qu'ils n'avaient pas de signification immédiate dans les autres langages. J'ai aidé à choisir le terme « Lean » comme chapeau, il y a 23 ans, et j'ai découvert aussitôt que les multiples sens préexistants de ce mot en Anglais créaient des confusions en grand nombre. C'est pourquoi, quand j'ai découvert qu'il y avait des termes techniques japonais qui n'avaient aucune signification en Anglais ou dans d'autres langues, j'ai sauté sur l'occasion pour les utiliser. Peut-être aurais-je du choisir un terme en Esperanto à la place du mot Lean ! Mais ce qui est fait est fait, c'est pourquoi le choix le plus pragmatique est maintenant de rechercher la façon dont les organisations peuvent se mettre d'accord sur leur propre langage et l'utiliser de façon cohérente.
  • Expérience numéro trois : concentrons-nous sur la façon d'enseigner aux dirigeants la façon de fixer des priorités claires et stables qui servent de guide à la mise en place du Lean. Beaucoup d'organisations ont testé le Hoshin Kanri (déploiement de la stratégie) mais peu ont réussi à le faire fonctionner. Pourquoi ? Et que pouvons-nous faire pour améliorer les résultats ? Faisons aussi des recherches sur les méthodes qui peuvent aider le management intermédiaire à déployer les initiatives stratégiques et à résoudre les problèmes qui apparaissent tous les jours dans toute organisation. Nous sommes déjà engagés dans une vaste expérience collective avec l'analyse A3, mais comme avocats de la méthode plutôt que comme observateurs de ce qui se produit en fait. Faisons donc un peu de C et de A ensemble pour compléter le cycle Plan Do Check Act , de façon à ce que notre mouvement ne passe pas trop de temps à exhorter et trop peu à analyser les résultats. Notre expérimentation doit aussi s'étendre à la recherche de solutions pour le management de terrain pour créer des processus stables et robustes qui peuvent réduire l'agitation managériale, source permanente de chaos. Chacun est au courant des concepts de travail standardisé, de capabilité des process, de disponibilité des équipements, et de capacité à faire face aux fluctuations de la demande. Mais peu sont capables d'appliquer ces concepts de façon durable ; pourquoi ? Comment y parvenir ?
  • Expérience numéro quatre : comment appliquer les méthodes Lean pour enseigner le Lean lui-même ? Un des problèmes récents de Toyota a été de former chaque année des milliers d'employés à une façon de penser et d'agir très différente de celle qu'ils avaient apprise à l'école ou dans leur emploi précédent. Et beaucoup de sociétés rencontrent de vraies difficultés quand il s'agit d'étendre le Lean – appliqué avec succès dans une partie de l'organisation – à l'ensemble de l'organisation ou à une société rachetée. Qu'ont-elles appris au sujet de la meilleure façon d'enseigner le Lean, et au sujet des vitesses limites dans l'apprentissage ? (Connaître cela nous donnerait la vitesse d'expansion à ne pas dépasser ainsi que des indications utiles pour décider si des alliances ou des rachats d'entreprises sont viables).
  • Expérience numéro cinq : un des challenges les plus difficiles pour les pratiquants du Lean est de réconcilier la logique du Lean avec les systèmes de récompense en place pour les individus et les départements ou les autres business avec lesquels nous partageons certains flux. L'échec dans la résolution de ce problème conduit usuellement à des optimisations à somme nulle ou même négative. Malgré cela, peu d'organisations semblent avoir trouvé la façon d'éliminer ce problème. Quelle est la cause première ? Et quelles expérimentations peuvent-elles d'être tentées pour montrer de façon convaincante qu'il peut y avoir une autre voie ?
 
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Cordialement,
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Je vais essayer d'affiner et de prioriser ces pistes de recherche, à nouveau avec votre aide. Et je vais essayer de trouver des façons de conduire conjointement ces expérimentations pour lever ces barrières sur le chemin de la création d'entreprises Lean dans chaque industrie et dans chaque pays. Cela peut demander un travail important avant que d'en venir à bout, mais cela a assurément une valeur très importante pour le mouvement Lean.

Cordialement et avec des émotions nivelées,

  Jim Womack, Président et Fondateur, Lean Enterprise Institute
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (94 - 2010-09-03 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (93 - 2010-09-03 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Faire de chacun une partie du tout (5 novembre 2009)

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Dans le temps qui nous est imparti (3 décembre 2009)

 
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J’ai eu un grand sourire sur le visage une grande partie du mois dernier car j'ai eu l'opportunité de visiter des organisations progressistes sur trois continents et d’être témoin de leurs efforts dans la création de flux de valeur Lean. Visiter un processus, qu'il soit bon ou qu'il soit mauvais, me met toujours de bonne humeur pour l'une des deux raisons suivantes. Si le processus actuel est horrible, il est facile de voir ce que l'on peut améliorer ; s’il a déjà été amplement amélioré par rapport à son état d'origine, la nouvelle couche de gaspillage est encore plus facile à voir et prête à être éliminée.
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Il y a quelques semaines, j'ai pu visiter l'Arsenal de Venise, où sans discontinuer depuis 1104 l’on construit et entretient des navires militaires. L'Arsenal est toujours une base navale italienne, et il faut pour le visiter obtenir un laisser-passer du Quartier Général à Rome. Mais je ne me suis guère intéressé aux activités d'aujourd'hui. Plutôt à la remarquable histoire de l'Arsenal comme un point de repère dans la longue histoire de la pensée Lean.
 
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Cependant, il m'est arrivé de froncer les sourcils en marchant le long de certains flux. Par exemple en entendant des équipes d'amélioration se plaindre de leur difficulté à obtenir et maintenir l'engagement et la coopération de chaque individu et de chaque partie de l'organisation impliqués dans le processus qui avait été amélioré.
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Durant le 15e siècle, les Vénitiens firent une véritable percée dans l'organisation de la conception et de la production. Ils adoptèrent un standard pour leurs galères et commencèrent à analyser la façon de produire ces bateaux en grandes quantités. Au milieu du 16e siècle, les galères étaient produites sur stock, et assemblées en kits de centaines de vaisseaux chaque année. Quand les besoins militaires le justifiaient, des coques préfabriquées étaient calfatées et mises à l’eau. Elles passaient ensuite en flottant entre de nombreuses stations de travail où l’on installait les mâts, le gouvernail, le pont, les bancs, les rames, les canons et tous les autres éléments du produit le plus complexe existant à cette époque. Ce qui nous donne le premier exemple connu de production en flux continu avec un ordre d'assemblage standard. Et, en 1574, quand le roi de France Henri III le visita, l'Arsenal fut capable de calfater et d'assembler une galère en une heure seulement. (Par chance pour nous, la disposition de l'Arsenal n'a pas changé depuis le 16e siècle de façon qu'il est toujours possible aujourd'hui d'imaginer comment le travail était fait.)
 
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Par exemple, lors d'une traversée d'un flux de traitement de l'information dans une grande société de service, l'équipe se plaignait de résistance de l'équipe informatique pour modifier les logiciels fournis en standard pour supporter le processus amélioré. Dans un autre cas, l'équipe se lamentait des réticences des vétérans du service financier à partager la façon dont ils se débrouillaient pour faire face aux problèmes créés par le processus actuel. Dans les deux cas, j'ai trouvé que les équipes se défaussaient sur l'explication la plus confortable pour expliquer le manque d'engagement : ils se trouvaient en face de "mauvaises joueurs."
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Comme je parcourais l'Arsenal et que je réfléchissais à la façon dont les concepteurs et les ouvriers de production avaient contribués à la connaissance humaine et aux bonnes pratiques, j'ai commencé à me demander ce que nous pourrions encore ajouter de notre temps. Notre période d'activité (en tout cas la mienne), est celle d'après 1979, quand les pratiques développées par Toyota, Honda et leurs centaines de fournisseurs au Japon ont commencé à être transférées à d'autres pays et d'autres industries.
 
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Quand cela se produit, j'essaye d'enlever mon costume d'analyste technique et de mettre celui de l'observateur en écoute active. Je demande : "comment les requêtes de vos équipes sont-elles ressenties par les personnes ou les départements dont vous voulez changer les modes de travail ?" Quand je fais cela, je me souviens de notre vieil ami Vilfredo Pareto (1848-1923) qui nous a donné la règle des 80/20 (le premier énoncé par Pareto de cette règle était que, tout au long de l'histoire, 80% de la richesse de la société était détenue par 20% de la population. Plus tard, en 1941, Joseph Juran a étendu cette règle aux problèmes de qualité en énonçant que 80% d'un problème est habituellement lié à 20% des causes possibles. Et aujourd'hui la règle des 80/20 semble trouver son application dans pratiquement toutes les activités.)
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Il me semble que nous avons d'ores et déjà réalisé plusieurs choses marquantes.
 
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Pareto nous a apporté un second enseignement en rapport direct avec ce que j'avais vu lors de mes marches. Il s'agit de son concept d'optimalité économique, qui dit que tout événement dans une société doit être jugé de façon positive à partir du moment où personne n'en subit de conséquence négative et que certains individus et organisations s'en trouvent mieux. Les analystes de la politique publique (dont j'ai été, plus tôt dans ma carrière) ont réalisé plus tard que ce concept s'appliquait particulièrement bien pour évaluer les changements de politique publique décidés par les gouvernements. Le respect de la règle de l'"optimum de Pareto" n'est pas seulement souhaitable en terme d'équité. Les modifications devenaient aussi plus faciles à appliquer politiquement quand on se préoccupait de transférer certains des gains des bénéficiaires pour compenser les conséquences négatives touchant les perdants (créant ainsi un Optimum de Pareto s'il n'était pas présent autrement).
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Nous avons transféré et adapté les outils Lean à la production, au développement de produits, à la gestion des fournisseurs et au support aux clients vers un grand nombre d'industries dans un grand nombre de pays.
 
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En appliquant cette idée aux améliorations de flux, j'ai demandé si le département informatique et si les employés du service financier se trouveraient dans une meilleure situation une fois le processus changé. Et la réponse, après un peu de discussion a été clairement : "non." Le service informatique aurait sérieusement dépassé son budget annuel en répondant avec célérité aux demandes de l'équipe et aurait pris du retard dans ses projets. De leur coté, les employés expérimentés du service financier aurait pu être remplacés par des employés plus jeunes et moins payés capables de mettre en œuvre les nouveaux processus sans avoir besoin de recourir à toutes les astuces des vétérans pour contourner les pièges et complexités du processus actuel.
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Nous avons acquis une certaine expérience de tous les outils de management – le déploiement de la politique, l'analyse A3, le management standardisé avec le kaizen – qui sont nécessaires pour introduire et soutenir les outils Lean.
 
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La cause racine du problème n'est donc pas une méchanceté intrinsèque des gens. En fait, les personnes en questions réagissaient de façon plutôt rationnelle pour protéger leurs intérêts parce qu'ils allaient être impactés par les changements. Et le problème résidait dans le manque de discussion entre les responsables des départements Informatique, Ressources Humaines et les équipes d'amélioration sur la façon dont les "gagnants" pourraient compenser les conséquences négatives rencontrées par les "perdants"
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Mais nous n'avons pas réussi à implanter cet ensemble d'outils et de méthodes de management, sauf dans quelques organisations, et même celles-là se débattent dans les conditions turbulentes que l'économie mondiale continuera vraisemblablement à créer. Eh bien, que pouvons-nous raisonnablement espérer accomplir dans le temps d'activité qui nous reste, qui dans mon cas se trouve être probablement les dix prochaines années?
 
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Ce qui était particulièrement frappant à mes yeux, c'était d'observer que l'optimum de Pareto aurait pu être aisément obtenu dans ces flux de valeur en réallouant les substantielles économies générées par l'amélioration des deux processus en question. Au total, elles auraient été plus que suffisantes pour compenser les coûts supplémentaires encourus par le service informatique. Et les économies significatives liées au processus financier amélioré auraient suffi soit pour offrir aux employés expérimentés, dont plusieurs étaient près de la retraite, une généreuse indemnité de départ, soit pour leur proposer un autre poste avec un salaire inchangé dans cette organisation ou l'important turn-over rendait souvent des postes vacants.
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Il n'est pas réaliste de croire que toutes les organisations vont devenir Lean. Et cela n'a pas vraiment de sens car la pensée Lean va continuer à évoluer avec les conditions changeantes et à mesure que les problèmes rencontrés par les clients pousseront à transformer les solutions. Le voyage ne finit jamais puisque la vie ne cesse de changer.
 
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Malgré cela, la pensée implicite, non discutée, de l'équipe d'amélioration était que tous les gains (y compris la réaction positive du client face aux process améliorés) allaient revenir aux départements se trouvant à la fin des processus, et que tous les autres n'avaient qu'à s'habituer à la nouvelle réalité.
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Mais pouvons-nous espérer atteindre une étape intermédiaire sur le chemin ? Plus précisément, pouvons-nous créer au moins un entreprise complètement Lean dans chaque industrie ou secteur majeur d'ici 2020 ? Par entreprise Lean, j'entends une organisation qui se focalise clairement sur les problèmes du client, qui met en place une conception Lean des produits, une production Lean, une gestion des fournisseurs et un support au client travaillant ensemble grâce à un management Lean de façon à résoudre de façon efficiente les problèmes du client.
 
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Comprendre comment les changements affectent chaque participant à un flux de valeur demande un effort supplémentaire et je me rends souvent compte que les équipes d'amélioration frissonnent à l'idée d'une négociation avec les leaders de toutes les parties affectées de l'organisation. Mais mon expérience après de nombreuses années est que la meilleure façon pour réaliser et pérenniser de grandes améliorations dans les processus-clefs est de faire en sorte que chacun se sente partie du tout en s'efforçant d'appliquer l' "optimum de Pareto" à chaque fois que cela est possible. Je vous engage donc à expérimenter ce concept dans votre propre organisation la prochaine fois que vous trouverez des "mauvais joueurs" qui se mettent en travers d'améliorations importantes de vos flux de valeur.
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C'est sûrement un objectif ambitieux, et qui le devient encore plus quand on pense aux difficultés rencontrées par les entreprises Lean les plus exemplaires. Mais nous avons la plus grande partie des connaissances nécessaires dans nos mains, ce qui fait que nous n'avons pas besoin d'inventions fondamentales. Et tous les éléments d'une entreprise Lean ont été testés individuellement dans des organisations bien réelles. La question est donc plutôt de savoir si nous pensons que nous le pouvons. Et la seule façon de le savoir, c'est de conduire un grand nombre d'expérimentations dans la communauté Lean mondiale, en partageant librement nos expériences, dans l'esprit du PDCA. Pour ma part, je continuerai de penser que nous pouvons le faire tant que nos expérimentations ne prouveront pas définitivement le contraire.
  Cordialement,
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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (92 - 2010-09-01 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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A la recherche d'architectes du flux de valeur (3 septembre 2009)

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Faire de chacun une partie du tout (5 novembre 2009)

 
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Récemment, j'ai passé une grande partie de mon temps sur le gemba à parcourir des processus de création de valeur dans des organisations bien loin de la production industrielle. Et, plus j'avance, par exemple dans le secteur de la santé, plus je me pose la question: "qui a conçu au départ un processus comportant autant de gaspillages, aussi peu disponible, si inadapté, si inflexible, si imprévisible et si déconnecté du reste de l’entreprise ? Et qui est responsable de ses performances aujourd’hui ?" La réponse désigne toujours le même coupable : Personne.
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J’ai eu un grand sourire sur le visage une grande partie du mois dernier car j'ai eu l'opportunité de visiter des organisations progressistes sur trois continents et d’être témoin de leurs efforts dans la création de flux de valeur Lean. Visiter un processus, qu'il soit bon ou qu'il soit mauvais, me met toujours de bonne humeur pour l'une des deux raisons suivantes. Si le processus actuel est horrible, il est facile de voir ce que l'on peut améliorer ; s’il a déjà été amplement amélioré par rapport à son état d'origine, la nouvelle couche de gaspillage est encore plus facile à voir et prête à être éliminée.
 
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Pour être juste envers les lecteurs du secteur des services, il est vrai que la prise de conscience de l'importance des processus et de leur bonne conception est relativement plus facile dans une usine. Le produit est visible pour tous et les spécialistes d'industrialisation, de production et de méthodes sont en place. De plus, pratiquement toutes les entreprises industrielles introduisent périodiquement des produits complètement nouveaux qui mettent en œuvre des méthodes de production nouvelles, ce qui offre l'opportunité de repenser la chaîne de valeur dans sa globalité. La meilleure preuve que les chaînes de valeur industrielles sont plus faciles à transformer, c'est que la conscience de l'importance des processus décline rapidement dans les entreprises industrielles dès que le sol de l'atelier et ses transformations physiques ne sont plus à portée de la vue. La conception des produits, les ventes, les achats, les ressources humaines et les finances sont des processus – des séries d'actions – qui doivent être réalisées correctement et au bon moment, dans la bonne séquence, pour créer la valeur nécessaire à leurs clients. Malgré tout, la conception de ces processus ne fait l’objet que de peu ou pas d'attention, même dans les entreprises qui ont amélioré significativement leur profitabilité en cartographiant et reconcevant le flux de valeur dans leurs usines.
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Cependant, il m'est arrivé de froncer les sourcils en marchant le long de certains flux. Par exemple en entendant des équipes d'amélioration se plaindre de leur difficulté à obtenir et maintenir l'engagement et la coopération de chaque individu et de chaque partie de l'organisation impliqués dans le processus qui avait été amélioré.
 
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Et si votre tâche est de gérer le support client dans une banque, ou les sinistres pour une compagnie d'assurance, ou le flot des patients dans un hôpital, les chances sont grandes que vous soyez amené à repenser fondamentalement un flux de valeur qui n'a jamais été conçu d'une façon rigoureuse et dont personne n'est clairement responsable. Ces processus semblent être magiquement apparus un jour, et se sont ensuite reproduit de manière immuable pendant des années ou des dizaines d'années. Leur actuel état défaillant n’en reste donc pas moins d'une certaine façon validé par les années d'histoire : "cela a toujours (mal) fonctionné comme cela, mais nous sommes malins et nous arrivons à éviter les problèmes tous les jours."
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Par exemple, lors d'une traversée d'un flux de traitement de l'information dans une grande société de service, l'équipe se plaignait de résistance de l'équipe informatique pour modifier les logiciels fournis en standard pour supporter le processus amélioré. Dans un autre cas, l'équipe se lamentait des réticences des vétérans du service financier à partager la façon dont ils se débrouillaient pour faire face aux problèmes créés par le processus actuel. Dans les deux cas, j'ai trouvé que les équipes se défaussaient sur l'explication la plus confortable pour expliquer le manque d'engagement : ils se trouvaient en face de "mauvaises joueurs."
 
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Ce qui manque ici, c'est ce que j'appelle l'architecte du flux de valeur. C'est une personne, idéalement un responsable opérationnel, à qui l'on confie une mission particulière : celle de prendre la responsabilité de repenser fondamentalement la chaîne de valeur existante pour créer une chaîne de valeur Lean (qu’il s’agisse d’un flux de valeur primaire, touchant directement le client, comme la conception d'un produit ou bien la production et la livraison d'une commande ou d’un processus support nécessaire pour qu'un processus primaire puisse travailler). La première étape est de déterminer les besoins du client et le type de flux de valeur nécessaire pour satisfaire ce besoin. Le flux peut ensuite être tracé en marchant à son long avec tous ceux qui y contribuent. L'état actuel peut ainsi être déterminé, ainsi que les faiblesses dans la satisfaction du besoin du client et dans l'efficacité de l'organisation. Cette analyse mettra en évidence des améliorations potentielles et l'architecte du flux de valeur s'efforcera alors de construire un accord sur la meilleure alternative à mettre en ouvre. Des expérimentations sous forme de PDCA détermineront ensuite si l'alternative est viable.
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Quand cela se produit, j'essaye d'enlever mon costume d'analyste technique et de mettre celui de l'observateur en écoute active. Je demande : "comment les requêtes de vos équipes sont-elles ressenties par les personnes ou les départements dont vous voulez changer les modes de travail ?" Quand je fais cela, je me souviens de notre vieil ami Vilfredo Pareto (1848-1923) qui nous a donné la règle des 80/20 (le premier énoncé par Pareto de cette règle était que, tout au long de l'histoire, 80% de la richesse de la société était détenue par 20% de la population. Plus tard, en 1941, Joseph Juran a étendu cette règle aux problèmes de qualité en énonçant que 80% d'un problème est habituellement lié à 20% des causes possibles. Et aujourd'hui la règle des 80/20 semble trouver son application dans pratiquement toutes les activités.)
 
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J'aime le terme d'architecte parce que, dans son sens conventionnel, il désigne la personne qui parle avec les clients pour déterminer leurs besoins pour un bâtiment et qui parle aussi avec les acteurs impliqués dans la conception et dans la construction de façon à créer un processus qui va fournir la valeur souhaitée. La différence, bien sûr, c'est que l'architecte traditionnel crée des bâtiments alors que l'architecte du flux de valeur crée des processus Lean cohérents.
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Pareto nous a apporté un second enseignement en rapport direct avec ce que j'avais vu lors de mes marches. Il s'agit de son concept d'optimalité économique, qui dit que tout événement dans une société doit être jugé de façon positive à partir du moment où personne n'en subit de conséquence négative et que certains individus et organisations s'en trouvent mieux. Les analystes de la politique publique (dont j'ai été, plus tôt dans ma carrière) ont réalisé plus tard que ce concept s'appliquait particulièrement bien pour évaluer les changements de politique publique décidés par les gouvernements. Le respect de la règle de l'"optimum de Pareto" n'est pas seulement souhaitable en terme d'équité. Les modifications devenaient aussi plus faciles à appliquer politiquement quand on se préoccupait de transférer certains des gains des bénéficiaires pour compenser les conséquences négatives touchant les perdants (créant ainsi un Optimum de Pareto s'il n'était pas présent autrement).
 
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Tout ceci parait bien compliqué, et de fait ça l'est ! La plupart des organisations s'attaquent à l'amélioration des processus par l'intermédiaire d'une équipe fonctionnelle (ou d'un consultant) qui travaillera sur des points isolés le long d'un flux de valeur étendu, bien souvent sans s’interroger sur ce qui est réellement important pour le client et quelles sont les conséquences pour l'organisation dans son ensemble. Par conséquent, les processus les plus importants – ceux qui traversent de part en part l'organisation – ne sont souvent pas attaqués et, même quand ils le sont, le processus amélioré ne peut être pérenne car il n'est pas compris par les managers opérationnels qui ne comprennent pas non plus que maintenir et même améliorer la chaîne de valeur dans son ensemble est une de leur responsabilités (cela pointe à nouveau l'importance qu'il y a à désigner un manager du flux de valeur pour chaque processus une fois qu'il est transformé, pour qu’il s'inquiète de la performance et l'améliore continuellement par des actions de kaizen). Je rêverais que la communauté Lean puisse tout simplement puiser dans les bonnes pratiques de Toyota ou de Honda en matière d'architecture de process Lean. Malheureusement, j'ai peur que cela soit impossible. J'ai fait de nombreuses recherches mais je n'ai pas trouvé de manuels sur la façon dont ces organisations construisent des flux de création de valeur en-dehors des usines. Et pourtant, dans la plupart des cas, la grande majorité des processus s’opèrent loin de la production. C'est pourquoi je pense que nous sommes en pratique livrés à nous-mêmes au fur et à mesure que la pensée Lean s'étend maintenant bien au-delà de son point d'origine.
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En appliquant cette idée aux améliorations de flux, j'ai demandé si le département informatique et si les employés du service financier se trouveraient dans une meilleure situation une fois le processus changé. Et la réponse, après un peu de discussion a été clairement : "non." Le service informatique aurait sérieusement dépassé son budget annuel en répondant avec célérité aux demandes de l'équipe et aurait pris du retard dans ses projets. De leur coté, les employés expérimentés du service financier aurait pu être remplacés par des employés plus jeunes et moins payés capables de mettre en œuvre les nouveaux processus sans avoir besoin de recourir à toutes les astuces des vétérans pour contourner les pièges et complexités du processus actuel.
 
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Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d'expériences dans de nombreuses industries sur l'approche à suivre pour que l'architecture de flux de valeur devienne une compétence clef du management opérationnel. Et j'espère que des membres de la communauté Lean vont être pionniers dans cette voie et pourront partager leurs expériences. Nous espérons avoir l'opportunité d'examiner ces expérimentations dans le cadre des activités du LEI sur le Lean Management et pouvoir partager nos conclusions.
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La cause racine du problème n'est donc pas une méchanceté intrinsèque des gens. En fait, les personnes en questions réagissaient de façon plutôt rationnelle pour protéger leurs intérêts parce qu'ils allaient être impactés par les changements. Et le problème résidait dans le manque de discussion entre les responsables des départements Informatique, Ressources Humaines et les équipes d'amélioration sur la façon dont les "gagnants" pourraient compenser les conséquences négatives rencontrées par les "perdants"
 
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Pour citer un exemple du type d'expérience que nous recherchons, mon coauteur de longue date, Dan Jones, et ses collaborateurs travaillent avec plusieurs organisations de la santé au Royaume-Uni pour former des architectes de flux de valeur capables de transformer le flux des patients au travers de l'hôpital. C'est un challenge particulièrement difficile dans la mesure où les multiples étapes (de l'admission à la sortie) n'ont jamais été traitées comme un processus connecté et – dans les rares cas où ils l'ont été – ni les besoins de l'organisation, ni ceux des patients, n'ont été clairement définis. Dan a récemment demandé à ses collaborateurs, Marc Baker et Ian Taylor, de formaliser leur approche dans un manuel, Making Hospital Work, et j'espère que les membres de la communauté Lean de toutes les branches industrielles le trouveront intéressant. En relisant leur travail, j'ai trouvé particulièrement important qu'ils aient reformulé la re-conception d’un processus à travers une analyse A3, impliquant de se concentrer d'abord sur les besoins du patient et de l'organisation avant de s'attaquer à l'amélioration du flux du patient. Par ailleurs, leur exposé provoque la discussion sur le rôle du Value Stream Manager (ils utilisent le terme de manager au lieu de celui d'architecte) et sur sa contribution essentielle en tant que force trans-départementale pour transformer une organisation traditionnellement organisée en silos verticaux.
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Ce qui était particulièrement frappant à mes yeux, c'était d'observer que l'optimum de Pareto aurait pu être aisément obtenu dans ces flux de valeur en réallouant les substantielles économies générées par l'amélioration des deux processus en question. Au total, elles auraient été plus que suffisantes pour compenser les coûts supplémentaires encourus par le service informatique. Et les économies significatives liées au processus financier amélioré auraient suffi soit pour offrir aux employés expérimentés, dont plusieurs étaient près de la retraite, une généreuse indemnité de départ, soit pour leur proposer un autre poste avec un salaire inchangé dans cette organisation ou l'important turn-over rendait souvent des postes vacants.
 
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Chaque secteur économique et chaque organisation est différente et nous aurons besoins de nombreuses expérimentations dans les prochaines années pour faire que tout cela fonctionne. En effet, je crois que les essais systématiques pour trouver la meilleure approche pour créer un flux de valeur lean dans tous les processus et toutes les industries sont une des tâches les plus importants qui attend la communauté Lean.
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Malgré cela, la pensée implicite, non discutée, de l'équipe d'amélioration était que tous les gains (y compris la réaction positive du client face aux process améliorés) allaient revenir aux départements se trouvant à la fin des processus, et que tous les autres n'avaient qu'à s'habituer à la nouvelle réalité.

Comprendre comment les changements affectent chaque participant à un flux de valeur demande un effort supplémentaire et je me rends souvent compte que les équipes d'amélioration frissonnent à l'idée d'une négociation avec les leaders de toutes les parties affectées de l'organisation. Mais mon expérience après de nombreuses années est que la meilleure façon pour réaliser et pérenniser de grandes améliorations dans les processus-clefs est de faire en sorte que chacun se sente partie du tout en s'efforçant d'appliquer l' "optimum de Pareto" à chaque fois que cela est possible. Je vous engage donc à expérimenter ce concept dans votre propre organisation la prochaine fois que vous trouverez des "mauvais joueurs" qui se mettent en travers d'améliorations importantes de vos flux de valeur.

  Cordialement,
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (91 - 2010-09-01 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Dans l'Esprit d'un Manager Lean (31 juillet 2009)

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A la recherche d'architectes du flux de valeur (3 septembre 2009)

 
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Depuis quelques années, j'ai commencé à préconiser le dépassement d’une vision « outils » du Lean – parmis lesquels lesquels j'inclus le très puissant Value Stream Mapping (VSM) – pour y substiuer une approche globale du Lean Management .
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Récemment, j'ai passé une grande partie de mon temps sur le gemba à parcourir des processus de création de valeur dans des organisations bien loin de la production industrielle. Et, plus j'avance, par exemple dans le secteur de la santé, plus je me pose la question: "qui a conçu au départ un processus comportant autant de gaspillages, aussi peu disponible, si inadapté, si inflexible, si imprévisible et si déconnecté du reste de l’entreprise ? Et qui est responsable de ses performances aujourd’hui ?" La réponse désigne toujours le même coupable : Personne.
 
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A cette même période, nous avons commencé, au LEI, à publier un ensemble de livres sur les techniques du Lean Management. Cet ensemble comprenait Strategy Deployment, qui traite de la façon de définir les priorités au sommet de l'organisation, A3 Analysis, qui aborde le déploiement de ces priorités et de la résolution des problèmes au sein de l'organisation et Standardized Work With Kaizen, qui vise à créer de la stabilité et de la pérennité à la base de l'organisation, là où se crée la valeur.
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Pour être juste envers les lecteurs du secteur des services, il est vrai que la prise de conscience de l'importance des processus et de leur bonne conception est relativement plus facile dans une usine. Le produit est visible pour tous et les spécialistes d'industrialisation, de production et de méthodes sont en place. De plus, pratiquement toutes les entreprises industrielles introduisent périodiquement des produits complètement nouveaux qui mettent en œuvre des méthodes de production nouvelles, ce qui offre l'opportunité de repenser la chaîne de valeur dans sa globalité. La meilleure preuve que les chaînes de valeur industrielles sont plus faciles à transformer, c'est que la conscience de l'importance des processus décline rapidement dans les entreprises industrielles dès que le sol de l'atelier et ses transformations physiques ne sont plus à portée de la vue. La conception des produits, les ventes, les achats, les ressources humaines et les finances sont des processus – des séries d'actions – qui doivent être réalisées correctement et au bon moment, dans la bonne séquence, pour créer la valeur nécessaire à leurs clients. Malgré tout, la conception de ces processus ne fait l’objet que de peu ou pas d'attention, même dans les entreprises qui ont amélioré significativement leur profitabilité en cartographiant et reconcevant le flux de valeur dans leurs usines.
 
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Récemment, j'ai eu l'opportunité de visiter un certain nombre d'organisations et de voir comment ces techniques du Lean Management sont utilisées. Laissez-moi partager avec vous plusieurs exemples intéressants.
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Et si votre tâche est de gérer le support client dans une banque, ou les sinistres pour une compagnie d'assurance, ou le flot des patients dans un hôpital, les chances sont grandes que vous soyez amené à repenser fondamentalement un flux de valeur qui n'a jamais été conçu d'une façon rigoureuse et dont personne n'est clairement responsable. Ces processus semblent être magiquement apparus un jour, et se sont ensuite reproduit de manière immuable pendant des années ou des dizaines d'années. Leur actuel état défaillant n’en reste donc pas moins d'une certaine façon validé par les années d'histoire : "cela a toujours (mal) fonctionné comme cela, mais nous sommes malins et nous arrivons à éviter les problèmes tous les jours."
 
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Dans une de ces sociétés, j'ai trouvé une matrice de déploiement de la stratégie remarquablement élaborée, affichée dans tout le siège et dans les sites. C'était la matrice usuelle en forme de X avec les principaux objectifs Business sur le coté gauche, en haut les initiatives nécessaires pour atteindre les objectifs, et à droite les résultats spécifiques à atteindre pour l'année en cours. Il y avait aussi une grille permettant de montrer quelle partie de l'organisation prenait la responsabilité de quelle initiative et lesquelles était affectées par chaque initiative.
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Ce qui manque ici, c'est ce que j'appelle l'architecte du flux de valeur. C'est une personne, idéalement un responsable opérationnel, à qui l'on confie une mission particulière : celle de prendre la responsabilité de repenser fondamentalement la chaîne de valeur existante pour créer une chaîne de valeur Lean (qu’il s’agisse d’un flux de valeur primaire, touchant directement le client, comme la conception d'un produit ou bien la production et la livraison d'une commande ou d’un processus support nécessaire pour qu'un processus primaire puisse travailler). La première étape est de déterminer les besoins du client et le type de flux de valeur nécessaire pour satisfaire ce besoin. Le flux peut ensuite être tracé en marchant à son long avec tous ceux qui y contribuent. L'état actuel peut ainsi être déterminé, ainsi que les faiblesses dans la satisfaction du besoin du client et dans l'efficacité de l'organisation. Cette analyse mettra en évidence des améliorations potentielles et l'architecte du flux de valeur s'efforcera alors de construire un accord sur la meilleure alternative à mettre en ouvre. Des expérimentations sous forme de PDCA détermineront ensuite si l'alternative est viable.
 
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J'ai aussi noté un succès très limité quant à l'atteinte des objectifs. En fait, toute la société était focalisée sur la justification du pourquoi les objectifs n'avaient pas été atteints. C'était là une nouvelle forme d'analyse de la variance que j'ai caricaturée dans ma précédente lettre.
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J'aime le terme d'architecte parce que, dans son sens conventionnel, il désigne la personne qui parle avec les clients pour déterminer leurs besoins pour un bâtiment et qui parle aussi avec les acteurs impliqués dans la conception et dans la construction de façon à créer un processus qui va fournir la valeur souhaitée. La différence, bien sûr, c'est que l'architecte traditionnel crée des bâtiments alors que l'architecte du flux de valeur crée des processus Lean cohérents.
 
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Dans une seconde société, j'ai découvert que le directeur des opérations avait décrété que tous les problèmes devaient maintenant être traités en suivant l'approche A3, en employant un format standard en 8 parties figées. Pendant la revue à laquelle j'ai assisté, chaque manager avait pu montrer un A3 complètement rempli pour démontrer qu'il était à jour de son travail. Et, comme ils étaient en train d'opérer la transition en partant de décennies de longs rapports sur chaque problème avec de nombreuses pages de documentation, chaque paragraphe du A3 était utilisé pour entasser tous les détails qui auraient été inclus dans le rapport traditionnel. Une fois projetés à l'écran comme des présentations Powerpoint, personne dans la salle n'était capable de les lire. Mais chacun avait fait son travail.
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Tout ceci parait bien compliqué, et de fait ça l'est ! La plupart des organisations s'attaquent à l'amélioration des processus par l'intermédiaire d'une équipe fonctionnelle (ou d'un consultant) qui travaillera sur des points isolés le long d'un flux de valeur étendu, bien souvent sans s’interroger sur ce qui est réellement important pour le client et quelles sont les conséquences pour l'organisation dans son ensemble. Par conséquent, les processus les plus importants – ceux qui traversent de part en part l'organisation – ne sont souvent pas attaqués et, même quand ils le sont, le processus amélioré ne peut être pérenne car il n'est pas compris par les managers opérationnels qui ne comprennent pas non plus que maintenir et même améliorer la chaîne de valeur dans son ensemble est une de leur responsabilités (cela pointe à nouveau l'importance qu'il y a à désigner un manager du flux de valeur pour chaque processus une fois qu'il est transformé, pour qu’il s'inquiète de la performance et l'améliore continuellement par des actions de kaizen). Je rêverais que la communauté Lean puisse tout simplement puiser dans les bonnes pratiques de Toyota ou de Honda en matière d'architecture de process Lean. Malheureusement, j'ai peur que cela soit impossible. J'ai fait de nombreuses recherches mais je n'ai pas trouvé de manuels sur la façon dont ces organisations construisent des flux de création de valeur en-dehors des usines. Et pourtant, dans la plupart des cas, la grande majorité des processus s’opèrent loin de la production. C'est pourquoi je pense que nous sommes en pratique livrés à nous-mêmes au fur et à mesure que la pensée Lean s'étend maintenant bien au-delà de son point d'origine.
 
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Dans une troisième organisation, J'ai retrouvé toutes les composantes du travail standardisé – standard de travail, tableaux de combinaison des tâches, listes des opportunités de kaizen – clairement affichées dans les zones de travail, et... nulle trace de travail standardisé. Quelques minutes d'observation me suffirent pour constater que le travail ne suivait pas les standards affichés et que les activités kaizen ne s'appuyaient pas sur une définition claire des problèmes. Malgré cela, le management ne ménagea pas ses efforts pour me démontrer combien d'améliorations ils avaient pu obtenir grâce à la mise en œuvre de ces superbes techniques faisant partie de leur nouveau système de management visuel.
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Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d'expériences dans de nombreuses industries sur l'approche à suivre pour que l'architecture de flux de valeur devienne une compétence clef du management opérationnel. Et j'espère que des membres de la communauté Lean vont être pionniers dans cette voie et pourront partager leurs expériences. Nous espérons avoir l'opportunité d'examiner ces expérimentations dans le cadre des activités du LEI sur le Lean Management et pouvoir partager nos conclusions.
 
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En arpentant ces sociétés, et bien d'autres, j'ai réalisé que ces nouvelles approches de Lean Management étaient devenues des outils supplémentaires. Tout simplement, des outils de Lean Management. Ils avaient été mis en place comme des rituels sans réfléchir à leur rôle. Comme cela arrive souvent dans la vie des organisations, le moyen était devenu une fin en soi.
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Pour citer un exemple du type d'expérience que nous recherchons, mon coauteur de longue date, Dan Jones, et ses collaborateurs travaillent avec plusieurs organisations de la santé au Royaume-Uni pour former des architectes de flux de valeur capables de transformer le flux des patients au travers de l'hôpital. C'est un challenge particulièrement difficile dans la mesure où les multiples étapes (de l'admission à la sortie) n'ont jamais été traitées comme un processus connecté et – dans les rares cas où ils l'ont été – ni les besoins de l'organisation, ni ceux des patients, n'ont été clairement définis. Dan a récemment demandé à ses collaborateurs, Marc Baker et Ian Taylor, de formaliser leur approche dans un manuel, Making Hospital Work, et j'espère que les membres de la communauté Lean de toutes les branches industrielles le trouveront intéressant. En relisant leur travail, j'ai trouvé particulièrement important qu'ils aient reformulé la re-conception d’un processus à travers une analyse A3, impliquant de se concentrer d'abord sur les besoins du patient et de l'organisation avant de s'attaquer à l'amélioration du flux du patient. Par ailleurs, leur exposé provoque la discussion sur le rôle du Value Stream Manager (ils utilisent le terme de manager au lieu de celui d'architecte) et sur sa contribution essentielle en tant que force trans-départementale pour transformer une organisation traditionnellement organisée en silos verticaux.
 
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Je n’ai pas vraiment été surpris. Les outils – pour l'analyse de processus et pour le management – sont des choses merveilleuses. Ils sont aussi absolument nécessaires. Les managers les apprécient car ces outils paraissent des raccourcis pour réaliser rapidement un meilleur travail. Mais, dans notre cas, les outils risquent de ne pas produire tous les bienfaits attendus – ils risquent même de ne donner aucun résultat – sans des managers avec un état d'esprit Lean pour les mettre en œuvre.

Que veux-je dire par « état d'esprit Lean » ?

Premièrement, le manager Lean doit assumer avec passion et enthousiasme le rôle de solutionneur de problèmes. Cela signifie qu'il va voir la situation actuelle, qu'il questionne sur les difficultés qui freinent la performance, qu'il pousse à la recherche des causes profondes, qu'il montre du respect envers les personnes en-dessous de lui comme à son niveau en leur posant des questions, parfois difficiles, jusqu'à ce qu'une bonne réponse n'émerge. C'est cet esprit d'investigation, de recherche de la réalité des faits qui permet aux outils Lean d'être utilisé à bon escient, avec un manager Lean appliquant l’outil adapté au problème auquel il fait face, sur le Gemba plutôt que dans quelque salle de réunion. Un rituel vide de sens se trouve ainsi remplacé par un processus de réflexion rigoureux qui engage les employés et les fait monter en compétence.

Deuxièmement, le manager Lean prend conscience qu'aucun manager d'un niveau plus élevé ne peut résoudre un problème à un niveau inférieur (et une des plus grandes erreurs dans la mise en œuvre des outils du Lean est précisément d'essayer de faire cela). Au lieu de cela, le haut manager peut assigner la responsabilité à un manager d'un niveau moins élevé de s'attaquer au problème. Cela se fera dans le cadre d'un dialogue continu, aussi bien avec le manager supérieur qu'avec chaque personne impliquée dans le processus rencontrant le problème. La loi Lean qui régit la vie des organisations est que les problèmes ne peuvent être résolus que là où ils vivent, en relation avec les personnes dont les actions présentes contribuent au problème. Cela requiert du soutien, de l'encouragement, mais aussi une pression continuelle de la part du manager supérieur.

Troisièmement, le manager Lean est convaincu qu'au centre de la résolution de problèmes, il y a l'expérimentation conduite au moyen du PDCA (Plan, Do, Check, Act). Personne ne peut connaître la réponse avant que des expérimentations ne soient conduites, et les nombreuses expérimentations qui auront échoué constitueront autant de connaissances de grande valeur pour la prochaine série d'expérimentations.

Enfin, le manager Lean sait qu'aucun problème n'est résolu pour toujours. Bien au contraire, l'introduction d'une solution prometteuse provoquera à coup sur quelques nouveaux problèmes à un autre endroit de l'organisation. Ce n'est pas mauvais en soi. C'est même positif, à la condition que le Manager Lean continue d'appliquer son esprit d'investigation scientifique à ce problème, dans une quête permanente de la perfection.

En résumé, le manager traditionnel est habituellement passif, mettant en œuvre des rituels et appliquant des remèdes usuels à des problèmes qui ne le sont pas. A l'inverse, il y a dans l'esprit du manager Lean une tendance permanente à repenser les problèmes d'organisation, rechercher leurs causes profondes et conduire des expérimentations pour déterminer les meilleures solutions connues à ce jour à ces problèmes. Quand cet état d'esprit Lean est associé aux bons outils Lean, il est possible d'obtenir des résultats stupéfiants.

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Chaque secteur économique et chaque organisation est différente et nous aurons besoins de nombreuses expérimentations dans les prochaines années pour faire que tout cela fonctionne. En effet, je crois que les essais systématiques pour trouver la meilleure approche pour créer un flux de valeur lean dans tous les processus et toutes les industries sont une des tâches les plus importants qui attend la communauté Lean.
  Cordialement,

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (90 - 2010-08-30 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (89 - 2010-08-26 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Homicide par l'exemple ? (13 juillet 2010)

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Dans l'Esprit d'un Manager Lean (31 juillet 2009)

 
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Dave Lahote, mon collègue du LEI (Lean Enterprise Institute) a coutume de dire que les managers, particulièrement ceux qui se trouvent au sommet de la hiérarchie, surestiment leur rôle, en particulier lorsqu’ils cherchent à améliorer leurs organisations au travers d’initiatives structurées. Et qu’ils sous-estiment en revanche l’impact (souvent négatif) de leurs actions quotidiennes personnelles sur leurs employés. J’ai récemment assisté à un exemple frappant en visitant une entreprise de fonderie dans un pays en développement et dont le siège social est situé dans un pays très développé (j’espère que vous comprenez que j’évite d’identifier les sites que je visite, sauf lorsque je suis élogieux. J’essaie de respecter mes hôtes lorsqu’ils me permettent d’être un invité sur leur gemba et je veux vraiment qu’ils s’améliorent. Ca ne se passe pas par des blâmes publics).
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Depuis quelques années, j'ai commencé à préconiser le dépassement d’une vision « outils » du Lean – parmis lesquels lesquels j'inclus le très puissant Value Stream Mapping (VSM) – pour y substiuer une approche globale du Lean Management .
 
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L’usine était dans un secteur industriel fondamentalement dangereux et j’ai été surpris et satisfait de voir dès l’entrée dans l’atelier un panneau d’affichage indiquant les causes des blessures du mois précédent. Il était très détaillé et tenu à jour. Les responsables de l’usine qui m’accompagnaient ont indiqué que cela permettait de focaliser les esprits de tous sur la sécurité et que c’était une partie d’un vaste programme de sensibilisation à la sécurité requis par le siège pour réduire les accidents.
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A cette même période, nous avons commencé, au LEI, à publier un ensemble de livres sur les techniques du Lean Management. Cet ensemble comprenait Strategy Deployment, qui traite de la façon de définir les priorités au sommet de l'organisation, A3 Analysis, qui aborde le déploiement de ces priorités et de la résolution des problèmes au sein de l'organisation et Standardized Work With Kaizen, qui vise à créer de la stabilité et de la pérennité à la base de l'organisation, là où se crée la valeur.
 
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J’ai alors effectué un petit calcul. Le graphique indiquait que 12% des salariés de l’entreprise avaient connu un arrêt de travail pour cause d’accident durant le mois précédent ! Pour autant, il s’agissait d’un mois ordinaire. L’arithmétique de base indiquait qu’un opérateur moyen pouvait prévoir d’avoir un accident avec arrêt tous les 8 mois ! Il semblait y avoir un fossé entre les objectifs du programme de sécurité et les résultats et je me demandais pourquoi en continuant ma visite sur le site de production.
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Récemment, j'ai eu l'opportunité de visiter un certain nombre d'organisations et de voir comment ces techniques du Lean Management sont utilisées. Laissez-moi partager avec vous plusieurs exemples intéressants.
 
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L’usine subissait des problèmes sérieux de qualité à la fonderie des énormes moteurs pour des poids lourds. Un haut responsable du siège venait d’ailleurs juste d’arriver pour traiter ce problème. Nous nous sommes croisés à la table vibrante conçue pour enlever le sable résiduel des pièces lorsqu’elles descendaient par une goulotte en sortie de moulage. Juste comme j’arrivais, le responsable expliquait qu’il est important d’aller à la source des problèmes et que celle-ci pouvait être la table vibrante. Et cet homme imposant a soudainement fait preuve d’une force et d’une agilité surprenantes en se balançant à partir d’un rail au-dessus de nous pour se jeter sur la table vibrante en opération, alors que d’énormes pièces descendaient par la goulotte et atterrissaient près de lui sur la table.
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Dans une de ces sociétés, j'ai trouvé une matrice de déploiement de la stratégie remarquablement élaborée, affichée dans tout le siège et dans les sites. C'était la matrice usuelle en forme de X avec les principaux objectifs Business sur le coté gauche, en haut les initiatives nécessaires pour atteindre les objectifs, et à droite les résultats spécifiques à atteindre pour l'année en cours. Il y avait aussi une grille permettant de montrer quelle partie de l'organisation prenait la responsabilité de quelle initiative et lesquelles était affectées par chaque initiative.
 
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Au départ, j’ai pensé que c’était une manière aberrante de risquer la vie d’un manager important. Mais en me tournant pour voir les visages des opérateurs qui le regardaient, j’ai réalisé qu’il était bien plus probable qu’il allait risquer leurs vies dans le futur. Le message officiel de la Direction du siège était que la sécurité était une priorité pour le management, à réduire par un programme ambitieux. Mais les actions de ce haut responsable – bien intentionné puisqu’il est vrai que les managers doivent aller à la source des problèmes plutôt que d’en parler dans des salles de réunion – envoyaient un message inverse et beaucoup plus fort : si vous voulez progresser ici, vous devez foncer et agir sans tenir compte des risques. Je me suis demandé si ça n’allait pas devenir un cas d’homicide par l’exemple.
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J'ai aussi noté un succès très limité quant à l'atteinte des objectifs. En fait, toute la société était focalisée sur la justification du pourquoi les objectifs n'avaient pas été atteints. C'était là une nouvelle forme d'analyse de la variance que j'ai caricaturée dans ma précédente lettre.
 
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C’était le cas le plus spectaculaire que j’ai jamais rencontré, et il était d’autant plus perturbant pour moi que je venais de traverser le bidonville isolé dans lequel les opérateurs habitaient et avais pu constater qu’il y avait peu de chances d’y avoir un bon salaire ailleurs que dans cette unique usine. Mais en réfléchissant à ce que je venais de voir, je me suis rendu compte que je vois des exemples similaires, certes moins dangereux et importants, tous les jours lorsque je voyage. Par exemple, j’ai récemment vu plusieurs situations dans lesquelles des managers essayaient de changer leurs pratiques en déployant le Hoshin Kanri (vision partagée). Analyses A3 et travail standardisé (y compris pour les supérieurs hiérarchiques) font partie des programmes lean. Les opérateurs y répondent en général très positivement. Mais alors quelque chose se passe mal en production ou, tout simplement, le « manager lean » nouvellement créé est fatigué après une longue journée. Et le manageur classique qui rôde en chacun de nous ressort alors brutalement pour donner des ordres descendants, prescrire une solution avant même qu’il y ait accord sur le problème, ou agir d’une autre manière sans effort de documentation de la situation, annihilant ainsi les efforts faits pour imposer la standardisation. Je pourrais relater plus d’un exemple dans notre propre structure, impliquant notre dirigeant –votre serviteur– mais je vais éviter de me faire mal…Il suffit de dire que je plaide coupable.
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Dans une seconde société, j'ai découvert que le directeur des opérations avait décrété que tous les problèmes devaient maintenant être traités en suivant l'approche A3, en employant un format standard en 8 parties figées. Pendant la revue à laquelle j'ai assisté, chaque manager avait pu montrer un A3 complètement rempli pour démontrer qu'il était à jour de son travail. Et, comme ils étaient en train d'opérer la transition en partant de décennies de longs rapports sur chaque problème avec de nombreuses pages de documentation, chaque paragraphe du A3 était utilisé pour entasser tous les détails qui auraient été inclus dans le rapport traditionnel. Une fois projetés à l'écran comme des présentations Powerpoint, personne dans la salle n'était capable de les lire. Mais chacun avait fait son travail.
 
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Heureusement, je vois aussi de temps en temps des contre-exemples. Il y a quelques semaines, j’ai passé une journée avec un PDG que j’appellerai Bob. Il se battait pour poursuivre ses efforts pour diriger et améliorer les processus principaux de son entreprise avec le A3. Il allait contre une vie professionnelle entière dans laquelle il donnait des ordres de son bureau et manageait par les résultats, et ses A3 n’étaient vraiment pas très bons. Il avait en particulier beaucoup de mal avec l’identification des causes racines. J’ai aussi noté que les autres éléments de l’initiative lean de son entreprise étaient également assez grossiers, en particulier l’effort pour atteindre la stabilité de base dans ses processus fondamentaux.
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Dans une troisième organisation, J'ai retrouvé toutes les composantes du travail standardisé – standard de travail, tableaux de combinaison des tâches, listes des opportunités de kaizen – clairement affichées dans les zones de travail, et... nulle trace de travail standardisé. Quelques minutes d'observation me suffirent pour constater que le travail ne suivait pas les standards affichés et que les activités kaizen ne s'appuyaient pas sur une définition claire des problèmes. Malgré cela, le management ne ménagea pas ses efforts pour me démontrer combien d'améliorations ils avaient pu obtenir grâce à la mise en œuvre de ces superbes techniques faisant partie de leur nouveau système de management visuel.
 
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Mais j’ai été frappé par la ténacité de Bob, même à la fin d’une longue journée dans laquelle beaucoup de choses s’étaient mal passées et où il avait été tenté de revenir aux anciennes manières. Et j’ai vu l’effet remarquable qu’il avait sur ses subordonnés directs, qui sortaient de leurs bureaux pour poser des questions jamais posées, tout en se battant avec leurs A3 imparfaits. Ce que je voyais, c’était l’impact puissant de l’exemple personnel positif dans une situation ou les éléments de l’initiative lean de l’entreprise n’étaient pas encore sophistiqués ou mis en œuvre. Je savais que dans un an ou deux, l’entreprise de Bob serait beaucoup plus loin sur le chemin vers l’entreprise lean que la fonderie qui aurait toujours un magnifique rapport sur la sécurité avec rien à montrer en contrepartie.
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En arpentant ces sociétés, et bien d'autres, j'ai réalisé que ces nouvelles approches de Lean Management étaient devenues des outils supplémentaires. Tout simplement, des outils de Lean Management. Ils avaient été mis en place comme des rituels sans réfléchir à leur rôle. Comme cela arrive souvent dans la vie des organisations, le moyen était devenu une fin en soi.
 
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Et je donc suggère à chacun, et je m’inclus évidemment, de faire un peu de Hansei (auto-analyse critique) à intervalles rapprochés. Posez-vous une question simple : est-ce que le message que nous (les leaders de la structure et moi) envoyons au travers de règles et programmes formalisés, ou avec des outils de management comme le A3, sont les mêmes que ceux que nous transmettons chaque jour au travers de notre exemple personnel ? Et si non, que pouvons-nous faire pour rendre nos actes cohérents avec nos paroles ?
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Je n’ai pas vraiment été surpris. Les outils – pour l'analyse de processus et pour le management – sont des choses merveilleuses. Ils sont aussi absolument nécessaires. Les managers les apprécient car ces outils paraissent des raccourcis pour réaliser rapidement un meilleur travail. Mais, dans notre cas, les outils risquent de ne pas produire tous les bienfaits attendus – ils risquent même de ne donner aucun résultat – sans des managers avec un état d'esprit Lean pour les mettre en œuvre.

Que veux-je dire par « état d'esprit Lean » ?

Premièrement, le manager Lean doit assumer avec passion et enthousiasme le rôle de solutionneur de problèmes. Cela signifie qu'il va voir la situation actuelle, qu'il questionne sur les difficultés qui freinent la performance, qu'il pousse à la recherche des causes profondes, qu'il montre du respect envers les personnes en-dessous de lui comme à son niveau en leur posant des questions, parfois difficiles, jusqu'à ce qu'une bonne réponse n'émerge. C'est cet esprit d'investigation, de recherche de la réalité des faits qui permet aux outils Lean d'être utilisé à bon escient, avec un manager Lean appliquant l’outil adapté au problème auquel il fait face, sur le Gemba plutôt que dans quelque salle de réunion. Un rituel vide de sens se trouve ainsi remplacé par un processus de réflexion rigoureux qui engage les employés et les fait monter en compétence.

Deuxièmement, le manager Lean prend conscience qu'aucun manager d'un niveau plus élevé ne peut résoudre un problème à un niveau inférieur (et une des plus grandes erreurs dans la mise en œuvre des outils du Lean est précisément d'essayer de faire cela). Au lieu de cela, le haut manager peut assigner la responsabilité à un manager d'un niveau moins élevé de s'attaquer au problème. Cela se fera dans le cadre d'un dialogue continu, aussi bien avec le manager supérieur qu'avec chaque personne impliquée dans le processus rencontrant le problème. La loi Lean qui régit la vie des organisations est que les problèmes ne peuvent être résolus que là où ils vivent, en relation avec les personnes dont les actions présentes contribuent au problème. Cela requiert du soutien, de l'encouragement, mais aussi une pression continuelle de la part du manager supérieur.

Troisièmement, le manager Lean est convaincu qu'au centre de la résolution de problèmes, il y a l'expérimentation conduite au moyen du PDCA (Plan, Do, Check, Act). Personne ne peut connaître la réponse avant que des expérimentations ne soient conduites, et les nombreuses expérimentations qui auront échoué constitueront autant de connaissances de grande valeur pour la prochaine série d'expérimentations.

Enfin, le manager Lean sait qu'aucun problème n'est résolu pour toujours. Bien au contraire, l'introduction d'une solution prometteuse provoquera à coup sur quelques nouveaux problèmes à un autre endroit de l'organisation. Ce n'est pas mauvais en soi. C'est même positif, à la condition que le Manager Lean continue d'appliquer son esprit d'investigation scientifique à ce problème, dans une quête permanente de la perfection.

En résumé, le manager traditionnel est habituellement passif, mettant en œuvre des rituels et appliquant des remèdes usuels à des problèmes qui ne le sont pas. A l'inverse, il y a dans l'esprit du manager Lean une tendance permanente à repenser les problèmes d'organisation, rechercher leurs causes profondes et conduire des expérimentations pour déterminer les meilleures solutions connues à ce jour à ces problèmes. Quand cet état d'esprit Lean est associé aux bons outils Lean, il est possible d'obtenir des résultats stupéfiants.

  Cordialement,

Jim Womack, Président et Fondateur, Lean Enterprise Institute

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Merci à Anne-Laure Delpech, consultante en organisation, pour cette traduction.
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Merci à Gustave Paoli, consultant en Lean Management, pour cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (88 - 2010-08-26 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Maintenir le cap quand les budgets tanguent (30 juin 2009)

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Homicide par l'exemple ? (13 juillet 2010)

 
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Récemment j'ai passé une journée d’anthropologue Lean, assis au fond d’une salle à observer le comportement de cadres dirigeants pendant la réunion de direction mensuelle d'une grande entreprise. Je n'avais pas fait cela depuis quelques années et cela m’a permis de réfléchir à nouveau sur la façon dont les organisations font d’étranges choses, particulièrement dans les moments difficiles. Le premier sujet à l’ordre du jour était d'examiner comment l'équipe progressait dans son voyage Lean, mais j'ai rapidement constaté le manque d’actions détaillées dans le mandat de l'équipe. Ils voulaient créer une entreprise Lean de « classe mondiale », réactive envers les clients et toutes les autres parties prenantes. C’est évidemment très bien (reste à savoir la signification de « classe mondiale » - je demande toujours et j’obtiens rarement une réponse utile). Mais comment y arriver ? Quels étaient les problèmes transversaux majeurs en travers de la route ? Quelles contremesures étaient mises en œuvre pour résoudre ces problèmes ? Et qui prenait la responsabilité de faire quoi et quand pour mettre en œuvre ces contremesures ? Étant donné le manque d'objectifs clairs et le manque de progrès pour les préciser, je n'ai pas été surpris de sentir le soulagement de la salle lorsque la réunion est passée de cette vision d’ensemble des défis Lean pour toute l’entreprise au point suivant de l’ordre du jour, une discussion sur la performance de chaque département par rapport au budget. Étant donné que le budget a été élaboré au deuxième trimestre 2008 pour une année fiscale commençant le 1er juillet 2008, il n'était pas surprenant d’avoir beaucoup d’écarts à expliquer. Mais est-ce que le budget avait été mal construit ? Ou que l'économie s’était effondrée depuis ? (c’est le cas, bien entendu). Ou bien encore, le budget avait-il été mal exécuté ? Était-ce pour ces trois raisons ? Ou bien deux des trois ? Ou encore autre chose… En fait, aucune preuve n'a été présentée ni aucune analyse faite. Au lieu de cela, la discussion a porté sur les mesures tactiques pour donner une vision aussi positive que possible de la situation pour la fin bientôt proche de l'exercice fiscal. J'ai été déçu par la tournure de la discussion, mais j’ai néanmoins appris quelque chose. J’ai pu voir plus clairement que jamais le phénomène présent dans chaque récession qui fait que les entreprises qui se précipitent pour éviter les écarts par rapport à des budgets obsolètes continuent de chasser les coûts et réduire les effectifs alors que l’économie commence à se stabiliser et le cours des actions recommence à grimper (comme c’est en train d’arriver dans le monde entier en ce moment). Cet instinct se transforme ensuite rapidement en la découverte que l’effectif squelettique restant n’a plus capacité à traiter l’accroissement de business dû au retournement de la conjoncture. Et s’ensuit une rafale de « re-recrutement » ou d'externalisation. L'intensité de cette réponse naturelle mais malheureuse des cadres supérieurs pour réduire les coûts – que l’économiste John Maynard Keynes a appelé il y a longtemps le « paradoxe de l’épargne » – est un déterminant clé de la longueur et la profondeur d'une récession. C’est dommage pour toute l’économie car la récession en devient plus longue et plus profonde qu'elle pourrait l’être. Mais la perte pour l’entreprise à cette réunion a été que l’urgent –les écarts budgétaires– a une fois de plus fortement pollué l’important –le besoin long-terme de l'organisation de trouver son étoile polaire et de garder fermement le cap vers une performance supérieure viable et durable. En fait, définir le cap pour stabiliser l'organisation est ce que les cadres dirigeants sont censés faire. Et les réunions de direction devraient servir à ça. La prochaine fois que vous vous trouvez dans une réunion de direction, que vous soyez cadre dirigeant ou à un niveau inférieur de l'organisation, j'espère que vous garderez en tête ces quelques simples questions (Vous pouvez même avoir envie de les exprimer au début de la réunion). « Sommes-nous tous clairs sur ce qu’est vraiment important pour notre organisation afin de résoudre les problèmes des clients et réussir sur le long terme ? (Dit différemment, peut-on aller au-delà de ce qui est simplement urgent ?) » « Sommes-nous d’accord sur l’identification des gros problèmes que nous devons résoudre en équipe ? » « Sommes-nous sûrs des obstacles qui sont devant nous et de leurs causes racines ? » « Avons-nous – ou allons-nous maintenant – nommé un responsable pour définir les meilleures contremesures et éliminer ces obstacles ? » « Encore plus primordial, avons-nous un moyen de prendre de la hauteur pour résoudre tous les conflits transversaux interservices qui nous empêchent de solutionner les problèmes majeurs de toute organisation multifonctionnelle comme la nôtre ? » Si vous avez les réponses à ces questions simples – balayant au loin les nuages qui masquent votre étoile polaire – vous serez en route vers le succès durable pendant que l'économie mondiale se redynamise dans les années à venir. Et vous pourrez éviter les changements de cap perturbateurs censés traiter le court terme des écarts de la performance financière.
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Dave Lahote, mon collègue du LEI (Lean Enterprise Institute) a coutume de dire que les managers, particulièrement ceux qui se trouvent au sommet de la hiérarchie, surestiment leur rôle, en particulier lorsqu’ils cherchent à améliorer leurs organisations au travers d’initiatives structurées. Et qu’ils sous-estiment en revanche l’impact (souvent négatif) de leurs actions quotidiennes personnelles sur leurs employés. J’ai récemment assisté à un exemple frappant en visitant une entreprise de fonderie dans un pays en développement et dont le siège social est situé dans un pays très développé (j’espère que vous comprenez que j’évite d’identifier les sites que je visite, sauf lorsque je suis élogieux. J’essaie de respecter mes hôtes lorsqu’ils me permettent d’être un invité sur leur gemba et je veux vraiment qu’ils s’améliorent. Ca ne se passe pas par des blâmes publics).

L’usine était dans un secteur industriel fondamentalement dangereux et j’ai été surpris et satisfait de voir dès l’entrée dans l’atelier un panneau d’affichage indiquant les causes des blessures du mois précédent. Il était très détaillé et tenu à jour. Les responsables de l’usine qui m’accompagnaient ont indiqué que cela permettait de focaliser les esprits de tous sur la sécurité et que c’était une partie d’un vaste programme de sensibilisation à la sécurité requis par le siège pour réduire les accidents.

J’ai alors effectué un petit calcul. Le graphique indiquait que 12% des salariés de l’entreprise avaient connu un arrêt de travail pour cause d’accident durant le mois précédent ! Pour autant, il s’agissait d’un mois ordinaire. L’arithmétique de base indiquait qu’un opérateur moyen pouvait prévoir d’avoir un accident avec arrêt tous les 8 mois ! Il semblait y avoir un fossé entre les objectifs du programme de sécurité et les résultats et je me demandais pourquoi en continuant ma visite sur le site de production.

L’usine subissait des problèmes sérieux de qualité à la fonderie des énormes moteurs pour des poids lourds. Un haut responsable du siège venait d’ailleurs juste d’arriver pour traiter ce problème. Nous nous sommes croisés à la table vibrante conçue pour enlever le sable résiduel des pièces lorsqu’elles descendaient par une goulotte en sortie de moulage. Juste comme j’arrivais, le responsable expliquait qu’il est important d’aller à la source des problèmes et que celle-ci pouvait être la table vibrante. Et cet homme imposant a soudainement fait preuve d’une force et d’une agilité surprenantes en se balançant à partir d’un rail au-dessus de nous pour se jeter sur la table vibrante en opération, alors que d’énormes pièces descendaient par la goulotte et atterrissaient près de lui sur la table.

Au départ, j’ai pensé que c’était une manière aberrante de risquer la vie d’un manager important. Mais en me tournant pour voir les visages des opérateurs qui le regardaient, j’ai réalisé qu’il était bien plus probable qu’il allait risquer leurs vies dans le futur. Le message officiel de la Direction du siège était que la sécurité était une priorité pour le management, à réduire par un programme ambitieux. Mais les actions de ce haut responsable – bien intentionné puisqu’il est vrai que les managers doivent aller à la source des problèmes plutôt que d’en parler dans des salles de réunion – envoyaient un message inverse et beaucoup plus fort : si vous voulez progresser ici, vous devez foncer et agir sans tenir compte des risques. Je me suis demandé si ça n’allait pas devenir un cas d’homicide par l’exemple.

C’était le cas le plus spectaculaire que j’ai jamais rencontré, et il était d’autant plus perturbant pour moi que je venais de traverser le bidonville isolé dans lequel les opérateurs habitaient et avais pu constater qu’il y avait peu de chances d’y avoir un bon salaire ailleurs que dans cette unique usine. Mais en réfléchissant à ce que je venais de voir, je me suis rendu compte que je vois des exemples similaires, certes moins dangereux et importants, tous les jours lorsque je voyage. Par exemple, j’ai récemment vu plusieurs situations dans lesquelles des managers essayaient de changer leurs pratiques en déployant le Hoshin Kanri (vision partagée). Analyses A3 et travail standardisé (y compris pour les supérieurs hiérarchiques) font partie des programmes lean. Les opérateurs y répondent en général très positivement. Mais alors quelque chose se passe mal en production ou, tout simplement, le « manager lean » nouvellement créé est fatigué après une longue journée. Et le manageur classique qui rôde en chacun de nous ressort alors brutalement pour donner des ordres descendants, prescrire une solution avant même qu’il y ait accord sur le problème, ou agir d’une autre manière sans effort de documentation de la situation, annihilant ainsi les efforts faits pour imposer la standardisation. Je pourrais relater plus d’un exemple dans notre propre structure, impliquant notre dirigeant –votre serviteur– mais je vais éviter de me faire mal…Il suffit de dire que je plaide coupable.

Heureusement, je vois aussi de temps en temps des contre-exemples. Il y a quelques semaines, j’ai passé une journée avec un PDG que j’appellerai Bob. Il se battait pour poursuivre ses efforts pour diriger et améliorer les processus principaux de son entreprise avec le A3. Il allait contre une vie professionnelle entière dans laquelle il donnait des ordres de son bureau et manageait par les résultats, et ses A3 n’étaient vraiment pas très bons. Il avait en particulier beaucoup de mal avec l’identification des causes racines. J’ai aussi noté que les autres éléments de l’initiative lean de son entreprise étaient également assez grossiers, en particulier l’effort pour atteindre la stabilité de base dans ses processus fondamentaux.

Mais j’ai été frappé par la ténacité de Bob, même à la fin d’une longue journée dans laquelle beaucoup de choses s’étaient mal passées et où il avait été tenté de revenir aux anciennes manières. Et j’ai vu l’effet remarquable qu’il avait sur ses subordonnés directs, qui sortaient de leurs bureaux pour poser des questions jamais posées, tout en se battant avec leurs A3 imparfaits. Ce que je voyais, c’était l’impact puissant de l’exemple personnel positif dans une situation ou les éléments de l’initiative lean de l’entreprise n’étaient pas encore sophistiqués ou mis en œuvre. Je savais que dans un an ou deux, l’entreprise de Bob serait beaucoup plus loin sur le chemin vers l’entreprise lean que la fonderie qui aurait toujours un magnifique rapport sur la sécurité avec rien à montrer en contrepartie.

Et je donc suggère à chacun, et je m’inclus évidemment, de faire un peu de Hansei (auto-analyse critique) à intervalles rapprochés. Posez-vous une question simple : est-ce que le message que nous (les leaders de la structure et moi) envoyons au travers de règles et programmes formalisés, ou avec des outils de management comme le A3, sont les mêmes que ceux que nous transmettons chaque jour au travers de notre exemple personnel ? Et si non, que pouvons-nous faire pour rendre nos actes cohérents avec nos paroles ?

  Cordialement,

Jim Womack, Président et Fondateur, Lean Enterprise Institute

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Merci à François Leteux, A²C² SARL, pour cette traduction.
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Merci à Anne-Laure Delpech, consultante en organisation, pour cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (87 - 2010-08-24 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La Fin d'une époque (2 juin 2009)

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Maintenir le cap quand les budgets tanguent (30 juin 2009)

 
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Hier, le dépôt de bilan de General Motors a marqué la fin d'une époque. La première grande entreprise « managée par les chiffres » vraiment moderne, créée dans les années 20 par Alfred Sloan, vient d’être enterrée en tant que concept viable. Quelle sera la suite de l’histoire ?

Ce n'est pas seulement une question pour GM ni même pour les seules grandes entreprises. Hier a également marqué la fin de l’histoire Lean telle qu’elle se déroule depuis trente ans, depuis que GM a commencé à décliner lors de la récession de 1979. David (en fait une équipe de David) a finalement abattu Goliath juste au moment où Goliath avait fini par s’intéresser au message du Lean. Il nous faut donc aussi examiner ce qui va ensuite se passer pour la communauté Lean elle-même.

La suite pour GM

Début 2009, GM cumulait trois faiblesses majeures. Elle avait trop de dettes héritées de son passé -– de porteurs d’obligations et de retraités. Le coût social de ses employés était trop élevé pour concurrencer les usines de constructeurs étrangers implantés en Amérique du Nord ("transplants"). Et l'argent qu'elle recevait pour la vente de ses produits dans la plupart des segments du marché était bien au-dessous de la moyenne en raison, en partie de l’héritage de décennies de produits défectueux, et en partie de la perte du pouls du public sur ce que la société et ses produits auraient dû signifier pour les clients.

Ironiquement, GM avait également des forces considérables. Elle possédait des usines compétitives en termes de productivité et de qualité et un processus de développement produits compétitif lorsque ses efforts pouvaient être focalisés. (Par exemple, la nouvelle Chevrolet Malibu.) Après avoir échoué pendant 15 ans à apprendre ses leçons avec NUMMI (sa joint-venture avec Toyota en Californie), GM avait développé, ces dernières années, un système de fabrication global compétitif et cohérent et avait rationalisé son organisation de développement global de produits. Elle avait même pris des mesures pour mettre en œuvre la transformation Lean de ses processus internes. Mais -- comme son fournisseur de pièces filialisé Delphi -– le Lean est arrivé trop tard.

La faillite remet les compteurs à zéro. L'endettement hérité a été ramené à un niveau acceptable et le coût des employés actuels sera désormais beaucoup plus compétitif. En outre, la société est en train de réduire considérablement son portefeuille de marques avec une capacité de production adaptée à une part du marché réaliste en volume.

Alors, quel est le problème? Simplement que GM n'a pour l'instant expliqué que ce qu’elle n’est pas. Que GM n’est pas Saturn ni Saab ni Pontiac ni Hummer (ni Opel ou Vauxhall non plus, bien que le nouvel Opel sera certainement un fournisseur global de voitures pour GM pendant encore longtemps). Et que GM n’est pas un fabricant majeur aux Etats-Unis en dehors de la région du Midwest. Et que GM n’est pas, du point de vue de la rentabilité, principalement une société de financement. Et que GM n'aura pas un réseau de revendeurs couvrant toutes les zones de chalandise de chaque ville à travers le continent.

Mais ce qu’une société n’est pas est sans intérêt pour les consommateurs. Si General Motors n'est plus "le GM de votre père" (pour paraphraser la publicité en ligne dans les dernières années de l’Oldsmobile) ni "l'entreprise qui vous laisse tomber" (comme le PDG Fritz Henderson l’a formulé à la conférence de presse d'hier), alors qu'est-ce que c'est ? Pourquoi de nouveaux clients devraient avoir envie d’acheter des produits GM, et encore moins payer dans la fourchette haute des prix dont GM a besoin pour se développer ? Et qui peut définir le nouveau et attrayant GM ?

Le grand génie de Sloan lors de la recréation de General Motors dans les années 1920 (après cette deuxième réorganisation, celle d’hier était la troisième en 100 ans) a été de fournir une explication sur la façon dont GM s'intégrait dans la vie de chaque Américain. Il a présenté une gamme globale de véhicules depuis la Chevrolet d'occasion comme première voiture pour les acheteurs à bas revenu à la Cadillac toute équipée pour ceux qui avaient réussi financièrement. Et les produits GM étaient soigneusement hiérarchisés avec un soin extrême apporté à l'aspect et aux sensations de chaque produit en lien avec les goûts américains. Durant sa phase de croissance exponentielle, GM a en effet souvent été l'arbitre du goût américain.

Pour l'instant, le seul message sur ce que veut être GM est la Volt, son « hybride-électrique » à rayon d’action étendu. C'est peut-être un début, mais il est porteur d’énormes risques étant donné l'obsolescence des technologies et de la perception des politiques et du public sur le changement climatique et la dépendance énergétique. Et, même si c'est un début, ce n’est qu’un tout petit début. Qui peut définir précisément "le GM de votre fils", "le GM qui ne vous laisse pas tomber" ? Et quelle liberté l'entreprise aura-t-elle pour se réinventer ?

Il est facile de blâmer la dernière équipe de direction de GM pour ses problèmes. Mais les cadres dirigeants de GM que j'ai connu -- la quasi-totalité d'entre eux avaient des antécédents de carrière dans la finance -- ont été remarquablement compétents pour diriger l’entreprise dans la stratégie orientée finance et management par le résultat qui a conduit à son succès pendant des générations. Donc, le problème ne relève pas de la compétence individuelle des dirigeants, mais du contresens absolu de GM sur ce que le management doit faire. En termes plus simples, où est le nouveau Sloan, le leader capable de repenser les modes de management et le but de GM pour les rendre à nouveau pertinents pour les Américains ?

Et à supposer que le nouveau Sloan (ou les Sloans) puisse être trouvé, auelles seront les marges de manœuvre de cette personne ou de cette équipe pour diriger l’entreprise et lui redonner son lustre d'antan ? Il s'agit véritablement de la question centrale car le gouvernement des États-Unis, en tant que nouveau propriétaire, est à coup sûr confronté à de grandes contradictions :

Faut-il tailler dans le vif et ajuster immédiatement et d’un seul coup la taille de l’entreprise à sa nouvelle place dans le monde ? (Ce serait le meilleur moyen de faire monter les cours si le gouvernement veut vendre ses actions pour récupérer son investissement massif. Et ce serait le meilleur moyen d’aider aussi Ford et Chrysler en éliminant les capacités excédentaires). Ou bien GM devrait-t-elle stimuler l'emploi dans la profonde récession actuelle et apaiser les syndicats en minimisant les réductions de postes ? On ne peut pas faire les deux à la fois.

GM devrait-elle se focaliser ces prochaines années sur les gros pick-ups et les SUV qui génèrent la totalité de ses bénéfices ? (Ce serait un autre excellent moyen de stimuler le cours des actions afin que le gouvernement récupère son investissement). Ou est-ce que GM devrait se lancer à fond dans les véhicules très économes en carburant, véhicules qui ne se vendront pas, et certainement pas à des marges élevées, sauf si le prix du carburant est également ajusté de manière spectaculaire à la hausse vers les niveaux payés ailleurs dans le monde ? (par exemple, 5 $ au lieu de 2 dollars le gallon.) On ne peut pas non plus faire les deux à la fois.

Il est clair que le plus dur reste à faire, après cette faillite, et nous allons tous regarder ce qui va arriver. Mais permettez-moi de faire un apparté à destination de mes lecteurs -- et ils sont nombreux -- qui travaillent à GM et qui peuvent jouer un rôle actif dans ce futur. Je vous souhaite sincèrement bon courage.

Et la suite pour le Lean ?

Depuis 30 ans maintenant, la communauté Lean a bénéficié d'un fort vent favorable. GM a régulièrement décliné alors que Toyota a régulièrement progressé. Tout ce que nous avions à faire était d’attendre et nous réjouir ! Mais cette histoire est terminée.

GM et presque tous les grands fabricants ont désormais accepté le Lean comme théorie de management, bien que sa mise en pratique soit toujours une bataille. Comme je l'ai indiqué ci-dessus, GM était en train de devenir une entreprise bien plus Lean lorsqu’elle s’est effondrée et j'ai confiance qu'elle continuera à adopter les principes et les méthodes Lean dans les années à venir.

Dans le même temps, Toyota a montré qu’elle avait ses propres défauts dans la crise financière actuelle. Elle a développé ses capacités dans le monde si rapidement qu’elle a dépassé son potentiel à former assez de managers Lean et a dépassé les attentes raisonnables des besoins en volume des marchés sur le long terme. (Comme je l'ai mentionné dans mes précédents courriers, au milieu des années 1990, Toyota a redéfini son but qui était "d'être la meilleure organisation à résoudre les problèmes des clients" en "devenir la plus grande entreprise du secteur", un objectif sans intérêt pour le client). Ce fut un véritable recul pour le mouvement Lean.

Dans la Communauté Lean, nous nous retrouvons donc dans l'étrange position d’avoir gagné une bataille d'idées sans que, dans les faits, la plupart de nos partisans ne mettent pleinement en pratique leurs nouvelles convictions. Et nous avons comme modèle idéal d’organisation une entreprise qui fait face à des défis significatifs de management et de rentabilité alors qu’elle a "gagné" la grande compétition entre le management moderne et le management Lean.

Alors même que ce drame se joue au sein des industries manufacturières, les idées Lean se répandent rapidement vers de nouveaux domaines, de l'industrie financière en plein marasme au domaine de la santé et aux administrations publiques. Pourtant, nous n'avons pas encore totalement défini ce que le Lean signifie dans ces domaines, et encore moins la manière de le mettre en œuvre et de le faire perdurer. Aussi, les événements dramatiques de ces dernières semaines ne doivent pas nous conduire à l'auto-congratulation. Ce doit être une opportunité pour l’humilité et l'auto-réflexion -- Hansei, si vous voulez –- alors que nous luttons tous avec la crise économique tout en essayant de redéfinir notre propre but en tant que communauté Lean pour la nouvelle ère à venir.

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Récemment j'ai passé une journée d’anthropologue Lean, assis au fond d’une salle à observer le comportement de cadres dirigeants pendant la réunion de direction mensuelle d'une grande entreprise. Je n'avais pas fait cela depuis quelques années et cela m’a permis de réfléchir à nouveau sur la façon dont les organisations font d’étranges choses, particulièrement dans les moments difficiles. Le premier sujet à l’ordre du jour était d'examiner comment l'équipe progressait dans son voyage Lean, mais j'ai rapidement constaté le manque d’actions détaillées dans le mandat de l'équipe. Ils voulaient créer une entreprise Lean de « classe mondiale », réactive envers les clients et toutes les autres parties prenantes. C’est évidemment très bien (reste à savoir la signification de « classe mondiale » - je demande toujours et j’obtiens rarement une réponse utile). Mais comment y arriver ? Quels étaient les problèmes transversaux majeurs en travers de la route ? Quelles contremesures étaient mises en œuvre pour résoudre ces problèmes ? Et qui prenait la responsabilité de faire quoi et quand pour mettre en œuvre ces contremesures ? Étant donné le manque d'objectifs clairs et le manque de progrès pour les préciser, je n'ai pas été surpris de sentir le soulagement de la salle lorsque la réunion est passée de cette vision d’ensemble des défis Lean pour toute l’entreprise au point suivant de l’ordre du jour, une discussion sur la performance de chaque département par rapport au budget. Étant donné que le budget a été élaboré au deuxième trimestre 2008 pour une année fiscale commençant le 1er juillet 2008, il n'était pas surprenant d’avoir beaucoup d’écarts à expliquer. Mais est-ce que le budget avait été mal construit ? Ou que l'économie s’était effondrée depuis ? (c’est le cas, bien entendu). Ou bien encore, le budget avait-il été mal exécuté ? Était-ce pour ces trois raisons ? Ou bien deux des trois ? Ou encore autre chose… En fait, aucune preuve n'a été présentée ni aucune analyse faite. Au lieu de cela, la discussion a porté sur les mesures tactiques pour donner une vision aussi positive que possible de la situation pour la fin bientôt proche de l'exercice fiscal. J'ai été déçu par la tournure de la discussion, mais j’ai néanmoins appris quelque chose. J’ai pu voir plus clairement que jamais le phénomène présent dans chaque récession qui fait que les entreprises qui se précipitent pour éviter les écarts par rapport à des budgets obsolètes continuent de chasser les coûts et réduire les effectifs alors que l’économie commence à se stabiliser et le cours des actions recommence à grimper (comme c’est en train d’arriver dans le monde entier en ce moment). Cet instinct se transforme ensuite rapidement en la découverte que l’effectif squelettique restant n’a plus capacité à traiter l’accroissement de business dû au retournement de la conjoncture. Et s’ensuit une rafale de « re-recrutement » ou d'externalisation. L'intensité de cette réponse naturelle mais malheureuse des cadres supérieurs pour réduire les coûts – que l’économiste John Maynard Keynes a appelé il y a longtemps le « paradoxe de l’épargne » – est un déterminant clé de la longueur et la profondeur d'une récession. C’est dommage pour toute l’économie car la récession en devient plus longue et plus profonde qu'elle pourrait l’être. Mais la perte pour l’entreprise à cette réunion a été que l’urgent –les écarts budgétaires– a une fois de plus fortement pollué l’important –le besoin long-terme de l'organisation de trouver son étoile polaire et de garder fermement le cap vers une performance supérieure viable et durable. En fait, définir le cap pour stabiliser l'organisation est ce que les cadres dirigeants sont censés faire. Et les réunions de direction devraient servir à ça. La prochaine fois que vous vous trouvez dans une réunion de direction, que vous soyez cadre dirigeant ou à un niveau inférieur de l'organisation, j'espère que vous garderez en tête ces quelques simples questions (Vous pouvez même avoir envie de les exprimer au début de la réunion). « Sommes-nous tous clairs sur ce qu’est vraiment important pour notre organisation afin de résoudre les problèmes des clients et réussir sur le long terme ? (Dit différemment, peut-on aller au-delà de ce qui est simplement urgent ?) » « Sommes-nous d’accord sur l’identification des gros problèmes que nous devons résoudre en équipe ? » « Sommes-nous sûrs des obstacles qui sont devant nous et de leurs causes racines ? » « Avons-nous – ou allons-nous maintenant – nommé un responsable pour définir les meilleures contremesures et éliminer ces obstacles ? » « Encore plus primordial, avons-nous un moyen de prendre de la hauteur pour résoudre tous les conflits transversaux interservices qui nous empêchent de solutionner les problèmes majeurs de toute organisation multifonctionnelle comme la nôtre ? » Si vous avez les réponses à ces questions simples – balayant au loin les nuages qui masquent votre étoile polaire – vous serez en route vers le succès durable pendant que l'économie mondiale se redynamise dans les années à venir. Et vous pourrez éviter les changements de cap perturbateurs censés traiter le court terme des écarts de la performance financière.
  Cordialement,
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (86 - 2010-05-03 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Belle voiture, bon voyage (9 avril 2009)

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La Fin d'une époque (2 juin 2009)

 
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L’année 2008 marque le centième anniversaire de la sortie de la Ford modèle T. Ce fut réellement "la machine qui a changé le monde", même si le titre de notre livre de 1990, pouvait donner à penser autrement ! Près de 16 millions d'exemplaires ont été fabriqués sur une période de 19 années au fur et à mesure que le monde se motorisait.
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Hier, le dépôt de bilan de General Motors a marqué la fin d'une époque. La première grande entreprise « managée par les chiffres » vraiment moderne, créée dans les années 20 par Alfred Sloan, vient d’être enterrée en tant que concept viable. Quelle sera la suite de l’histoire ?
 
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A bien des égards, la Ford T marque le début de l’ère Lean. J'ai donc récemment décidé que je devais aller à Detroit pour apprendre à conduire une Modèle T. J'étais sûr de pouvoir y arriver -- mon père a appris à conduire sur cette voiture en 1918 alors qu’il avait seulement dix ans. Mais je suis néanmoins reconnaissant envers Don LaCombe et tous les gens du Musée Henry Ford et de Greenfield Village -- qui entretiennent une petite flotte de Ford T -- pour s’être occupé de mon éducation. Grâce à leur aide, je pense avoir réussi mon examen.
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Ce n'est pas seulement une question pour GM ni même pour les seules grandes entreprises. Hier a également marqué la fin de l’histoire Lean telle qu’elle se déroule depuis trente ans, depuis que GM a commencé à décliner lors de la récession de 1979. David (en fait une équipe de David) a finalement abattu Goliath juste au moment où Goliath avait fini par s’intéresser au message du Lean. Il nous faut donc aussi examiner ce qui va ensuite se passer pour la communauté Lean elle-même.
 
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Permettez-moi de dire tout de suite que c'est une belle voiture : Haute et spacieuse comme un SUV, de superbes performances tout-terrain dans la boue, presque 12 litres au 100 kms d’essence à 60 d’indice d'octane (ce qui reviendrait bien moins cher si on pouvait en trouver aujourd'hui), une grande visibilité (bien qu’un pare-brise, des fenêtres et un toit seraient un plus de temps en temps) et facile à conduire après une seule leçon (démarrer le moteur avec la manivelle s’avéra être une autre affaire). La Ford T était une réussite technique extraordinairement sophistiquée en 1908, et je dis souvent -- à la grande irritation de mes amis de Detroit -- qu'il n'y a pas eu d’idée vraiment nouvelle dans l'industrie automobile depuis que la voiture de Ford a proposé un moyen de transport individuel fiable à un prix abordable pour tout le monde.
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La suite pour GM
 
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Ce qui est notable pour les penseurs Lean est que de nombreuses méthodes de développement produit que nous avons encore du mal à mettre en œuvre aujourd'hui ont été mises au point par Henry Ford et ses ingénieurs en concevant la Ford T en 1908. Plus particulièrement, une équipe de développement regroupée dans une seule pièce avec l’ingénieur en chef (une vraie Obeya Room !), qui travaille avec un calendrier serré (trois mois) à la conception d'un véhicule très modulaire, facile à monter et avec un accès simple à chaque composant pour l'entretien.
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Début 2009, GM cumulait trois faiblesses majeures. Elle avait trop de dettes héritées de son passé -– de porteurs d’obligations et de retraités. Le coût social de ses employés était trop élevé pour concurrencer les usines de constructeurs étrangers implantés en Amérique du Nord ("transplants"). Et l'argent qu'elle recevait pour la vente de ses produits dans la plupart des segments du marché était bien au-dessous de la moyenne en raison, en partie de l’héritage de décennies de produits défectueux, et en partie de la perte du pouls du public sur ce que la société et ses produits auraient dû signifier pour les clients.
 
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Tout aussi important, de nombreuses méthodes utilisées dans la production Lean ont été lancées entre le démarrage de la Ford T en 1908 et l'achèvement de l'usine Ford de Highland Park à Detroit, en 1914. L'équipe de Ford réussit à obtenir très régulièrement des composants interchangeables (pour la première fois dans une production grande série), des flux unitaires (par élément) en implantant de nombreuses technologies en Process séquentiels, des tâches standardisées et des temps de cycle précis et reproductibles, un système primitif de flux tirés pour les pièces approvisionnées et un flux de valeur focalisé et remarquablement horizontal pour l’ensemble du processus de production qui minimisait le temps de cycle total. L'innovation la plus visible pour le public -- la chaîne motorisée d'assemblage final -– n’a en fait été mise en place qu’en dernier -- à l'automne 1913 -– et cela n’a été possible que grâce aux innovations précédentes. Ainsi, la Ford T nous a tous aidé à démarrer le long voyage Lean.
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Ironiquement, GM avait également des forces considérables. Elle possédait des usines compétitives en termes de productivité et de qualité et un processus de développement produits compétitif lorsque ses efforts pouvaient être focalisés. (Par exemple, la nouvelle Chevrolet Malibu.) Après avoir échoué pendant 15 ans à apprendre ses leçons avec NUMMI (sa joint-venture avec Toyota en Californie), GM avait développé, ces dernières années, un système de fabrication global compétitif et cohérent et avait rationalisé son organisation de développement global de produits. Elle avait même pris des mesures pour mettre en œuvre la transformation Lean de ses processus internes. Mais -- comme son fournisseur de pièces filialisé Delphi -– le Lean est arrivé trop tard.
 
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Mais pourquoi le voyage a-t-il été si long ? Comment peut-on prendre un siècle pour adopter universellement quelques concepts si simples ? Pourquoi la société Ford elle-même a eu tant de mal à appliquer la logique complète des idées ébauchées en 1908 ? Et comment pouvons-nous aller plus vite ? Je réfléchis à ces questions depuis bien longtemps et je n'ai pas toutes les réponses. Mais j'ai quand même fait quelques constats.
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La faillite remet les compteurs à zéro. L'endettement hérité a été ramené à un niveau acceptable et le coût des employés actuels sera désormais beaucoup plus compétitif. En outre, la société est en train de réduire considérablement son portefeuille de marques avec une capacité de production adaptée à une part du marché réaliste en volume.
 
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Déterminer la bonne destination avant de commencer le voyage : Lorsque se fait la prise de conscience de la durée d’une transformation Lean totale, j'ai souvent entendu l'expression "c'est un voyage et non pas une destination." Et cela m’énerve à chaque fois. Si nous n’attendons rien de notre mission de création d’une entreprise Lean mature, mais ne voulons que le plaisir d’appliquer des techniques Lean à des Process pris au hasard, alors prenons la première sortie et faisons autre chose.
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Alors, quel est le problème? Simplement que GM n'a pour l'instant expliqué que ce qu’elle n’est pas. Que GM n’est pas Saturn ni Saab ni Pontiac ni Hummer (ni Opel ou Vauxhall non plus, bien que le nouvel Opel sera certainement un fournisseur global de voitures pour GM pendant encore longtemps). Et que GM n’est pas un fabricant majeur aux Etats-Unis en dehors de la région du Midwest. Et que GM n’est pas, du point de vue de la rentabilité, principalement une société de financement. Et que GM n'aura pas un réseau de revendeurs couvrant toutes les zones de chalandise de chaque ville à travers le continent.
 
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En fait, la raison pour laquelle le voyage prend si longtemps pour de nombreuses organisations est qu'elles n'ont pas clairement défini quelle est leur bonne destination. Et plus particulièrement, elles ne font pas le lien entre la satisfaction des besoins technico-économiques de l'organisation -- le véritable objectif de toute amélioration des processus -- et la bonne séquence des mesures à prendre.
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Mais ce qu’une société n’est pas est sans intérêt pour les consommateurs. Si General Motors n'est plus "le GM de votre père" (pour paraphraser la publicité en ligne dans les dernières années de l’Oldsmobile) ni "l'entreprise qui vous laisse tomber" (comme le PDG Fritz Henderson l’a formulé à la conférence de presse d'hier), alors qu'est-ce que c'est ? Pourquoi de nouveaux clients devraient avoir envie d’acheter des produits GM, et encore moins payer dans la fourchette haute des prix dont GM a besoin pour se développer ? Et qui peut définir le nouveau et attrayant GM ?
 
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Par exemple, j'ai récemment assisté au lancement d'une semaine kaizen dans une grande entreprise. J'ai joué le rôle de l’anthropologue en regardant tranquillement depuis le fond de la salle. Une équipe de spécialistes de l’amélioration des Process sérieux et motivés plongeait tête baissée dans l'application d'un portefeuille complet d'outils Lean à un Process sans aucune discussion sur les bénéfices attendus pour le client ou pour l'entreprise. Je ne doute pas qu'ils seront en voyage pendant longtemps !
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Le grand génie de Sloan lors de la recréation de General Motors dans les années 1920 (après cette deuxième réorganisation, celle d’hier était la troisième en 100 ans) a été de fournir une explication sur la façon dont GM s'intégrait dans la vie de chaque Américain. Il a présenté une gamme globale de véhicules depuis la Chevrolet d'occasion comme première voiture pour les acheteurs à bas revenu à la Cadillac toute équipée pour ceux qui avaient réussi financièrement. Et les produits GM étaient soigneusement hiérarchisés avec un soin extrême apporté à l'aspect et aux sensations de chaque produit en lien avec les goûts américains. Durant sa phase de croissance exponentielle, GM a en effet souvent été l'arbitre du goût américain.
 
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L’astuce fondamentale, comme je le comprends maintenant, est de choisir une destination initiale -- une amélioration de la performance des processus clés qui permettront à l’entreprise de prospérer en répondant aux besoins du client. Une fois que cette destination est atteinte, il est temps d’en choisir une autre, plus loin dans la voie vers la perfection, qui avantagera matériellement l’entreprise et ainsi de suite.
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Pour l'instant, le seul message sur ce que veut être GM est la Volt, son « hybride-électrique » à rayon d’action étendu. C'est peut-être un début, mais il est porteur d’énormes risques étant donné l'obsolescence des technologies et de la perception des politiques et du public sur le changement climatique et la dépendance énergétique. Et, même si c'est un début, ce n’est qu’un tout petit début. Qui peut définir précisément "le GM de votre fils", "le GM qui ne vous laisse pas tomber" ? Et quelle liberté l'entreprise aura-t-elle pour se réinventer ?
 
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Cela suggère également quelque chose sur la nature même de la « perfection » : Puisque le but de chaque Process se modifie en permanence avec le changement des besoins des clients et de l’entreprise, la perfection est une cible plus mobile que fixe.
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Il est facile de blâmer la dernière équipe de direction de GM pour ses problèmes. Mais les cadres dirigeants de GM que j'ai connu -- la quasi-totalité d'entre eux avaient des antécédents de carrière dans la finance -- ont été remarquablement compétents pour diriger l’entreprise dans la stratégie orientée finance et management par le résultat qui a conduit à son succès pendant des générations. Donc, le problème ne relève pas de la compétence individuelle des dirigeants, mais du contresens absolu de GM sur ce que le management doit faire. En termes plus simples, où est le nouveau Sloan, le leader capable de repenser les modes de management et le but de GM pour les rendre à nouveau pertinents pour les Américains ?
 
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Le Management est plus important que les outils : Ford fut le pionnier d'un concept à bas coût pour les déplacements individuels et développa un ensemble d’outils Lean pour la conception et la production afin de concrétiser ce concept. Son problème fut de n’avoir jamais créé un système de management qui pouvait faire perdurer ses méthodes. Après son départ, un management orienté résultats a été mis en place pour remplacer l’approche management par processus du Ford des débuts. Et l'entreprise ne fait que revenir à ses racines en essayant d'embrasser à nouveau un management axé processus.
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Et à supposer que le nouveau Sloan (ou les Sloans) puisse être trouvé, auelles seront les marges de manœuvre de cette personne ou de cette équipe pour diriger l’entreprise et lui redonner son lustre d'antan ? Il s'agit véritablement de la question centrale car le gouvernement des États-Unis, en tant que nouveau propriétaire, est à coup sûr confronté à de grandes contradictions :
 
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Je constate la même tendance dans de nombreuses organisations aujourd'hui. Beaucoup de bonnes techniques Lean rapportées à un système de management de production grande série, sans aucune prise de conscience qu’il ne peut pas y avoir de processus Lean durables sans management Lean.
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Faut-il tailler dans le vif et ajuster immédiatement et d’un seul coup la taille de l’entreprise à sa nouvelle place dans le monde ? (Ce serait le meilleur moyen de faire monter les cours si le gouvernement veut vendre ses actions pour récupérer son investissement massif. Et ce serait le meilleur moyen d’aider aussi Ford et Chrysler en éliminant les capacités excédentaires). Ou bien GM devrait-t-elle stimuler l'emploi dans la profonde récession actuelle et apaiser les syndicats en minimisant les réductions de postes ? On ne peut pas faire les deux à la fois.
 
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Les bonnes choses prennent du temps : Quand j'ai commencé à visiter les entreprises engagées dans une transformation Lean dans les années 1980, il me semblait évident que la transformation pouvait être achevée très rapidement. Rétrospectivement, il est plutôt évident que je pouvais arriver à cette conclusion hâtive parce que je n'étais pas la personne à faire le gros du travail sur le Gemba ! Je comprends maintenant que mon estimation optimiste des cinq ans était loin de la réalité. Le défi est de faire des progrès réguliers avec des objectifs intermédiaires clairs (les destinations successives) qui peuvent réellement être atteints, donnant l’élan nécessaire à la progression suivante. Ainsi, une meilleure maxime serait « c’est un voyage, mais vers les bonnes destinations ».
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GM devrait-elle se focaliser ces prochaines années sur les gros pick-ups et les SUV qui génèrent la totalité de ses bénéfices ? (Ce serait un autre excellent moyen de stimuler le cours des actions afin que le gouvernement récupère son investissement). Ou est-ce que GM devrait se lancer à fond dans les véhicules très économes en carburant, véhicules qui ne se vendront pas, et certainement pas à des marges élevées, sauf si le prix du carburant est également ajusté de manière spectaculaire à la hausse vers les niveaux payés ailleurs dans le monde ? (par exemple, 5 $ au lieu de 2 dollars le gallon.) On ne peut pas non plus faire les deux à la fois.
 
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Nous faisons réellement des progrès : Je suis maintenant assez vieux et j’ai observé les progrès de la pensée Lean assez longtemps pour que des indices clairs pour moi soient manqués par beaucoup de jeunes voyageurs moins expérimentés.
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Il est clair que le plus dur reste à faire, après cette faillite, et nous allons tous regarder ce qui va arriver. Mais permettez-moi de faire un apparté à destination de mes lecteurs -- et ils sont nombreux -- qui travaillent à GM et qui peuvent jouer un rôle actif dans ce futur. Je vous souhaite sincèrement bon courage.
 
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Par exemple, je me suis intéressé à Danaher Corporation lorsque cette entreprise a commencé à embrasser la pensée Lean il y a vingt ans. Le chemin n'a pas suivi une ligne droite pendant toute cette période et des observateurs ponctuels, ici et là dans le temps, auraient pu facilement en tirer de mauvaises conclusions. Mais l'entreprise a fait des progrès réguliers, grâce à une rigoureuse politique de déploiement pour décider sur de solides bases économiques quelle devait être la prochaine destination. Ce n'est pas un hasard si Danaher a été la société industrielle américaine qui a eu la réussite la plus constante depuis 30 ans.
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Et la suite pour le Lean ?
 
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Pour prendre un autre exemple, j'ai récemment visité Boeing pour vérifier sur place l'état d'avancement de la production Lean de la série 737, une famille d'avions assemblés dans le même hall à Renton, Washington, depuis 41 ans. Lorsque j'avais visité ce hall pour la première fois au début des années 1990, les avions étaient assemblés à poste fixe, les pièces manquantes étaient la norme et le temps total d’assemblage était supérieur à 30 jours. Aujourd'hui, une chaîne d’assemblage mobile emmène les avions depuis leur entrée jusqu’à la finition en seulement 8 jours. C’est une progression continue - en dépit des gros trous d’air pendant le voyage - qui donne beaucoup d’espoir en l'avenir.
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Depuis 30 ans maintenant, la communauté Lean a bénéficié d'un fort vent favorable. GM a régulièrement décliné alors que Toyota a régulièrement progressé. Tout ce que nous avions à faire était d’attendre et nous réjouir ! Mais cette histoire est terminée.
 
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Je vois ainsi une tendance des organisations à commencer par bricoler avec des outils Lean -- probablement sous la forme d'un « programme ». Elles obtiennent quelques résultats suivis par des reculs, suivis d'une prise de conscience que le management vient en premier et les outils en second. Cela conduit à un nouveau cycle de progrès et l'arrivée à une destination intermédiaire. Ensuite, une nouvelle équipe de direction relève le défi, peut-être après une pause ou même après une rechute, et l'entreprise repart vers une prochaine destination. Ce n'est pas joli à regarder et certainement pas très « efficient » pour faire le plus de progrès dans un minimum de temps. Mais c'est le progrès. Alors remercions l'humble Ford Modèle T à l’occasion de son siècle de nous avoir aidés à nous lancer sur ce chemin.
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GM et presque tous les grands fabricants ont désormais accepté le Lean comme théorie de management, bien que sa mise en pratique soit toujours une bataille. Comme je l'ai indiqué ci-dessus, GM était en train de devenir une entreprise bien plus Lean lorsqu’elle s’est effondrée et j'ai confiance qu'elle continuera à adopter les principes et les méthodes Lean dans les années à venir.
 
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Dans le même temps, Toyota a montré qu’elle avait ses propres défauts dans la crise financière actuelle. Elle a développé ses capacités dans le monde si rapidement qu’elle a dépassé son potentiel à former assez de managers Lean et a dépassé les attentes raisonnables des besoins en volume des marchés sur le long terme. (Comme je l'ai mentionné dans mes précédents courriers, au milieu des années 1990, Toyota a redéfini son but qui était "d'être la meilleure organisation à résoudre les problèmes des clients" en "devenir la plus grande entreprise du secteur", un objectif sans intérêt pour le client). Ce fut un véritable recul pour le mouvement Lean.
 
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Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Dans la Communauté Lean, nous nous retrouvons donc dans l'étrange position d’avoir gagné une bataille d'idées sans que, dans les faits, la plupart de nos partisans ne mettent pleinement en pratique leurs nouvelles convictions. Et nous avons comme modèle idéal d’organisation une entreprise qui fait face à des défis significatifs de management et de rentabilité alors qu’elle a "gagné" la grande compétition entre le management moderne et le management Lean.
 
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P.S. Toyota s'en sort mieux que GM dans la crise actuelle, mais elle est confrontée à la même confusion sur son but. Jusqu'au milieu des années 90, le but clairement défini de Toyota était d'être la meilleure organisation au monde pour fournir à ses clients des produits soignés à la « valeur » durable et avec peu de défauts livrés dans chaque segment de marché. Le postulat était que la croissance suivrait tout naturellement et ce fut le cas. Mais ensuite ce but semble s'être décalé vers « devenir le plus grand constructeur automobile aussi vite que possible en ajoutant de la capacité partout », un but qui laisse les clients froids. Dans le même temps, certains concurrents, emmenés par Hyundai, ont comblé leur retard sur Toyota et chacun fait maintenant des hybrides alors que Toyota en était le leader historique. Un A3 sur la redéfinition du but de Toyota est surement ce que le nouveau Président Akio Toyoda a aussi bien besoin de faire. Ma réelle crainte est qu'il se concentre uniquement sur la réduction des coûts et la restructuration.
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Alors même que ce drame se joue au sein des industries manufacturières, les idées Lean se répandent rapidement vers de nouveaux domaines, de l'industrie financière en plein marasme au domaine de la santé et aux administrations publiques. Pourtant, nous n'avons pas encore totalement défini ce que le Lean signifie dans ces domaines, et encore moins la manière de le mettre en œuvre et de le faire perdurer. Aussi, les événements dramatiques de ces dernières semaines ne doivent pas nous conduire à l'auto-congratulation. Ce doit être une opportunité pour l’humilité et l'auto-réflexion -- Hansei, si vous voulez –- alors que nous luttons tous avec la crise économique tout en essayant de redéfinir notre propre but en tant que communauté Lean pour la nouvelle ère à venir.

Cordialement,

Jim Womack, Président et Fondateur, Lean Enterprise Institute

 Merci à François Leteux, A²C² SARL, pour cette traduction.
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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (85 - 2010-04-29 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Redéfinir avant de restructurer (9 avril 2009)

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Belle voiture, bon voyage (9 avril 2009)

 
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Une de mes questions préférées quand je rencontre les cadres dirigeants d’une entreprise est « quel est le but de votre organisation ? » La réponse typique et immédiate est : « faire de l'argent et se développer. » « Mais, » leur réponds-je, « cette réponse n'a rien à voir avec vos clients, ceux qui fournissent l'argent dont votre organisation a besoin pour faire du profit et se développer. » Je répète alors ma question mais en précisant : « que fait votre organisation pour solutionner les problèmes des clients mieux que ses concurrents de sorte que les clients, anciens et nouveaux, vont payer avec leur argent durement gagné pour vos services et vos produits et continuer à acheter chez vous encore et encore ? »
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L’année 2008 marque le centième anniversaire de la sortie de la Ford modèle T. Ce fut réellement "la machine qui a changé le monde", même si le titre de notre livre de 1990, pouvait donner à penser autrement ! Près de 16 millions d'exemplaires ont été fabriqués sur une période de 19 années au fur et à mesure que le monde se motorisait.
 
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Ces dernières années une alternative à « faire de l'argent et augmenter ses ventes » était « accroître régulièrement la valeur pour l’actionnaire. » Mais voilà que l’empereur de la valeur pour l’actionnaire, Jack Welsh, ex-président de General Electric, a– enfin – reconnu que ce n’était là qu’un objectif et non une stratégie permettant de l’atteindre. Maintenant que les investisseurs comme les clients sont en grève pendant cette grande crise financière, l’ensemble du monde du management est contraint de repenser à sa raison d’être du point de vue du client.
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A bien des égards, la Ford T marque le début de l’ère Lean. J'ai donc récemment décidé que je devais aller à Detroit pour apprendre à conduire une Modèle T. J'étais sûr de pouvoir y arriver -- mon père a appris à conduire sur cette voiture en 1918 alors qu’il avait seulement dix ans. Mais je suis néanmoins reconnaissant envers Don LaCombe et tous les gens du Musée Henry Ford et de Greenfield Village -- qui entretiennent une petite flotte de Ford T -- pour s’être occupé de mon éducation. Grâce à leur aide, je pense avoir réussi mon examen.
 
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La confusion dans l’objectif devient particulièrement cruelle à observer dans la déconfiture de General Motors, parce que cette entreprise a été si longtemps si brillante grâce précisément à une définition limpide de son but. Le 9 juin 1921, le grand dirigeant de GM, Alfred Sloan, a produit un simple mémorandum sur la stratégie produit de son entreprise, qui a défini le but et la raison d’être de General Motors pour les générations à venir.
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Permettez-moi de dire tout de suite que c'est une belle voiture : Haute et spacieuse comme un SUV, de superbes performances tout-terrain dans la boue, presque 12 litres au 100 kms d’essence à 60 d’indice d'octane (ce qui reviendrait bien moins cher si on pouvait en trouver aujourd'hui), une grande visibilité (bien qu’un pare-brise, des fenêtres et un toit seraient un plus de temps en temps) et facile à conduire après une seule leçon (démarrer le moteur avec la manivelle s’avéra être une autre affaire). La Ford T était une réussite technique extraordinairement sophistiquée en 1908, et je dis souvent -- à la grande irritation de mes amis de Detroit -- qu'il n'y a pas eu d’idée vraiment nouvelle dans l'industrie automobile depuis que la voiture de Ford a proposé un moyen de transport individuel fiable à un prix abordable pour tout le monde.
 
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Sloan a déclaré que General Motors fournirait une gamme de produits soigneusement configurée pour « chaque bourse et chaque besoin », depuis les Chevrolet d’occasion à l'extrémité basse du marché (avec fourniture du prêt adéquat par le concessionnaire) à la Cadillac toutes options à l'autre extrémité. Cette simple note a rationnalisé la gamme chaotique de GM afin que ses voitures ne se concurrencent plus. Ainsi, chaque modèle devait avoir une place bien définie dans une hiérarchie de statut et être toujours un peu plus raffiné, un peu « plus chic » à un prix plus élevé, que les produits des concurrents dans chaque segment de marché.
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Ce qui est notable pour les penseurs Lean est que de nombreuses méthodes de développement produit que nous avons encore du mal à mettre en œuvre aujourd'hui ont été mises au point par Henry Ford et ses ingénieurs en concevant la Ford T en 1908. Plus particulièrement, une équipe de développement regroupée dans une seule pièce avec l’ingénieur en chef (une vraie Obeya Room !), qui travaille avec un calendrier serré (trois mois) à la conception d'un véhicule très modulaire, facile à monter et avec un accès simple à chaque composant pour l'entretien.
 
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Cette note sur la stratégie de marché était bien plus que la proposition maintenant familière de segmentation des marchés et de gamme de prix dans chaque segment. Sloan a fait quelque chose de beaucoup plus important en définissant le but central de GM qui était de créer un aspirateur ascensionnel pour chaque client tout au long de sa vie, du premier achat de la Chevrolet d’occasion jusqu’à la Cadillac top modèle en dernier achat (pour souvent terminer avec un corbillard Cadillac sur le chemin du cimetière !). Et cela a brillamment fonctionné. General Motors n'a probablement jamais été aussi efficace que Ford dans le domaine de la production et a rarement été un pionnier technologique. Mais il a fourni à ses clients un chemin balisé dans l’évolution de leurs achats de véhicules tout au long de leur vie. Les clients ont complètement adhéré à ce but et ont sorti leur portefeuille pour payer un prix plus élevé pour des véhicules plus sophistiqués dans chaque segment du marché. En quelques années après la diffusion de la note de Sloan, GM est devenue la plus grande et la plus profitable société au monde et dans l'histoire.
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Tout aussi important, de nombreuses méthodes utilisées dans la production Lean ont été lancées entre le démarrage de la Ford T en 1908 et l'achèvement de l'usine Ford de Highland Park à Detroit, en 1914. L'équipe de Ford réussit à obtenir très régulièrement des composants interchangeables (pour la première fois dans une production grande série), des flux unitaires (par élément) en implantant de nombreuses technologies en Process séquentiels, des tâches standardisées et des temps de cycle précis et reproductibles, un système primitif de flux tirés pour les pièces approvisionnées et un flux de valeur focalisé et remarquablement horizontal pour l’ensemble du processus de production qui minimisait le temps de cycle total. L'innovation la plus visible pour le public -- la chaîne motorisée d'assemblage final -– n’a en fait été mise en place qu’en dernier -- à l'automne 1913 -– et cela n’a été possible que grâce aux innovations précédentes. Ainsi, la Ford T nous a tous aidé à démarrer le long voyage Lean.
 
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Mais pourquoi le voyage a-t-il été si long ? Comment peut-on prendre un siècle pour adopter universellement quelques concepts si simples ? Pourquoi la société Ford elle-même a eu tant de mal à appliquer la logique complète des idées ébauchées en 1908 ? Et comment pouvons-nous aller plus vite ? Je réfléchis à ces questions depuis bien longtemps et je n'ai pas toutes les réponses. Mais j'ai quand même fait quelques constats.
 
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Pour en revenir à aujourd’hui, il est bien triste de lire le plan de continuation que GM a récemment proposé à la « US Automotive Task Force ». Excepté le projet hybride à recharge secteur Volt (une technologie non-éprouvée pour un marché non-éprouvé qui ne se sera produit qu’en très petit volume les premières années), le plan est entièrement tourné vers la « restructuration » et la réduction, tout ce que General Motors n'est pas. Ce n'est pas Saab ni Hummer ni Saturn. Son vaste réseau de revendeurs sera drastiquement réduit. Son implantation nord-américaine ne sera significative que dans le Michigan et l'Ohio. Etc.
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Déterminer la bonne destination avant de commencer le voyage : Lorsque se fait la prise de conscience de la durée d’une transformation Lean totale, j'ai souvent entendu l'expression "c'est un voyage et non pas une destination." Et cela m’énerve à chaque fois. Si nous n’attendons rien de notre mission de création d’une entreprise Lean mature, mais ne voulons que le plaisir d’appliquer des techniques Lean à des Process pris au hasard, alors prenons la première sortie et faisons autre chose.
 
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L'instinct normal des cadres supérieurs dans n'importe quelle crise est de restructurer et de réduire. Mais la question sera toujours, « restructurer et réduire vers quoi ? » Aucun client ne s’intéresse à la structure d'une entreprise. Aucun client ne s’intéresse à la réduction des coûts. Les clients sont uniquement intéressés par les entreprises qui offrent des solutions à leurs problèmes tout au long de leur vie.
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En fait, la raison pour laquelle le voyage prend si longtemps pour de nombreuses organisations est qu'elles n'ont pas clairement défini quelle est leur bonne destination. Et plus particulièrement, elles ne font pas le lien entre la satisfaction des besoins technico-économiques de l'organisation -- le véritable objectif de toute amélioration des processus -- et la bonne séquence des mesures à prendre.

Par exemple, j'ai récemment assisté au lancement d'une semaine kaizen dans une grande entreprise. J'ai joué le rôle de l’anthropologue en regardant tranquillement depuis le fond de la salle. Une équipe de spécialistes de l’amélioration des Process sérieux et motivés plongeait tête baissée dans l'application d'un portefeuille complet d'outils Lean à un Process sans aucune discussion sur les bénéfices attendus pour le client ou pour l'entreprise. Je ne doute pas qu'ils seront en voyage pendant longtemps !

L’astuce fondamentale, comme je le comprends maintenant, est de choisir une destination initiale -- une amélioration de la performance des processus clés qui permettront à l’entreprise de prospérer en répondant aux besoins du client. Une fois que cette destination est atteinte, il est temps d’en choisir une autre, plus loin dans la voie vers la perfection, qui avantagera matériellement l’entreprise et ainsi de suite.

Cela suggère également quelque chose sur la nature même de la « perfection » : Puisque le but de chaque Process se modifie en permanence avec le changement des besoins des clients et de l’entreprise, la perfection est une cible plus mobile que fixe.

Le Management est plus important que les outils : Ford fut le pionnier d'un concept à bas coût pour les déplacements individuels et développa un ensemble d’outils Lean pour la conception et la production afin de concrétiser ce concept. Son problème fut de n’avoir jamais créé un système de management qui pouvait faire perdurer ses méthodes. Après son départ, un management orienté résultats a été mis en place pour remplacer l’approche management par processus du Ford des débuts. Et l'entreprise ne fait que revenir à ses racines en essayant d'embrasser à nouveau un management axé processus.

Je constate la même tendance dans de nombreuses organisations aujourd'hui. Beaucoup de bonnes techniques Lean rapportées à un système de management de production grande série, sans aucune prise de conscience qu’il ne peut pas y avoir de processus Lean durables sans management Lean.

Les bonnes choses prennent du temps : Quand j'ai commencé à visiter les entreprises engagées dans une transformation Lean dans les années 1980, il me semblait évident que la transformation pouvait être achevée très rapidement. Rétrospectivement, il est plutôt évident que je pouvais arriver à cette conclusion hâtive parce que je n'étais pas la personne à faire le gros du travail sur le Gemba ! Je comprends maintenant que mon estimation optimiste des cinq ans était loin de la réalité. Le défi est de faire des progrès réguliers avec des objectifs intermédiaires clairs (les destinations successives) qui peuvent réellement être atteints, donnant l’élan nécessaire à la progression suivante. Ainsi, une meilleure maxime serait « c’est un voyage, mais vers les bonnes destinations ».

Nous faisons réellement des progrès : Je suis maintenant assez vieux et j’ai observé les progrès de la pensée Lean assez longtemps pour que des indices clairs pour moi soient manqués par beaucoup de jeunes voyageurs moins expérimentés.

Par exemple, je me suis intéressé à Danaher Corporation lorsque cette entreprise a commencé à embrasser la pensée Lean il y a vingt ans. Le chemin n'a pas suivi une ligne droite pendant toute cette période et des observateurs ponctuels, ici et là dans le temps, auraient pu facilement en tirer de mauvaises conclusions. Mais l'entreprise a fait des progrès réguliers, grâce à une rigoureuse politique de déploiement pour décider sur de solides bases économiques quelle devait être la prochaine destination. Ce n'est pas un hasard si Danaher a été la société industrielle américaine qui a eu la réussite la plus constante depuis 30 ans.

Pour prendre un autre exemple, j'ai récemment visité Boeing pour vérifier sur place l'état d'avancement de la production Lean de la série 737, une famille d'avions assemblés dans le même hall à Renton, Washington, depuis 41 ans. Lorsque j'avais visité ce hall pour la première fois au début des années 1990, les avions étaient assemblés à poste fixe, les pièces manquantes étaient la norme et le temps total d’assemblage était supérieur à 30 jours. Aujourd'hui, une chaîne d’assemblage mobile emmène les avions depuis leur entrée jusqu’à la finition en seulement 8 jours. C’est une progression continue - en dépit des gros trous d’air pendant le voyage - qui donne beaucoup d’espoir en l'avenir.

Je vois ainsi une tendance des organisations à commencer par bricoler avec des outils Lean -- probablement sous la forme d'un « programme ». Elles obtiennent quelques résultats suivis par des reculs, suivis d'une prise de conscience que le management vient en premier et les outils en second. Cela conduit à un nouveau cycle de progrès et l'arrivée à une destination intermédiaire. Ensuite, une nouvelle équipe de direction relève le défi, peut-être après une pause ou même après une rechute, et l'entreprise repart vers une prochaine destination. Ce n'est pas joli à regarder et certainement pas très « efficient » pour faire le plus de progrès dans un minimum de temps. Mais c'est le progrès. Alors remercions l'humble Ford Modèle T à l’occasion de son siècle de nous avoir aidés à nous lancer sur ce chemin.

 
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Voici donc mon conseil au nouveau Président de GM, Fritz Henderson, ou à celui qui lui succédera. Avant de restructurer, redéfinissez le but et la raison d’être de GM. Aujourd'hui personne ne les connait plus. Faites-le dans un simple mémo. Mieux, faites-le tenir en une seule page format A3. Sloan a eu besoin de trois pages en 1921, entraînez-vous à l’amélioration continue pour descendre à une ! Et rappelez-vous qu'aucune restructuration sans un but clair et attractif ne sauvera ce géant en détresse (ni aucune autre entreprise en difficulté.)
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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P.S. Toyota s’en sort mieux que GM dans la crise actuelle, mais elle est confrontée à la même confusion sur son but. Jusqu'au milieu des années 90, le but clairement défini de Toyota était d'être la meilleure organisation au monde pour fournir à ses clients des produits soignés à la « valeur » durable et avec peu de défauts livrés dans chaque segment de marché. Le postulat était que la croissance suivrait tout naturellement et ce fut le cas. Mais ensuite ce but semble s’être décalé vers « devenir le plus grand constructeur automobile aussi vite que possible en ajoutant de la capacité partout », un but qui laisse les clients froids. Dans le même temps, certains concurrents, emmenés par Hyundai, ont comblé leur retard sur Toyota et chacun fait maintenant des hybrides alors que Toyota en était le leader historique. Un A3 sur la redéfinition du but de Toyota est surement ce que le nouveau Président Akio Toyoda a aussi bien besoin de faire. Ma réelle crainte est qu'il se concentre uniquement sur la réduction des coûts et la restructuration.
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P.S. Toyota s'en sort mieux que GM dans la crise actuelle, mais elle est confrontée à la même confusion sur son but. Jusqu'au milieu des années 90, le but clairement défini de Toyota était d'être la meilleure organisation au monde pour fournir à ses clients des produits soignés à la « valeur » durable et avec peu de défauts livrés dans chaque segment de marché. Le postulat était que la croissance suivrait tout naturellement et ce fut le cas. Mais ensuite ce but semble s'être décalé vers « devenir le plus grand constructeur automobile aussi vite que possible en ajoutant de la capacité partout », un but qui laisse les clients froids. Dans le même temps, certains concurrents, emmenés par Hyundai, ont comblé leur retard sur Toyota et chacun fait maintenant des hybrides alors que Toyota en était le leader historique. Un A3 sur la redéfinition du but de Toyota est surement ce que le nouveau Président Akio Toyoda a aussi bien besoin de faire. Ma réelle crainte est qu'il se concentre uniquement sur la réduction des coûts et la restructuration.
 
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Merci à François Leteux, A²C² SARL, et à Emmanuel Jallas, Lysippe, pour cette traduction.
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Merci à François Leteux, A²C² SARL, pour cette traduction.
 

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (84 - 2010-04-29 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (83 - 2009-06-17 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (82 - 2009-06-11 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Respectons la démarche scientifique, surtout en temps de crise (5 mars 2009)

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Redéfinir avant de restructurer (9 avril 2009)

 
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La récession actuelle est la cinquième de ma carrière. Et elle semble bien vouloir être la pire. Je ne peux pas imaginer qu’un seul manager ou un seul membre d’une équipe d’amélioration, quels que soient l’industrie et le pays, ne se sente pas plutôt mal à l’aise dans la situation présente alors que l’économie mondiale continue de sombrer toujours plus bas. Dans ces temps troublés, où devons-nous aller pour repérer notre étoile polaire afin d’être rassurés que nous empruntons la voie la plus prometteuse ? J’ai récemment trouvé une réponse.
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Une de mes questions préférées quand je rencontre les cadres dirigeants d’une entreprise est « quel est le but de votre organisation ? » La réponse typique et immédiate est : « faire de l'argent et se développer. » « Mais, » leur réponds-je, « cette réponse n'a rien à voir avec vos clients, ceux qui fournissent l'argent dont votre organisation a besoin pour faire du profit et se développer. » Je répète alors ma question mais en précisant : « que fait votre organisation pour solutionner les problèmes des clients mieux que ses concurrents de sorte que les clients, anciens et nouveaux, vont payer avec leur argent durement gagné pour vos services et vos produits et continuer à acheter chez vous encore et encore ? »
 
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En révisant attentivement un nouvel ouvrage publié par LEI, j’ai eu l’opportunité de passer beaucoup de temps en compagnie des « pères du Lean ». Je veux dire par là, le petit groupe de managers opérationnels japonais qui réalisa la percée initiale conduisant à la création de la première entreprise Lean et qui a été interviewé en profondeur sur ce qu’ils avaient fait alors et pourquoi. Le point pertinent pour l’instant est qu’un petit groupe de managers a réalisé une transformation Lean complète durant une période d’extrême stress et mettant en ½uvre les actions les plus osées pendant la crise financière de 1950.
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Ces dernières années une alternative à « faire de l'argent et augmenter ses ventes » était « accroître régulièrement la valeur pour l’actionnaire. » Mais voilà que l’empereur de la valeur pour l’actionnaire, Jack Welsh, ex-président de General Electric, a– enfin – reconnu que ce n’était là qu’un objectif et non une stratégie permettant de l’atteindre. Maintenant que les investisseurs comme les clients sont en grève pendant cette grande crise financière, l’ensemble du monde du management est contraint de repenser à sa raison d’être du point de vue du client.
 
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Cette année là, alors que l’économie japonaise entrait dans une récession brutale, la Toyota Motor Company s’est retrouvée à cours de liquidités, sa trésorerie étant « investie » dans des stocks de produits dont ses clients ne voulaient plus. L’entreprise tomba dans l’escarcelle des banques qui la coupèrent en deux, une société dédiée aux fonctions Marketing et Ventes, l’autre au développement et à la production produits. (Ces deux sociétés ne furent re-fusionnées qu’en 1982 pour créer l’actuelle Toyota Motor Corporation). Le président fondateur, Kiichiro Toyoda (le grand-père de l’actuel nouveau président Akio Toyoda), fut évincé par la même occasion. La réalisation de ce qui devint le Toyota Production System, en même temps que les autres « systèmes » Toyota – développement produits, management des fournisseurs et soutien clients – fut la réponse créative à cette crise.
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La confusion dans l’objectif devient particulièrement cruelle à observer dans la déconfiture de General Motors, parce que cette entreprise a été si longtemps si brillante grâce précisément à une définition limpide de son but. Le 9 juin 1921, le grand dirigeant de GM, Alfred Sloan, a produit un simple mémorandum sur la stratégie produit de son entreprise, qui a défini le but et la raison d’être de General Motors pour les générations à venir.
 
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Lorsque j’ai commencé à lire ces interviews, je m’attendais à découvrir que les managers de Toyota avaient un programme d’actions clairement défini depuis le début. Il me semblait évident que des leaders comme Taiichi Ohno, Kikuo Suzumura et Eiji Toyoda savaient exactement où ils allaient et comment y aller. J'espérais également trouver un organigramme clair de l'équipe d'amélioration et le programme formalisé qui allait avec (un peu comme le « Chemin du futur » de la récente campagne publicitaire de Toyota).
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Sloan a déclaré que General Motors fournirait une gamme de produits soigneusement configurée pour « chaque bourse et chaque besoin », depuis les Chevrolet d’occasion à l'extrémité basse du marché (avec fourniture du prêt adéquat par le concessionnaire) à la Cadillac toutes options à l'autre extrémité. Cette simple note a rationnalisé la gamme chaotique de GM afin que ses voitures ne se concurrencent plus. Ainsi, chaque modèle devait avoir une place bien définie dans une hiérarchie de statut et être toujours un peu plus raffiné, un peu « plus chic » à un prix plus élevé, que les produits des concurrents dans chaque segment de marché.
 
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Au lieu de cela, j’ai découvert une poignée de managers opérationnels qui avaient des idées simples et un sens de l'urgence poussé à l’extrème : minimiser les temps de cycle de la commande à la livraison (pour libérer un cash devenu rare), éliminer les gaspillages à chaque étape de chaque process (pour réduire les coûts et améliorer la qualité), agir de immédiatement (parce que le temps était compté). Mais ce qu’ils possédaient aussi – et ce fut décisif – c’était une rigueur toute scientifique. Bien qu’agissant dans l’urgence, ils ont pris le temps nécessaire pour documenter les conditions initiales, énoncer très clairement les hypothèses, conduire des expérimentations rigoureuses, mesurer chaque résultat et réfléchir sur ce qu’ils obtenaient réellement tout en partageant le plus largement possible leurs découvertes.
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Cette note sur la stratégie de marché était bien plus que la proposition maintenant familière de segmentation des marchés et de gamme de prix dans chaque segment. Sloan a fait quelque chose de beaucoup plus important en définissant le but central de GM qui était de créer un aspirateur ascensionnel pour chaque client tout au long de sa vie, du premier achat de la Chevrolet d’occasion jusqu’à la Cadillac top modèle en dernier achat (pour souvent terminer avec un corbillard Cadillac sur le chemin du cimetière !). Et cela a brillamment fonctionné. General Motors n'a probablement jamais été aussi efficace que Ford dans le domaine de la production et a rarement été un pionnier technologique. Mais il a fourni à ses clients un chemin balisé dans l’évolution de leurs achats de véhicules tout au long de leur vie. Les clients ont complètement adhéré à ce but et ont sorti leur portefeuille pour payer un prix plus élevé pour des véhicules plus sophistiqués dans chaque segment du marché. En quelques années après la diffusion de la note de Sloan, GM est devenue la plus grande et la plus profitable société au monde et dans l'histoire.
 
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Ce qu’ils n’avaient pas, en revanche, c’était un « programme » ou même un nom pour le système de recherche scientifique qu’ils étaient en train de créer. En effet, le label « Toyota Production System » ne fut introduit qu’en 1970 – après que le système ait été achevé – afin de pouvoir l’expliquer aux fournisseurs. Ils n’avaient pas plus de direction de programme que d’équipe de progrès dédiée. La fameuse Operations Management Consulting Division (OMCD) ne fut créée qu’à peu près au même moment que le label TPS et seulement après que le TPS ait été déployé dans toute l’entreprise. Cet acte remarquable de création chez Toyota – basé sur un processus systématique de recherche scientifique (PDCA, NDT) – a été mené par des managers opérationnels considérant que c’était la partie la plus importante de leurs tâches quotidiennes. Et – c’est là que cela devient vraiment enthousiasmant – ils réalisèrent la plupart de leurs recherches au c½ur d’une bataille épique pour la survie.
 
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En en sachant plus sur les réalisations de Toyota dans les années 50, alors que l’entreprise se débattait pour survivre, j’apprécie mieux le fait que nous n’avons aucune excuse aujourd’hui en cette période de marchés chaotiques et de demande en chute libre. Une approche scientifique systématique fonctionne où qu’elle soit appliquée et quelque soit le process. C’est aussi plus, et non pas moins, utile dans les profondeurs d’une crise. Le seul ingrédient qui pourrait éventuellement manquer aujourd’hui, avec la crise actuelle, serait notre détermination à respecter une démarche scientifique rigoureuse. Et ça, vous pouvez rapidement le rectifier par vous-même !
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Pour en revenir à aujourd’hui, il est bien triste de lire le plan de continuation que GM a récemment proposé à la « US Automotive Task Force ». Excepté le projet hybride à recharge secteur Volt (une technologie non-éprouvée pour un marché non-éprouvé qui ne se sera produit qu’en très petit volume les premières années), le plan est entièrement tourné vers la « restructuration » et la réduction, tout ce que General Motors n'est pas. Ce n'est pas Saab ni Hummer ni Saturn. Son vaste réseau de revendeurs sera drastiquement réduit. Son implantation nord-américaine ne sera significative que dans le Michigan et l'Ohio. Etc.
 
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Avec mes meilleurs v½ux de découvertes créatives en ces temps chaotiques,
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L'instinct normal des cadres supérieurs dans n'importe quelle crise est de restructurer et de réduire. Mais la question sera toujours, « restructurer et réduire vers quoi ? » Aucun client ne s’intéresse à la structure d'une entreprise. Aucun client ne s’intéresse à la réduction des coûts. Les clients sont uniquement intéressés par les entreprises qui offrent des solutions à leurs problèmes tout au long de leur vie.

Voici donc mon conseil au nouveau Président de GM, Fritz Henderson, ou à celui qui lui succédera. Avant de restructurer, redéfinissez le but et la raison d’être de GM. Aujourd'hui personne ne les connait plus. Faites-le dans un simple mémo. Mieux, faites-le tenir en une seule page format A3. Sloan a eu besoin de trois pages en 1921, entraînez-vous à l’amélioration continue pour descendre à une ! Et rappelez-vous qu'aucune restructuration sans un but clair et attractif ne sauvera ce géant en détresse (ni aucune autre entreprise en difficulté.)

  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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P.S. Toyota s’en sort mieux que GM dans la crise actuelle, mais elle est confrontée à la même confusion sur son but. Jusqu'au milieu des années 90, le but clairement défini de Toyota était d'être la meilleure organisation au monde pour fournir à ses clients des produits soignés à la « valeur » durable et avec peu de défauts livrés dans chaque segment de marché. Le postulat était que la croissance suivrait tout naturellement et ce fut le cas. Mais ensuite ce but semble s’être décalé vers « devenir le plus grand constructeur automobile aussi vite que possible en ajoutant de la capacité partout », un but qui laisse les clients froids. Dans le même temps, certains concurrents, emmenés par Hyundai, ont comblé leur retard sur Toyota et chacun fait maintenant des hybrides alors que Toyota en était le leader historique. Un A3 sur la redéfinition du but de Toyota est surement ce que le nouveau Président Akio Toyoda a aussi bien besoin de faire. Ma réelle crainte est qu'il se concentre uniquement sur la réduction des coûts et la restructuration.
 Merci à François Leteux, A²C² SARL, et à Emmanuel Jallas, Lysippe, pour cette traduction.
Line: 34 to 37
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (81 - 2009-06-10 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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L'Important d'être Constant (11 février 2009)

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Respectons la démarche scientifique, surtout en temps de crise (5 mars 2009)

 
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Le premier des 14 points du Dr. W. Edwards Deming s’énonce de la manière suivante : « garder constamment en vue l’objectif d'amélioration continue des produits et services aux clients. » Quand je l'ai lu pour la première fois, il y a de nombreuses années de cela, j’avais trouvé ça très simple et tellement évident. Comment pourrait-on ne pas avoir de constance vers un tel but ?
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La récession actuelle est la cinquième de ma carrière. Et elle semble bien vouloir être la pire. Je ne peux pas imaginer qu’un seul manager ou un seul membre d’une équipe d’amélioration, quels que soient l’industrie et le pays, ne se sente pas plutôt mal à l’aise dans la situation présente alors que l’économie mondiale continue de sombrer toujours plus bas. Dans ces temps troublés, où devons-nous aller pour repérer notre étoile polaire afin d’être rassurés que nous empruntons la voie la plus prometteuse ? J’ai récemment trouvé une réponse.
 
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Maintenant que je suis plus vieux et plus sage -- enfin, au moins plus vieux -- j'ai découvert que cette attitude toute simple est souvent l'élément absent lorsque des managers se mettent à créer une organisation Lean. Les entreprises démarrent avec les meilleures intentions, lancent un programme Lean, obtiennent quelques résultats préliminaires, perdent de vue leur objectif (peut-être en raison d'une crise économique ?) et retombent dans leur état de performance du départ. A l’occasion, elles recommencent, à nouveau avec les meilleures intentions...
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En révisant attentivement un nouvel ouvrage publié par LEI, j’ai eu l’opportunité de passer beaucoup de temps en compagnie des « pères du Lean ». Je veux dire par là, le petit groupe de managers opérationnels japonais qui réalisa la percée initiale conduisant à la création de la première entreprise Lean et qui a été interviewé en profondeur sur ce qu’ils avaient fait alors et pourquoi. Le point pertinent pour l’instant est qu’un petit groupe de managers a réalisé une transformation Lean complète durant une période d’extrême stress et mettant en ½uvre les actions les plus osées pendant la crise financière de 1950.
 
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La puissance de la constance vers l’objectif m'a particulièrement frappé récemment quand j'ai visité une société qui a commencé son voyage Lean il y a quatorze ans et qui a vraiment mis en pratique le premier point de Deming. J'ai trouvé l'histoire si spéciale que je voudrais la partager.
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Cette année là, alors que l’économie japonaise entrait dans une récession brutale, la Toyota Motor Company s’est retrouvée à cours de liquidités, sa trésorerie étant « investie » dans des stocks de produits dont ses clients ne voulaient plus. L’entreprise tomba dans l’escarcelle des banques qui la coupèrent en deux, une société dédiée aux fonctions Marketing et Ventes, l’autre au développement et à la production produits. (Ces deux sociétés ne furent re-fusionnées qu’en 1982 pour créer l’actuelle Toyota Motor Corporation). Le président fondateur, Kiichiro Toyoda (le grand-père de l’actuel nouveau président Akio Toyoda), fut évincé par la même occasion. La réalisation de ce qui devint le Toyota Production System, en même temps que les autres « systèmes » Toyota – développement produits, management des fournisseurs et soutien clients – fut la réponse créative à cette crise.
 
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C’est l’histoire de Bob et Ed. Ce ne sont pas leurs vrais noms, car ils n’ont pas souhaité être identifiés afin d’éviter l’affluence de touristes Lean. En juin 1995, Bob m'a approché lors d’une conférence que j'avais organisée et m’a annoncé solennellement qu'il allait créer une véritable entreprise Lean. Parce que j'avais entendu cet énoncé de bonnes intentions bien souvent et parce que Bob n’était qu’un directeur d’usine d’une grande société ayant de très nombreuses usines, je lui ai franchement dit que je doutais qu’il aille bien loin. Mais je lui ai tout de même indiqué quelques personnes présentes à la conférence avec qui il pourrait échanger s'il avait besoin de conseils spécifiques sur la façon de démarrer. J’ai pensé que je n’en entendrai plus jamais parler.
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Lorsque j’ai commencé à lire ces interviews, je m’attendais à découvrir que les managers de Toyota avaient un programme d’actions clairement défini depuis le début. Il me semblait évident que des leaders comme Taiichi Ohno, Kikuo Suzumura et Eiji Toyoda savaient exactement où ils allaient et comment y aller. J'espérais également trouver un organigramme clair de l'équipe d'amélioration et le programme formalisé qui allait avec (un peu comme le « Chemin du futur » de la récente campagne publicitaire de Toyota).
 
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Environ deux mois plus tard, Bob m’a appelé pour m’annoncer que lui et son contrôleur financier, Ed, avaient commencé le travail dans leur usine et qu'ils aimeraient que je vérifie ce qu'ils faisaient. Ils voulaient également que je prononce une conférence-débat lors d’un séminaire de l’entreprise rassemblant tous les directeurs d’usines, ce qui serait leur première étape de communication Lean dans le Groupe.
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Au lieu de cela, j’ai découvert une poignée de managers opérationnels qui avaient des idées simples et un sens de l'urgence poussé à l’extrème : minimiser les temps de cycle de la commande à la livraison (pour libérer un cash devenu rare), éliminer les gaspillages à chaque étape de chaque process (pour réduire les coûts et améliorer la qualité), agir de immédiatement (parce que le temps était compté). Mais ce qu’ils possédaient aussi – et ce fut décisif – c’était une rigueur toute scientifique. Bien qu’agissant dans l’urgence, ils ont pris le temps nécessaire pour documenter les conditions initiales, énoncer très clairement les hypothèses, conduire des expérimentations rigoureuses, mesurer chaque résultat et réfléchir sur ce qu’ils obtenaient réellement tout en partageant le plus largement possible leurs découvertes.
 
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J’y suis allé, bien qu’un peu gêné. Il n'y a rien de plus délicat que de rendre visite à des managers motivés dans leur phase initiale de prise de conscience Lean pour leur montrer le peu de chemin parcouru et toute la distance leur restant à faire.
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Ce qu’ils n’avaient pas, en revanche, c’était un « programme » ou même un nom pour le système de recherche scientifique qu’ils étaient en train de créer. En effet, le label « Toyota Production System » ne fut introduit qu’en 1970 – après que le système ait été achevé – afin de pouvoir l’expliquer aux fournisseurs. Ils n’avaient pas plus de direction de programme que d’équipe de progrès dédiée. La fameuse Operations Management Consulting Division (OMCD) ne fut créée qu’à peu près au même moment que le label TPS et seulement après que le TPS ait été déployé dans toute l’entreprise. Cet acte remarquable de création chez Toyota – basé sur un processus systématique de recherche scientifique (PDCA, NDT) – a été mené par des managers opérationnels considérant que c’était la partie la plus importante de leurs tâches quotidiennes. Et – c’est là que cela devient vraiment enthousiasmant – ils réalisèrent la plupart de leurs recherches au c½ur d’une bataille épique pour la survie.
 
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Au moins, je n'ai pas été déçu par le potentiel d’opportunités. Leur énorme usine était organisée en îlots de production pour toutes les activités de fabrication. Un MRP programmait de manière imprécise toutes les opérations, il y avait des boucles de retour pour retouches partout (non prévues par le MRP), il n’y avait aucune tâche standardisée évidente et il y avait des stocks et en-cours conséquents entre chaque étape de production et d'assemblage. L’usine en était au niveau 0,5S (par opposition à 5S), la main d'½uvre opérationnelle n’était plus impliquée et l'équipe de management sous les ordres de Bob et Ed combattait en permanence les incendies sans aucune vision des enjeux globaux. Le résultat était comme prévu des temps de cycles fort longs, de rares livraisons clients dans les délais, des coûts bien plus élevés que nécessaire et une entreprise financièrement exsangue. Pour faire simple, tout qui pouvait être mauvais était mauvais excepté quelques secteurs pilotes où Bob et Ed avaient essayé leurs premières expériences.
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En en sachant plus sur les réalisations de Toyota dans les années 50, alors que l’entreprise se débattait pour survivre, j’apprécie mieux le fait que nous n’avons aucune excuse aujourd’hui en cette période de marchés chaotiques et de demande en chute libre. Une approche scientifique systématique fonctionne où qu’elle soit appliquée et quelque soit le process. C’est aussi plus, et non pas moins, utile dans les profondeurs d’une crise. Le seul ingrédient qui pourrait éventuellement manquer aujourd’hui, avec la crise actuelle, serait notre détermination à respecter une démarche scientifique rigoureuse. Et ça, vous pouvez rapidement le rectifier par vous-même !
 
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La seule chose que l'usine avait pour elle, c’était la constance de Bob et d’Ed dans leur intention d’y arriver. Au fur et à mesure que j’avançais dans l’usine, je me suis vite rendu compte que j'avais eu tort à la conférence. Lorsque j’ai rencontré l'équipe qu'ils avaient formée, que j’ai vu la hardiesse de leurs expériences initiales et ressenti combien extraordinaire étaient leur intensité, leur focalisation et leur ténacité sur le Gemba, j'ai su qu'ils arriveraient quelque part et que cela vaudrait la peine de les suivre. J'y suis ainsi revenu quatre fois au cours de ces dernières années pour vérifier leur progression.

Et qu’ont-ils fait ? Leur première étape pendant les quatre premières années a été d'identifier les flux de valeur par famille de produits et d’en favoriser l’écoulement régulier en enlevant tout d’abord les étapes inutiles puis en alignant les étapes restantes de façon séquentielle dans l'ordre du processus de fabrication.

En faisant ceci, ils ont vite appris qu'ils devaient créer une stabilité basique en rendant chaque étape capable (en terme de qualité : pièce bonne à chaque fois) et disponible (au sens où chaque morceau d’équipement devait fonctionner quand il devait fonctionner pour soutenir l'écoulement de la production). Cette réalisation, obtenue en introduisant une standardisation rigoureuse des tâches, la qualité au c½ur du Process et un plan pour chaque machine a été leur deuxième étape. Elle s’est poursuivie alors que Bob et Ed étaient promus responsables des opérations et de l’amélioration pour l’ensemble des usines du Groupe.

Au bout de quatre ans dans leur transformation (qui était déjà beaucoup plus longue que la plupart des voyages Lean ne durent), Bob et Ed étaient prêts pour une troisième étape fondamentale, réaliser le déploiement rigoureux de la stratégie à chaque niveau de chaque entité du Groupe puis, quatrième étape, lancer la réorganisation complète d’une entreprise réalisant un milliard de dollars de CA en Business Units par flux de valeur avec des ingénieurs, équipes de production, services achats, etc. dédiés.

(Aujourd'hui leur processus de déploiement de stratégie est le plus rigoureux et complet que je connaisse. Alors que je parlais récemment avec ceux qui travaillent au déploiement de la stratégie réactualisée pour cette année au c½ur des différents flux, je me suis à nouveau rendu compte que si un déploiement de stratégie ne vous rend pas fou c’est que vous ne faites pas de déploiement de stratégie. La raison en est que l'idée fondamentale est de faire émerger les contradictions et les conflits - qui restent bien cachés dans la plupart des organisations - entre les flux de valeur et les fonctions afin de les résoudre.)

Pendant que l’entreprise déroulait le déploiement de sa stratégie, la focalisation sur la standardisation des tâches a été redoublée et un processus de résolution rapide des problèmes a été mis en ½uvre. (Ensemble, ces étapes, avec des noms légèrement différents, constituent les trois techniques clefs de management Lean que nous préconisons au LEI : Politique de management descendant en cascade depuis le haut de l’organigramme pour fixer la direction et viser l'alignement ; analyse A3 pour déployer les initiatives de la politique de management depuis le haut, résoudre les problèmes, évaluer les propositions en provenance du bas ; enfin, travail standardisé avec un management standardisé pour soutenir capacité et disponibilité.)

Les deux étapes finales pour créer l’entreprise Lean étaient de transformer les processus de développement produits et Process pour y incorporer les principes Lean et convertir une fonction achats très conventionnelle en équipe Lean de gestion des approvisionnements. La dernière étape vient juste d’être accomplie après un voyage de quatorze années.

Avec un système Lean global et complet maintenant en place, le challenge actuel qui se pose à l'équipe de direction est de globaliser les opérations et les flux d'approvisionnement. Leur objectif est d'améliorer le support aux clients partout dans le monde sans perdre en route la capacité durement gagnée de régler chaque problème en temps réel.

Un dernier challenge se trouve dans un proche futur - un auquel peu d'organisations ont eu à faire face. Comment Bob, maintenant Président, et Ed, actuellement Vice-Président en charge des opérations et de l'amélioration, peuvent-ils transmettre le témoin du voyage Lean à la prochaine génération de managers alors qu’ils approchent de l'âge de la retraite ?

Le voyage de Bob et Ed est une grande source d'inspiration. En effet, quand je regarde les quatorze dernières années, je me demande ce qui serait arrivé à l'économie mondiale si chaque directeur d’usine et son responsable financier avaient eu la même constance dans l’intention de transformer complètement un système entier depuis la production jusqu’au management. Et si, ce faisant, chaque manager dans chaque société avait multiplié par presque six la productivité, réduit l'espace nécessaire à la production de 75%, atteint une qualité presque parfaite avec des livraisons aux clients 100% à temps, amélioré ses marges régulièrement, et rapidement augmenté ses ventes ? Nous serions dans un monde très différent et bien meilleur. Aussi, suivre leur chemin doit être le challenge à relever pour nous tous.

Et pour être complet, je dois préciser un point supplémentaire, peut-être le plus important. Bob et Ed ont commencé leur voyage dans le creux d'une importante récession de leur industrie. Pendant que leur société luttait pour financer des programmes de développement en 1997, elle a été acquise par une société géante complètement ignorante de ce qu'ils faisaient, elle-même managée selon des principes très différents. Cela aurait complètement distrait la plupart des managers - comme la plupart des managers d’aujourd'hui à ce point traumatisant de l'histoire ? - qui auraient perdu leur focalisation sur l’objectif, essayant juste de survivre au jour le jour avec la nouvelle direction. Mais ces managers s’étaient fixé un cap et ils ont navigué de façon constante dans cette direction dans des mers très agitées. C'est cela le vrai défi pour nous tous maintenant - appréhender la crise actuelle, fixer fermement un cap et transformer le chaos d'aujourd'hui en quelque chose d’utile pour demain.

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Avec mes meilleurs v½ux de découvertes créatives en ces temps chaotiques,
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Merci à François Leteux, A²C² SARL, pour cette traduction.
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Merci à François Leteux, A²C² SARL, et à Emmanuel Jallas, Lysippe, pour cette traduction.
 

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (80 - 2009-06-10 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Line: 54 to 54
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (79 - 2009-04-06 - Main.GodefroyBeauvallet)
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META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Apprendre à manager (22 janvier 2009)

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L'Important d'être Constant (11 février 2009)

 
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Mon collègue John Shook a récemment écrit un merveilleux livre pour le LEI au titre évocateur de Managing to Learn. Il parle ainsi de la méthode exploratoire que les managers Lean utilisent pour mettre en ½uvre les initiatives provenant des niveaux hiérarchiques supérieurs, résoudre les problèmes à leur propre niveau, et évaluer les propositions de solutions des niveaux hiérarchiques inférieurs. En employant cette méthode, à chaque niveau et de façon continue, les entreprises apprennent réellement à apprendre tout en développant des managers toujours meilleurs.
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Le premier des 14 points du Dr. W. Edwards Deming s’énonce de la manière suivante : « garder constamment en vue l’objectif d'amélioration continue des produits et services aux clients. » Quand je l'ai lu pour la première fois, il y a de nombreuses années de cela, j’avais trouvé ça très simple et tellement évident. Comment pourrait-on ne pas avoir de constance vers un tel but ?
 
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Dans Managing to learn John compare le manager Lean avec, d'une part, le manager ancienne école de type « dictateur » -- celui qui indique à chacun ce qu’il doit faire -- et, d'autre part, le manager moderne nouvelle manière -- celui qui dit à ses collaborateurs de réaliser le travail quelque soit la méthode à condition que les objectifs soient atteints. Le manager Lean, par contraste, interroge ses collaborateurs sur le processus qu'ils prévoient d’utiliser pour mettre en ½uvre, résoudre et évaluer, étant convaincu que si le processus est correct les résultats seront au rendez-vous. Plutôt que de donner des solutions ou simplement accepter des résultats, le manager Lean dit : « faisons cela ensemble. Allons voir sur le terrain (Gemba), posons les bonnes questions et soyons respectueux des propositions. »
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Maintenant que je suis plus vieux et plus sage -- enfin, au moins plus vieux -- j'ai découvert que cette attitude toute simple est souvent l'élément absent lorsque des managers se mettent à créer une organisation Lean. Les entreprises démarrent avec les meilleures intentions, lancent un programme Lean, obtiennent quelques résultats préliminaires, perdent de vue leur objectif (peut-être en raison d'une crise économique ?) et retombent dans leur état de performance du départ. A l’occasion, elles recommencent, à nouveau avec les meilleures intentions...
 
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Le conseil de John, qui repose sur ses années d’expérience en tant que manager chez Toyota au Japon et aux États-Unis, est vraiment fondamental et a changé ma propre vie de manager. Nous sommes néanmoins en face d’un léger problème alors que nous essayons d'étendre le management Lean au sein de la Communauté Lean et partout dans le monde. D’où vont venir les managers Lean (les « Sanderson » dans le livre de John) qui pourront nous enseigner à tous, managers traditionnels (les « Porter »), à manager différemment ? En résumé, comment apprendrons-nous tous (ou réapprendrons-nous) à manager afin de « parvenir à apprendre » ? Lire un livre est évidemment un excellent début, mais comment apprendrons-nous par la pratique (la seule vraie manière de maîtriser de nouvelles méthodes), en particulier si notre patron est fossilisé dans ses méthodes de management d’un autre âge ?
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La puissance de la constance vers l’objectif m'a particulièrement frappé récemment quand j'ai visité une société qui a commencé son voyage Lean il y a quatorze ans et qui a vraiment mis en pratique le premier point de Deming. J'ai trouvé l'histoire si spéciale que je voudrais la partager.
 
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La réponse usuelle du management moderne au problème de création de nouveaux managers est de les envoyer à l'école, plus spécifiquement dans des écoles de management avec enseignement en salle de classe. L'alternative est de recruter des managers pré-qualifiés, habituellement chez les sociétés de conseil où de jeunes chefs de projet sont exposés à de nombreuses entreprises dans des environnements très différents. Et si le besoin est d’avoir précisément des managers Lean, le manager moderne a aussi sa réponse : recruter ces créatures exotiques chez les entreprises Lean comme Toyota, Honda ou Danaher en croyant qu’il suffit de les parachuter au milieu d’une organisation traditionnelle pour obtenir des résultats comme par magie.
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C’est l’histoire de Bob et Ed. Ce ne sont pas leurs vrais noms, car ils n’ont pas souhaité être identifiés afin d’éviter l’affluence de touristes Lean. En juin 1995, Bob m'a approché lors d’une conférence que j'avais organisée et m’a annoncé solennellement qu'il allait créer une véritable entreprise Lean. Parce que j'avais entendu cet énoncé de bonnes intentions bien souvent et parce que Bob n’était qu’un directeur d’usine d’une grande société ayant de très nombreuses usines, je lui ai franchement dit que je doutais qu’il aille bien loin. Mais je lui ai tout de même indiqué quelques personnes présentes à la conférence avec qui il pourrait échanger s'il avait besoin de conseils spécifiques sur la façon de démarrer. J’ai pensé que je n’en entendrai plus jamais parler.
 
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Malheureusement, nous avons maintenant appris que ceci ne fonctionne pas parce que la méthode fondamentale du management Lean est de se confronter avec les problèmes sur le Gemba en liaison avec son supérieur hiérarchique direct et en collaborant avec d'autres managers du même niveau que lui. Cela signifie poser des questions plutôt que donner des réponses en se basant sur la méthode d'analyse définie par les formulaires de type "A3".
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Environ deux mois plus tard, Bob m’a appelé pour m’annoncer que lui et son contrôleur financier, Ed, avaient commencé le travail dans leur usine et qu'ils aimeraient que je vérifie ce qu'ils faisaient. Ils voulaient également que je prononce une conférence-débat lors d’un séminaire de l’entreprise rassemblant tous les directeurs d’usines, ce qui serait leur première étape de communication Lean dans le Groupe.
 
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Comme je l'ai noté dans une lettre précédente, « il faut être au moins 2 pour écrire un A3. » Ainsi, quand des managers Lean sont parachutés dans des organisations avec des managers "modernes" comme patrons et collègues, ils ne peuvent que dialoguer avec eux-mêmes et cela n'a que très peu d'effet. La question clef est donc, « comment pouvons-nous surmonter ce problème de l’½uf et de la poule, lorsque des managers Lean ont besoin de patrons Lean afin de démarrer le dialogue Lean ? »
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J’y suis allé, bien qu’un peu gêné. Il n'y a rien de plus délicat que de rendre visite à des managers motivés dans leur phase initiale de prise de conscience Lean pour leur montrer le peu de chemin parcouru et toute la distance leur restant à faire.
 
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Il y a longtemps que je suis convaincu que notre système d'éducation traditionnel du management -– dans les Business Schools et les sociétés de conseil -- est une grande partie du problème parce qu'il se base sur les processus de production en grande série et par lots pour enseigner les idées modernes du management. Je suis aussi convaincu que la remise en question de cette approche fait également partie de la solution. J’observe donc avec intérêt depuis plusieurs années Peter Willats et ses collègues chez McKinsey dans le développement de leurs centres de conception de système de production à travers le monde. On enseigne là à de jeunes consultants McKinsey comment être des managers Lean par le biais de séries de dialogues intensifs avec des patrons Lean, pour beaucoup des anciens de Toyota, sur l’amélioration des flux. C'est l'exemple le plus impressionnant que j’ai vu du monde du conseil prenant le management Lean au sérieux et, parce que les élèves McKinsey se retrouvent plus tard souvent dans des positions influentes dans d'autres entreprises, j’ai espoir que ce qu’ils ont appris se diffusera largement.
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Au moins, je n'ai pas été déçu par le potentiel d’opportunités. Leur énorme usine était organisée en îlots de production pour toutes les activités de fabrication. Un MRP programmait de manière imprécise toutes les opérations, il y avait des boucles de retour pour retouches partout (non prévues par le MRP), il n’y avait aucune tâche standardisée évidente et il y avait des stocks et en-cours conséquents entre chaque étape de production et d'assemblage. L’usine en était au niveau 0,5S (par opposition à 5S), la main d'½uvre opérationnelle n’était plus impliquée et l'équipe de management sous les ordres de Bob et Ed combattait en permanence les incendies sans aucune vision des enjeux globaux. Le résultat était comme prévu des temps de cycles fort longs, de rares livraisons clients dans les délais, des coûts bien plus élevés que nécessaire et une entreprise financièrement exsangue. Pour faire simple, tout qui pouvait être mauvais était mauvais excepté quelques secteurs pilotes où Bob et Ed avaient essayé leurs premières expériences.
 
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Mais il reste toujours le problème du manager Lean débarquant seul dans une organisation pratiquant le management "moderne". J'étais donc fort excité, à la fin de l'année dernière, d’assister au lancement d'une nouvelle approche pour former des managers Lean dans un contexte soutenu par des entreprises. Pour atteindre ce but, le professeur Peter Ward du Fisher College of Business de l'université d'Etat de l'Ohio a pris la décision audacieuse de refondre complètement un programme MBA de management traditionnel des opérations. (Voir www.fisher.osu.edu/MBOE pour les détails.)
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La seule chose que l'usine avait pour elle, c’était la constance de Bob et d’Ed dans leur intention d’y arriver. Au fur et à mesure que j’avançais dans l’usine, je me suis vite rendu compte que j'avais eu tort à la conférence. Lorsque j’ai rencontré l'équipe qu'ils avaient formée, que j’ai vu la hardiesse de leurs expériences initiales et ressenti combien extraordinaire étaient leur intensité, leur focalisation et leur ténacité sur le Gemba, j'ai su qu'ils arriveraient quelque part et que cela vaudrait la peine de les suivre. J'y suis ainsi revenu quatre fois au cours de ces dernières années pour vérifier leur progression.
 
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Peter a converti un programme basé sur l’enseignement en salle de classe de connaissances abstraites sur les opérations de production en grande série et par lots en un apprentissage basé sur le Gemba dans le contexte réel de l’entreprise. Le nouveau programme enseigne toujours les connaissances opérationnelles essentielles du Lean Six-sigma en salle de classe, mais par petits lots -- une semaine. Les élèves digèrent ensuite ce savoir en l'appliquant immédiatement à une série de problèmes réels chez leurs employeurs respectifs, sous la houlette d'un Sensei (enseignant et éducateur) extérieur ayant une solide expérience du management Lean fourni par l'état de l'Ohio. Tous les étudiants sont sponsorisés par leur propre entreprise, l’entreprise fournit le Gemba, et il est demandé aux patrons des élèves d’assister aux sessions de début et de fin du programme. L'espoir est que les patrons apprendront des élèves comme les élèves apprennent du Sensei.
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Et qu’ont-ils fait ? Leur première étape pendant les quatre premières années a été d'identifier les flux de valeur par famille de produits et d’en favoriser l’écoulement régulier en enlevant tout d’abord les étapes inutiles puis en alignant les étapes restantes de façon séquentielle dans l'ordre du processus de fabrication.
 
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Comme vous l’aurez noté, il n'y a là rien d'autre que de l’éducation sur le Gemba au moyen de l’analyse A3. A la fin du programme, l’élève reçoit un diplôme de Fisher College mais la vraie démonstration de l’apprentissage est la série de A3s développés dans le dialogue pour adresser une gamme de problèmes concrets en utilisant des méthodes enseignées en classe mais immédiatement mises en ½uvre dans un contexte réel.
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En faisant ceci, ils ont vite appris qu'ils devaient créer une stabilité basique en rendant chaque étape capable (en terme de qualité : pièce bonne à chaque fois) et disponible (au sens où chaque morceau d’équipement devait fonctionner quand il devait fonctionner pour soutenir l'écoulement de la production). Cette réalisation, obtenue en introduisant une standardisation rigoureuse des tâches, la qualité au c½ur du Process et un plan pour chaque machine a été leur deuxième étape. Elle s’est poursuivie alors que Bob et Ed étaient promus responsables des opérations et de l’amélioration pour l’ensemble des usines du Groupe.
 
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Ce qui se produit après l’obtention du diplôme est la question véritablement intéressante lorsque ces jeunes managers, avec cette nouvelle vision Lean, essaieront de progresser dans des organisations où leurs patrons, bien que sensibilisés à une nouvelle manière de manager, seront probablement encore des managers "modernes" ô combien traditionnels au fond d’eux-mêmes. Aussi le programme de l'état d'Ohio doit-il être regardé comme une expérience. Je le vois en effet comme un exercice A3 sur le concept de l'éducation du management Lean.
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Au bout de quatre ans dans leur transformation (qui était déjà beaucoup plus longue que la plupart des voyages Lean ne durent), Bob et Ed étaient prêts pour une troisième étape fondamentale, réaliser le déploiement rigoureux de la stratégie à chaque niveau de chaque entité du Groupe puis, quatrième étape, lancer la réorganisation complète d’une entreprise réalisant un milliard de dollars de CA en Business Units par flux de valeur avec des ingénieurs, équipes de production, services achats, etc. dédiés.
 
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Je vais continuer d’observer l’avancement de ce projet et d'autres expériences (NDT : le Certificat d'études supérieures en Lean Management lancé en 2009 par Télécom Paristech est une expérience très proche des principes d'Ohio State). Il n’y a aucun doute qu’il faudra de nombreuses vérifications et autant d'ajustements dans ce processus PDCA. Néanmoins, j'ai beaucoup d’espoir que nous soyons enfin en train de faire des progrès dans la transmission systématique de la connaissance Lean de la petite génération actuelle de managers Lean à une génération beaucoup plus nombreuse de nouveaux managers Lean. Nous devons le faire, et le faire rapidement pour que le mouvement Lean soit plus qu’un feu de paille allumé par une seule génération.
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(Aujourd'hui leur processus de déploiement de stratégie est le plus rigoureux et complet que je connaisse. Alors que je parlais récemment avec ceux qui travaillent au déploiement de la stratégie réactualisée pour cette année au c½ur des différents flux, je me suis à nouveau rendu compte que si un déploiement de stratégie ne vous rend pas fou c’est que vous ne faites pas de déploiement de stratégie. La raison en est que l'idée fondamentale est de faire émerger les contradictions et les conflits - qui restent bien cachés dans la plupart des organisations - entre les flux de valeur et les fonctions afin de les résoudre.)

Pendant que l’entreprise déroulait le déploiement de sa stratégie, la focalisation sur la standardisation des tâches a été redoublée et un processus de résolution rapide des problèmes a été mis en ½uvre. (Ensemble, ces étapes, avec des noms légèrement différents, constituent les trois techniques clefs de management Lean que nous préconisons au LEI : Politique de management descendant en cascade depuis le haut de l’organigramme pour fixer la direction et viser l'alignement ; analyse A3 pour déployer les initiatives de la politique de management depuis le haut, résoudre les problèmes, évaluer les propositions en provenance du bas ; enfin, travail standardisé avec un management standardisé pour soutenir capacité et disponibilité.)

Les deux étapes finales pour créer l’entreprise Lean étaient de transformer les processus de développement produits et Process pour y incorporer les principes Lean et convertir une fonction achats très conventionnelle en équipe Lean de gestion des approvisionnements. La dernière étape vient juste d’être accomplie après un voyage de quatorze années.

Avec un système Lean global et complet maintenant en place, le challenge actuel qui se pose à l'équipe de direction est de globaliser les opérations et les flux d'approvisionnement. Leur objectif est d'améliorer le support aux clients partout dans le monde sans perdre en route la capacité durement gagnée de régler chaque problème en temps réel.

Un dernier challenge se trouve dans un proche futur - un auquel peu d'organisations ont eu à faire face. Comment Bob, maintenant Président, et Ed, actuellement Vice-Président en charge des opérations et de l'amélioration, peuvent-ils transmettre le témoin du voyage Lean à la prochaine génération de managers alors qu’ils approchent de l'âge de la retraite ?

Le voyage de Bob et Ed est une grande source d'inspiration. En effet, quand je regarde les quatorze dernières années, je me demande ce qui serait arrivé à l'économie mondiale si chaque directeur d’usine et son responsable financier avaient eu la même constance dans l’intention de transformer complètement un système entier depuis la production jusqu’au management. Et si, ce faisant, chaque manager dans chaque société avait multiplié par presque six la productivité, réduit l'espace nécessaire à la production de 75%, atteint une qualité presque parfaite avec des livraisons aux clients 100% à temps, amélioré ses marges régulièrement, et rapidement augmenté ses ventes ? Nous serions dans un monde très différent et bien meilleur. Aussi, suivre leur chemin doit être le challenge à relever pour nous tous.

Et pour être complet, je dois préciser un point supplémentaire, peut-être le plus important. Bob et Ed ont commencé leur voyage dans le creux d'une importante récession de leur industrie. Pendant que leur société luttait pour financer des programmes de développement en 1997, elle a été acquise par une société géante complètement ignorante de ce qu'ils faisaient, elle-même managée selon des principes très différents. Cela aurait complètement distrait la plupart des managers - comme la plupart des managers d’aujourd'hui à ce point traumatisant de l'histoire ? - qui auraient perdu leur focalisation sur l’objectif, essayant juste de survivre au jour le jour avec la nouvelle direction. Mais ces managers s’étaient fixé un cap et ils ont navigué de façon constante dans cette direction dans des mers très agitées. C'est cela le vrai défi pour nous tous maintenant - appréhender la crise actuelle, fixer fermement un cap et transformer le chaos d'aujourd'hui en quelque chose d’utile pour demain.

  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
Line: 42 to 54
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (78 - 2009-03-16 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Si la vague est assez haute, tous les bateaux chavirent (31 décembre 2008)

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Apprendre à manager (22 janvier 2009)

 
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Nous connaissons tous l'expression, "La marée montante soulève tous les bateaux" [NdT : ~Quand le bâtiment va, tout va !], et c'était vrai lors de la bulle économique mondiale de ces dernières années. N'importe quelle entreprise pouvait survivre, même avec une performance médiocre et sans s'améliorer. Malheureusement, il y a un corollaire. Une marée à fort coefficient -– un tsunami financier -– peut au moins chavirer même le plus robuste des bateaux. La preuve douloureuse pour la communauté Lean est l'annonce récente que l'entreprise la plus constamment prospère et la société la plus stable financièrement -– Toyota -– perd de l'argent pour la première fois en 70 ans. Comment cela peut-il arriver ? Et que signifie le tsunami financier pour le mouvement Lean ?
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Mon collègue John Shook a récemment écrit un merveilleux livre pour le LEI au titre évocateur de Managing to Learn. Il parle ainsi de la méthode exploratoire que les managers Lean utilisent pour mettre en ½uvre les initiatives provenant des niveaux hiérarchiques supérieurs, résoudre les problèmes à leur propre niveau, et évaluer les propositions de solutions des niveaux hiérarchiques inférieurs. En employant cette méthode, à chaque niveau et de façon continue, les entreprises apprennent réellement à apprendre tout en développant des managers toujours meilleurs.
 
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La cause racine des problèmes actuels de Toyota est la décision prise au milieu des années 1990 d'appuyer sur le champignon et de viser la place de n°1 de l'industrie automobile mondiale. Toyota a créé d'énormes capacités de production de par le monde et est devenu en 2008 le leader des ventes mondiales devant GM. Ce faisant, Toyota a englouti de la trésorerie, et a été obligé à s'endetter au-delà de ses modestes niveaux historiques, ce qui a rendu la firme vulnérable à une forte chute de la demande. L'effondrement des ventes n'a apparemment pas été anticipé, mais Toyota plus que toute autre marque aurait dû respecter ce savoir douloureusement acquis que les prévisions -– en particulier les prévisions optimistes -– sont généralement fausses.
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Dans Managing to learn John compare le manager Lean avec, d'une part, le manager ancienne école de type « dictateur » -- celui qui indique à chacun ce qu’il doit faire -- et, d'autre part, le manager moderne nouvelle manière -- celui qui dit à ses collaborateurs de réaliser le travail quelque soit la méthode à condition que les objectifs soient atteints. Le manager Lean, par contraste, interroge ses collaborateurs sur le processus qu'ils prévoient d’utiliser pour mettre en ½uvre, résoudre et évaluer, étant convaincu que si le processus est correct les résultats seront au rendez-vous. Plutôt que de donner des solutions ou simplement accepter des résultats, le manager Lean dit : « faisons cela ensemble. Allons voir sur le terrain (Gemba), posons les bonnes questions et soyons respectueux des propositions. »
 
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Malgré un effondrement de la demande dans tous les marchés principaux, Toyota n'est pas dans la situation désespérée de tous ses rivaux. Elle possède encore une cote de confiance excellente et peut emprunter pour maintenir ses programmes de nouveaux produits et de R&D selon le calendrier prévu. En fait, si les choses tournent si mal de quelque manière qu'une seule entreprise survit, cette entreprise sera Toyota. Mais l'ère heureuse de l'expansion sans limites est maintenant terminée et Toyota a sans nul doute passé beaucoup de temps à la fin de 2008 en hansei (réflexion auto-critique). John Shook dans sa tribune consacrée au management sur lean.org, l'a très bien formulé en observant que Toyota depuis ses débuts à toujours voulu être le meilleur pour résoudre les problèmes des clients en utilisant le moins de ressources pour pouvoir survivre. Mais au milieu des années 1990, il a changé de direction pour suivre l'opinion générale en affaires que la croissance est bonne et que plus on est gros, mieux c'est. Ce n'est pas la vision Lean et je prédis de Toyota va revenir à une vue traditionnelle de ses objectifs. Je prédis également que le ralentissement actuel sera une bénédiction en laissant le temps à Toyota de refaire le plein de managers Lean. Sa croissance effrénée a sérieusement dilué son niveau d'expérience managériale et devenait un risque grave pour son succès à long terme.
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Le conseil de John, qui repose sur ses années d’expérience en tant que manager chez Toyota au Japon et aux États-Unis, est vraiment fondamental et a changé ma propre vie de manager. Nous sommes néanmoins en face d’un léger problème alors que nous essayons d'étendre le management Lean au sein de la Communauté Lean et partout dans le monde. D’où vont venir les managers Lean (les « Sanderson » dans le livre de John) qui pourront nous enseigner à tous, managers traditionnels (les « Porter »), à manager différemment ? En résumé, comment apprendrons-nous tous (ou réapprendrons-nous) à manager afin de « parvenir à apprendre » ? Lire un livre est évidemment un excellent début, mais comment apprendrons-nous par la pratique (la seule vraie manière de maîtriser de nouvelles méthodes), en particulier si notre patron est fossilisé dans ses méthodes de management d’un autre âge ?
 
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Qu'en est-il de nous autres ? Le simple fait que cette adversité va tous nous obliger à nous mesurer à des situations difficiles dans nos sociétés et sur nos marchés, situations que nous souhaiterions plutôt éviter et que probablement nous avons ignoré longtemps. Pour ceux qui réfléchissent soigneusement, déterminent les causes racines, et prennent des décisions créatives et ciblées, le futur sera plus sympathique. Laissez-moi citer l'histoire de Toyota comme preuve. La crise actuelle n'est pas la seule vague financière que Toyota a affronté, mais plutôt la dernière d'une longue liste :
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La réponse usuelle du management moderne au problème de création de nouveaux managers est de les envoyer à l'école, plus spécifiquement dans des écoles de management avec enseignement en salle de classe. L'alternative est de recruter des managers pré-qualifiés, habituellement chez les sociétés de conseil où de jeunes chefs de projet sont exposés à de nombreuses entreprises dans des environnements très différents. Et si le besoin est d’avoir précisément des managers Lean, le manager moderne a aussi sa réponse : recruter ces créatures exotiques chez les entreprises Lean comme Toyota, Honda ou Danaher en croyant qu’il suffit de les parachuter au milieu d’une organisation traditionnelle pour obtenir des résultats comme par magie.
 
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  • l'effondrement de la demande sur le marché Japonais en 1950 ;
  • la crise pétrolière de 1973 qui fit chuter la demande lors de l'envolée du Yen ;
  • la récession mondiale de 1981 quand l'Amérique du nord et l'Europe imposèrent des barrières douanières qui firent chuter les exportations de Toyota et demandèrent d'énormes investissements sur des marchés étrangers ;
  • la crise du Yen de la fin des années 1980 qui fit chuter le cours du yen en dollar de 240 à 120 en seulement quelques mois ;
  • l'effondrement de l'économie japonaise aboutissant à une décennie de stagnation après l'explosion de la bulle de l'immobilier en 1990.
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Malheureusement, nous avons maintenant appris que ceci ne fonctionne pas parce que la méthode fondamentale du management Lean est de se confronter avec les problèmes sur le Gemba en liaison avec son supérieur hiérarchique direct et en collaborant avec d'autres managers du même niveau que lui. Cela signifie poser des questions plutôt que donner des réponses en se basant sur la méthode d'analyse définie par les formulaires de type "A3".
 
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En réfléchissant avec soin, en remontant des problèmes jusqu'aux causes racines, et en prenant des décisions vigoureuses, Toyota en sorti encore plus fort à chaque fois. Malgré la morosité de 2008, j'ai à cause de cela une vue optimiste de 2009 : Toyota sera en bonne santé et deviendra une société encore meilleure. Bien que nous tous serons sévèrement mis à l'épreuve en 2009 pour déterminer ce que nos valeurs sont réellement et comment nous utilisons avec créativité l'adversité, les membres de la communauté Lean qui se confronteront aux causes racines et prendront des décisions pertinentes seront plus forts et plus vifs lorsque la tempête s'apaisera. Et nous serons encore plus nombreux parce que les mauvais temps obligent de nombreuses nouvelles entreprises à adopter le Lean.
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Comme je l'ai noté dans une lettre précédente, « il faut être au moins 2 pour écrire un A3. » Ainsi, quand des managers Lean sont parachutés dans des organisations avec des managers "modernes" comme patrons et collègues, ils ne peuvent que dialoguer avec eux-mêmes et cela n'a que très peu d'effet. La question clef est donc, « comment pouvons-nous surmonter ce problème de l’½uf et de la poule, lorsque des managers Lean ont besoin de patrons Lean afin de démarrer le dialogue Lean ? »
 
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Avec de grands espoirs pour une réflexion Lean créative lors de l'adversité de 2009,
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Il y a longtemps que je suis convaincu que notre système d'éducation traditionnel du management -– dans les Business Schools et les sociétés de conseil -- est une grande partie du problème parce qu'il se base sur les processus de production en grande série et par lots pour enseigner les idées modernes du management. Je suis aussi convaincu que la remise en question de cette approche fait également partie de la solution. J’observe donc avec intérêt depuis plusieurs années Peter Willats et ses collègues chez McKinsey dans le développement de leurs centres de conception de système de production à travers le monde. On enseigne là à de jeunes consultants McKinsey comment être des managers Lean par le biais de séries de dialogues intensifs avec des patrons Lean, pour beaucoup des anciens de Toyota, sur l’amélioration des flux. C'est l'exemple le plus impressionnant que j’ai vu du monde du conseil prenant le management Lean au sérieux et, parce que les élèves McKinsey se retrouvent plus tard souvent dans des positions influentes dans d'autres entreprises, j’ai espoir que ce qu’ils ont appris se diffusera largement.

Mais il reste toujours le problème du manager Lean débarquant seul dans une organisation pratiquant le management "moderne". J'étais donc fort excité, à la fin de l'année dernière, d’assister au lancement d'une nouvelle approche pour former des managers Lean dans un contexte soutenu par des entreprises. Pour atteindre ce but, le professeur Peter Ward du Fisher College of Business de l'université d'Etat de l'Ohio a pris la décision audacieuse de refondre complètement un programme MBA de management traditionnel des opérations. (Voir www.fisher.osu.edu/MBOE pour les détails.)

Peter a converti un programme basé sur l’enseignement en salle de classe de connaissances abstraites sur les opérations de production en grande série et par lots en un apprentissage basé sur le Gemba dans le contexte réel de l’entreprise. Le nouveau programme enseigne toujours les connaissances opérationnelles essentielles du Lean Six-sigma en salle de classe, mais par petits lots -- une semaine. Les élèves digèrent ensuite ce savoir en l'appliquant immédiatement à une série de problèmes réels chez leurs employeurs respectifs, sous la houlette d'un Sensei (enseignant et éducateur) extérieur ayant une solide expérience du management Lean fourni par l'état de l'Ohio. Tous les étudiants sont sponsorisés par leur propre entreprise, l’entreprise fournit le Gemba, et il est demandé aux patrons des élèves d’assister aux sessions de début et de fin du programme. L'espoir est que les patrons apprendront des élèves comme les élèves apprennent du Sensei.

Comme vous l’aurez noté, il n'y a là rien d'autre que de l’éducation sur le Gemba au moyen de l’analyse A3. A la fin du programme, l’élève reçoit un diplôme de Fisher College mais la vraie démonstration de l’apprentissage est la série de A3s développés dans le dialogue pour adresser une gamme de problèmes concrets en utilisant des méthodes enseignées en classe mais immédiatement mises en ½uvre dans un contexte réel.

Ce qui se produit après l’obtention du diplôme est la question véritablement intéressante lorsque ces jeunes managers, avec cette nouvelle vision Lean, essaieront de progresser dans des organisations où leurs patrons, bien que sensibilisés à une nouvelle manière de manager, seront probablement encore des managers "modernes" ô combien traditionnels au fond d’eux-mêmes. Aussi le programme de l'état d'Ohio doit-il être regardé comme une expérience. Je le vois en effet comme un exercice A3 sur le concept de l'éducation du management Lean.

Je vais continuer d’observer l’avancement de ce projet et d'autres expériences (NDT : le Certificat d'études supérieures en Lean Management lancé en 2009 par Télécom Paristech est une expérience très proche des principes d'Ohio State). Il n’y a aucun doute qu’il faudra de nombreuses vérifications et autant d'ajustements dans ce processus PDCA. Néanmoins, j'ai beaucoup d’espoir que nous soyons enfin en train de faire des progrès dans la transmission systématique de la connaissance Lean de la petite génération actuelle de managers Lean à une génération beaucoup plus nombreuse de nouveaux managers Lean. Nous devons le faire, et le faire rapidement pour que le mouvement Lean soit plus qu’un feu de paille allumé par une seule génération.

  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Merci à Emmanuel Jallas, Lysippe, pour cette traduction.
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Merci à François Leteux, A²C² SARL, pour cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (77 - 2009-02-18 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La Pire Forme de gaspillage (14 août 2008)

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Si la vague est assez haute, tous les bateaux chavirent (31 décembre 2008)

 
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Je rentre tout juste d'Inde où j'ai participé aux premiers Lean Summits organisés à Mumbai et Chennai par le Lean Management Institute of India.
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Nous connaissons tous l'expression, "La marée montante soulève tous les bateaux" [NdT : ~Quand le bâtiment va, tout va !], et c'était vrai lors de la bulle économique mondiale de ces dernières années. N'importe quelle entreprise pouvait survivre, même avec une performance médiocre et sans s'améliorer. Malheureusement, il y a un corollaire. Une marée à fort coefficient -– un tsunami financier -– peut au moins chavirer même le plus robuste des bateaux. La preuve douloureuse pour la communauté Lean est l'annonce récente que l'entreprise la plus constamment prospère et la société la plus stable financièrement -– Toyota -– perd de l'argent pour la première fois en 70 ans. Comment cela peut-il arriver ? Et que signifie le tsunami financier pour le mouvement Lean ?
 
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Parmi les souvenirs que je conserve de mes visites dans différents pays, il y a les raisons pour lesquelles le Lean est impossible dans chaque pays. Et un certain nombre de dirigeants indiens m'ont dit ce à quoi je m'attendais. Certains m'ont expliqué que les dirigeants là-bas n'ont pas la rigueur nécessaire pour créer une entreprise Lean. D'autres m'ont dit solennellement qu'un système logistique Lean serait presque impossible sur les routes indiennes, désorganisées et encombrées. Les journalistes – qui partout semblent ne s'intéresser qu'aux mauvaises nouvelles et aux impossibilités – semblaient acquiescer. Chacun d'entre eux commença par me demander comment des dirigeants indiens peu rigoureux utilisant les infrastructures indiennes désorganisées pourraient espérer copier Toyota et d'autres sociétés lean.
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La cause racine des problèmes actuels de Toyota est la décision prise au milieu des années 1990 d'appuyer sur le champignon et de viser la place de n°1 de l'industrie automobile mondiale. Toyota a créé d'énormes capacités de production de par le monde et est devenu en 2008 le leader des ventes mondiales devant GM. Ce faisant, Toyota a englouti de la trésorerie, et a été obligé à s'endetter au-delà de ses modestes niveaux historiques, ce qui a rendu la firme vulnérable à une forte chute de la demande. L'effondrement des ventes n'a apparemment pas été anticipé, mais Toyota plus que toute autre marque aurait dû respecter ce savoir douloureusement acquis que les prévisions -– en particulier les prévisions optimistes -– sont généralement fausses.
 
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C'est ce que je pense être la pire des formes de gaspillage : penser que l'on ne peut pas le faire. Cela évidemment garantit que vous ne pouvez pas. La meilleure remarque d'Henry Ford fût probablement celle-ci : "Si vous croyez que vous pouvez, vous avez raison et si vous croyez que vous ne pouvez pas, vous avez encore raison !" Penser que vous ne pouvez pas le faire est la pire forme de gaspillage, parce que cela vous empêche de vous attaquer aux autres plus familières.
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Malgré un effondrement de la demande dans tous les marchés principaux, Toyota n'est pas dans la situation désespérée de tous ses rivaux. Elle possède encore une cote de confiance excellente et peut emprunter pour maintenir ses programmes de nouveaux produits et de R&D selon le calendrier prévu. En fait, si les choses tournent si mal de quelque manière qu'une seule entreprise survit, cette entreprise sera Toyota. Mais l'ère heureuse de l'expansion sans limites est maintenant terminée et Toyota a sans nul doute passé beaucoup de temps à la fin de 2008 en hansei (réflexion auto-critique). John Shook dans sa tribune consacrée au management sur lean.org, l'a très bien formulé en observant que Toyota depuis ses débuts à toujours voulu être le meilleur pour résoudre les problèmes des clients en utilisant le moins de ressources pour pouvoir survivre. Mais au milieu des années 1990, il a changé de direction pour suivre l'opinion générale en affaires que la croissance est bonne et que plus on est gros, mieux c'est. Ce n'est pas la vision Lean et je prédis de Toyota va revenir à une vue traditionnelle de ses objectifs. Je prédis également que le ralentissement actuel sera une bénédiction en laissant le temps à Toyota de refaire le plein de managers Lean. Sa croissance effrénée a sérieusement dilué son niveau d'expérience managériale et devenait un risque grave pour son succès à long terme.
 
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Ce qui est amusant quand on recueille ainsi ces sentiments défaitistes, c'est qu'il est toujours possible de démontrer que, quelque part dans le pays en cause, il y a un contre-exemple éclatant. En fait, c'est l'une des plus importants tâches du réseau des Instituts Lean. Lors de mon voyage en Inde, j'ai ainsi visité le site de production de l'équipementier automobile WABCO-TVS, dans la banlieue de Chennai. Les dirigeants y décidèrent en 2000 qu'ils pourraient créer une entreprise Lean. J'ai visité pour la première fois cette usine en 2002 et j'ai estimé qu'ils étaient en bonne voie. Si je suis heureux de vous parler de cela, c'est qu'ils pensaient qu'ils pouvaient le faire, qu'ils continuent de penser qu'ils peuvent et qu'ils ont largement réussi à le faire dans la partie production de leur entreprise.
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Qu'en est-il de nous autres ? Le simple fait que cette adversité va tous nous obliger à nous mesurer à des situations difficiles dans nos sociétés et sur nos marchés, situations que nous souhaiterions plutôt éviter et que probablement nous avons ignoré longtemps. Pour ceux qui réfléchissent soigneusement, déterminent les causes racines, et prennent des décisions créatives et ciblées, le futur sera plus sympathique. Laissez-moi citer l'histoire de Toyota comme preuve. La crise actuelle n'est pas la seule vague financière que Toyota a affronté, mais plutôt la dernière d'une longue liste :
 
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Pour démarrer, ils prirent quelques consultants étrangers pour réaliser quelques bonnes formations lean, et ils intégrèrent ainsi rapidement ce que ces consultants avaient à enseigner. Ils s'engagèrent ensuite dans un exercice rigoureux de déploiement de politique pour déterminer quelles étapes devaient être effectuées et dans quel ordre, sur la base des besoins de l'entreprise, pour transformer ce qui avait été jusque là une unité de production de masse très orthodoxe.
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  • l'effondrement de la demande sur le marché Japonais en 1950 ;
  • la crise pétrolière de 1973 qui fit chuter la demande lors de l'envolée du Yen ;
  • la récession mondiale de 1981 quand l'Amérique du nord et l'Europe imposèrent des barrières douanières qui firent chuter les exportations de Toyota et demandèrent d'énormes investissements sur des marchés étrangers ;
  • la crise du Yen de la fin des années 1980 qui fit chuter le cours du yen en dollar de 240 à 120 en seulement quelques mois ;
  • l'effondrement de l'économie japonaise aboutissant à une décennie de stagnation après l'explosion de la bulle de l'immobilier en 1990.
 
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Huit ans plus tard, ils ont obtenu la stabilité de base (qualité et disponibilité) à chaque étape de production. Cela leur a permis de s'organiser en cellules et d'introduire le flux continu en pièce à pièce pour toutes les opérations d'usinage et d'assemblage, fonctionnant avec un travail standardisé très précis. Cela a également permis aux cadres d'installer un système tiré dans toute l'usine, avec des kanbans et des petits trains déplaçant les produits et les pièces très fréquemment, avec très peu d'en-cours. Pendant ce temps, le management visuel a été installé à un niveau remarquable, le 5S est pérenne et chaque employé de production, de la direction au terrain, participe à une activité kaizen chaque semaine.
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En réfléchissant avec soin, en remontant des problèmes jusqu'aux causes racines, et en prenant des décisions vigoureuses, Toyota en sorti encore plus fort à chaque fois. Malgré la morosité de 2008, j'ai à cause de cela une vue optimiste de 2009 : Toyota sera en bonne santé et deviendra une société encore meilleure. Bien que nous tous serons sévèrement mis à l'épreuve en 2009 pour déterminer ce que nos valeurs sont réellement et comment nous utilisons avec créativité l'adversité, les membres de la communauté Lean qui se confronteront aux causes racines et prendront des décisions pertinentes seront plus forts et plus vifs lorsque la tempête s'apaisera. Et nous serons encore plus nombreux parce que les mauvais temps obligent de nombreuses nouvelles entreprises à adopter le Lean.
 
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Ce que j'apprécie le plus dans les transformations qu'ils ont opérées, ce sont les machines et outillages fabriqués par l'usine qui sont dimensionnés au plus juste, capables, disponibles, flexibles et économiques. Comme le remarquait lors de ma visite C. Narasimhan, le précédent responsable industriel et celui qui a impulsé cette transformation, "pourquoi les ingénieurs 'sur catalogue' achètent-ils de superbes machines qui nécessitent immédiatement des kaizen pour fonctionner correctement sur leur ligne ? Pourquoi ne pas les construire bien dès le départ ?" C'est justement ce que cette usine a fait, comme en témoignent de nombreux exemples dans tout l'atelier.

Pendant ce temps, en aval jusqu'au client et en amont jusqu'aux fournisseurs, WABCO-TVS a mis en place des livraisons fréquentes accordées précisément aux besoins des clients en utilisant des tournées du laitier sur les fameuses routes indiennes désorganisées. Un petit volume de stock de sécurité est nécessaire, plus certainement que ce qui serait requis dans un environnement moins difficile. Pour autant, le système fonctionne parfaitement, réduisant les stocks et les coûts tout en améliorant la qualité par un feedback rapide.

WABCO-TVS n'est pas parfaite et n'en a pas terminé. La transformation lean pour le développement de produits, le management des fournisseurs, les processus de l'entreprise en dehors de la production sont toujours programmés dans le futur. La création d'une culture de résolution de problèmes à chaque niveau de management est un travail en cours. Pour cela, l'équipe de management dispose d'une liste d'actions à entreprendre l'année prochaine, alors même que l'entreprise croît régulièrement pour satisfaire la demande en augmentation. Cela rend visible un des processus de déploiement de politique le plus clair et rigoureux que j'ai rencontré.

Mais en dépit de ces futurs défis, l'aspect production de WABCO-TVS est "lean" selon une définition raisonnable et s'améliore régulièrement. Cet exploit remarquable a été réalisé dans un pays ou de nombreux dirigeants pensent encore que c'est impossible.

Laissez-moi conclure en espérant que vous et le management de votre entreprise pensez que vous pouvez le faire. Chaque société dans chaque pays peut donner une raison pour laquelle elle ne le peut pas. Cependant, tout ce que nous avons à faire pour supprimer cette forme la plus dangereuse de gaspillage dans le monde – celle qui empêche de s'attaquer aux autres – est de réinitialiser notre réflexion et de nous tourner résolument dans la bonne direction en nous appuyant sur la croyance profondément encourageante que nous pouvons le faire.

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Avec de grands espoirs pour une réflexion Lean créative lors de l'adversité de 2009,
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (76 - 2008-12-24 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Passer le témoin de la résolution des problèmes d’une équipe Lean transversale aux managers opérationnels (17 juillet 2008)

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La Pire Forme de gaspillage (14 août 2008)

 
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Dans le cadre d'un nouveau projet de recherche de LEI sur le Lean Management, j'ai visité des organisations bien avancées dans leur programme de transformation Lean. J'interroge les responsables de ces initiatives au sujet de leurs méthodes, de leurs expériences, et de leur trajectoire. Puis je fais une promenade le long d'une ou plusieurs de leurs chaînes de valeur pour observer l'exécution et pour échanger avec les managers opérationnels sur leurs perspectives sur le Lean. Voici une histoire typique d'une récente visite :
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Je rentre tout juste d'Inde où j'ai participé aux premiers Lean Summits organisés à Mumbai et Chennai par le Lean Management Institute of India.
 
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L'organisation A poursuit un programme ambitieux « de six-sigma Lean » pour l’ensemble de l'entreprise. Comme cela semble de plus en plus courant, c'est une consolidation en une activité unifiée des programmes commencés séparément de Lean et de six-sigma, reportant à un vice-président en charge de l'amélioration des processus et de la qualité au siège social.
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Parmi les souvenirs que je conserve de mes visites dans différents pays, il y a les raisons pour lesquelles le Lean est impossible dans chaque pays. Et un certain nombre de dirigeants indiens m'ont dit ce à quoi je m'attendais. Certains m'ont expliqué que les dirigeants là-bas n'ont pas la rigueur nécessaire pour créer une entreprise Lean. D'autres m'ont dit solennellement qu'un système logistique Lean serait presque impossible sur les routes indiennes, désorganisées et encombrées. Les journalistes – qui partout semblent ne s'intéresser qu'aux mauvaises nouvelles et aux impossibilités – semblaient acquiescer. Chacun d'entre eux commença par me demander comment des dirigeants indiens peu rigoureux utilisant les infrastructures indiennes désorganisées pourraient espérer copier Toyota et d'autres sociétés lean.
 
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Le programme est piloté par une importante équipe interne assistée par quelques consultants externes. Des progrès notables ont été accomplis en réconciliant les approches du Lean et du six-sigma en adaptant DMAIC (définir, mesurer, analyser, améliorer, contrôler) comme méthode PDCA de résolution des problèmes de l'organisation (Analyser, Faire, Vérifier, Ajuster). (Il m’est souvent demandé si DMAIC ou PDCA ou A3 est la méthode « correcte » à employer et je dis toujours, « sélectionnez-en une, adaptez-la éventuellement à vos besoins, assurez-vous que chacun la comprend, et allez-y. La bonne méthode est celle qui produit régulièrement de bons résultats dans votre entreprise et vous pourrez juger de cela par vous-même au fil du temps. »)
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C'est ce que je pense être la pire des formes de gaspillage : penser que l'on ne peut pas le faire. Cela évidemment garantit que vous ne pouvez pas. La meilleure remarque d'Henry Ford fût probablement celle-ci : "Si vous croyez que vous pouvez, vous avez raison et si vous croyez que vous ne pouvez pas, vous avez encore raison !" Penser que vous ne pouvez pas le faire est la pire forme de gaspillage, parce que cela vous empêche de vous attaquer aux autres plus familières.
 
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L'équipe a mis en place une initiation à la pensée Lean et au potentiel des procédés auprès d’un nombre important d'employés et a conduit un nombre substantiel de managers opérationnels à la certification Lean et au niveau ceinture noire. Elle a fait ceci tout en menant un grand nombre d'activités rapides d'amélioration (identifiées « kaizen ») qui impliquent à la fois les managers opérationnels et les employés travaillant directement sur les chaînes de valeur. Elle conduit également des projets six-sigma des questions qualité sur des périodes prolongées, projets qui recouvrent et analysent de grandes quantités de données.
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Ce qui est amusant quand on recueille ainsi ces sentiments défaitistes, c'est qu'il est toujours possible de démontrer que, quelque part dans le pays en cause, il y a un contre-exemple éclatant. En fait, c'est l'une des plus importants tâches du réseau des Instituts Lean. Lors de mon voyage en Inde, j'ai ainsi visité le site de production de l'équipementier automobile WABCO-TVS, dans la banlieue de Chennai. Les dirigeants y décidèrent en 2000 qu'ils pourraient créer une entreprise Lean. J'ai visité pour la première fois cette usine en 2002 et j'ai estimé qu'ils étaient en bonne voie. Si je suis heureux de vous parler de cela, c'est qu'ils pensaient qu'ils pouvaient le faire, qu'ils continuent de penser qu'ils peuvent et qu'ils ont largement réussi à le faire dans la partie production de leur entreprise.
 
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Les différentes améliorations ont souvent été très impressionnantes, en particulier mesurées en termes financiers en utilisant la méthodologie six-sigma. Mais, pendant que je parlais avec les managers opérationnels, j'ai découvert que ces améliorations individuelles n’étaient pas connectées bout à bout et ne traversaient pas les secteurs d’activités, les départements, et les diverses fonctions de l’entreprise. Il est par conséquent possible que le gain financier global pour l’entreprise soit beaucoup plus faible que la somme de différentes améliorations. Ceci conduit à une observation que j'entends fréquemment : « Pourquoi, puisque nous économisons tellement d'argent et améliorons tellement la qualité sur différentes étapes des processus, y a-t-il si peu de retombées sur les résultats et si peu, voire pas, de clients qui semblent plus satisfaits ? »
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Pour démarrer, ils prirent quelques consultants étrangers pour réaliser quelques bonnes formations lean, et ils intégrèrent ainsi rapidement ce que ces consultants avaient à enseigner. Ils s'engagèrent ensuite dans un exercice rigoureux de déploiement de politique pour déterminer quelles étapes devaient être effectuées et dans quel ordre, sur la base des besoins de l'entreprise, pour transformer ce qui avait été jusque là une unité de production de masse très orthodoxe.
 
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De plus, ces améliorations individuelles ne sont pas faciles à poursuivre une fois que l'équipe se focalise sur le prochain projet. Les managers opérationnels sont contents des concepts qu'ils ont appris mais notent qu'ils doivent toujours combattre les incendies dont les sources sont en amont et en aval des secteurs qu’ils contrôlent. Ceci leur laisse peu de temps pour mettre en place des standards, soutenir ce qui a été réalisé et aucun pour planifier la prochaine étape de progrès. En outre, rien du système de mesure centralisé sur lequel ils sont jugés n’a été modifié, et il est souvent facile d’obtenir un mauvais résultat en dépit de l’amélioration valable et réelle d'un Process. Et finalement, nombre de managers savent qu'ils seront bientôt en poste ailleurs – dans le cadre des normes d’avancement à grande vitesse en gestion des organisations - sans qu’ils aient les moyens de transmettre ce qu'ils ont appris du Process à celui qui les remplacera.
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Huit ans plus tard, ils ont obtenu la stabilité de base (qualité et disponibilité) à chaque étape de production. Cela leur a permis de s'organiser en cellules et d'introduire le flux continu en pièce à pièce pour toutes les opérations d'usinage et d'assemblage, fonctionnant avec un travail standardisé très précis. Cela a également permis aux cadres d'installer un système tiré dans toute l'usine, avec des kanbans et des petits trains déplaçant les produits et les pièces très fréquemment, avec très peu d'en-cours. Pendant ce temps, le management visuel a été installé à un niveau remarquable, le 5S est pérenne et chaque employé de production, de la direction au terrain, participe à une activité kaizen chaque semaine.
 
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Lors de ma visite, l'équipe Lean six-sigma se penchait sur ses accomplissements sur plusieurs années et m’a demandé ma vision à 5 ans sur le programme. Je crois qu'ils s'attendaient à ce que je leur dise qu'ils devaient accélérer le rythme des améliorations, avec plus de formation, plus d'événementiel sur l’amélioration, et très probablement plus de personnel. Ma réponse a été tout à fait différente :
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Ce que j'apprécie le plus dans les transformations qu'ils ont opérées, ce sont les machines et outillages fabriqués par l'usine qui sont dimensionnés au plus juste, capables, disponibles, flexibles et économiques. Comme le remarquait lors de ma visite C. Narasimhan, le précédent responsable industriel et celui qui a impulsé cette transformation, "pourquoi les ingénieurs 'sur catalogue' achètent-ils de superbes machines qui nécessitent immédiatement des kaizen pour fonctionner correctement sur leur ligne ? Pourquoi ne pas les construire bien dès le départ ?" C'est justement ce que cette usine a fait, comme en témoignent de nombreux exemples dans tout l'atelier.
 
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« Vous avez besoin de passer, pendant les cinq années à venir, d'un programme d’améliorations ponctuelles conduit par une équipe dédiée, à une transformation de la manière de penser et d’agir des managers opérationnels. Le travail principal de managers opérationnels doit être de résoudre de bout en bout et en continu les problèmes des processus opérationnels et transversaux qui sont de leurs responsabilités. En résumé, vous avez besoin de passer d'une équipe conduisant un programme à des managers résolvant quotidiennement les problèmes importants pour l'organisation, souvent avec le soutien technique de votre équipe Lean. »
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Pendant ce temps, en aval jusqu'au client et en amont jusqu'aux fournisseurs, WABCO-TVS a mis en place des livraisons fréquentes accordées précisément aux besoins des clients en utilisant des tournées du laitier sur les fameuses routes indiennes désorganisées. Un petit volume de stock de sécurité est nécessaire, plus certainement que ce qui serait requis dans un environnement moins difficile. Pour autant, le système fonctionne parfaitement, réduisant les stocks et les coûts tout en améliorant la qualité par un feedback rapide.
 
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Je leur ai garanti qu'un tel changement d’objectif ne réduira pas l'importance de l'équipe Lean. Il créera plutôt une demande pour aborder des questions de processus techniquement plus intéressantes pendant que les managers opérationnels traiteront par eux-mêmes les problèmes plus simples. Cela devrait également donner un nouveau rôle à l'équipe Lean, celui de donner son avis sur la conception des procédés de fabrication pour chaque nouveau produit. C'est une faiblesse critique de l'organisation actuelle, qui lance par habitude des nouveaux produits avec des procédés de production mal conçus, aboutissant à un besoin immédiat de kaizen. (Il s'avère qu'il y a même un mot japonais pour cette pratique - « Touzen » - qui est employé pour décrire du kaizen qui ne devrait pas avoir été nécessaire.)
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WABCO-TVS n'est pas parfaite et n'en a pas terminé. La transformation lean pour le développement de produits, le management des fournisseurs, les processus de l'entreprise en dehors de la production sont toujours programmés dans le futur. La création d'une culture de résolution de problèmes à chaque niveau de management est un travail en cours. Pour cela, l'équipe de management dispose d'une liste d'actions à entreprendre l'année prochaine, alors même que l'entreprise croît régulièrement pour satisfaire la demande en augmentation. Cela rend visible un des processus de déploiement de politique le plus clair et rigoureux que j'ai rencontré.
 
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Malheureusement, je n’ai pas pu être aussi rassurant sur ce que je vois comme le plus grand défi de l'équipe Lean : Ils doivent convaincre la Direction Générale que les méthodes de management de l'organisation A doivent être entièrement repensées. Chaque processus important doit avoir un manager complètement responsable qui reste sur le projet assez longtemps pour comprendre vraiment le processus. Et les méthodes de mesure de la performance du management doivent être ainsi soigneusement adaptées pour que le manager soit régulièrement récompensé d’avoir mis en ½uvre des actions efficaces pour le processus étendu et sur une période étendue.
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Mais en dépit de ces futurs défis, l'aspect production de WABCO-TVS est "lean" selon une définition raisonnable et s'améliore régulièrement. Cet exploit remarquable a été réalisé dans un pays ou de nombreux dirigeants pensent encore que c'est impossible.
 
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Bien qu’il puisse paraître difficile pour une équipe transversale d’aborder un tel sujet avec la Direction Générale, je me demande bien qui d’autre que les cadres, ayant le savoir faire le plus étendu des processus et avec la meilleure connaissance de ce qui se passe aujourd'hui sur le terrain, le pourrait. Ainsi je les ai fortement encouragés à essayer et j’ai promis de les aider autant que faire se peut au travers de mes communications écrites et orales.

Avant de terminer, veuillez comprendre que je ne critique pas les programmes Lean que Dan Jones et moi avons aidé à populariser au travers du Lean Thinking. Ils sont habituellement essentiels pour obtenir l'attention des personnes, sortir les organisations d’un point mort, et présenter rapidement de nouvelles idées tout en démontrant clairement leur potentiel. Mais ils ne sont jamais suffisants. Ce que chaque organisation doit faire à partir d’un certain point est de transformer la démarche Lean menée par une équipe spécialisée en une démarche focalisée sur la résolution de problèmes par le management opérationnel. Et plus rapidement et plus complètement une organisation fera cette transition, mieux elle réussira.

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Laissez-moi conclure en espérant que vous et le management de votre entreprise pensez que vous pouvez le faire. Chaque société dans chaque pays peut donner une raison pour laquelle elle ne le peut pas. Cependant, tout ce que nous avons à faire pour supprimer cette forme la plus dangereuse de gaspillage dans le monde – celle qui empêche de s'attaquer aux autres – est de réinitialiser notre réflexion et de nous tourner résolument dans la bonne direction en nous appuyant sur la croyance profondément encourageante que nous pouvons le faire.
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Merci à François Leteux, Conseil en Agility Management - A²C², pour cette traduction.
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Merci à Emmanuel Jallas, Lysippe, pour cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (75 - 2008-11-21 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Créer de la valeur ou jongler avec les actifs ? (1er mai 2008)

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Passer le témoin de la résolution des problèmes d’une équipe Lean transversale aux managers opérationnels (17 juillet 2008)

 
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Comment jugeons-nous les progrès du mouvement lean? Un indicateur important est notre réussite à étendre la réflexion lean à de nouvelles industries et activités. Ces dernières années, j'ai été très encouragé car la réflexion lean s'étend bien au delà de ses origines en production vers la distribution, le commerce de détail, la maintenance et la remise à neuf, les services de proximité, le bâtiment, et – peut-être plus étonnant – à la santé. En fait, ce dernier secteur est peut-être le domaine le plus énergique de la pratique lean aujourd'hui.
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Dans le cadre d'un nouveau projet de recherche de LEI sur le Lean Management, j'ai visité des organisations bien avancées dans leur programme de transformation Lean. J'interroge les responsables de ces initiatives au sujet de leurs méthodes, de leurs expériences, et de leur trajectoire. Puis je fais une promenade le long d'une ou plusieurs de leurs chaînes de valeur pour observer l'exécution et pour échanger avec les managers opérationnels sur leurs perspectives sur le Lean. Voici une histoire typique d'une récente visite :
 
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Pour autant, j'ai été désabusé par nos tentatives pour changer le mode de réflexion des investisseurs, et en particulier les sociétés géantes de capital-investissement qui maintenant contrôlent des pans entiers de l'économie. Nous avons obtenu une large base d'appui dans les services financiers, et cela s'est passé au niveau opérationnel. La plupart des efforts jusqu'à aujourd'hui se sont concentrés sur la façon dont les flux de valeur dans les sociétés d'investissement peuvent être rendus lean – par exemple, ceux pour gérer les prêts ou pour accorder des crédits. C'est un travail important mais c'est à un niveau différent de celui auquel les entreprises financières réfléchissent aux investissements et en particulier à comment ils pourraient réfléchir aux transformations lean dans les entreprises qu'ils contrôlent dans de nombreux secteurs.
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L'organisation A poursuit un programme ambitieux « de six-sigma Lean » pour l’ensemble de l'entreprise. Comme cela semble de plus en plus courant, c'est une consolidation en une activité unifiée des programmes commencés séparément de Lean et de six-sigma, reportant à un vice-président en charge de l'amélioration des processus et de la qualité au siège social.
 
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J'étais donc ravi récemment lorsque je fus contacté par une des plus grandes entreprises de capital-investissement, une société avec des dizaines d'entreprises dans son portefeuille d'investissement, rassemblant peut-être 100 milliards de dollar de ventes. Ce type d'entreprise lève des fonds d'investissement privés pour acheter des sociétés, dans l'espoir de rapides "multiplications" par la revente de ces sociétés à des prix bien plus hauts.
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Le programme est piloté par une importante équipe interne assistée par quelques consultants externes. Des progrès notables ont été accomplis en réconciliant les approches du Lean et du six-sigma en adaptant DMAIC (définir, mesurer, analyser, améliorer, contrôler) comme méthode PDCA de résolution des problèmes de l'organisation (Analyser, Faire, Vérifier, Ajuster). (Il m’est souvent demandé si DMAIC ou PDCA ou A3 est la méthode « correcte » à employer et je dis toujours, « sélectionnez-en une, adaptez-la éventuellement à vos besoins, assurez-vous que chacun la comprend, et allez-y. La bonne méthode est celle qui produit régulièrement de bons résultats dans votre entreprise et vous pourrez juger de cela par vous-même au fil du temps. »)
 
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L'associé qui me contactait m'indiquait que les conditions dans ce secteur avaient changé lors de la crise du crédit et la faiblesse du marché des capitaux. Au lieu de vendre les entreprises après deux ou trois ans il peut être nécessaire de les conserver longtemps, peut-être même une décennie, avant qu'elles puissent être revendues pour un bénéfice. Sa question était simple : "étant donné que nous devrons maintenant posséder ces entreprises pour plusieurs années, comment pouvons-nous voir à long terme ? En fait, comment pouvons-nous transformer les entreprises en "Toyota" de leur secteur pour maximiser leur prix quand nous les vendons?"
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L'équipe a mis en place une initiation à la pensée Lean et au potentiel des procédés auprès d’un nombre important d'employés et a conduit un nombre substantiel de managers opérationnels à la certification Lean et au niveau ceinture noire. Elle a fait ceci tout en menant un grand nombre d'activités rapides d'amélioration (identifiées « kaizen ») qui impliquent à la fois les managers opérationnels et les employés travaillant directement sur les chaînes de valeur. Elle conduit également des projets six-sigma des questions qualité sur des périodes prolongées, projets qui recouvrent et analysent de grandes quantités de données.
 
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J'étais ravi d'engager la conversation avec lui. Mais pour éviter toute incompréhension je devais commencer par comparer une "culbute" traditionnelle de capital-investissement avec une "transformation lean". Dans le premier cas, l'objectif jusqu'à ce jour a été d'aller vite pour produire un résultat spectaculaire en bas de page. Cela a souvent impliqué :
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Les différentes améliorations ont souvent été très impressionnantes, en particulier mesurées en termes financiers en utilisant la méthodologie six-sigma. Mais, pendant que je parlais avec les managers opérationnels, j'ai découvert que ces améliorations individuelles n’étaient pas connectées bout à bout et ne traversaient pas les secteurs d’activités, les départements, et les diverses fonctions de l’entreprise. Il est par conséquent possible que le gain financier global pour l’entreprise soit beaucoup plus faible que la somme de différentes améliorations. Ceci conduit à une observation que j'entends fréquemment : « Pourquoi, puisque nous économisons tellement d'argent et améliorons tellement la qualité sur différentes étapes des processus, y a-t-il si peu de retombées sur les résultats et si peu, voire pas, de clients qui semblent plus satisfaits ? »
 
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  • de "posséder" deux entreprises ou plus du même secteur pour réduire la concurrence et augmenter les prix pour les clients ;
  • de réduire les salaires et les avantages pour le personnel ;
  • de réduire les investissements sur les projets de développement à long terme peu importants pour le plan stratégique de l'entreprise ;
  • de réduire les personnels dans les activités jugées non essentielles ;
  • de remodeler le bilan pour ajouter des dettes, qui souvent créent des bénéfices instantanés pour la société de capital-investissement et de hauts niveaux d'endettement à long terme pour l'entreprise une fois qu'elle est vendue ;
  • des négociations de prix dures avec les fournisseurs, en jouant sur leur peur de perdre des marchés.
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De plus, ces améliorations individuelles ne sont pas faciles à poursuivre une fois que l'équipe se focalise sur le prochain projet. Les managers opérationnels sont contents des concepts qu'ils ont appris mais notent qu'ils doivent toujours combattre les incendies dont les sources sont en amont et en aval des secteurs qu’ils contrôlent. Ceci leur laisse peu de temps pour mettre en place des standards, soutenir ce qui a été réalisé et aucun pour planifier la prochaine étape de progrès. En outre, rien du système de mesure centralisé sur lequel ils sont jugés n’a été modifié, et il est souvent facile d’obtenir un mauvais résultat en dépit de l’amélioration valable et réelle d'un Process. Et finalement, nombre de managers savent qu'ils seront bientôt en poste ailleurs – dans le cadre des normes d’avancement à grande vitesse en gestion des organisations - sans qu’ils aient les moyens de transmettre ce qu'ils ont appris du Process à celui qui les remplacera.
 
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Ces actions transfèrent rapidement des richesses des clients, employés, fournisseurs et précédents actionnaires vers les nouveaux actionnaires. Cela peut produire plus de bien que de mal, sinon l'entreprise en question pourrait complètement s'écrouler. Mais il est souvent peu clair que plus de valeur ait été créé si l’on entend par là de mieux satisfaire les besoins des clients avec un montant donné de ressources humaines et de capital. Et du point de vue global, la seule façon d'améliorer le niveau de vie est de modifier le ratio des ressources humaines et du capital employés par rapport à la valeur qui sort de l'entreprise. A défaut, le bilan est une somme nulle, avec quelques gagnants et quelques perdants.
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Lors de ma visite, l'équipe Lean six-sigma se penchait sur ses accomplissements sur plusieurs années et m’a demandé ma vision à 5 ans sur le programme. Je crois qu'ils s'attendaient à ce que je leur dise qu'ils devaient accélérer le rythme des améliorations, avec plus de formation, plus d'événementiel sur l’amélioration, et très probablement plus de personnel. Ma réponse a été tout à fait différente :
 
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Par contraste, l'objectif d'une transformation lean est d'analyser les process métiers créant la valeur des entreprises à la lumière des besoins des clients (qui peuvent avoir évolué), puis d'imaginer comment créer plus de valeur avec les mêmes ressources pour que les entreprises puissent grossir et la société prospérer. C'est la différence entre le transfert de richesse d'une partie à l'autre et la création de plus de valeur. Idéalement, de la valeur qui puisse être partagée avec les clients, les employés, les fournisseurs et les actionnaires. (Notez que je n'utilise jamais l'expression "valeur ajoutée" parce que c'est une convention comptable pour la différence entre les dépenses d'une entreprise et ses ventes. Souvent je trouve que seuls des coûts sont ajoutés par l'entreprise lorsque les intrants sont transformés en extrants, pas de la valeur du point de vue des clients.)
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« Vous avez besoin de passer, pendant les cinq années à venir, d'un programme d’améliorations ponctuelles conduit par une équipe dédiée, à une transformation de la manière de penser et d’agir des managers opérationnels. Le travail principal de managers opérationnels doit être de résoudre de bout en bout et en continu les problèmes des processus opérationnels et transversaux qui sont de leurs responsabilités. En résumé, vous avez besoin de passer d'une équipe conduisant un programme à des managers résolvant quotidiennement les problèmes importants pour l'organisation, souvent avec le soutien technique de votre équipe Lean. »
 
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J'étais soulagé qu'après une discussion franche sur les différences entre le capital-investissement traditionnel et "lean", la société en question soit toujours intéressée pour continuer la voie lean. En fait, cette société à lancé une grande quantité d'expériences pour "rendre lean" les process des entreprises de son portefeuille, et d'autres sociétés de capital investissement suivent maintenant sa voie. Il est bien trop tôt pour savoir quels progrès seront faits sur cette nouvelle voie. Mais je suis encouragé par le fait qu'une industrie dont je craignais ne jamais entendre parler soit vraiment à l'écoute.
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Je leur ai garanti qu'un tel changement d’objectif ne réduira pas l'importance de l'équipe Lean. Il créera plutôt une demande pour aborder des questions de processus techniquement plus intéressantes pendant que les managers opérationnels traiteront par eux-mêmes les problèmes plus simples. Cela devrait également donner un nouveau rôle à l'équipe Lean, celui de donner son avis sur la conception des procédés de fabrication pour chaque nouveau produit. C'est une faiblesse critique de l'organisation actuelle, qui lance par habitude des nouveaux produits avec des procédés de production mal conçus, aboutissant à un besoin immédiat de kaizen. (Il s'avère qu'il y a même un mot japonais pour cette pratique - « Touzen » - qui est employé pour décrire du kaizen qui ne devrait pas avoir été nécessaire.)
 
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Comme je le dis à mes auditeurs, les dirigeants (et les propriétaires) essayeront n'importe quoi de rapide et facile même si cela ne marche pas (par exemple de nombreuses méthodes de capital-investissement dans l'environnement actuel) avant d'essayer quoique ce soit de long et dur qui marche (par exemple une analyse approfondie des process selon les besoins des clients pour créer plus de valeur avec les mêmes ressources.) Peut-être l'industrie du capital-investissement, en vertu des récentes évolutions de l'économie mondiale, est-elle prête à s'attaquer aux choses longues et difficiles qui marchent.
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Malheureusement, je n’ai pas pu être aussi rassurant sur ce que je vois comme le plus grand défi de l'équipe Lean : Ils doivent convaincre la Direction Générale que les méthodes de management de l'organisation A doivent être entièrement repensées. Chaque processus important doit avoir un manager complètement responsable qui reste sur le projet assez longtemps pour comprendre vraiment le processus. Et les méthodes de mesure de la performance du management doivent être ainsi soigneusement adaptées pour que le manager soit régulièrement récompensé d’avoir mis en ½uvre des actions efficaces pour le processus étendu et sur une période étendue.
 
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Bien qu’il puisse paraître difficile pour une équipe transversale d’aborder un tel sujet avec la Direction Générale, je me demande bien qui d’autre que les cadres, ayant le savoir faire le plus étendu des processus et avec la meilleure connaissance de ce qui se passe aujourd'hui sur le terrain, le pourrait. Ainsi je les ai fortement encouragés à essayer et j’ai promis de les aider autant que faire se peut au travers de mes communications écrites et orales.

Avant de terminer, veuillez comprendre que je ne critique pas les programmes Lean que Dan Jones et moi avons aidé à populariser au travers du Lean Thinking. Ils sont habituellement essentiels pour obtenir l'attention des personnes, sortir les organisations d’un point mort, et présenter rapidement de nouvelles idées tout en démontrant clairement leur potentiel. Mais ils ne sont jamais suffisants. Ce que chaque organisation doit faire à partir d’un certain point est de transformer la démarche Lean menée par une équipe spécialisée en une démarche focalisée sur la résolution de problèmes par le management opérationnel. Et plus rapidement et plus complètement une organisation fera cette transition, mieux elle réussira.

  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour cette traduction.
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Merci à François Leteux, Conseil en Agility Management - A²C², pour cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (74 - 2008-10-02 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française


 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (73 - 2008-09-29 - Main.GodefroyBeauvallet)
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META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La grosse variation et l'écrémage (4 avril 2008)

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Créer de la valeur ou jongler avec les actifs ? (1er mai 2008)

 
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Chaque jour l'humanité mange a peu près le même nombre de repas et dort dans le même nombre de maisons et parcourt le même nombre de kilomètres pour aller au travail. Tous ces nombres augmentent lentement avec la croissance de la population, mais notre nombre sur la planète et nos besoins évoluent lentement.
 
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Mais alors, pourquoi assistons-nous sur le court terme à des bouleversements spectaculaires dans une économie dont le but est de fournir ce qu'un nombre presque constant de gens ont besoin ? Je vois ces bouleversements comme une forme de "mura", le terme utilisé par les "penseurs lean" pour décrire les variations à court terme de la demande qui ne sont pas causées par les changements de souhaits à long terme des consommateurs. Je les appelle le "gros mura" [i.e. « la grosse variation »] par contraste avec le "petit mura" [i.e. « la petite variation »] repérable chaque jour dans la plupart des flux de valeur quand des flux d'information décalés, des lots trop gros et des instabilités du process causent l'effet "onde du fouet" sur le chemin vers l'amont de chaque flux. [i.e. une petite amplitude au départ cause une grosse amplitude à l'arrivée.]
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Comment jugeons-nous les progrès du mouvement lean? Un indicateur important est notre réussite à étendre la réflexion lean à de nouvelles industries et activités. Ces dernières années, j'ai été très encouragé car la réflexion lean s'étend bien au delà de ses origines en production vers la distribution, le commerce de détail, la maintenance et la remise à neuf, les services de proximité, le bâtiment, et – peut-être plus étonnant – à la santé. En fait, ce dernier secteur est peut-être le domaine le plus énergique de la pratique lean aujourd'hui.
 
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Il y a quelques années, Dan Jones et moi même avons écrit dans Système Lean qu'en raccourcissant les flux de valeur mondiaux pour lisser la demande à partir d'un point de régulation et en produisant des biens en petits lots avec beaucoup moins d'en-cours, on amortirait non seulement le "petit mura" mais également le "gros". Et il y a quelques preuves que c’est effectivement ce qui s’est passé. Le montant total des en-cours nécessaires pour fournir un même niveau de ventes aux clients finaux s'est réduit et la récession de 2001 a été moins profonde que beaucoup ne s'y attendaient. Mais nous avons encore des bouleversements dans l'économie et, au moment même où j'écris, il apparaît que nous en abordons un nouveau, qui démarre en Amérique du Nord.
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Pour autant, j'ai été désabusé par nos tentatives pour changer le mode de réflexion des investisseurs, et en particulier les sociétés géantes de capital-investissement qui maintenant contrôlent des pans entiers de l'économie. Nous avons obtenu une large base d'appui dans les services financiers, et cela s'est passé au niveau opérationnel. La plupart des efforts jusqu'à aujourd'hui se sont concentrés sur la façon dont les flux de valeur dans les sociétés d'investissement peuvent être rendus lean – par exemple, ceux pour gérer les prêts ou pour accorder des crédits. C'est un travail important mais c'est à un niveau différent de celui auquel les entreprises financières réfléchissent aux investissements et en particulier à comment ils pourraient réfléchir aux transformations lean dans les entreprises qu'ils contrôlent dans de nombreux secteurs.
 
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Les économistes et les politiques ont accepté depuis longtemps que ces renversements sont des créations humaines et que des tentatives devraient être faites pour lisser la demande par des politiques fiscales, la régulation du système de financement, et la transparence – des formes de "heijunka" [i.e. dispositif de lissage et de séquencement.] Mais en attendant que l'humanité progresse en connaissances pour faire cela – et en sagesse pour amortir les expansions qui se transforment rapidement en récessions –, les bouleversements économiques continueront et les penseurs lean ne peuvent pas les empêcher.
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J'étais donc ravi récemment lorsque je fus contacté par une des plus grandes entreprises de capital-investissement, une société avec des dizaines d'entreprises dans son portefeuille d'investissement, rassemblant peut-être 100 milliards de dollar de ventes. Ce type d'entreprise lève des fonds d'investissement privés pour acheter des sociétés, dans l'espoir de rapides "multiplications" par la revente de ces sociétés à des prix bien plus hauts.
 
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Ce que nous pouvons faire, en revanche, c’est empêcher que le mouvement lean soit fragilisé par cette récession. Il est probable qu'alors que l'économie dévisse et que les entreprises s'enfoncent dans les problèmes, les dirigeants d'entreprise et les consultants qui utilisent le mot « lean » dans leur discours marketing vont bien bientôt apparaître avec des programmes pour devenir "lean et méchant" [littéralement : lean and mean = maigre et radin]. Sous leur houlette, les effectifs seront rapidement réduits pour suivre la baisse des ventes avec comme justification que les flux de valeur redéployés nécessitent moins de personnels. Mais ce qui arrivera réellement dans la plupart des cas, c’est que les entreprises créeront tout bonnement moins de valeur avec proportionnellement moins de personnes. Puis, lorsque la récession sera terminée et que les commandes déferleront, elles ré-embaucheront des employés pour faire exactement comme avant. (Ou elles convertiront leurs anciens employés en fournisseurs, avec des payes plus faibles et moins d'avantages.) Il n'y a rien de lean dans tout cela.
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L'associé qui me contactait m'indiquait que les conditions dans ce secteur avaient changé lors de la crise du crédit et la faiblesse du marché des capitaux. Au lieu de vendre les entreprises après deux ou trois ans il peut être nécessaire de les conserver longtemps, peut-être même une décennie, avant qu'elles puissent être revendues pour un bénéfice. Sa question était simple : "étant donné que nous devrons maintenant posséder ces entreprises pour plusieurs années, comment pouvons-nous voir à long terme ? En fait, comment pouvons-nous transformer les entreprises en "Toyota" de leur secteur pour maximiser leur prix quand nous les vendons?"
 
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Ce que nous avons toujours cherché à faire dans le mouvement lean est de créer plus de valeur pour la société tout en protégeant les employés créant la valeur des variations de demande à court terme. Malheureusement, dans les circonstances présentes, certaines entreprises devront réduire significativement leurs effectifs simplement pour survivre. Et "quelques emplois" est toujours un meilleur résultat que "pas d'emplois". Mais leurs managers devraient appeler un chat un chat : ils vont procéder à une réduction d'effectifs qui leur permettra de produire moins avec moins. C'est-à-dire, moins de création de valeur avec en proportion moins d'employés dans un marché en déclin. Ils ne devraient pas appeler ça "lean", parce que ce n'en est pas.
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J'étais ravi d'engager la conversation avec lui. Mais pour éviter toute incompréhension je devais commencer par comparer une "culbute" traditionnelle de capital-investissement avec une "transformation lean". Dans le premier cas, l'objectif jusqu'à ce jour a été d'aller vite pour produire un résultat spectaculaire en bas de page. Cela a souvent impliqué :
 
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La plupart des entreprises vont affronter une alternative dans cette récession. Elles peuvent soit traiter leurs employés comme une dépense devant être élaguée rapidement pour protéger les bénéfices à court terme. Ou elles peuvent traiter leurs employés comme un investissement qui doit être protégé pour sa capacité à créer de la valeur à long terme. Les managers lean feront ce dernier choix. Ils vont regarder leur employés – avec leur connaissances accumulées pour résoudre des problèmes pour continûment réduire le muda, le mura et le muri [i.e. les gaspillages, la variation et la surcharge.] -- comme l'atout maître de leur entreprise pour les succès du futur, même si c'est un coût pour l'entreprise à court terme.
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  • de "posséder" deux entreprises ou plus du même secteur pour réduire la concurrence et augmenter les prix pour les clients ;
  • de réduire les salaires et les avantages pour le personnel ;
  • de réduire les investissements sur les projets de développement à long terme peu importants pour le plan stratégique de l'entreprise ;
  • de réduire les personnels dans les activités jugées non essentielles ;
  • de remodeler le bilan pour ajouter des dettes, qui souvent créent des bénéfices instantanés pour la société de capital-investissement et de hauts niveaux d'endettement à long terme pour l'entreprise une fois qu'elle est vendue ;
  • des négociations de prix dures avec les fournisseurs, en jouant sur leur peur de perdre des marchés.
 
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J'aimerais pouvoir compter sur tous les managers pour se comporter comme des managers lean. Mais c'est impossible. Au cours des vingt dernières années, beaucoup d'entre nous ont travaillé très dur pour expliquer une nouvelle façon de penser la création de valeur et comment traiter équitablement les personnes créant la valeur. Ce serait une tragédie si la grosse variation de cet instant discréditait les idées lean et éloignait les employés d'une façon de penser qui puisse créer une situation gagnant- gagnant pour les entreprises, les employés, et les clients dans le long terme.
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Ces actions transfèrent rapidement des richesses des clients, employés, fournisseurs et précédents actionnaires vers les nouveaux actionnaires. Cela peut produire plus de bien que de mal, sinon l'entreprise en question pourrait complètement s'écrouler. Mais il est souvent peu clair que plus de valeur ait été créé si l’on entend par là de mieux satisfaire les besoins des clients avec un montant donné de ressources humaines et de capital. Et du point de vue global, la seule façon d'améliorer le niveau de vie est de modifier le ratio des ressources humaines et du capital employés par rapport à la valeur qui sort de l'entreprise. A défaut, le bilan est une somme nulle, avec quelques gagnants et quelques perdants.

Par contraste, l'objectif d'une transformation lean est d'analyser les process métiers créant la valeur des entreprises à la lumière des besoins des clients (qui peuvent avoir évolué), puis d'imaginer comment créer plus de valeur avec les mêmes ressources pour que les entreprises puissent grossir et la société prospérer. C'est la différence entre le transfert de richesse d'une partie à l'autre et la création de plus de valeur. Idéalement, de la valeur qui puisse être partagée avec les clients, les employés, les fournisseurs et les actionnaires. (Notez que je n'utilise jamais l'expression "valeur ajoutée" parce que c'est une convention comptable pour la différence entre les dépenses d'une entreprise et ses ventes. Souvent je trouve que seuls des coûts sont ajoutés par l'entreprise lorsque les intrants sont transformés en extrants, pas de la valeur du point de vue des clients.)

J'étais soulagé qu'après une discussion franche sur les différences entre le capital-investissement traditionnel et "lean", la société en question soit toujours intéressée pour continuer la voie lean. En fait, cette société à lancé une grande quantité d'expériences pour "rendre lean" les process des entreprises de son portefeuille, et d'autres sociétés de capital investissement suivent maintenant sa voie. Il est bien trop tôt pour savoir quels progrès seront faits sur cette nouvelle voie. Mais je suis encouragé par le fait qu'une industrie dont je craignais ne jamais entendre parler soit vraiment à l'écoute.

Comme je le dis à mes auditeurs, les dirigeants (et les propriétaires) essayeront n'importe quoi de rapide et facile même si cela ne marche pas (par exemple de nombreuses méthodes de capital-investissement dans l'environnement actuel) avant d'essayer quoique ce soit de long et dur qui marche (par exemple une analyse approfondie des process selon les besoins des clients pour créer plus de valeur avec les mêmes ressources.) Peut-être l'industrie du capital-investissement, en vertu des récentes évolutions de l'économie mondiale, est-elle prête à s'attaquer aux choses longues et difficiles qui marchent.

 
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J'espère donc que les membres de la communauté lean parleront fort lorsqu'ils verront des plans de départ déguisés en programmes lean. Et j'aimerais entendre des exemples positifs de la part d'entreprises avec un management lean qui voient à long terme en trouvant des façons de protéger les employés dans la récession actuelle tout en faisant le travail de fond pour réussir à la prochaine éclaircie. Vraiment, ces histoires seraient un excellent sujet pour une prochaine lettre électronique.
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
Line: 35 to 44
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (72 - 2008-08-28 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
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La Lettre de Jim Womack en version française

Line: 35 to 35
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (71 - 2008-08-25 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Cadence (3 janvier 2008)

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La grosse variation et l'écrémage (4 avril 2008)

 
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Qu'est-ce que les nombres 16/01, 4/04, 3/05, 30/05, 22/08, 23/10, et 20/12 ont en commun? Ce sont les dates (jour/mois) auxquelles j'ai expédié mes lettres en 2007.
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Chaque jour l'humanité mange a peu près le même nombre de repas et dort dans le même nombre de maisons et parcourt le même nombre de kilomètres pour aller au travail. Tous ces nombres augmentent lentement avec la croissance de la population, mais notre nombre sur la planète et nos besoins évoluent lentement.
 
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De quoi est-ce que cette série manque ? De cadence stable! Laissez moi partager ma résolution de nouvel an pour 2008. J'expédierai une lettre électronique par mois. Et je l'expédierai le premier jeudi de chaque mois. (Précisément le deuxième jeudi en juillet pour éviter le jour férié du 4 juillet aux USA.)
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Mais alors, pourquoi assistons-nous sur le court terme à des bouleversements spectaculaires dans une économie dont le but est de fournir ce qu'un nombre presque constant de gens ont besoin ? Je vois ces bouleversements comme une forme de "mura", le terme utilisé par les "penseurs lean" pour décrire les variations à court terme de la demande qui ne sont pas causées par les changements de souhaits à long terme des consommateurs. Je les appelle le "gros mura" [i.e. « la grosse variation »] par contraste avec le "petit mura" [i.e. « la petite variation »] repérable chaque jour dans la plupart des flux de valeur quand des flux d'information décalés, des lots trop gros et des instabilités du process causent l'effet "onde du fouet" sur le chemin vers l'amont de chaque flux. [i.e. une petite amplitude au départ cause une grosse amplitude à l'arrivée.]
 
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Pourquoi est-ce que je m'intéresse au cadencement. Parce qu'une cadence stable dans chaque activité créatrice de valeur aide à la fois le consommateur et le producteur. Laissez moi vous expliquer pourquoi :
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Il y a quelques années, Dan Jones et moi même avons écrit dans Système Lean qu'en raccourcissant les flux de valeur mondiaux pour lisser la demande à partir d'un point de régulation et en produisant des biens en petits lots avec beaucoup moins d'en-cours, on amortirait non seulement le "petit mura" mais également le "gros". Et il y a quelques preuves que c’est effectivement ce qui s’est passé. Le montant total des en-cours nécessaires pour fournir un même niveau de ventes aux clients finaux s'est réduit et la récession de 2001 a été moins profonde que beaucoup ne s'y attendaient. Mais nous avons encore des bouleversements dans l'économie et, au moment même où j'écris, il apparaît que nous en abordons un nouveau, qui démarre en Amérique du Nord.
 
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J'espère que tout penseur Lean comprends maintenant le temps takt. C'est le temps disponible pour la production chaque jour divisé par le nombre de produits que le client réclame chaque jour. Par exemple, si un process en une équipe de production fonctionne pendant 8 heures par jour (480 minutes) et que les clients demandent 240 objets par jour, le temps takt est de deux minutes.
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Les économistes et les politiques ont accepté depuis longtemps que ces renversements sont des créations humaines et que des tentatives devraient être faites pour lisser la demande par des politiques fiscales, la régulation du système de financement, et la transparence – des formes de "heijunka" [i.e. dispositif de lissage et de séquencement.] Mais en attendant que l'humanité progresse en connaissances pour faire cela – et en sagesse pour amortir les expansions qui se transforment rapidement en récessions –, les bouleversements économiques continueront et les penseurs lean ne peuvent pas les empêcher.
 
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C'est un concept critique pour synchroniser la production à la demande client et pour donner au système de production un feedback immédiat sur son adéquation à la demande. Mais le temps takt est difficile à appliquer dans une activité de développement de produit comme les lettres électroniques. Quelle est la fréquence de "demande" du client pour un nouveau produit que personne n'a commandé? Et quel est le temps disponible pour la production, en particulier lorsque les développeurs travaillent sur plusieurs produits simultanément?
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Ce que nous pouvons faire, en revanche, c’est empêcher que le mouvement lean soit fragilisé par cette récession. Il est probable qu'alors que l'économie dévisse et que les entreprises s'enfoncent dans les problèmes, les dirigeants d'entreprise et les consultants qui utilisent le mot « lean » dans leur discours marketing vont bien bientôt apparaître avec des programmes pour devenir "lean et méchant" [littéralement : lean and mean = maigre et radin]. Sous leur houlette, les effectifs seront rapidement réduits pour suivre la baisse des ventes avec comme justification que les flux de valeur redéployés nécessitent moins de personnels. Mais ce qui arrivera réellement dans la plupart des cas, c’est que les entreprises créeront tout bonnement moins de valeur avec proportionnellement moins de personnes. Puis, lorsque la récession sera terminée et que les commandes déferleront, elles ré-embaucheront des employés pour faire exactement comme avant. (Ou elles convertiront leurs anciens employés en fournisseurs, avec des payes plus faibles et moins d'avantages.) Il n'y a rien de lean dans tout cela.
 
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Ceci m'amène au concept de cadence. Considérez la cadence comme le temps takt adapté aux activités en-dehors des productions répétitives. Dans le monde du développement de produits – tel qu'il a été brillamment expliqué par notre défunt collègue, Allen Ward – il est très utile pour une société de développement d'avoir l'appréciation précise du nombre de nouveaux produits nécessaires par unité calendaire et de développer un rythme stable pour débuter et terminer ces projets. La demande peut être de un par an, ou un par trimestre, ou un par mois, en fonction de la perception des désirs des clients. En tous cas la demande doit être déterminée par avance et les projets doivent être terminés à un rythme régulier.
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Ce que nous avons toujours cherché à faire dans le mouvement lean est de créer plus de valeur pour la société tout en protégeant les employés créant la valeur des variations de demande à court terme. Malheureusement, dans les circonstances présentes, certaines entreprises devront réduire significativement leurs effectifs simplement pour survivre. Et "quelques emplois" est toujours un meilleur résultat que "pas d'emplois". Mais leurs managers devraient appeler un chat un chat : ils vont procéder à une réduction d'effectifs qui leur permettra de produire moins avec moins. C'est-à-dire, moins de création de valeur avec en proportion moins d'employés dans un marché en déclin. Ils ne devraient pas appeler ça "lean", parce que ce n'en est pas.
 
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Quand il n'y a pas de cadence stable pour débuter et terminer les projets, le travail commence à s'amonceler et les ressources de l'équipe de développement qui sont hautement qualifiées et entièrement intégrées ne peuvent plus satisfaire la demande. Comme résultat, les projets sont retardés ou livrés avec des fonctionnalités manquantes. Ou ils sont terminés avec moins d'attention que nécessaire pour livrer de la grande qualité avec consistence. Et dans tous les cas les coûts de développement sont souvent bien plus élevés.
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La plupart des entreprises vont affronter une alternative dans cette récession. Elles peuvent soit traiter leurs employés comme une dépense devant être élaguée rapidement pour protéger les bénéfices à court terme. Ou elles peuvent traiter leurs employés comme un investissement qui doit être protégé pour sa capacité à créer de la valeur à long terme. Les managers lean feront ce dernier choix. Ils vont regarder leur employés – avec leur connaissances accumulées pour résoudre des problèmes pour continûment réduire le muda, le mura et le muri [i.e. les gaspillages, la variation et la surcharge.] -- comme l'atout maître de leur entreprise pour les succès du futur, même si c'est un coût pour l'entreprise à court terme.
 
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Donc, que faut-il faire? La réponse est simple. Mais la difficulté est au début. Le senior management doit décider combien de nouveaux produits les clients pourraient vouloir (habituellement un grand nombre), puis ramener le nombre de projets attractifs à un niveau que les ressources disponibles de développement peuvent réellement traiter. Et le management doit prendre une décision irrevocable de démarrer et terminer ces projets à une cadence stable, sans constamment incorporer de nouveaux projets dans le système et en annuler d'autres.
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J'aimerais pouvoir compter sur tous les managers pour se comporter comme des managers lean. Mais c'est impossible. Au cours des vingt dernières années, beaucoup d'entre nous ont travaillé très dur pour expliquer une nouvelle façon de penser la création de valeur et comment traiter équitablement les personnes créant la valeur. Ce serait une tragédie si la grosse variation de cet instant discréditait les idées lean et éloignait les employés d'une façon de penser qui puisse créer une situation gagnant- gagnant pour les entreprises, les employés, et les clients dans le long terme.
 
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(Notez que terminer des projets de différents niveaux de complexité à une date donnée – par exemple, ceux qui utilisent des technologies totalement nouvelles par rapport à ceux utilisant des applications de routine – demandera habituellement de les débuter plus ou moins longtemps avant la date de fin. On doit apporter de l'attention pour réfléchir à l'ensemble du portefeuille de projets et pour commencer chacun au bon moment.)

Une autre façon de réfléchir à la cadence est le heijunka (lissage de production) pour le développement, dans lequel les besoins du client pour de nouveaux produits – qui peuvent apparaître variables et se multiplier, particulièrement sur les marchés très compétitifs – sont comparés aux capacités de la société de développement. Alors qu'il peut apparaître judicieux de faire varier continuement la capacité de la société de développement pour satisfaire aux désirs changeants des clients, ceci est habituellement impossible si de nombreuses ressources sont spécialisées et rares.

Les alternatives pratiques sont (a) des objectifs irréalistes et des changements continuels dans la planification créant du muda, du mura et du muri, ou (b) l'acceptation qu'une société de développement ne peu faire qu'une certaine quantité pendant une période de temps et qu'elle peut être réellement plus efficace si tout le monde travaille à un rythme régulier. Dans mon expérience, la société et le client se portent mieux dans cette dernière configuration, quand une cadence claire est établie pour les fins de projets et que la cadence est maintenue.

Laissez moi rendre concret cela en l'appliquant à la rédaction des lettres électroniques. J'ai décidé qu'une lettre électronique par mois est presque bien. Plus fréquente, elle peut raser les lecteurs. Moins fréquente et je ne peux pas partager suffisamment de mon savoir que je pense important. (Je serai ravi de vous entendre si je suis juste sur ce point.) Donc c'est ma fréquence de demande pour 2008. Mais j'ai également beaucoup d'autres projets – trop en fait – en concurrence pour mon temps, qui peuvent perturber mon rythme. (c'est ce qui s'est passé l'an dernier.) Donc pour avoir l'espoir de maintenir une cadence je dois décider de ce qui est réellement important. La réponse pour 2008 : les lettres électroniques viennent en premier à un rythme mensuel régulier.

Cependant, même avec un rythme régulier je vais affronter de nombreux problèmes.

  • Les lettres électroniques ne prennent pas le même temps à écrire. Certaines s'écrivent presque d'elles mêmes en peu d'heures parce que je sais déjà ce que je veux dire et comment le dire. D'autres prennent plus de temps parce que je dois faire des recherches. Et les lettres électroniques peuvent prendre différentes durées pour être revues par l'équipe bien occupée du LEI et les experts.
  • La durée pour pour écrire une lettre électronique n'est jamais précisément connue quand je commence. Des sujets ne se développent pas lorsque je place des pixels sur l'écran. Et d'autres demandent des recherches non anticipées lorsque je réalise (ou que je suis informé) que je ne connais pas vraiment ce dont je parle. Et d'autres encore paraissent avoir besoin d'une relecture supplémentaire de quelqu'un de la communauté Lean avec une expertise particulière, prévisiblement quelqu'un avec des tâches plus urgentes.

Il existe deux façons de s'en sortir. Je peux commencer chaque lettre électronique longtemps en avance pour terminer à temps le cas le pire des lettres, celle qui ne veut pas vraiment être écrite. Ou je peut commencer chaque lettre juste à distance nécessaire de la date fatidique pour effectuer toutes les étapes de développement au long du planning prévu pour cette lettre et préparer une lettre électronique "de secours" en avance pour l'utiliser si je ne peux pas terminer à temps. (si cela arrive je devrai immédiatement préparer une autre lettre "de secours". Et si je pioche fréquemment dans mon stock de sécurité je devrais me poser des questions de fond sur mon process d'écriture de lettres.)

Voyons comment je m'en sors en 2008 avec ma cadence du premier jeudi du mois. Les contrôles visuels seront fermement en place dans la section archives de notre site web – où toutes mes lettres électroniques sont disponibles et ordonnées par leur date d'expédition – et chacun sera capable de vérifier le rythme!

Mais attention. Mes lettres électroniques ne sont pas le sujet ici. C'est comment votre société gère la détermination de la fréquence de demande du client pour les nouveaux produits. Et comment elle sélectionne la short-list des projets importants qui peuvent être traités. Et comment elle met en place une cadence immuable pour que ces projets soient toujours démarrés et terminés à temps avec le bon contenu et la meilleure qualité, sans vous presser vous et vos collaborateurs comme des citrons pour faire en sorte que le travail soit fait à temps.

Puis-je suggérer que mettre en place une cadence stable serait une grande résolution de nouvelle année pour 2008, pour chacun et toute entreprise de la communauté Lean ?

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J'espère donc que les membres de la communauté lean parleront fort lorsqu'ils verront des plans de départ déguisés en programmes lean. Et j'aimerais entendre des exemples positifs de la part d'entreprises avec un management lean qui voient à long terme en trouvant des façons de protéger les employés dans la récession actuelle tout en faisant le travail de fond pour réussir à la prochaine éclaircie. Vraiment, ces histoires seraient un excellent sujet pour une prochaine lettre électronique.
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
Line: 54 to 35
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (70 - 2008-04-08 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Respecter les personnes (22 décembre 2007)

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Cadence (3 janvier 2008)

 
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Pendant des année j'ai visité des sociétés dans lesquelles "Le respect des personnes" est un élément essentiel de la philosophie d'entreprise. J'ai donc posé cette simple question à des managers dans de nombreuses sociétés "comment montrez-vous votre respect?". J'ai habituellement entendu que les employés doivent être traités équitablement, recevoir des objectifs clairs, leur faire confiance pour qu'ils les atteignent de la meilleure façon, et leur rendre compte des résultats. Par exemple "Nous embauchons des gens intelligents, nous leur donnons beaucoup de liberté dans leur façon de gérer leur travail parce que nous leur faisons confiance, et nous mesurons objectivement leur performance. C'est le respect des personnes."
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Qu'est-ce que les nombres 16/01, 4/04, 3/05, 30/05, 22/08, 23/10, et 20/12 ont en commun? Ce sont les dates (jour/mois) auxquelles j'ai expédié mes lettres en 2007.
 
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Quand récemment Toyota a fait du respect des personnes un des pilliers de la Toyota Way j'ai décidé que je devais demander aux meilleurs managers de chez Toyota comment ils montraient du respect pour les personnes. La réponse que j'ai eue est assez différente de celle que j'ai entendue dans de nombreuses autres sociétés et elle ressemble à ceci :
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De quoi est-ce que cette série manque ? De cadence stable! Laissez moi partager ma résolution de nouvel an pour 2008. J'expédierai une lettre électronique par mois. Et je l'expédierai le premier jeudi de chaque mois. (Précisément le deuxième jeudi en juillet pour éviter le jour férié du 4 juillet aux USA.)
 
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Les managers commencent par demander aux employés quel est le problème dans la façon dont leur travail est effectué actuellement.. Ensuite ils challengent les réponses des employés et entrent dans un jeu de questions-réponses avec eux sur ce qu'est le vrai problème. (C'est rarement le problème qui émerge à la surface).
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Pourquoi est-ce que je m'intéresse au cadencement. Parce qu'une cadence stable dans chaque activité créatrice de valeur aide à la fois le consommateur et le producteur. Laissez moi vous expliquer pourquoi :
 
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Ensuite ils se demandent ce qui cause le problème et entrent dans un nouveau jeu de questions-réponses sur la cause racine. (Un vrai dialogue nécessite que les employés récoltent des preuves sur le gemba – le lieu où la valeur est créée – pour une évaluation commune.)
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J'espère que tout penseur Lean comprends maintenant le temps takt. C'est le temps disponible pour la production chaque jour divisé par le nombre de produits que le client réclame chaque jour. Par exemple, si un process en une équipe de production fonctionne pendant 8 heures par jour (480 minutes) et que les clients demandent 240 objets par jour, le temps takt est de deux minutes.
 
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Ensuite ils questionnent sur ce qui devrait être fait contre le problème et demandent aux employés pourquoi ils ont proposé une solution plutôt qu'une autre. (cela nécessite de critiquer une palette de solutions et de récolter encore plus de preuves.)
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C'est un concept critique pour synchroniser la production à la demande client et pour donner au système de production un feedback immédiat sur son adéquation à la demande. Mais le temps takt est difficile à appliquer dans une activité de développement de produit comme les lettres électroniques. Quelle est la fréquence de "demande" du client pour un nouveau produit que personne n'a commandé? Et quel est le temps disponible pour la production, en particulier lorsque les développeurs travaillent sur plusieurs produits simultanément?
 
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Ensuite ils demandent comment eux – les managers et les employés – vont savoir quand le problème aura été résolu, et s'engagent une fois de plus dans un jeu de questions-réponses sur le meilleur indicateur.
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Ceci m'amène au concept de cadence. Considérez la cadence comme le temps takt adapté aux activités en-dehors des productions répétitives. Dans le monde du développement de produits – tel qu'il a été brillamment expliqué par notre défunt collègue, Allen Ward – il est très utile pour une société de développement d'avoir l'appréciation précise du nombre de nouveaux produits nécessaires par unité calendaire et de développer un rythme stable pour débuter et terminer ces projets. La demande peut être de un par an, ou un par trimestre, ou un par mois, en fonction de la perception des désirs des clients. En tous cas la demande doit être déterminée par avance et les projets doivent être terminés à un rythme régulier.
 
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Enfin, une fois que l'accord est obtenu sur la meilleure mesure du succès, les employés mettent en place la solution.
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Quand il n'y a pas de cadence stable pour débuter et terminer les projets, le travail commence à s'amonceler et les ressources de l'équipe de développement qui sont hautement qualifiées et entièrement intégrées ne peuvent plus satisfaire la demande. Comme résultat, les projets sont retardés ou livrés avec des fonctionnalités manquantes. Ou ils sont terminés avec moins d'attention que nécessaire pour livrer de la grande qualité avec consistence. Et dans tous les cas les coûts de développement sont souvent bien plus élevés.
 
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Pour nombre d'entre nous cela ne ressemble pas beaucoup à du respect des personnes. Le manager après tout ne dit pas seulement "Je vous fais confiance pour résoudre le problème parce que je vous respecte. Faites le à votre façon et allez-y. Et le manager n'est pas un encourageur, qui dit toujours, "beau travail!" Au lieu de cela le manager challenge les employés à chaque étape, demandant encore plus de réflexion, plus de faits, et plus de discussions, alors que les employés veulent simplement réaliser leur solution favorite.
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Donc, que faut-il faire? La réponse est simple. Mais la difficulté est au début. Le senior management doit décider combien de nouveaux produits les clients pourraient vouloir (habituellement un grand nombre), puis ramener le nombre de projets attractifs à un niveau que les ressources disponibles de développement peuvent réellement traiter. Et le management doit prendre une décision irrevocable de démarrer et terminer ces projets à une cadence stable, sans constamment incorporer de nouveaux projets dans le système et en annuler d'autres.
 
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Avec le temps j'ai réalisé que ce process de résolution de problème est réellement la plus haute forme de respect. Le manager explique aux employés que le manager ne peut résoudre le problème seul, parce que le manager n'est pas suffisamment proche du problème pour connaître les faits. Il ou elle respecte vraiment le savoir des employés et leur dévouement pour trouver la meilleure réponse. Mais les employés ne peuvent résoudre le problème seuls, parfois parce qu'ils en sont trop proches pour voir le contexte du problème et qu'ils peuvent s'interdire de poser des questions ardues sur leur propre travail. C'est seulement en montrant un respect mutuel – l'un pour l'autre et pour le rôle de l'autre – qu'il est possible de résoudre des problèmes, de rendre le travail plus satisfaisant, et faire progresser la performance de l'entreprise vers un niveau encore plus élevé.
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(Notez que terminer des projets de différents niveaux de complexité à une date donnée – par exemple, ceux qui utilisent des technologies totalement nouvelles par rapport à ceux utilisant des applications de routine – demandera habituellement de les débuter plus ou moins longtemps avant la date de fin. On doit apporter de l'attention pour réfléchir à l'ensemble du portefeuille de projets et pour commencer chacun au bon moment.)
 
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Récemment j'ai visité deux centres de distribution dans une même ville offrant le même type de services à leurs clients. Alors que je marchais j'ai trouvé un exemple merveilleusement limpide de ce que le respect mutuel pour les personnes crée.
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Une autre façon de réfléchir à la cadence est le heijunka (lissage de production) pour le développement, dans lequel les besoins du client pour de nouveaux produits – qui peuvent apparaître variables et se multiplier, particulièrement sur les marchés très compétitifs – sont comparés aux capacités de la société de développement. Alors qu'il peut apparaître judicieux de faire varier continuement la capacité de la société de développement pour satisfaire aux désirs changeants des clients, ceci est habituellement impossible si de nombreuses ressources sont spécialisées et rares.
 
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Dans le premier site le management se concentrait sur le contrôle des employés grâce à des indicateurs individuels. On demandait aux employés d'obtenir une certaine quantité de travail mais on leur donnait une latitude considérable sur la façon de le faire. Ils étaient jugés à la fin de la journée, de la semaine, du mois et du trimestre sur le fait qu'ils aient atteint l'objectif ou non, en utilisant des données récoltées par un système informatique de suivi. Les managers de terrain étaient fiévreusement employés à travailler sur les problèmes actuels mais aucun n'était systématiquement engagé à résoudre pour de bon ces problèmes à la cause racine en collaboration avec les employés. Cela était la tâche de managers de niveau supérieur et d'équipes d'experts quand le temps le permettait, habituellement sans l'implication des ouvriers de production.
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Les alternatives pratiques sont (a) des objectifs irréalistes et des changements continuels dans la planification créant du muda, du mura et du muri, ou (b) l'acceptation qu'une société de développement ne peu faire qu'une certaine quantité pendant une période de temps et qu'elle peut être réellement plus efficace si tout le monde travaille à un rythme régulier. Dans mon expérience, la société et le client se portent mieux dans cette dernière configuration, quand une cadence claire est établie pour les fins de projets et que la cadence est maintenue.
 
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Dans le second site, le management avait travaillé avec les employés pour créer le travail standardisé pour chaque tâche et mis en place le contrôle visuel avec des panneaux de pilotage pour que chacun puisse voir où tous les autres en étaient avec leur travail. Parce que l'état du process complet était visible instantanément par tous, les employés pouvaient s'aider les uns les autres sur les problèmes qui apparaissaient. Et parce que le process de travail était très stable grâce au respect strict du travail standardisé, les managers de ligne pouvaient employer la plupart de leur énergie à la résolution de problème en impliquant les employés dans des dialogues pour trouver les causes racines et mettre en place des solutions pérennes. En fait, chaque personne passait quatre heures chaque semaine à des activités d'amélioration.
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Laissez moi rendre concret cela en l'appliquant à la rédaction des lettres électroniques. J'ai décidé qu'une lettre électronique par mois est presque bien. Plus fréquente, elle peut raser les lecteurs. Moins fréquente et je ne peux pas partager suffisamment de mon savoir que je pense important. (Je serai ravi de vous entendre si je suis juste sur ce point.) Donc c'est ma fréquence de demande pour 2008. Mais j'ai également beaucoup d'autres projets – trop en fait – en concurrence pour mon temps, qui peuvent perturber mon rythme. (c'est ce qui s'est passé l'an dernier.) Donc pour avoir l'espoir de maintenir une cadence je dois décider de ce qui est réellement important. La réponse pour 2008 : les lettres électroniques viennent en premier à un rythme mensuel régulier.
 
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Quel est le résultat? Les deux sites sont dans la même ville, ont des employés avec les mêmes niveaux de formation, et paient a peu près les mêmes salaires. Cependant le trunover annuel des employés dans le premier site est de 70% (ce qui semble être typique des centres de distribution) et il y a également un turnover significatif du management. Pendant ce temps, sur le second site, le turnover des employés est de 1% et presque aucun manager ne démissionne. Quand j'ai demandé aux managers et employés du second site les raisons, la réponse fut simple : "le travail ici est toujours intéressant parce que nous résolvons sans cesse des problèmes en utilisant une méthode que nous comprenons. Et nous respectons tous les contributions de chacun."
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Cependant, même avec un rythme régulier je vais affronter de nombreux problèmes.
 
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Les divergences continuent : mon estimation grossière est que dans le second site la productivité est double de celle du premier avec moins d'automatisation. Cela vient partiellement du fait que le premier site est constamment entrain d'embaucher et de former de nouveaux employés alors que le second site ne passe pratiquement aucun temps sur cette tâche. De plus, tous les employés du second site sont expérimentés et travaillent au plus haut de leur courbe d' apprentissage. Enormément de temps perdu à déterminer la tâche suivante et encore plus de temps pour les retouches sont éliminés.
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  • Les lettres électroniques ne prennent pas le même temps à écrire. Certaines s'écrivent presque d'elles mêmes en peu d'heures parce que je sais déjà ce que je veux dire et comment le dire. D'autres prennent plus de temps parce que je dois faire des recherches. Et les lettres électroniques peuvent prendre différentes durées pour être revues par l'équipe bien occupée du LEI et les experts.
  • La durée pour pour écrire une lettre électronique n'est jamais précisément connue quand je commence. Des sujets ne se développent pas lorsque je place des pixels sur l'écran. Et d'autres demandent des recherches non anticipées lorsque je réalise (ou que je suis informé) que je ne connais pas vraiment ce dont je parle. Et d'autres encore paraissent avoir besoin d'une relecture supplémentaire de quelqu'un de la communauté Lean avec une expertise particulière, prévisiblement quelqu'un avec des tâches plus urgentes.
 
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Enfin, sur le second site, la qualité ressentie par les clients est plus élevée même s'il y a moins de retouches internes. Et la quantité totale en stock pour fournir le service en 24heures que les deux sites promettent à leur clientèle est également bien plus petite dans le second centre de distribution.
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Il existe deux façons de s'en sortir. Je peux commencer chaque lettre électronique longtemps en avance pour terminer à temps le cas le pire des lettres, celle qui ne veut pas vraiment être écrite. Ou je peut commencer chaque lettre juste à distance nécessaire de la date fatidique pour effectuer toutes les étapes de développement au long du planning prévu pour cette lettre et préparer une lettre électronique "de secours" en avance pour l'utiliser si je ne peux pas terminer à temps. (si cela arrive je devrai immédiatement préparer une autre lettre "de secours". Et si je pioche fréquemment dans mon stock de sécurité je devrais me poser des questions de fond sur mon process d'écriture de lettres.)
 
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Je crois que vous pouvez deviner quel site est un centre de distribution de pièces Toyota et quel site appartient à une entreprise de distribution engluée (comme la plupart) à l'ère de la production de masse avec des méthodes de management "commandez et controllez" mais avec très peu de discussions sur la façon dont les employés pourraient mieux faire leur travail.
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Voyons comment je m'en sors en 2008 avec ma cadence du premier jeudi du mois. Les contrôles visuels seront fermement en place dans la section archives de notre site web – où toutes mes lettres électroniques sont disponibles et ordonnées par leur date d'expédition – et chacun sera capable de vérifier le rythme!
 
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Je crois également que chacun d'entre nous veut montrer du respect aux personnes. Le challenge pour ceux d'entre nous de la communauté Lean est d'adhérer et d'expliquer la vraie nature du respect mutuel pour les personnes – managers et employés – pour que toutes les sociétés puissent avancer vers une nouvelle et meilleure façon de résoudre leurs problèmes.
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Mais attention. Mes lettres électroniques ne sont pas le sujet ici. C'est comment votre société gère la détermination de la fréquence de demande du client pour les nouveaux produits. Et comment elle sélectionne la short-list des projets importants qui peuvent être traités. Et comment elle met en place une cadence immuable pour que ces projets soient toujours démarrés et terminés à temps avec le bon contenu et la meilleure qualité, sans vous presser vous et vos collaborateurs comme des citrons pour faire en sorte que le travail soit fait à temps.

Puis-je suggérer que mettre en place une cadence stable serait une grande résolution de nouvelle année pour 2008, pour chacun et toute entreprise de la communauté Lean ?

  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
Line: 51 to 54
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (69 - 2008-03-31 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Déjà dix ans (23 octobre 2007)

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Respecter les personnes (22 décembre 2007)

 
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Le Lean Enterprise Institute viens de célébrer ses 10 ans autour d'un séminaire privé restreint près de notre siège social à Cambridge, Massachussets. Survivre une décade n'est pas une petite entreprise pour une Start-up et je suis fier de nos réussites.
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Pendant des année j'ai visité des sociétés dans lesquelles "Le respect des personnes" est un élément essentiel de la philosophie d'entreprise. J'ai donc posé cette simple question à des managers dans de nombreuses sociétés "comment montrez-vous votre respect?". J'ai habituellement entendu que les employés doivent être traités équitablement, recevoir des objectifs clairs, leur faire confiance pour qu'ils les atteignent de la meilleure façon, et leur rendre compte des résultats. Par exemple "Nous embauchons des gens intelligents, nous leur donnons beaucoup de liberté dans leur façon de gérer leur travail parce que nous leur faisons confiance, et nous mesurons objectivement leur performance. C'est le respect des personnes."
 
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  • 14 titres publiés et 500 000 unités vendues en 14 langues.
  • 24 ateliers et un séminaire de management
  • 13 000 participants formés lors des ateliers et séminaires
  • De nombreux et mémorables Séminaires d'entreprises Lean, Séminaires de Lean production, et nos actuels Séminaires de transformation Lean
  • Le programme des partenaires du Lean Enterprise dans lequel nous expérimentons sur la meilleure façon de conduire une transformation Lean
  • Notre site web www.lean.org où 130 000 adeptes Lean ont rejoint la communauté Lean
  • 69 lettres électroniques de ma part aux 80 000 personnes de la communauté Lean qui ont accepté de la recevoir. (Peut-être convaincrais-je bientôt les 50 000 autres!)
  • 13 entreprises affiliées au Réseau Lean Mondial au Brésil, au Mexique, en Espagne, en France, en Hollande, au Royaume Uni, au Danemark, en Allemagne, en Pologne, en Turquie, en Inde, en Chine, et en Australie.
  • Alors que je fais cette liste, je suis profondément reconnaissant à notre équipe, nos fournisseurs, nos auteurs, nos experts, nos affiliés, et à nos entreprises partenaires. Et je remercie particulièrement tous ceux qui ont rejoint la communauté Lean sur le net. Cela a été un exploit d'équipe depuis le début dans lequel je n'ai fait qu'une part infinitésimale du travail.
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Quand récemment Toyota a fait du respect des personnes un des pilliers de la Toyota Way j'ai décidé que je devais demander aux meilleurs managers de chez Toyota comment ils montraient du respect pour les personnes. La réponse que j'ai eue est assez différente de celle que j'ai entendue dans de nombreuses autres sociétés et elle ressemble à ceci :
 
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Cependant, de retour au LEI, je prends conscience que cette liste de résultats n'est qu'un intrant qui pourrait changer les pratiques d'entreprises. La question importante est : "Qu'est-ce que ces intrants ont créé dans l'objectif d'une meilleure performance organisationnelle, l'extrant critique ?" Ceci bien sûr demande l'application de l'étape "vérifier" du cycle du Docteur Deming Planifier, Faire, Vérifier, Réagir (PDCA), soulevant les questions que la plupart d'entre nous n'aiment pas poser. C'est si facile de planifier et faire, puis d'en faire encore plus!
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Les managers commencent par demander aux employés quel est le problème dans la façon dont leur travail est effectué actuellement.. Ensuite ils challengent les réponses des employés et entrent dans un jeu de questions-réponses avec eux sur ce qu'est le vrai problème. (C'est rarement le problème qui émerge à la surface).
 
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Voici ma conclusion sur ce que nous avons accompli. Nous avons fait un certain nombre de pas qui étaient absolument nécessaires en :
  • Présentant de nombreux outils Lean, à commencer par la cartographie du Flux de Valeur,
  • Organisant des conférences – ainsi que des forums et séminaires sur le web – qui ont associé des personnes intelligentes qui bataillaient dans leur coin et créé une communauté de pratique Lean avec une énergie décuplée.
  • Effectuant des expérimentations utiles sur la transformation Lean.
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Ensuite ils se demandent ce qui cause le problème et entrent dans un nouveau jeu de questions-réponses sur la cause racine. (Un vrai dialogue nécessite que les employés récoltent des preuves sur le gemba – le lieu où la valeur est créée – pour une évaluation commune.)
 
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Mais ces étapes ne sont pas suffisantes. En fait, le changement dans les pratiques de management et la performance des entreprises au cours des dix dernières années a été modeste. Il n'y a toujours qu'un Toyota. Et je m'inquiète de savoir si Toyota continuera à être Toyota alors que sa croissance dépasse apparemment sa capacité à produire des managers Lean. (Quelle ironie si Toyota devient de plus en plus comme General Motors alors qu'il le dépasse en quantité de ventes!)
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Ensuite ils questionnent sur ce qui devrait être fait contre le problème et demandent aux employés pourquoi ils ont proposé une solution plutôt qu'une autre. (cela nécessite de critiquer une palette de solutions et de récolter encore plus de preuves.)
 
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Que devons nous donc faire maintenant au LEI et dans l'ensemble du mouvement Lean? C'est l'étape également importante "Réagir" du cycle PDCA, le signe égal de l'équation.
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Ensuite ils demandent comment eux – les managers et les employés – vont savoir quand le problème aura été résolu, et s'engagent une fois de plus dans un jeu de questions-réponses sur le meilleur indicateur.
 
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Ma conclusion est que nous devons décrire une nouvelle approche du Leadership et du management qui puissent utiliser pleinement les nombreux outils maintenant disponibles. Cela peut être construit partiellement sur les pratiques de Toyota :
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Enfin, une fois que l'accord est obtenu sur la meilleure mesure du succès, les employés mettent en place la solution.
 
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  • L'ingénieur en chef (du développement produit) qui supervise le flux de valeur horizontal vers le client.
  • Le manager fonctionnel qui pose des questions à ses subordonnés plutôt que de leur donner les réponses et implique par un dialogue de définition de problème et de résolution de problème en utilisant l'analyse A3.
  • Un "modèle d’affaires" mettant en valeur le management du process (des activités quotidiennes et minutées de tous ceux qui sont en contact avec une chaîne de valeur) plutôt qu'un management par les chiffres (compilés à la fin du mois, du trimestre ou de l'année).
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Pour nombre d'entre nous cela ne ressemble pas beaucoup à du respect des personnes. Le manager après tout ne dit pas seulement "Je vous fais confiance pour résoudre le problème parce que je vous respecte. Faites le à votre façon et allez-y. Et le manager n'est pas un encourageur, qui dit toujours, "beau travail!" Au lieu de cela le manager challenge les employés à chaque étape, demandant encore plus de réflexion, plus de faits, et plus de discussions, alors que les employés veulent simplement réaliser leur solution favorite.
 
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Mais il est clair que des modifications substantielles des pratiques de Toyota seront nécessaires pour convertir les entreprises adeptes des principes de management d'Alfred Sloan. Celles-ci furent définies chez GM pendant la première moitié du 20ème siècle puis affinées par General Electric dans la seconde moitié. Les managers de production de masse qui ont appris que leur tâche principale est de définir des objectifs pour leurs subordonnés et de mesurer les résultats (en "manageant par objectifs" et en "manageant par indicateurs") verticalement, les entreprises fonctionnelles vont avoir besoin d'un guidage clair pour effectuer leur transition vers un management par des process horizontaux si on ne veut pas les perdre en route.
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Avec le temps j'ai réalisé que ce process de résolution de problème est réellement la plus haute forme de respect. Le manager explique aux employés que le manager ne peut résoudre le problème seul, parce que le manager n'est pas suffisamment proche du problème pour connaître les faits. Il ou elle respecte vraiment le savoir des employés et leur dévouement pour trouver la meilleure réponse. Mais les employés ne peuvent résoudre le problème seuls, parfois parce qu'ils en sont trop proches pour voir le contexte du problème et qu'ils peuvent s'interdire de poser des questions ardues sur leur propre travail. C'est seulement en montrant un respect mutuel – l'un pour l'autre et pour le rôle de l'autre – qu'il est possible de résoudre des problèmes, de rendre le travail plus satisfaisant, et faire progresser la performance de l'entreprise vers un niveau encore plus élevé.
 
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Notre mission principale dans la prochaine phase de vie du LEI est de fournir des modèles simples et irrésistibles de "Lean Management" et de "Lean leadership" dans des "entreprises Lean". Nous devons décrire et tester un modèle et une méthode que des managers puissent appliquer avec de bons résultats quelque soit leurs formations antérieures. Et qui sait, même Toyota pourra en bénéficier!
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Récemment j'ai visité deux centres de distribution dans une même ville offrant le même type de services à leurs clients. Alors que je marchais j'ai trouvé un exemple merveilleusement limpide de ce que le respect mutuel pour les personnes crée.
 
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Nous avons démarré ce travail et nous vous informerons de nos progrès.
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Dans le premier site le management se concentrait sur le contrôle des employés grâce à des indicateurs individuels. On demandait aux employés d'obtenir une certaine quantité de travail mais on leur donnait une latitude considérable sur la façon de le faire. Ils étaient jugés à la fin de la journée, de la semaine, du mois et du trimestre sur le fait qu'ils aient atteint l'objectif ou non, en utilisant des données récoltées par un système informatique de suivi. Les managers de terrain étaient fiévreusement employés à travailler sur les problèmes actuels mais aucun n'était systématiquement engagé à résoudre pour de bon ces problèmes à la cause racine en collaboration avec les employés. Cela était la tâche de managers de niveau supérieur et d'équipes d'experts quand le temps le permettait, habituellement sans l'implication des ouvriers de production.
 
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J'ai de grands espoirs dans un bond Lean dans les entreprises de chaque industrie au cours de la deuxième décennie du LEI,
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Dans le second site, le management avait travaillé avec les employés pour créer le travail standardisé pour chaque tâche et mis en place le contrôle visuel avec des panneaux de pilotage pour que chacun puisse voir où tous les autres en étaient avec leur travail. Parce que l'état du process complet était visible instantanément par tous, les employés pouvaient s'aider les uns les autres sur les problèmes qui apparaissaient. Et parce que le process de travail était très stable grâce au respect strict du travail standardisé, les managers de ligne pouvaient employer la plupart de leur énergie à la résolution de problème en impliquant les employés dans des dialogues pour trouver les causes racines et mettre en place des solutions pérennes. En fait, chaque personne passait quatre heures chaque semaine à des activités d'amélioration.

Quel est le résultat? Les deux sites sont dans la même ville, ont des employés avec les mêmes niveaux de formation, et paient a peu près les mêmes salaires. Cependant le trunover annuel des employés dans le premier site est de 70% (ce qui semble être typique des centres de distribution) et il y a également un turnover significatif du management. Pendant ce temps, sur le second site, le turnover des employés est de 1% et presque aucun manager ne démissionne. Quand j'ai demandé aux managers et employés du second site les raisons, la réponse fut simple : "le travail ici est toujours intéressant parce que nous résolvons sans cesse des problèmes en utilisant une méthode que nous comprenons. Et nous respectons tous les contributions de chacun."

Les divergences continuent : mon estimation grossière est que dans le second site la productivité est double de celle du premier avec moins d'automatisation. Cela vient partiellement du fait que le premier site est constamment entrain d'embaucher et de former de nouveaux employés alors que le second site ne passe pratiquement aucun temps sur cette tâche. De plus, tous les employés du second site sont expérimentés et travaillent au plus haut de leur courbe d' apprentissage. Enormément de temps perdu à déterminer la tâche suivante et encore plus de temps pour les retouches sont éliminés.

Enfin, sur le second site, la qualité ressentie par les clients est plus élevée même s'il y a moins de retouches internes. Et la quantité totale en stock pour fournir le service en 24heures que les deux sites promettent à leur clientèle est également bien plus petite dans le second centre de distribution.

Je crois que vous pouvez deviner quel site est un centre de distribution de pièces Toyota et quel site appartient à une entreprise de distribution engluée (comme la plupart) à l'ère de la production de masse avec des méthodes de management "commandez et controllez" mais avec très peu de discussions sur la façon dont les employés pourraient mieux faire leur travail.

Je crois également que chacun d'entre nous veut montrer du respect aux personnes. Le challenge pour ceux d'entre nous de la communauté Lean est d'adhérer et d'expliquer la vraie nature du respect mutuel pour les personnes – managers et employés – pour que toutes les sociétés puissent avancer vers une nouvelle et meilleure façon de résoudre leurs problèmes.

  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour sa participation à cette traduction.
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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (68 - 2008-01-21 - Main.GodefroyBeauvallet)
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META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Un Kaizen de retouche ? (22 août 2007)

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Déjà dix ans (23 octobre 2007)

 
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Le Lean Enterprise Institute viens de célébrer ses 10 ans autour d'un séminaire privé restreint près de notre siège social à Cambridge, Massachussets. Survivre une décade n'est pas une petite entreprise pour une Start-up et je suis fier de nos réussites.
 
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J'ai récemment visité un sous-traitant électronique qui manifeste une étonnante capacité à faire du kaizen – l'amélioration continuelle de chacune des étapes le long de ses flux de valeur les plus importants. Des douzaines d’événements kaizen étaient en cours dans l'entreprise pour éliminer les gaspillages à chaque étape et pour remédier aux problèmes concernant la qualité, la disponibilité, le dimensionnement des équipements et la flexibilité dans chaque flux de valeur. Au même moment, des équipes kaizen essayaient d'accélérer les flux continus et de parfaire les flux tirés là où le pièce-à-pièce était inatteignable.
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  • 14 titres publiés et 500 000 unités vendues en 14 langues.
  • 24 ateliers et un séminaire de management
  • 13 000 participants formés lors des ateliers et séminaires
  • De nombreux et mémorables Séminaires d'entreprises Lean, Séminaires de Lean production, et nos actuels Séminaires de transformation Lean
  • Le programme des partenaires du Lean Enterprise dans lequel nous expérimentons sur la meilleure façon de conduire une transformation Lean
  • Notre site web www.lean.org où 130 000 adeptes Lean ont rejoint la communauté Lean
  • 69 lettres électroniques de ma part aux 80 000 personnes de la communauté Lean qui ont accepté de la recevoir. (Peut-être convaincrais-je bientôt les 50 000 autres!)
  • 13 entreprises affiliées au Réseau Lean Mondial au Brésil, au Mexique, en Espagne, en France, en Hollande, au Royaume Uni, au Danemark, en Allemagne, en Pologne, en Turquie, en Inde, en Chine, et en Australie.
  • Alors que je fais cette liste, je suis profondément reconnaissant à notre équipe, nos fournisseurs, nos auteurs, nos experts, nos affiliés, et à nos entreprises partenaires. Et je remercie particulièrement tous ceux qui ont rejoint la communauté Lean sur le net. Cela a été un exploit d'équipe depuis le début dans lequel je n'ai fait qu'une part infinitésimale du travail.
 
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Les dirigeants étaient ravis de leur travail et je n’ai pu qu’admirer à la fois leurs compétences techniques et leur enthousiasme pour l'amélioration rapide impliquant les employés de chaque flux de valeur. Cependant j'ai remarqué que la plupart des flux de valeur en cours d'amélioration concernaient des produits qui venaient d'être lancés. Je me suis demandé pourquoi tant de Kaizen était nécessaire.
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Cependant, de retour au LEI, je prends conscience que cette liste de résultats n'est qu'un intrant qui pourrait changer les pratiques d'entreprises. La question importante est : "Qu'est-ce que ces intrants ont créé dans l'objectif d'une meilleure performance organisationnelle, l'extrant critique ?" Ceci bien sûr demande l'application de l'étape "vérifier" du cycle du Docteur Deming Planifier, Faire, Vérifier, Réagir (PDCA), soulevant les questions que la plupart d'entre nous n'aiment pas poser. C'est si facile de planifier et faire, puis d'en faire encore plus!
 
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En fait, j’ai commencé à soupçonner – comme cela m’arrive souvent ces temps-ci – si tout cet effort de kaizen ne ressemblait pas fâcheusement à la bonne vieille inspection qualité de fin de ligne dans les entreprises de production de masse. Les flux de valeur des nouveaux produits étaient démarrés sans penser aux principes lean ou sans beaucoup de rigueur dans l’analyse détaillée de chaque étape ou tâche. Les équipes kaizen inspectaient donc les process une fois ces derniers opérationnels, ne les trouvaient nullement lean et lançaient de nombreuses actions correctives.
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Voici ma conclusion sur ce que nous avons accompli. Nous avons fait un certain nombre de pas qui étaient absolument nécessaires en :
  • Présentant de nombreux outils Lean, à commencer par la cartographie du Flux de Valeur,
  • Organisant des conférences – ainsi que des forums et séminaires sur le web – qui ont associé des personnes intelligentes qui bataillaient dans leur coin et créé une communauté de pratique Lean avec une énergie décuplée.
  • Effectuant des expérimentations utiles sur la transformation Lean.
 
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Étant donné que beaucoup de mauvaises pratiques avaient été implémentées initialement dans les flux de valeur, ces efforts de kaizen étaient nécessaires et très productifs. Mais pourquoi l'entreprise ne concevait-elle pas des process lean lors du processus de développement ? Pire encore, les réelles compétences de l'entreprise dans le kaizen « après-coup » – c'est à dire son talent pour retoucher les process – ne réduisaient-elles pas la pression à avoir les discussions difficiles qui auraient dû avoir lieu pendant le développement de process ?
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Mais ces étapes ne sont pas suffisantes. En fait, le changement dans les pratiques de management et la performance des entreprises au cours des dix dernières années a été modeste. Il n'y a toujours qu'un Toyota. Et je m'inquiète de savoir si Toyota continuera à être Toyota alors que sa croissance dépasse apparemment sa capacité à produire des managers Lean. (Quelle ironie si Toyota devient de plus en plus comme General Motors alors qu'il le dépasse en quantité de ventes!)
 
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En réfléchissant à cette situation, je me demande si les pratiques de Toyota et des autres pionniers du lean n’ont pas été mal comprises. Le kaizen est une activité importante chez Toyota, et elle implique tous les employés. Pour autant, les nouveaux process lancés chez Toyota sont extraordinairement lean dès le lancement et le kaizen d'après lancement ne représente qu’une petite partie de l'avantage compétitif de Toyota.
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Que devons nous donc faire maintenant au LEI et dans l'ensemble du mouvement Lean? C'est l'étape également importante "Réagir" du cycle PDCA, le signe égal de l'équation.
 
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Le secret réside dans le système de développement des produits et des process de Toyota qui se focalise sur la création "de flux de valeurs opérationnels profitables" – pour utiliser une phrase favorite du défunt Allen Ward. Ces flux ont été "pré-kaizenés" en examinant chaque étape de production et chaque process d'approvisionnement pressentis bien avant le lancement.
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Ma conclusion est que nous devons décrire une nouvelle approche du Leadership et du management qui puissent utiliser pleinement les nombreux outils maintenant disponibles. Cela peut être construit partiellement sur les pratiques de Toyota :
 
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La première étape est de faire en sorte que quelqu'un soit responsable de réfléchir à l'ensemble du processus nécessaire pour transférer un produit de la commande à la livraison. En réfléchissant au processus de production parallèlement à la conception du produit, il est alors possible d'optimiser les deux.
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  • L'ingénieur en chef (du développement produit) qui supervise le flux de valeur horizontal vers le client.
  • Le manager fonctionnel qui pose des questions à ses subordonnés plutôt que de leur donner les réponses et implique par un dialogue de définition de problème et de résolution de problème en utilisant l'analyse A3.
  • Un "modèle d’affaires" mettant en valeur le management du process (des activités quotidiennes et minutées de tous ceux qui sont en contact avec une chaîne de valeur) plutôt qu'un management par les chiffres (compilés à la fin du mois, du trimestre ou de l'année).
 
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La deuxième étape consiste à dessiner le process sur le papier et examiner les différentes façons dont il pourrait être mené. Pour les nouveaux types de produits nécessitant de nouveaux processus, il est important d'examiner un certain nombre de différentes façons dont le process entier et chaque étape pourrait être menés et d'effectuer des expérimentations simples pour voir laquelle fonctionne le mieux. (Ceci est l’analogue en développement de process des méthodes d'Ingénierie simultanée modulaire utilisées pour évaluer les différents designs possibles du produit. C'est également un élément important dans le 3P -- Processus de Préparation de la Production – auquel s’astreignent à présent les entreprises avancées en lean.)
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Mais il est clair que des modifications substantielles des pratiques de Toyota seront nécessaires pour convertir les entreprises adeptes des principes de management d'Alfred Sloan. Celles-ci furent définies chez GM pendant la première moitié du 20ème siècle puis affinées par General Electric dans la seconde moitié. Les managers de production de masse qui ont appris que leur tâche principale est de définir des objectifs pour leurs subordonnés et de mesurer les résultats (en "manageant par objectifs" et en "manageant par indicateurs") verticalement, les entreprises fonctionnelles vont avoir besoin d'un guidage clair pour effectuer leur transition vers un management par des process horizontaux si on ne veut pas les perdre en route.
 
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La troisième étape consiste à tester les nouvelles façons de mener les étapes du process avec des prototypes simples – fût-ce des maquettes en carton – pour apprendre comment elles fonctionnent réellement (un autre élément du 3P). La connaissance générée par ces expériences doit alors être écrite et transcrite en courbes expérimentales du genre de celles que Toyota crée à partir d'expériences avec des prototypes simplifiés des nouveaux produits.
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Notre mission principale dans la prochaine phase de vie du LEI est de fournir des modèles simples et irrésistibles de "Lean Management" et de "Lean leadership" dans des "entreprises Lean". Nous devons décrire et tester un modèle et une méthode que des managers puissent appliquer avec de bons résultats quelque soit leurs formations antérieures. Et qui sait, même Toyota pourra en bénéficier!
 
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(En fait, cette connaissance est le grand avantage de Toyota pour concevoir des nouveaux produits et processus rapidement et simultanément. A ce point, la plupart des process de production de Toyota sont hautement standardisés et totalement documentés. La plupart des nouvelles conceptions de produits n’ont donc qu’à être conformes avec les exigences bien connues des process pour que l’on puisse garantir leur lancement sans à-coups. En revanche, la plupart des entreprises que j'ai visitées n'ont que très peu documenté leurs process, avec des standards fragiles et très peu de connaissance des arbitrages entre un process ou un autre. Elles vont devoir progresser grandement dans la prise de conscience et la pratique lean pour pouvoir rattraper leur retard.)
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Nous avons démarré ce travail et nous vous informerons de nos progrès.
 
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Une fois que le process le plus efficace est défini, ce qui peut impliquer des modifications de la conception du produit, l'étape suivante est de finaliser la conception des machines et du système de gestion de l'information.

Enfin, il est temps de développer les standards de travail pour chaque étape du flux de valeur et le standard de management pour le flux global. Ce qui inclut un plan de formation pour chaque employé, un plan pour chaque pièce, et un programme de maintenance pour chaque machine.

Si toutes ces actions ont été réalisées au moment du démarrage de la production, le flux de valeur devrait être très lean dès le premier produit livré. Le kaizen sera toujours important, reposant sur le hansei (ou réflexion) à propos de la performance du process une fois démarré, mais il pourra commencer à un niveau supérieur sur un process plus stable, ce qui fait que les améliorations rapides supplémentaires sont réellement plus faciles.

Mon sentiment est que de nombreuses entreprises sont maintenant prêtes à élever leur niveau de jeu. Comme j'espère l’avoir fait apparaître clairement, cela ne se fera pas en réduisant l’importance du kaizen mais en important le processus PDCA qui est au c½ur du kaizen au sein du processus de développement. C’est ce qui garantira que chaque nouveau flux de valeur pour chaque nouveau produit débute sa vie productive comme un flux très lean.

Étant donné la continuelle réduction de la durée de vie des produits, je crois qu'il sera toujours plus important d’obtenir "la qualité du process à la source". A défaut, on risque fort d’avoir à abandonner la production du produit bien avant que les problèmes du process aient été corrigés par le kaizen de retouche.

Cordialement,

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J'ai de grands espoirs dans un bond Lean dans les entreprises de chaque industrie au cours de la deuxième décennie du LEI,
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
Line: 48 to 53
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (67 - 2007-09-17 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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L’Epreuve de la durée (30 mai 2007)

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Un Kaizen de retouche ? (22 août 2007)

 
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J'ai reçu récemment un coup de fil d'un de mes vieux amis qui mena un des premiers efforts d'adaptation du lean dans la santé dans les années 1990. Il a bifurqué vers d'autres défis et nous n'avions pas eu la possibilité de nous revoir ces dernières années. Je lui ai demandé ce qui était advenu de son initiative Lean dans l'entreprise de soins dans laquelle il avait été un haut dirigeant.
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J'ai récemment visité un sous-traitant électronique qui manifeste une étonnante capacité à faire du kaizen – l'amélioration continuelle de chacune des étapes le long de ses flux de valeur les plus importants. Des douzaines d’événements kaizen étaient en cours dans l'entreprise pour éliminer les gaspillages à chaque étape et pour remédier aux problèmes concernant la qualité, la disponibilité, le dimensionnement des équipements et la flexibilité dans chaque flux de valeur. Au même moment, des équipes kaizen essayaient d'accélérer les flux continus et de parfaire les flux tirés là où le pièce-à-pièce était inatteignable.
 
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La réponse fut celle que je craignais. "Nous avons créé une équipe d'amélioration Lean et conduit une campagne générale pour améliorer les flux de valeur clefs de l'entreprise. Et nous avons eu des résultats spectaculaires. Des flux de patients accélérés. De meilleurs résultats. De moindres coûts. Mais nous n'avons pu faire perdurer ces gains. Les efforts d'amélioration n'étaient pas reliés à la façon dont l'entreprise était dirigée et les flux de valeur ont commencé à régresser vers la moyenne aussitôt après le départ de l'équipe d'amélioration. Après mon départ de l'entreprise, le programme entier s'est arrêté. Quel dommage".
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Les dirigeants étaient ravis de leur travail et je n’ai pu qu’admirer à la fois leurs compétences techniques et leur enthousiasme pour l'amélioration rapide impliquant les employés de chaque flux de valeur. Cependant j'ai remarqué que la plupart des flux de valeur en cours d'amélioration concernaient des produits qui venaient d'être lancés. Je me suis demandé pourquoi tant de Kaizen était nécessaire.
 
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En fait, j’ai commencé à soupçonner – comme cela m’arrive souvent ces temps-ci – si tout cet effort de kaizen ne ressemblait pas fâcheusement à la bonne vieille inspection qualité de fin de ligne dans les entreprises de production de masse. Les flux de valeur des nouveaux produits étaient démarrés sans penser aux principes lean ou sans beaucoup de rigueur dans l’analyse détaillée de chaque étape ou tâche. Les équipes kaizen inspectaient donc les process une fois ces derniers opérationnels, ne les trouvaient nullement lean et lançaient de nombreuses actions correctives.
 
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Mon ami est loin d'être seul dans son cas. Dans notre enquête annuelle en ligne auprès de la communauté Lean, un des principaux problèmes que les penseurs Lean relèvent sur leurs efforts d'amélioration est le "glissement vers les vieilles méthodes de travail " après les premiers progrès. Et le problème cité le plus fréquemment cette année est "la résistance au changement du management intermédiaire." En bref, le mouvement Lean a un problème avec l’épreuve de la durée, que nous devons résoudre.
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Étant donné que beaucoup de mauvaises pratiques avaient été implémentées initialement dans les flux de valeur, ces efforts de kaizen étaient nécessaires et très productifs. Mais pourquoi l'entreprise ne concevait-elle pas des process lean lors du processus de développement ? Pire encore, les réelles compétences de l'entreprise dans le kaizen « après-coup » – c'est à dire son talent pour retoucher les process – ne réduisaient-elles pas la pression à avoir les discussions difficiles qui auraient dû avoir lieu pendant le développement de process ?
 
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Qu'est-ce qui est au c½ur de notre problème de persistance ? Plus important encore, que pouvons nous y faire ?
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En réfléchissant à cette situation, je me demande si les pratiques de Toyota et des autres pionniers du lean n’ont pas été mal comprises. Le kaizen est une activité importante chez Toyota, et elle implique tous les employés. Pour autant, les nouveaux process lancés chez Toyota sont extraordinairement lean dès le lancement et le kaizen d'après lancement ne représente qu’une petite partie de l'avantage compétitif de Toyota.
 
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Je crois que la cause racine de la régression dans la plupart des entreprises aujourd'hui est la confusion entre priorités à différents niveaux de l'entreprise, ajoutée à la non-mise en place de responsables de la performance de chacun des flux de valeur importants lors de leur écoulement à travers l'entreprise.
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Le secret réside dans le système de développement des produits et des process de Toyota qui se focalise sur la création "de flux de valeurs opérationnels profitables" – pour utiliser une phrase favorite du défunt Allen Ward. Ces flux ont été "pré-kaizenés" en examinant chaque étape de production et chaque process d'approvisionnement pressentis bien avant le lancement.
 
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Pour empêcher la régression, quelqu'un doit clarifier périodiquement les priorités pour chaque flux de valeur et identifier l'écart de performance entre le besoin du client et ce que le flux de valeur fournit. La personne qui prend cette responsabilité doit alors demander à tous ceux qui sont en contact avec le flux de valeur d'identifier avec soin la condition actuelle ("l'état actuel") du flux de valeur qui cause cet écart. L'étape suivante est d'imaginer un meilleur flux de valeur et déterminer Qui va faire Quoi pour Quand, pour le créer. Enfin, le responsable du flux de valeur doit déterminer ce qui va constituer la preuve que l'écart de performance a été comblé et collecter des données pour le démontrer. Cet exercice n’est, bien sûr, rien d'autre que le cycle Plan Do Check Act du Dr. Deming, conduit fréquemment par la personne responsable, utilisant idéalement l'analyse A3.
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La première étape est de faire en sorte que quelqu'un soit responsable de réfléchir à l'ensemble du processus nécessaire pour transférer un produit de la commande à la livraison. En réfléchissant au processus de production parallèlement à la conception du produit, il est alors possible d'optimiser les deux.
 
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Je ne propose pas un changement spectaculaire dans l'organigramme pour redistribuer l'autorité. En fait, je n'ai presque jamais vu une entreprise améliorée par une "ré-organisation". Et je ne suggère pas la création d'une organisation matricielle où chacun a un chef vertical et horizontal. De préférence, lors de la transition vers une entreprise Lean mûre, quelqu'un à un autre poste dans l'entreprise doit prendre le rôle d'auditer fréquemment (et brièvement) le flux horizontal de valeur et montrer à tous ceux qui sont en contact avec ce flux le niveau d’efficience de l'entreprise au long de ce flux.
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La deuxième étape consiste à dessiner le process sur le papier et examiner les différentes façons dont il pourrait être mené. Pour les nouveaux types de produits nécessitant de nouveaux processus, il est important d'examiner un certain nombre de différentes façons dont le process entier et chaque étape pourrait être menés et d'effectuer des expérimentations simples pour voir laquelle fonctionne le mieux. (Ceci est l’analogue en développement de process des méthodes d'Ingénierie simultanée modulaire utilisées pour évaluer les différents designs possibles du produit. C'est également un élément important dans le 3P -- Processus de Préparation de la Production – auquel s’astreignent à présent les entreprises avancées en lean.)
 
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Remarquez que des audits fréquents de processus au sein de petites entités (par exemple, une cellule à flux continu ou un processus de réapprovisionnement de composants) sont un aspect des pratiques Toyota bien établi que j'appelle "management standardisé". Auditer au travers de plusieurs départements et fonctions pour étudier un flux de valeur d'un bout à l'autre est un changement d'échelle des meilleures pratiques actuelles, pas quelque chose d'entièrement neuf.
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La troisième étape consiste à tester les nouvelles façons de mener les étapes du process avec des prototypes simples – fût-ce des maquettes en carton – pour apprendre comment elles fonctionnent réellement (un autre élément du 3P). La connaissance générée par ces expériences doit alors être écrite et transcrite en courbes expérimentales du genre de celles que Toyota crée à partir d'expériences avec des prototypes simplifiés des nouveaux produits.
 
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Auditer chaque flux de valeur va mettre en exergue les problèmes du flux de valeur et les contradictions des objectifs organisationnels. En fait, cela va montrer de nombreux problèmes et de nombreuses contradictions. Et c'est précisément ce qui est important. La plupart des flux de valeur ont actuellement des écarts de performance substantiels, mais l'importance de l'écart et les causes précises sont difficiles à voir par chacun. (De là la confusion et la résistance de nombreux managers intermédiaires, qui optimisent un ensemble d'objectifs traditionnels – l'utilisation des capitaux, par exemple – alors que les méthodes Lean nécessitent d’autres objectifs.) Résoudre les causes racines d'une mauvaise performance nécessitera que quelqu'un – et vraisemblablement chacun – en contact avec le flux de valeur change son comportement.
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(En fait, cette connaissance est le grand avantage de Toyota pour concevoir des nouveaux produits et processus rapidement et simultanément. A ce point, la plupart des process de production de Toyota sont hautement standardisés et totalement documentés. La plupart des nouvelles conceptions de produits n’ont donc qu’à être conformes avec les exigences bien connues des process pour que l’on puisse garantir leur lancement sans à-coups. En revanche, la plupart des entreprises que j'ai visitées n'ont que très peu documenté leurs process, avec des standards fragiles et très peu de connaissance des arbitrages entre un process ou un autre. Elles vont devoir progresser grandement dans la prise de conscience et la pratique lean pour pouvoir rattraper leur retard.)
 
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Il s'ensuit que chaque manager responsable doit dialoguer avec les leaders des fonctions, et, si nécessaire, avec le comité de direction pour obtenir l'accord sur Qui doit faire Quoi pour Quand, pour augmenter durablement la performance au bénéfice du client et de l'entreprise. (Un des "Quoi" est probablement de ré-évaluer les indicateurs sur lesquels les managers intermédiaires "résistants au changement" sont jugés). Les personnes responsables doivent alors visiter périodiquement les flux de valeur, non pas pour prévenir la régression, mais pour continuellement progresser vers un niveau de performance supérieur.
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Une fois que le process le plus efficace est défini, ce qui peut impliquer des modifications de la conception du produit, l'étape suivante est de finaliser la conception des machines et du système de gestion de l'information.
 
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Une difficulté spécifique dans nos efforts d'éradication de ce problème est que nous ne pouvons simplement copier le Toyota actuel. Par le passé, Toyota a mené de nombreuses boucles itératives pour résoudre le problème du management du flux de valeur au travers de l'entreprise. Mais aujourd'hui son organisation mature repose sur le management stratégique (Hoshin Kanri) au niveau supérieur et un ensemble de managers de ligne auditant leurs entités au niveau du terrain. Parce qu'il n'y a pas de confusion sur les objectifs de haut en bas et parce que les managers ont appris dès le tout début de leur carrière à voir le flux de valeur au delà de leur management, aucun responsable du flux de valeur spécialement désigné n'est nécessaire.
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Enfin, il est temps de développer les standards de travail pour chaque étape du flux de valeur et le standard de management pour le flux global. Ce qui inclut un plan de formation pour chaque employé, un plan pour chaque pièce, et un programme de maintenance pour chaque machine.
 
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Les autres organisations – la vôtre et la mienne par exemple! – sont différentes et ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d'expérimenter avec les méthodes de management des flux de valeur. Quelle que soit la réponse finale, chacun dans la communauté Lean a une grande valeur dans notre résolution du problème de stabilité. Sinon, l'engouement actuel pour le Lean – piloté par le succès de Toyota – peut devenir un nouvel épisode dans la longue histoire des campagnes d'améliorations instables du management.
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Si toutes ces actions ont été réalisées au moment du démarrage de la production, le flux de valeur devrait être très lean dès le premier produit livré. Le kaizen sera toujours important, reposant sur le hansei (ou réflexion) à propos de la performance du process une fois démarré, mais il pourra commencer à un niveau supérieur sur un process plus stable, ce qui fait que les améliorations rapides supplémentaires sont réellement plus faciles.

Mon sentiment est que de nombreuses entreprises sont maintenant prêtes à élever leur niveau de jeu. Comme j'espère l’avoir fait apparaître clairement, cela ne se fera pas en réduisant l’importance du kaizen mais en important le processus PDCA qui est au c½ur du kaizen au sein du processus de développement. C’est ce qui garantira que chaque nouveau flux de valeur pour chaque nouveau produit débute sa vie productive comme un flux très lean.

Étant donné la continuelle réduction de la durée de vie des produits, je crois qu'il sera toujours plus important d’obtenir "la qualité du process à la source". A défaut, on risque fort d’avoir à abandonner la production du produit bien avant que les problèmes du process aient été corrigés par le kaizen de retouche.

  Cordialement,
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (66 - 2007-07-04 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Créer un système de soins lean (30 mai 2007)

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L’Epreuve de la durée (30 mai 2007)

 
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Il y a dix ans ce mois-ci, j'ai fait une visite du grand complexe médical de la clinique Mayo à Rochester dans le Minnesota. Je n'étais pas là-bas en tant que patient. Pour ainsi dire, j'étais une sorte d'anthropologue lean. J’étais en train de faire ma première incursion dans une organisation médicale de premier plan pour examiner ses processus et ses comportements d’un point de vue lean.
 
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J'ai reçu récemment un coup de fil d'un de mes vieux amis qui mena un des premiers efforts d'adaptation du lean dans la santé dans les années 1990. Il a bifurqué vers d'autres défis et nous n'avions pas eu la possibilité de nous revoir ces dernières années. Je lui ai demandé ce qui était advenu de son initiative Lean dans l'entreprise de soins dans laquelle il avait été un haut dirigeant.
 
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La visite avait été organisée par le Dr. Don Berwick, le fondateur et le président de l'Institut pour l'amélioration du système médical à Boston, qui m'avait en son temps convaincu que je devrais quitter le MIT, mon ancienne maison, pour fonder la nouvelle : le LEI. Don m'a demandé de réfléchir à une question simple : comment un grand système médical pourrait-il mettre en application la pensée lean dans toutes ses activités ? (Comme Don me l’a dit, « dans le monde médical, nous n'avons pas un Toyota à copier. Nous n'avons pas même un Yugo. Alors par où commencer ? »)
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La réponse fut celle que je craignais. "Nous avons créé une équipe d'amélioration Lean et conduit une campagne générale pour améliorer les flux de valeur clefs de l'entreprise. Et nous avons eu des résultats spectaculaires. Des flux de patients accélérés. De meilleurs résultats. De moindres coûts. Mais nous n'avons pu faire perdurer ces gains. Les efforts d'amélioration n'étaient pas reliés à la façon dont l'entreprise était dirigée et les flux de valeur ont commencé à régresser vers la moyenne aussitôt après le départ de l'équipe d'amélioration. Après mon départ de l'entreprise, le programme entier s'est arrêté. Quel dommage".
 
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Comme d’habitude, j'ai été faire un tour sur le terrain. Pendant deux jours j'ai suivi les chemins empruntés par les patients ainsi que par les fournitures/approvisionnements médicaux, les programmes des patients, et les échantillons passant par les laboratoires. (Les penseurs lean appellent souvent ces chemins des chaînes de valeurs.) Et, j'ai rapidement abouti à un diagnostic : sclérose grave des flux de patients et des flux supports.
 
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A la clinique Mayo (et dans les nombreuses organisations médicales que j'ai visité depuis), j'ai rencontré des médecins brillants qui optimisaient localement, se concentrant seulement sur leur activité étroite sans beaucoup d’attention (ou de patience) pour la façon dont elle s’agence avec les autres activités alentour. Les administrateurs de l'hôpital, en revanche, étaient des optimisateurs de l’utilisation du capital, essayant de faire tourner au maximum chaque machine coûteuse, chaque chambre d'hôpital, et d’occuper chaque spécialiste, même si cela engendrait des retards pour les patients et de lourds fardeaux pour le personnel. Les infirmières étaient les membres de l'organisation qui pensaient aux chemins empruntés par les patients et aux processus clefs de soutien comme la manipulation des fournitures et des médicaments. Mais elles le faisaient intuitivement et bricolaient en catastrophe pour « faire avancer » les choses. Elles manquaient de reconnaissance quant à l’importance de leur tâche et n’avaient pas de méthodologie rigoureuse.
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Mon ami est loin d'être seul dans son cas. Dans notre enquête annuelle en ligne auprès de la communauté Lean, un des principaux problèmes que les penseurs Lean relèvent sur leurs efforts d'amélioration est le "glissement vers les vieilles méthodes de travail " après les premiers progrès. Et le problème cité le plus fréquemment cette année est "la résistance au changement du management intermédiaire." En bref, le mouvement Lean a un problème avec l’épreuve de la durée, que nous devons résoudre.
 
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Ensemble, les médecins brillants, les administrateurs persévérants, et les infirmières endurantes dispensaient des soins qui coûtaient trop chers, qui prenaient trop de temps, et qui produisaient des résultats sous-optimaux. Pour faire un saut lean, chacun dans l'organisation devrait changer sa manière de penser et d’agir.
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Qu'est-ce qui est au c½ur de notre problème de persistance ? Plus important encore, que pouvons nous y faire ?
 
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Ma prescription était très simple : Identifiez tous les chemins importants empruntés par les patients ainsi que par les chaînes supports. Cartographiez-les de bout en bout. Ensuite, demandez-vous dégager les obstacles qui encombrent chaque chemin, chaque blocage, chaque retour en arrière, chaque cul-de-sac, ce qui améliore la situation de l'hôpital, de son personnel, et de ses patients. Enfin, et c’est le plus important, demandez-vous quels changements dans le style de vie de l'organisation seraient nécessaires pour que les chemins ne s’encombrent pas à nouveau.
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Je crois que la cause racine de la régression dans la plupart des entreprises aujourd'hui est la confusion entre priorités à différents niveaux de l'entreprise, ajoutée à la non-mise en place de responsables de la performance de chacun des flux de valeur importants lors de leur écoulement à travers l'entreprise.
 
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Ni le diagnostic ni la prescription n’étaient très difficiles. J'étais assez sûr d’avoir raison. Ce qui m’inquiétait était le pronostic. Mes recommandations exigeaient de chacun -- médecins, infirmières et administrateurs (sans compter les fournisseurs) – de changer leur comportement et le style de vie de l’organisation. Et comme les professionnels du monde médical le savent, le changement de style de vie est généralement la partie la plus difficile de n'importe quel traitement.
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Pour empêcher la régression, quelqu'un doit clarifier périodiquement les priorités pour chaque flux de valeur et identifier l'écart de performance entre le besoin du client et ce que le flux de valeur fournit. La personne qui prend cette responsabilité doit alors demander à tous ceux qui sont en contact avec le flux de valeur d'identifier avec soin la condition actuelle ("l'état actuel") du flux de valeur qui cause cet écart. L'étape suivante est d'imaginer un meilleur flux de valeur et déterminer Qui va faire Quoi pour Quand, pour le créer. Enfin, le responsable du flux de valeur doit déterminer ce qui va constituer la preuve que l'écart de performance a été comblé et collecter des données pour le démontrer. Cet exercice n’est, bien sûr, rien d'autre que le cycle Plan Do Check Act du Dr. Deming, conduit fréquemment par la personne responsable, utilisant idéalement l'analyse A3.
 
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Etant donné les difficultés évoquées, j’ai coupé court à ma première initiative dans le monde médical en mai 1997 en pensant qu’il était prématuré d'espérer beaucoup de progrès vers un système de santé lean. Et je ne suis pas retourné à Mayo pendant dix ans jusqu'à la semaine dernière, quand j'ai passé la journée avec le Dr. Henry Ting, un cardiologue avec un instinct naturel pour la réflexion sur les processus. Nous avons regardé soigneusement le travail que son équipe a fait récemment pour accélérer le temps entre le moment où les patients suspectent qu'ils pourraient avoir une crise cardiaque – généralement loin d'un hôpital – et le moment où tous les traitements appropriés sont appliqués.
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Je ne propose pas un changement spectaculaire dans l'organigramme pour redistribuer l'autorité. En fait, je n'ai presque jamais vu une entreprise améliorée par une "ré-organisation". Et je ne suggère pas la création d'une organisation matricielle où chacun a un chef vertical et horizontal. De préférence, lors de la transition vers une entreprise Lean mûre, quelqu'un à un autre poste dans l'entreprise doit prendre le rôle d'auditer fréquemment (et brièvement) le flux horizontal de valeur et montrer à tous ceux qui sont en contact avec ce flux le niveau d’efficience de l'entreprise au long de ce flux.
 
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Les résultats sont tout à fait remarquables. Avoir repensé ce chemin sauve des vies -- beaucoup de vies -- parce que plus les traitements sont appliqués rapidement, plus la probabilité est grande que le patient survive et survive sans dommages majeurs au c½ur. Et voici des vraies nouvelles très encourageantes : une initiative lean réduit les coûts pour l'hôpital et rend la vie meilleure pour le personnel. C’est gagnant-gagnant-gagnant. Mon scepticisme issu de ma visite précédente a été remplacé par un espoir après cette nouvelle visite.
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Remarquez que des audits fréquents de processus au sein de petites entités (par exemple, une cellule à flux continu ou un processus de réapprovisionnement de composants) sont un aspect des pratiques Toyota bien établi que j'appelle "management standardisé". Auditer au travers de plusieurs départements et fonctions pour étudier un flux de valeur d'un bout à l'autre est un changement d'échelle des meilleures pratiques actuelles, pas quelque chose d'entièrement neuf.
 
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Mais j'ai également réalisé dans l’avion qui me ramenait chez moi que l'équipe du Dr. Ting avait mis en place une procédure brillante sur l’un des problèmes les plus faciles à régler et à maintenir. Ils avaient analysé un chemin simple et un chemin où la valeur du temps économisé est tellement primordiale et évidente que n'importe quelle organisation médicale aurait du mal à ne pas changer son comportement une fois que l'état sclérotique du chemin existant a été identifié. (Heureusement, des travaux similaires aux leurs rencontrent actuellement un grand succès ailleurs dans le service de cardiologie de la clinique de Mayo et grâce à des pionniers semblables sur d’autres chemins dans beaucoup d'organisations de soins à travers le monde.)
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Auditer chaque flux de valeur va mettre en exergue les problèmes du flux de valeur et les contradictions des objectifs organisationnels. En fait, cela va montrer de nombreux problèmes et de nombreuses contradictions. Et c'est précisément ce qui est important. La plupart des flux de valeur ont actuellement des écarts de performance substantiels, mais l'importance de l'écart et les causes précises sont difficiles à voir par chacun. (De là la confusion et la résistance de nombreux managers intermédiaires, qui optimisent un ensemble d'objectifs traditionnels – l'utilisation des capitaux, par exemple – alors que les méthodes Lean nécessitent d’autres objectifs.) Résoudre les causes racines d'une mauvaise performance nécessitera que quelqu'un – et vraisemblablement chacun – en contact avec le flux de valeur change son comportement.
 
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La partie difficile pour chacun d’entre nous est de mettre en relation et de relier entre eux ces efforts innovants sur des flux de valeurs individuels -- ce qui semblait impossible il y a seulement 10 ans. Nous devons créer une entreprise lean complète dans laquelle tous les chemins sont nettoyés de manière permanente et dans laquelle le style de vie de l'organisation a été changé. Il y faudra plus que des techniques lean. Cela exigera de nouvelles méthodes de management et un nouveau type de leadership.
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Il s'ensuit que chaque manager responsable doit dialoguer avec les leaders des fonctions, et, si nécessaire, avec le comité de direction pour obtenir l'accord sur Qui doit faire Quoi pour Quand, pour augmenter durablement la performance au bénéfice du client et de l'entreprise. (Un des "Quoi" est probablement de ré-évaluer les indicateurs sur lesquels les managers intermédiaires "résistants au changement" sont jugés). Les personnes responsables doivent alors visiter périodiquement les flux de valeur, non pas pour prévenir la régression, mais pour continuellement progresser vers un niveau de performance supérieur.
 
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Etant donné le besoin urgent pour ce saut lean, je suis vraiment enchanté que mon co-auteur de longue date Dan Jones ai relevé le défi de se demander à quoi ressemblera un système de santé véritablement lean. Il organise le premier “Global Lean Healthcare Summit” (Sommet mondial sur le système de santé lean) au Royaume-Uni à la fin du mois de juin dans lequel nous nous demanderons quel genre de leadership et quel genre de management doit être mis en place.
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Une difficulté spécifique dans nos efforts d'éradication de ce problème est que nous ne pouvons simplement copier le Toyota actuel. Par le passé, Toyota a mené de nombreuses boucles itératives pour résoudre le problème du management du flux de valeur au travers de l'entreprise. Mais aujourd'hui son organisation mature repose sur le management stratégique (Hoshin Kanri) au niveau supérieur et un ensemble de managers de ligne auditant leurs entités au niveau du terrain. Parce qu'il n'y a pas de confusion sur les objectifs de haut en bas et parce que les managers ont appris dès le tout début de leur carrière à voir le flux de valeur au delà de leur management, aucun responsable du flux de valeur spécialement désigné n'est nécessaire.
 
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Nous avons invité des médecins, des administrateurs seniors, des infirmières, et des fournisseurs pour décrire le challenge tel qu’ils le voient. Nous travaillerons ensuite ensemble pour développer des hypothèses au sujet de la création d’un système de soin lean sur une base systémique que nous pourrons tous tester.

L'aspect le plus gratifiant du récent emballement pour la pensée lean de la part de la communauté des systèmes de soins -- rendant le Sommet mondial sur le système de santé Lean possible -- est que ce sont les chaînes de valeurs les plus importantes dans nos vies. En effet, elles déterminent souvent la durée et la qualité de nos vies. Comme je le disais récemment à une audience australienne provenant du monde de la santé : « Toyota prend plus soin de ses pièces de voiture que la plupart des opérateurs de santé de leurs patients ». Et ce n'est pas juste ! Nous savons comment faire mieux et nous avons donc une obligation morale de le faire.

Je trouve donc profondément encourageant que les penseurs lean dans la communauté du système de santé s’attaquent enfin aux chaînes de valeurs les plus importantes du monde. Mais je voudrais éviter que nous nous arrêtions à des améliorations ponctuelles sur des chemins locaux. Et je suis inquiet du fait que les améliorations sur des chemins individuels ne peuvent pas être maintenues parce que les organisations dans lesquels ils circulent n'ont pas changé. Ce dont le patient – et le système de soins tout entier – a vraiment besoin, c’est de repenser le système tout entier du point de vue du management et du leadership ; c’est ainsi que nous pourrons vraiment créer et maintenir un système de santé lean.

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Les autres organisations – la vôtre et la mienne par exemple! – sont différentes et ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d'expérimenter avec les méthodes de management des flux de valeur. Quelle que soit la réponse finale, chacun dans la communauté Lean a une grande valeur dans notre résolution du problème de stabilité. Sinon, l'engouement actuel pour le Lean – piloté par le succès de Toyota – peut devenir un nouvel épisode dans la longue histoire des campagnes d'améliorations instables du management.
  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour sa participation à cette traduction.
 
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (65 - 2007-06-08 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Pourquoi Toyota a gagné et comment Toyota peut perdre (4 avril 2007)

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Créer un système de soins lean (30 mai 2007)

 
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Il y a dix ans ce mois-ci, j'ai fait une visite du grand complexe médical de la clinique Mayo à Rochester dans le Minnesota. Je n'étais pas là-bas en tant que patient. Pour ainsi dire, j'étais une sorte d'anthropologue lean. J’étais en train de faire ma première incursion dans une organisation médicale de premier plan pour examiner ses processus et ses comportements d’un point de vue lean.
 
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Simon et Schuster vient juste de rééditer The Machine That Changed the World, que j’ai co-écrit avec Dan Jones et Dan Roos il y a 17 ans. Sans doute notre éditeur a-t-il remarqué l’actuel effet de mode autour de Toyota et il a noté que les livres avec « Toyota » écrit sur la couverture se vendent très bien.
 
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Coup de chance, Machine reste à ce jour la meilleure description du système d'affaires de Toyota dans son ensemble - développement de produit, gestion des fournisseurs, relations avec le client, ordres de réapprovisionnement des matières premières par la production et management de l’entreprise globale. Ce qu’il raconte continue d’être d’actualité. Comme le nouveau PDG de Ford, Alan Mulally, le faisait remarquer aux employés quand il est arrivé à Detroit à l'automne dernier, c’est encore le meilleur résumé qui explique pourquoi Toyota gagne.
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La visite avait été organisée par le Dr. Don Berwick, le fondateur et le président de l'Institut pour l'amélioration du système médical à Boston, qui m'avait en son temps convaincu que je devrais quitter le MIT, mon ancienne maison, pour fonder la nouvelle : le LEI. Don m'a demandé de réfléchir à une question simple : comment un grand système médical pourrait-il mettre en application la pensée lean dans toutes ses activités ? (Comme Don me l’a dit, « dans le monde médical, nous n'avons pas un Toyota à copier. Nous n'avons pas même un Yugo. Alors par où commencer ? »)
 
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Mais en fait, Toyota a déjà gagné. Il s’agit simplement de totaliser les unités vendues et les revenus sur 2007 pour savoir exactement quand le maillot jaune de leader de l'industrie passera de GM à Toyota. Ce qui est beaucoup plus important sur le plan des affaires, c’est que Toyota a gagné la course de la rentabilité il y a des années.
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Comme d’habitude, j'ai été faire un tour sur le terrain. Pendant deux jours j'ai suivi les chemins empruntés par les patients ainsi que par les fournitures/approvisionnements médicaux, les programmes des patients, et les échantillons passant par les laboratoires. (Les penseurs lean appellent souvent ces chemins des chaînes de valeurs.) Et, j'ai rapidement abouti à un diagnostic : sclérose grave des flux de patients et des flux supports.
 
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La question intéressante pour le futur n'est donc pas de calculer le jour exact où Toyota gagnera mais de savoir comment Toyota peut perdre. On entend habituellement que Toyota peut rencontrer des problèmes dans la qualité (comme le démontrent les rappels récents) ou se perdre son agressivité sur les coûts, ou bien trébucher en essayant de faire de Lexus une véritable marque de luxe, ou encore échouer à obtenir une production stable et une base de ventes sur les marchés émergents de la Chine et de l'Inde.
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A la clinique Mayo (et dans les nombreuses organisations médicales que j'ai visité depuis), j'ai rencontré des médecins brillants qui optimisaient localement, se concentrant seulement sur leur activité étroite sans beaucoup d’attention (ou de patience) pour la façon dont elle s’agence avec les autres activités alentour. Les administrateurs de l'hôpital, en revanche, étaient des optimisateurs de l’utilisation du capital, essayant de faire tourner au maximum chaque machine coûteuse, chaque chambre d'hôpital, et d’occuper chaque spécialiste, même si cela engendrait des retards pour les patients et de lourds fardeaux pour le personnel. Les infirmières étaient les membres de l'organisation qui pensaient aux chemins empruntés par les patients et aux processus clefs de soutien comme la manipulation des fournitures et des médicaments. Mais elles le faisaient intuitivement et bricolaient en catastrophe pour « faire avancer » les choses. Elles manquaient de reconnaissance quant à l’importance de leur tâche et n’avaient pas de méthodologie rigoureuse.
 
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Et toutes ces choses peuvent se produire. Mais si c’est le cas, elles seront des symptômes, pas la cause racine. Le vrai challenge de Toyota pour l'avenir est d’introduire et de maintenir le management lean et le leadership lean dans chaque recoin d’une organisation en croissance rapide.
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Ensemble, les médecins brillants, les administrateurs persévérants, et les infirmières endurantes dispensaient des soins qui coûtaient trop chers, qui prenaient trop de temps, et qui produisaient des résultats sous-optimaux. Pour faire un saut lean, chacun dans l'organisation devrait changer sa manière de penser et d’agir.
 
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Il est étonnant de voir que beaucoup de nouveaux employés de Toyota lisent The Toyota Way (de Jeffrey Liker) et The Toyota Way Field Book (de Jeffrey Liker et Dave Meier) (deux livres que tous les penseurs lean devraient également se procurer) pour essayer de comprendre l’entreprise qu’ils viennent d’intégrer. La méthode traditionnelle de Toyota pour façonner des managers, qui consiste à les embaucher directement à la sortie de leur école ou de leur université et de les former avec une grande rigueur pendant de nombreuses années pour qu’ils deviennent des leaders chevronnés du modèle Toyota, est sérieusement mise en difficulté par le taux de croissance fulgurant de Toyota. Il y a trop de nouveaux élèves et pas assez de professeurs chevronnés au moment où Toyota ouvre de nouvelles usines, des centres technologiques, et des groupes de développement de ses fournisseurs à travers le monde.
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Ma prescription était très simple : Identifiez tous les chemins importants empruntés par les patients ainsi que par les chaînes supports. Cartographiez-les de bout en bout. Ensuite, demandez-vous dégager les obstacles qui encombrent chaque chemin, chaque blocage, chaque retour en arrière, chaque cul-de-sac, ce qui améliore la situation de l'hôpital, de son personnel, et de ses patients. Enfin, et c’est le plus important, demandez-vous quels changements dans le style de vie de l'organisation seraient nécessaires pour que les chemins ne s’encombrent pas à nouveau.
 
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Le grand risque auquel est confronté Toyota, et qui peut la perdre, c’est que ses nouveaux managers et les managers de ses nouveaux fournisseurs retournent en arrière et reviennent à la mentalité de la production de masse des entreprises et des d’écoles d’où ils viennent. Si cela se produit, la performance du management de Toyota régressera vers la moyenne. Au lieu d’inciter le monde entier à embrasser le lean management, Toyota deviendra simplement une société comme les autres. Et ce sera un échec tragique pour nous tous.
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Ni le diagnostic ni la prescription n’étaient très difficiles. J'étais assez sûr d’avoir raison. Ce qui m’inquiétait était le pronostic. Mes recommandations exigeaient de chacun -- médecins, infirmières et administrateurs (sans compter les fournisseurs) – de changer leur comportement et le style de vie de l’organisation. Et comme les professionnels du monde médical le savent, le changement de style de vie est généralement la partie la plus difficile de n'importe quel traitement.
 
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Quelles compétences Toyota doit-elle enseigner à ses nouveaux managers lean ? Évidemment, les méthodes (outils) pertinents pour conduire la production, la conception de produits, la gestion des fournisseurs, et les ventes sont importantes. Mais c’est la partie facile. Le coeur du savoir du manager lean est le déploiement de stratégie qui commence chez les dirigeants, se poursuit par la résolution des problèmes en A3 pour les cadres, et se prolonge jusqu’au travail standardisé pour les superviseurs au plus proche du terrain.
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Etant donné les difficultés évoquées, j’ai coupé court à ma première initiative dans le monde médical en mai 1997 en pensant qu’il était prématuré d'espérer beaucoup de progrès vers un système de santé lean. Et je ne suis pas retourné à Mayo pendant dix ans jusqu'à la semaine dernière, quand j'ai passé la journée avec le Dr. Henry Ting, un cardiologue avec un instinct naturel pour la réflexion sur les processus. Nous avons regardé soigneusement le travail que son équipe a fait récemment pour accélérer le temps entre le moment où les patients suspectent qu'ils pourraient avoir une crise cardiaque – généralement loin d'un hôpital – et le moment où tous les traitements appropriés sont appliqués.
 
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Et à chaque niveau, Toyota doit enseigner à ses managers comment utiliser ces concepts en allant sur le gemba. Là, ils doivent diriger en posant des questions sur le véritable problème, en quoi la situation actuelle est à l’origine du problème, la meilleure façon de faire (c'est-à-dire, un meilleur processus) qui pourrait résoudre le problème, qui doit faire quoi et quand pour atteindre cette nouvelle situation (la future situation), et quelles sont les preuves à apporter pour démontrer que le problème a été résolu.
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Les résultats sont tout à fait remarquables. Avoir repensé ce chemin sauve des vies -- beaucoup de vies -- parce que plus les traitements sont appliqués rapidement, plus la probabilité est grande que le patient survive et survive sans dommages majeurs au c½ur. Et voici des vraies nouvelles très encourageantes : une initiative lean réduit les coûts pour l'hôpital et rend la vie meilleure pour le personnel. C’est gagnant-gagnant-gagnant. Mon scepticisme issu de ma visite précédente a été remplacé par un espoir après cette nouvelle visite.
 
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Ceci signifie manager les processus créateurs de valeur dans l'organisation (chaînes de valeur) en posant des questions témoignant d’un haut niveau de compréhension de la situation, plutôt que de manager des résultats à la fin de la période de reporting. (Manager des résultats en fin de période n’est rien d’autre que faire de l’inspection de la qualité à la fin de la ligne.) Et, ceci signifie éviter de distribuer des ordres à tout le monde quand personne ne contrôle rien.
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Mais j'ai également réalisé dans l’avion qui me ramenait chez moi que l'équipe du Dr. Ting avait mis en place une procédure brillante sur l’un des problèmes les plus faciles à régler et à maintenir. Ils avaient analysé un chemin simple et un chemin où la valeur du temps économisé est tellement primordiale et évidente que n'importe quelle organisation médicale aurait du mal à ne pas changer son comportement une fois que l'état sclérotique du chemin existant a été identifié. (Heureusement, des travaux similaires aux leurs rencontrent actuellement un grand succès ailleurs dans le service de cardiologie de la clinique de Mayo et grâce à des pionniers semblables sur d’autres chemins dans beaucoup d'organisations de soins à travers le monde.)
 
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Donner des ordres fermes est l'instinct normal de n'importe quel patron. En fait, la plupart des patrons semblent penser qu'en vertu de leur expérience et de leur autorité, ils sont capables de résoudre n'importe quel problème dans l'organisation. Mais les ordres du patron, au contraire des questions informées, dégagent les managers des niveaux inférieurs de la responsabilité de résoudre les problèmes. Ce qui initie un cercle vicieux dans lequel les managers de niveau inférieur attendent que leurs supérieurs leur disent ce qu’il doivent faire, alors que ces supérieurs sont beaucoup plus loin du gemba où la valeur est créée et ont, de ce fait, moins - et non plus - de connaissance sur la meilleure chose à faire.
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La partie difficile pour chacun d’entre nous est de mettre en relation et de relier entre eux ces efforts innovants sur des flux de valeurs individuels -- ce qui semblait impossible il y a seulement 10 ans. Nous devons créer une entreprise lean complète dans laquelle tous les chemins sont nettoyés de manière permanente et dans laquelle le style de vie de l'organisation a été changé. Il y faudra plus que des techniques lean. Cela exigera de nouvelles méthodes de management et un nouveau type de leadership.
 
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Comparé au reste d’entre nous, Toyota a un avantage comparatif cardinal : elle n'acquiert jamais ni sociétés ni infrastructures. Elle croît en créant de nouveaux établissements dans de nouveaux endroits. Et donc, si Toyota constate qu'elle ne peut pas augmenter son nombre de managers lean au même rythme que ses ventes, elle peut simplement ralentir la croissance de ces dernières. Je fais le pari que c’est ce qui se passera si Toyota sent que les valeurs de base de son mode de management sont en train de se diluer.
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Etant donné le besoin urgent pour ce saut lean, je suis vraiment enchanté que mon co-auteur de longue date Dan Jones ai relevé le défi de se demander à quoi ressemblera un système de santé véritablement lean. Il organise le premier “Global Lean Healthcare Summit” (Sommet mondial sur le système de santé lean) au Royaume-Uni à la fin du mois de juin dans lequel nous nous demanderons quel genre de leadership et quel genre de management doit être mis en place.
 
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Le reste d’entre nous fait face à un problème plus difficile. Nous possédons et opérons déjà des centres de production qui ont un besoin urgent de transformation dans leur management. Ralentir la transformation ne fera que nous faire échouer plus rapidement !
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Nous avons invité des médecins, des administrateurs seniors, des infirmières, et des fournisseurs pour décrire le challenge tel qu’ils le voient. Nous travaillerons ensuite ensemble pour développer des hypothèses au sujet de la création d’un système de soin lean sur une base systémique que nous pourrons tous tester.
 
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En résumé, Toyota peut échouer et si c’est le cas, la cause de racine sera d’avoir échoué à propager son système de management. Nous aussi, nous pouvons échouer. Et si c’est le cas, la cause racine sera d’avoir échoué à transformer notre approche périmée du management issue de la production de masse. Bref, il s'avère que nous sommes tous confrontés au même challenge !
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L'aspect le plus gratifiant du récent emballement pour la pensée lean de la part de la communauté des systèmes de soins -- rendant le Sommet mondial sur le système de santé Lean possible -- est que ce sont les chaînes de valeurs les plus importantes dans nos vies. En effet, elles déterminent souvent la durée et la qualité de nos vies. Comme je le disais récemment à une audience australienne provenant du monde de la santé : « Toyota prend plus soin de ses pièces de voiture que la plupart des opérateurs de santé de leurs patients ». Et ce n'est pas juste ! Nous savons comment faire mieux et nous avons donc une obligation morale de le faire.
 
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Ceci implique que chacun d’entre nous, dans la communauté Lean, a besoin d’apprendre des autres sur la manière de créer des managers lean et des leaders lean. Je suis heureux de vous annoncer que le partage de cette expérience sera un objectif clef du Lean Enterprise Institute dans notre deuxième décennie, que nous commençons à l’automne. Nous voulons que tout le monde réussisse.
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Je trouve donc profondément encourageant que les penseurs lean dans la communauté du système de santé s’attaquent enfin aux chaînes de valeurs les plus importantes du monde. Mais je voudrais éviter que nous nous arrêtions à des améliorations ponctuelles sur des chemins locaux. Et je suis inquiet du fait que les améliorations sur des chemins individuels ne peuvent pas être maintenues parce que les organisations dans lesquels ils circulent n'ont pas changé. Ce dont le patient – et le système de soins tout entier – a vraiment besoin, c’est de repenser le système tout entier du point de vue du management et du leadership ; c’est ainsi que nous pourrons vraiment créer et maintenir un système de santé lean.
  Cordialement,
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (64 - 2007-05-31 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (63 - 2007-05-14 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Réflexions complémentaires sur la transformation Lean (16 janvier 2007)

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Pourquoi Toyota a gagné et comment Toyota peut perdre (4 avril 2007)

 
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L'Institut Lean Entreprise vient de lancer un nouveau projet de recherche pour essayer de répondre à une question simple : "Quelle est la meilleure voie pour conduire une transformation lean ?"
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Simon et Schuster vient juste de rééditer The Machine That Changed the World, que j’ai co-écrit avec Dan Jones et Dan Roos il y a 17 ans. Sans doute notre éditeur a-t-il remarqué l’actuel effet de mode autour de Toyota et il a noté que les livres avec « Toyota » écrit sur la couverture se vendent très bien.
 
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Ce n'est pas une interrogation nouvelle, bien sûr. Il y a dix ans, Dan Jones et moi même proposions un" plan d'action" dans notre livre Système lean. Nous conseillions aux lecteurs les quatre premières étapes pour la transformation de leur entreprise : trouver un agent du changement, se former au savoir Lean essentiel, saisir l’occasion d’une crise (voire la créer), et puis cartographier vos flux de valeur pour décrire la situation actuelle et imaginer les états futurs.
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Coup de chance, Machine reste à ce jour la meilleure description du système d'affaires de Toyota dans son ensemble - développement de produit, gestion des fournisseurs, relations avec le client, ordres de réapprovisionnement des matières premières par la production et management de l’entreprise globale. Ce qu’il raconte continue d’être d’actualité. Comme le nouveau PDG de Ford, Alan Mulally, le faisait remarquer aux employés quand il est arrivé à Detroit à l'automne dernier, c’est encore le meilleur résumé qui explique pourquoi Toyota gagne.
 
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La spécificité de la situation actuelle est que la réflexion Lean devient rapidement la norme plutôt que l'exception pour les managers. Et un grand nombre d'entreprises ont déjà effectué les quatre premières étapes. Cependant personne ne dirait que son entreprise est véritablement Lean. La question par conséquent est, "une fois que vous avez un agent du changement, le savoir essentiel, une crise, et les cartes pour plusieurs de vos process, comment transformer efficacement votre entreprise dans son ensemble ?"
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Mais en fait, Toyota a déjà gagné. Il s’agit simplement de totaliser les unités vendues et les revenus sur 2007 pour savoir exactement quand le maillot jaune de leader de l'industrie passera de GM à Toyota. Ce qui est beaucoup plus important sur le plan des affaires, c’est que Toyota a gagné la course de la rentabilité il y a des années.
 
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La vérité est que nous ne le savons pas. Nous ne ferions pas de recherche si nous le savions! Mais nous avons quelques hypothèses que je veux partager :
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La question intéressante pour le futur n'est donc pas de calculer le jour exact où Toyota gagnera mais de savoir comment Toyota peut perdre. On entend habituellement que Toyota peut rencontrer des problèmes dans la qualité (comme le démontrent les rappels récents) ou se perdre son agressivité sur les coûts, ou bien trébucher en essayant de faire de Lexus une véritable marque de luxe, ou encore échouer à obtenir une production stable et une base de ventes sur les marchés émergents de la Chine et de l'Inde.
 
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Notre première hypothèse est qu'il est crucial de commencer par répondre à la question de la finalité. Quels problèmes les clients veulent-ils que votre entreprise résolve pour eux et quels sont les besoins les plus essentiels de votre entreprise ? Dan Jones et moi même avons découvert ces dernières années que les clients ont souvent un besoin bien plus profond derrière leurs vœux exprimés pour des biens et services précis. (voir Le lean au service du client, Vuibert). Une entreprise qui peut identifier ces besoins fondamentaux et véritablement résoudre les problèmes des clients aura une bien meilleure chance de succès comme entreprise Lean.
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Et toutes ces choses peuvent se produire. Mais si c’est le cas, elles seront des symptômes, pas la cause racine. Le vrai challenge de Toyota pour l'avenir est d’introduire et de maintenir le management lean et le leadership lean dans chaque recoin d’une organisation en croissance rapide.
 
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De la même manière, la plupart des entreprises ont elles-mêmes une palette de besoins internes - se développer, augmenter leurs marges, préserver leur trésorerie, conserver leurs employés talentueux, etc. Mais quels sont les quelques besoins internes cruciaux que l'entreprise peut satisfaire immédiatement de façon à vraiment prospérer ?
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Il est étonnant de voir que beaucoup de nouveaux employés de Toyota lisent The Toyota Way (de Jeffrey Liker) et The Toyota Way Field Book (de Jeffrey Liker et Dave Meier) (deux livres que tous les penseurs lean devraient également se procurer) pour essayer de comprendre l’entreprise qu’ils viennent d’intégrer. La méthode traditionnelle de Toyota pour façonner des managers, qui consiste à les embaucher directement à la sortie de leur école ou de leur université et de les former avec une grande rigueur pendant de nombreuses années pour qu’ils deviennent des leaders chevronnés du modèle Toyota, est sérieusement mise en difficulté par le taux de croissance fulgurant de Toyota. Il y a trop de nouveaux élèves et pas assez de professeurs chevronnés au moment où Toyota ouvre de nouvelles usines, des centres technologiques, et des groupes de développement de ses fournisseurs à travers le monde.
 
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Quand nous posons des questions simples à propos des besoins des clients et de l’organisation, et des flux de valeur qui sont censés les satisfaire, nous découvrons souvent que les managers –de terrain, intermédiaires ou supérieurs – ne savent pas répondre. Et cela rend la transformation Lean plus dure parce que des désirs et des besoins sans importance peuvent être abordés – jusqu’à travailler sur des flux de valeur inutiles – au lieu des quelques sujets essentiels qui comptent réellement. Dans le pire des cas, des managers sérieux peuvent simplement appliquer des outils Lean au hasard à chaque flux de valeur dans l'espoir que les aspirations et les besoins seront automatiquement satisfaits. Heureusement, cela arrive rarement.
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Le grand risque auquel est confronté Toyota, et qui peut la perdre, c’est que ses nouveaux managers et les managers de ses nouveaux fournisseurs retournent en arrière et reviennent à la mentalité de la production de masse des entreprises et des d’écoles d’où ils viennent. Si cela se produit, la performance du management de Toyota régressera vers la moyenne. Au lieu d’inciter le monde entier à embrasser le lean management, Toyota deviendra simplement une société comme les autres. Et ce sera un échec tragique pour nous tous.
 
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Notre deuxième hypothèse est qu'il est critique que quelqu'un accepte la responsabilité de transformer chacun des flux de valeur essentiels, chacun des processus vitaux. Pour des flux de valeur qui traversent un seul service ou une seule fonction, piloter le flux de valeur est facile (disons, plus facile.) Cependant, les flux de valeur les plus critiques – le développement des produits depuis l'idée jusqu'au lancement, l'approvisionnement depuis la commande jusqu'à la livraison, le service au consommateur tout au long de la vie de leurs biens et services – s'écoulent horizontalement vers le consommateur au travers de nombreuses parties de l'entreprise et au cours de périodes de temps étendues. Et là, nous n'avons qu'une faible expérience de la bonne formule.
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Quelles compétences Toyota doit-elle enseigner à ses nouveaux managers lean ? Évidemment, les méthodes (outils) pertinents pour conduire la production, la conception de produits, la gestion des fournisseurs, et les ventes sont importantes. Mais c’est la partie facile. Le coeur du savoir du manager lean est le déploiement de stratégie qui commence chez les dirigeants, se poursuit par la résolution des problèmes en A3 pour les cadres, et se prolonge jusqu’au travail standardisé pour les superviseurs au plus proche du terrain.
 
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Quand nous mentionnons ce problème aux managers dans la plupart des entreprises, leur première proposition est de rebâtir l'organigramme de l'entreprise pour donner une autorité claire à des individus précis pour chaque flux de valeur horizontal. Mais, selon notre propre expérience, cela laisse souvent de côté l'essentiel. Les nombreux individus qui sont en contact avec le flux de valeur sont localisés dans de nombreux services ou fonctions pour une bonne raison : c'est la façon la plus simple pour organiser le savoir et les carrières. Rajouter une nouvelle couche de management ou ré-affecter chacun à une équipe de famille de produits avec un manager poids lourd peut faire plus de mal que de bien à l'entreprise dans son ensemble.
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Et à chaque niveau, Toyota doit enseigner à ses managers comment utiliser ces concepts en allant sur le gemba. Là, ils doivent diriger en posant des questions sur le véritable problème, en quoi la situation actuelle est à l’origine du problème, la meilleure façon de faire (c'est-à-dire, un meilleur processus) qui pourrait résoudre le problème, qui doit faire quoi et quand pour atteindre cette nouvelle situation (la future situation), et quelles sont les preuves à apporter pour démontrer que le problème a été résolu.
 
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Une meilleure approche est que quelqu'un prenne la responsabilité de transformer chaque flux de valeur. Ces individus doivent créer leur autorité en posant des questions perspicaces et en s'attaquant aux problèmes persistants jusqu'au point où les employés au contact du flux de valeur accordent au responsable du flux de valeur l'autorité que les dirigeants ne peuvent généralement pas leur donner. (C'est la situation de l'Ingénieur en Chef chez Toyota, qui a la responsabilité du succès et de la profitabilité du produit mais n'a pas pour autant d'autorité formelle sur chacun des centaines ou milliers d'individus travaillant à son développement. L'Ingénieur en Chef dirige parce qu’il en sait plus, qu’il voit plus loin et parce qu’il pose de meilleures questions que n'importe quel individu ou département.) Notre hypothèse est qu'avec un choix méticuleux des responsables du flux de valeur et par l'expérimentation des meilleures méthodes que peuvent employer ces individus responsables, l'apparent paradoxe de la responsabilité sans l'autorité peut être résolu au grand bénéfice de l'entreprise.
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Ceci signifie manager les processus créateurs de valeur dans l'organisation (chaînes de valeur) en posant des questions témoignant d’un haut niveau de compréhension de la situation, plutôt que de manager des résultats à la fin de la période de reporting. (Manager des résultats en fin de période n’est rien d’autre que faire de l’inspection de la qualité à la fin de la ligne.) Et, ceci signifie éviter de distribuer des ordres à tout le monde quand personne ne contrôle rien.
 
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Notre troisième hypothèse est que la meilleure façon d’impliquer les personnes à tous les niveaux pour se mettre au service des besoins du client et de l'entreprise est d'impliquer tout le monde dans une démarche routinière et continue de résolution de problèmes. Les gens aiment résoudre des problèmes. Mais ils ont rarement cette chance ! Faire cela signifie créer des possibilités pour tous de voir l'état actuel du processus au contact duquel ils sont, de comprendre comment il sert le client, et de suggérer des façons de l'améliorer. Cela inclut du Kaizen rapide, bien sur. Mais il est souvent plus important de se consacrer au travail standardisé au niveau primaire de création de valeur, de conduire des analyses A3 au niveau du flux de valeur, et d'engager le déploiement de stratégie dans l'entreprise toute entière.
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Donner des ordres fermes est l'instinct normal de n'importe quel patron. En fait, la plupart des patrons semblent penser qu'en vertu de leur expérience et de leur autorité, ils sont capables de résoudre n'importe quel problème dans l'organisation. Mais les ordres du patron, au contraire des questions informées, dégagent les managers des niveaux inférieurs de la responsabilité de résoudre les problèmes. Ce qui initie un cercle vicieux dans lequel les managers de niveau inférieur attendent que leurs supérieurs leur disent ce qu’il doivent faire, alors que ces supérieurs sont beaucoup plus loin du gemba où la valeur est créée et ont, de ce fait, moins - et non plus - de connaissance sur la meilleure chose à faire.
 
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Notre dernière hypothèse est que la plupart des managers ont appris à voir le muda (gaspillages) dans les étapes de leurs flux de valeur prises une par une. Ils n'arrivent pas pour autant à voir, et moins encore à aborder, les problèmes de mura (variabilité) et de muri (surcharge) qui créent la majorité du muda. Par exemple, nous voyons quotidiennement des managers qui ont tant de feux à éteindre qu'ils n'ont pas de temps libre pour réfléchir à l'amélioration. Ils sont fiers de leur ardeur au travail et de ce qu'ils font pour réussir dans des conditions chaotiques. Hélas ! La pression de l'exceptionnel – la chose qui "a mal tourné" – repousse tout effort pour résoudre vraiment le problème. Avec comme résultat que peu de problèmes trouvent véritablement une solution. D'où vient ce muri ? Habituellement, il est créé à l'intérieur de l'entreprise plutôt qu'à l'extérieur par le client, contrairement à ce que la plupart des managers semblent croire. Les actions des managers dans une partie de l'entreprise causent de la variation (mura) dans les activités des managers et des employés dans d'autres parties de l'entreprise. Et cela crée du muri – la surcharge que la plupart des managers ressentent la plupart du temps. Par exemple, les pics de commandes qui arrivent en fin de la période comptable surchargent la production et les achats, n’ont guère à voir avec les problèmes réels du client. Au lieu de cela, ces pics sont créés par des primes de ventes et des bonus définis par les départements des ventes et du marketing. Il s'ensuit que pour faire des progrès réels dans la transformation de l'organisation les managers doivent traiter les trois M – muda, mura et muri – en même temps.
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Comparé au reste d’entre nous, Toyota a un avantage comparatif cardinal : elle n'acquiert jamais ni sociétés ni infrastructures. Elle croît en créant de nouveaux établissements dans de nouveaux endroits. Et donc, si Toyota constate qu'elle ne peut pas augmenter son nombre de managers lean au même rythme que ses ventes, elle peut simplement ralentir la croissance de ces dernières. Je fais le pari que c’est ce qui se passera si Toyota sent que les valeurs de base de son mode de management sont en train de se diluer.
 
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Comme je l'ai dit en introduction, ce sont seulement des hypothèses. Nous vous informerons tous de nos découvertes. Mais, dans le même temps, j'espère que vous concevrez vos propres hypothèses sur les méthodes les plus efficaces pour la transformation Lean et les soumettrez à des expériences. Et j'espère que vous voudrez bien partager vos découvertes avec la communauté Lean tout autour du globe.
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Le reste d’entre nous fait face à un problème plus difficile. Nous possédons et opérons déjà des centres de production qui ont un besoin urgent de transformation dans leur management. Ralentir la transformation ne fera que nous faire échouer plus rapidement !

En résumé, Toyota peut échouer et si c’est le cas, la cause de racine sera d’avoir échoué à propager son système de management. Nous aussi, nous pouvons échouer. Et si c’est le cas, la cause racine sera d’avoir échoué à transformer notre approche périmée du management issue de la production de masse. Bref, il s'avère que nous sommes tous confrontés au même challenge !

Ceci implique que chacun d’entre nous, dans la communauté Lean, a besoin d’apprendre des autres sur la manière de créer des managers lean et des leaders lean. Je suis heureux de vous annoncer que le partage de cette expérience sera un objectif clef du Lean Enterprise Institute dans notre deuxième décennie, que nous commençons à l’automne. Nous voulons que tout le monde réussisse.

  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour sa participation à cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (62 - 2007-02-06 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Ce que j’ai appris sur la planification et l’exécution (14 décembre 2006)

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Réflexions complémentaires sur la transformation Lean (16 janvier 2007)

 
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Avant de fonder le Lean Enterprise Institute à la mi-1997, cela faisait des années que je réfléchissais à la manière dont les organisations gèrent leurs priorités et planifient leur travail. Et j'avais lu avec une grande attention la littérature sur de déploiement de politique (hoshin kanri) au Japon depuis les années 70. Ainsi j'ai pensé qu'il serait facile de développer et de mettre en œuvre à la fois un plan sur le long terme et un plan sur un an.
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L'Institut Lean Entreprise vient de lancer un nouveau projet de recherche pour essayer de répondre à une question simple : "Quelle est la meilleure voie pour conduire une transformation lean ?"
 
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J'ai demandé à mon ami Pat Lancaster (par était alors Président Directeur Général de Lantech, le sujet du chapitre 6 de l’ouvrage que j’ai écrit avec Dan Jones, Système Lean) de venir à Boston pour nous aider. Toute notre équipe a fait preuve de beaucoup de dynamisme et deux jours plus tard, après beaucoup de discussions franches, nous tenions notre plan. Nous sommes tombé d’accord sur notre cible organisationnelle, avons sélectionné nos principales priorités sur quelques années, avons défini des objectifs et choisi les initiatives spécifiques à mettre en œuvre pour les réaliser. Nous avions gagné la guerre contre le chaos et l'indécision !
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Ce n'est pas une interrogation nouvelle, bien sûr. Il y a dix ans, Dan Jones et moi même proposions un" plan d'action" dans notre livre Système lean. Nous conseillions aux lecteurs les quatre premières étapes pour la transformation de leur entreprise : trouver un agent du changement, se former au savoir Lean essentiel, saisir l’occasion d’une crise (voire la créer), et puis cartographier vos flux de valeur pour décrire la situation actuelle et imaginer les états futurs.
 
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Mais il y avait un problème : nous avons vite découvert que nous n'avions pas de moyen pratique pour mettre en œuvre ce plan. Plus précisément, nous n'avions pas de manière efficace d'assigner des responsabilités pour nos initiatives, qui étaient transversales à notre organisation. Nous n'avions pas de méthode opérationnelle pour mesurer nos progrès. Et nous n'avions pas de moyen de déterminer les raisons pour lesquelles, souvent, nous n'obtenions pas les résultats que nous avions prévus de nos initiatives et ce que nous devions faire en cas d’échec. En bref, nous avions conduit un superbe exercice sur deux jours avec l'aide d'une personne brillante et nous avions imaginé un magnifique plan. Mais cela n’a résulté en nul avantage pour notre organisation. Doucement, nous avons abandonné l'approche globale et lui avons substitué un simple processus budgétaire annuel.
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La spécificité de la situation actuelle est que la réflexion Lean devient rapidement la norme plutôt que l'exception pour les managers. Et un grand nombre d'entreprises ont déjà effectué les quatre premières étapes. Cependant personne ne dirait que son entreprise est véritablement Lean. La question par conséquent est, "une fois que vous avez un agent du changement, le savoir essentiel, une crise, et les cartes pour plusieurs de vos process, comment transformer efficacement votre entreprise dans son ensemble ?"
 
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Heureusement, ce processus simple s’est révélé suffisant pour que LEI puisse s'épanouir en tant que petite organisation sur la décennie suivante. Cependant, j'ai continué à me demander pourquoi nous étions si bons pour sélectionner les bonnes choses à faire (et créer notre budget annuel) mais beaucoup moins perspicaces pour faire en sorte que les choses pertinentes soit faites. Dans le langage du Plan-Do-Check-Act (PDCA), introduit par W. Edwards Deming, nous sommes bons pour faire le P mais nous avons bien du mal avec le DCA.
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La vérité est que nous ne le savons pas. Nous ne ferions pas de recherche si nous le savions! Mais nous avons quelques hypothèses que je veux partager :
 
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L’année dernière, nous nous sommes développés très rapidement et le LEI est devenu une organisation beaucoup plus complexe. (Nous avons maintenant quatre lignes de produits principales - chacune avec un responsable de la chaîne de valeur -- les produits éducatifs, la formation, les événements et les partenariats de recherche avec de multiples organisations.). Soudainement, notre processus budgétaire simple s’est avéré inadéquat et j'ai été à nouveau forcé de me pencher sur la question de la priorisation et de la planification. Au même moment, dans le cadre de nos activités de recherches j'observais que beaucoup d'organisations avaient du mal – comme nous – à mettre en place des systèmes de planification complexes dérivés des textes standards japonais de hoshin kanri.
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Notre première hypothèse est qu'il est crucial de commencer par répondre à la question de la finalité. Quels problèmes les clients veulent-ils que votre entreprise résolve pour eux et quels sont les besoins les plus essentiels de votre entreprise ? Dan Jones et moi même avons découvert ces dernières années que les clients ont souvent un besoin bien plus profond derrière leurs vœux exprimés pour des biens et services précis. (voir Le lean au service du client, Vuibert). Une entreprise qui peut identifier ces besoins fondamentaux et véritablement résoudre les problèmes des clients aura une bien meilleure chance de succès comme entreprise Lean.
 
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C’est pourquoi j’ai été enchanté quand Pascal Dennis, un vétéran de Toyota, m'a approché en me suggérant que le « déploiement de stratégie », selon la traduction qu’il propose de hoshin Kanri, peut être rendu beaucoup plus simple et plus efficace. Il a proposé d'écrire un guide pour les managers, un mélange entre un workbook et un roman afin d'illustrer une méthode plus efficace pour la planification et l'exécution. Il s’est même engagé à exposer le processus de pensée qui sous-tend les planifications et les exécutions efficaces, celui qu'il avait appris pendant ses années à Toyota, et pas simplement à décrire les techniques.
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De la même manière, la plupart des entreprises ont elles-mêmes une palette de besoins internes - se développer, augmenter leurs marges, préserver leur trésorerie, conserver leurs employés talentueux, etc. Mais quels sont les quelques besoins internes cruciaux que l'entreprise peut satisfaire immédiatement de façon à vraiment prospérer ?
 
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Cette année, en relisant le travail de Pascal et en tentant de l'appliquer à la direction du LEI, j'ai réussi à en tirer quelques véritables enseignements sur la manière de déployer correctement une stratégie. Laissez-moi les partager ces enseignements brièvement avec vous :
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Quand nous posons des questions simples à propos des besoins des clients et de l’organisation, et des flux de valeur qui sont censés les satisfaire, nous découvrons souvent que les managers –de terrain, intermédiaires ou supérieurs – ne savent pas répondre. Et cela rend la transformation Lean plus dure parce que des désirs et des besoins sans importance peuvent être abordés – jusqu’à travailler sur des flux de valeur inutiles – au lieu des quelques sujets essentiels qui comptent réellement. Dans le pire des cas, des managers sérieux peuvent simplement appliquer des outils Lean au hasard à chaque flux de valeur dans l'espoir que les aspirations et les besoins seront automatiquement satisfaits. Heureusement, cela arrive rarement.
 
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  • La partie « Plan » est vraiment simple. Mais il est particulièrement important, car il permet de créer un consensus sur la manière dont se porte votre organisation, sur son « état actuel ». Otherwise the plan is based on illusion. Ceci signifie développer des mesures simples et visuelles de la performance actuelle que chacun peut voir et sur lesquels tous le monde est d’accord. Autrement, le plan est basé sur des illusions.
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Notre deuxième hypothèse est qu'il est critique que quelqu'un accepte la responsabilité de transformer chacun des flux de valeur essentiels, chacun des processus vitaux. Pour des flux de valeur qui traversent un seul service ou une seule fonction, piloter le flux de valeur est facile (disons, plus facile.) Cependant, les flux de valeur les plus critiques – le développement des produits depuis l'idée jusqu'au lancement, l'approvisionnement depuis la commande jusqu'à la livraison, le service au consommateur tout au long de la vie de leurs biens et services – s'écoulent horizontalement vers le consommateur au travers de nombreuses parties de l'entreprise et au cours de périodes de temps étendues. Et là, nous n'avons qu'une faible expérience de la bonne formule.
 
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  • La partie « Do » réussira si le plan raconte une histoire simple et convaincante et que chaque élément du plan est facilement compréhensible par tous. La méthode A3 de Toyota qui décrit sur une feuille de papier unique le problème que chaque élément du plan aborde – et la manière dont l'organisation compte le résoudre – prend toute sa dimension une fois que chacun apprend à lire cette feuille A3. (J'ai été stupéfait de voir ce que l'analyse A3 a permis pour notre gestion de la chaîne de valeur au LEI et de voir également ce qu’elle a permis pour ce qui concerne ma capacité à communiquer à chacun sur ce que la direction du LEI est en train de faire)
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Quand nous mentionnons ce problème aux managers dans la plupart des entreprises, leur première proposition est de rebâtir l'organigramme de l'entreprise pour donner une autorité claire à des individus précis pour chaque flux de valeur horizontal. Mais, selon notre propre expérience, cela laisse souvent de côté l'essentiel. Les nombreux individus qui sont en contact avec le flux de valeur sont localisés dans de nombreux services ou fonctions pour une bonne raison : c'est la façon la plus simple pour organiser le savoir et les carrières. Rajouter une nouvelle couche de management ou ré-affecter chacun à une équipe de famille de produits avec un manager poids lourd peut faire plus de mal que de bien à l'entreprise dans son ensemble.
 
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  • La partie « Check » du plan est décisive et est ignorée de presque tous. Pourtant il n'est pas raisonnable de commencer à déployer un plan sans qu’il n’y ait une méthode standardisée pour mesurer les résultats et un engagement du management de les observer.
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Une meilleure approche est que quelqu'un prenne la responsabilité de transformer chaque flux de valeur. Ces individus doivent créer leur autorité en posant des questions perspicaces et en s'attaquant aux problèmes persistants jusqu'au point où les employés au contact du flux de valeur accordent au responsable du flux de valeur l'autorité que les dirigeants ne peuvent généralement pas leur donner. (C'est la situation de l'Ingénieur en Chef chez Toyota, qui a la responsabilité du succès et de la profitabilité du produit mais n'a pas pour autant d'autorité formelle sur chacun des centaines ou milliers d'individus travaillant à son développement. L'Ingénieur en Chef dirige parce qu’il en sait plus, qu’il voit plus loin et parce qu’il pose de meilleures questions que n'importe quel individu ou département.) Notre hypothèse est qu'avec un choix méticuleux des responsables du flux de valeur et par l'expérimentation des meilleures méthodes que peuvent employer ces individus responsables, l'apparent paradoxe de la responsabilité sans l'autorité peut être résolu au grand bénéfice de l'entreprise.
 
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  • L’étape « Act » ou « Adjust » est également importante mais elle exige une méthode de résolution de problèmes efficace pour comprendre pourquoi le plan ne produit pas les résultats attendus (comme montré à l'étape « contrôle »). Même les organisations qui contrôlent leur progression sont souvent très mauvaises dans la phase « Adjust ». Pourtant presque aucun plan, même chez Toyota, ne produit exactement les résultats prévus. L'ajustement est inévitable et continu.
Chaque élément du plan a besoin d'un responsable de déploiement qui peut intervenir de manière transversale aux fonctions, voir l’ensemble et assumer la responsabilité d’obtenir un bon résultat. Cette personne est comme l'ingénieur en chef chez Toyota. Et la bonne nouvelle est que le fait de désigner un responsable du déploiement pour chaque élément du plan n'exige aucun ajustement dans l'organigramme. Le management du déploiement est simplement une tâche supplémentaire pour les senior managers désignés, et elle devient beaucoup plus facile avec l'expérience acquise sur plusieurs années.
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Notre troisième hypothèse est que la meilleure façon d’impliquer les personnes à tous les niveaux pour se mettre au service des besoins du client et de l'entreprise est d'impliquer tout le monde dans une démarche routinière et continue de résolution de problèmes. Les gens aiment résoudre des problèmes. Mais ils ont rarement cette chance ! Faire cela signifie créer des possibilités pour tous de voir l'état actuel du processus au contact duquel ils sont, de comprendre comment il sert le client, et de suggérer des façons de l'améliorer. Cela inclut du Kaizen rapide, bien sur. Mais il est souvent plus important de se consacrer au travail standardisé au niveau primaire de création de valeur, de conduire des analyses A3 au niveau du flux de valeur, et d'engager le déploiement de stratégie dans l'entreprise toute entière.
 
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Certaines organisations peuvent déployer des éléments de plan pour chaque chaîne de valeur de famille de produit, comme nous avons fait au LEI. Cependant, beaucoup d'organisations - bien plus que je ne l’avais imaginé jusque récemment - sont si instables dans leur processus partagés qu'il serait peut être mieux pour elles de commencer par des thèmes sur l’organisation élargie comme la qualité, la livraison, et les coûts, dans le but de créer une stabilité avant qu'elles ne passent à une approche par la chaîne de valeur.

Peut-être le plus important : tout est une question de personnes. J'ai récemment réfléchi au concept de qualité de Toyota, l’« autonomation », ou jidoka, qu'ils décrivent comme « l’automatisation avec une touche humaine ». Ceci signifie que les employés sont impliqués activement, à chaque niveau, pour s’assurer que les processus technologiques – quel que soit leur niveau de complexité – fonctionnent correctement pour produire un bon résultat à chaque fois. J’ai réalisé que le déploiement de stratégie tel qu’il doit être pratiqué est similaire. Ce n'est pas un exercice de logique froide, fait une fois et oublié ensuite. C’est plutôt un « hoshin kanri avec une touche humaine » dans lequel chacun au sein de l'organisation devient un scientifique participant à de continuelles expérimentations sur chaque élément du plan au moyen du PDCA.

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Notre dernière hypothèse est que la plupart des managers ont appris à voir le muda (gaspillages) dans les étapes de leurs flux de valeur prises une par une. Ils n'arrivent pas pour autant à voir, et moins encore à aborder, les problèmes de mura (variabilité) et de muri (surcharge) qui créent la majorité du muda. Par exemple, nous voyons quotidiennement des managers qui ont tant de feux à éteindre qu'ils n'ont pas de temps libre pour réfléchir à l'amélioration. Ils sont fiers de leur ardeur au travail et de ce qu'ils font pour réussir dans des conditions chaotiques. Hélas ! La pression de l'exceptionnel – la chose qui "a mal tourné" – repousse tout effort pour résoudre vraiment le problème. Avec comme résultat que peu de problèmes trouvent véritablement une solution. D'où vient ce muri ? Habituellement, il est créé à l'intérieur de l'entreprise plutôt qu'à l'extérieur par le client, contrairement à ce que la plupart des managers semblent croire. Les actions des managers dans une partie de l'entreprise causent de la variation (mura) dans les activités des managers et des employés dans d'autres parties de l'entreprise. Et cela crée du muri – la surcharge que la plupart des managers ressentent la plupart du temps. Par exemple, les pics de commandes qui arrivent en fin de la période comptable surchargent la production et les achats, n’ont guère à voir avec les problèmes réels du client. Au lieu de cela, ces pics sont créés par des primes de ventes et des bonus définis par les départements des ventes et du marketing. Il s'ensuit que pour faire des progrès réels dans la transformation de l'organisation les managers doivent traiter les trois M – muda, mura et muri – en même temps.
 
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Comme je l'ai dit en introduction, ce sont seulement des hypothèses. Nous vous informerons tous de nos découvertes. Mais, dans le même temps, j'espère que vous concevrez vos propres hypothèses sur les méthodes les plus efficaces pour la transformation Lean et les soumettrez à des expériences. Et j'espère que vous voudrez bien partager vos découvertes avec la communauté Lean tout autour du globe.
  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour sa participation à cette traduction.
 
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Lettres archivées

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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Des Outils lean au management Lean (21 novembre 2006)

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Ce que j’ai appris sur la planification et l’exécution (14 décembre 2006)

 
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Cela fait maintenant vingt-sept ans que je réfléchis aux défis que pose la transformation lean, depuis que j'ai commencé à étudier Toyota dans le cadre du projet Global Automotive du MIT en 1979. Cela finit par faire longtemps et, durant cette période, j'ai vu la réflexion Lean progresser en plusieurs étapes.
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Avant de fonder le Lean Enterprise Institute à la mi-1997, cela faisait des années que je réfléchissais à la manière dont les organisations gèrent leurs priorités et planifient leur travail. Et j'avais lu avec une grande attention la littérature sur de déploiement de politique (hoshin kanri) au Japon depuis les années 70. Ainsi j'ai pensé qu'il serait facile de développer et de mettre en œuvre à la fois un plan sur le long terme et un plan sur un an.
 
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Dans les premiers temps, l'obsession était de faire la part de ce qui était spécifique à une culture nationale. Est-ce que quiconque hors du Japon pouvait adopter la réflexion Lean ? Et même, en-dehors de Toyota ? Et il y avait beaucoup de confusion à propos des éléments constitutifs du lean. Concernait-il uniquement l'usine ? S'appliquait-il au contraire à chaque aspect de l'entreprise, du développement de produits au management de la chaîne logistique, en passant par les relations commerciales et le management ? Dans La Machine qui va changer le monde, en 1990, Dan Jones, Dan Roos et moi-même avons démontré que le mode de réflexion Lean est adaptable à chaque société, n'importe où dans le monde, mais que la puissance du système ne se révèle que lorsqu’elle est appliquée dans tous les secteurs de l'entreprise.
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J'ai demandé à mon ami Pat Lancaster (par était alors Président Directeur Général de Lantech, le sujet du chapitre 6 de l’ouvrage que j’ai écrit avec Dan Jones, Système Lean) de venir à Boston pour nous aider. Toute notre équipe a fait preuve de beaucoup de dynamisme et deux jours plus tard, après beaucoup de discussions franches, nous tenions notre plan. Nous sommes tombé d’accord sur notre cible organisationnelle, avons sélectionné nos principales priorités sur quelques années, avons défini des objectifs et choisi les initiatives spécifiques à mettre en œuvre pour les réaliser. Nous avions gagné la guerre contre le chaos et l'indécision !
 
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Au fur et à mesure que ce point de vue a été de plus en plus accepté, les regards se sont tournés sur la manière dont les entreprises pouvaient évoluer du paradigme de la production de masse au Lean. Etant donné l'ampleur de la tâche et ses nombreuses dimensions, il est compréhensible que les outils lean vinrent au premier plan : 5S, SMED, 5 Pourquoi, coûts-cibles, ingénierie simultanée et comparative, cartes de flux de valeur, kanban, kaizen. En fait, je pense que la période qui commence au début des années 1990 et dans laquelle nous sommes encore est "l'ère de l'outil" du mouvement lean.
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Mais il y avait un problème : nous avons vite découvert que nous n'avions pas de moyen pratique pour mettre en œuvre ce plan. Plus précisément, nous n'avions pas de manière efficace d'assigner des responsabilités pour nos initiatives, qui étaient transversales à notre organisation. Nous n'avions pas de méthode opérationnelle pour mesurer nos progrès. Et nous n'avions pas de moyen de déterminer les raisons pour lesquelles, souvent, nous n'obtenions pas les résultats que nous avions prévus de nos initiatives et ce que nous devions faire en cas d’échec. En bref, nous avions conduit un superbe exercice sur deux jours avec l'aide d'une personne brillante et nous avions imaginé un magnifique plan. Mais cela n’a résulté en nul avantage pour notre organisation. Doucement, nous avons abandonné l'approche globale et lui avons substitué un simple processus budgétaire annuel.
 
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La séduction des outils vient du fait qu'ils peuvent être appliqués à de nombreux domaines de l'entreprise, souvent par des équipes d'amélioration internes ou par des consultants externes. Mieux encore, ils peuvent être appliqués isolément, sans s'attaquer à la rude tâche de transformer l'entreprise et le regard porté sur les méthodes de management. Je dis souvent que les dirigeants essayeront n'importe quoi de facile mais qui ne marche pas, avant d'essayer n'importe quoi de difficile mais qui fonctionne, et ceci pourrait être un résumé honnête de ce qui s'est passé pendant l'ère de l'outil.
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Heureusement, ce processus simple s’est révélé suffisant pour que LEI puisse s'épanouir en tant que petite organisation sur la décennie suivante. Cependant, j'ai continué à me demander pourquoi nous étions si bons pour sélectionner les bonnes choses à faire (et créer notre budget annuel) mais beaucoup moins perspicaces pour faire en sorte que les choses pertinentes soit faites. Dans le langage du Plan-Do-Check-Act (PDCA), introduit par W. Edwards Deming, nous sommes bons pour faire le P mais nous avons bien du mal avec le DCA.
 
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Au cours des quinze dernières années, nous avons tous appris énormément de choses à propos de nombreux outils lean. Nous avons aussi étudié comment les utiliser et nous avons eu des résultats encourageants. Mais nous sommes cependant loin d'avoir créé un second Toyota, encore moins un troisième, quatrième, ou cinquième ! A contrario, l'approche managériale de la production de masse – telle que perfectionnée par Alfred Sloan chez General Motors dans les années 1920 – s’est généralisée avec un grand succès dans un laps de temps très court après qu’elle ait démontré de sa supériorité.
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L’année dernière, nous nous sommes développés très rapidement et le LEI est devenu une organisation beaucoup plus complexe. (Nous avons maintenant quatre lignes de produits principales - chacune avec un responsable de la chaîne de valeur -- les produits éducatifs, la formation, les événements et les partenariats de recherche avec de multiples organisations.). Soudainement, notre processus budgétaire simple s’est avéré inadéquat et j'ai été à nouveau forcé de me pencher sur la question de la priorisation et de la planification. Au même moment, dans le cadre de nos activités de recherches j'observais que beaucoup d'organisations avaient du mal – comme nous – à mettre en place des systèmes de planification complexes dérivés des textes standards japonais de hoshin kanri.
 
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Heureusement, je commence à voir des signes que le mouvement lean s'attaque aux points fondamentaux du management lean. J'ai eu récemment de nombreuses conversations dans de nombreux pays – les Etats-Unis, l'Allemagne, la Chine – avec des cadres dirigeants qui réalisent qu'ils doivent se pencher sur management lean avant de s’atteler aux outils lean.
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C’est pourquoi j’ai été enchanté quand Pascal Dennis, un vétéran de Toyota, m'a approché en me suggérant que le « déploiement de stratégie », selon la traduction qu’il propose de hoshin Kanri, peut être rendu beaucoup plus simple et plus efficace. Il a proposé d'écrire un guide pour les managers, un mélange entre un workbook et un roman afin d'illustrer une méthode plus efficace pour la planification et l'exécution. Il s’est même engagé à exposer le processus de pensée qui sous-tend les planifications et les exécutions efficaces, celui qu'il avait appris pendant ses années à Toyota, et pas simplement à décrire les techniques.
 
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A quoi fais-je allusion en parlant de "management lean" ? Laissez-moi vous en dire quelques mots en partant d’observations générales sur l'entreprise et le management :
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Cette année, en relisant le travail de Pascal et en tentant de l'appliquer à la direction du LEI, j'ai réussi à en tirer quelques véritables enseignements sur la manière de déployer correctement une stratégie. Laissez-moi les partager ces enseignements brièvement avec vous :
 
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  • Toute la valeur créée dans une entreprise est le résultat final d'une longue séquence d'étapes – un flux de valeur. Ces étapes doivent être conduites correctement dans le bon ordre et au bon moment.
  • Fournir la valeur adéquate au client au bon moment et au juste coût pour l'entreprise est la clef de la survie et de la prospérité.
  • Le flux de valeur vers le client est horizontal, à travers l'entreprise.
  • Toutes les entreprises – y compris Toyota – sont organisées verticalement par services (industrialisation, achats, production, ventes, etc.). Elles le resteront toujours car c'est la meilleure façon de créer et de conserver du savoir et la façon la plus pratique de diriger les carrières.
  • Quelqu'un doit observer, diriger, et améliorer le processus horizontal complet de la création de valeur pour le client, du concept au lancement, de la commande à la livraison en passant par la production, et après la livraison tout au long du cycle de vie du produit.
  • Dans la plupart des entreprises, personne n'est vraiment responsable du flux horizontal de valeur par famille de produits, quoiqu'en pensent les cadres dirigeants. Le produit est un orphelin organisationnel.
  • Dans la plupart des entreprises les managers à chaque niveau sont évalués sur la réalisation des objectifs de leur service. Tels sont les indicateurs – habituellement financiers – définis par les cadres dirigeants lorsqu'ils essayent d'utiliser au maximum les ressources et de " comptrôler " l'entreprise.
  • Les améliorations des flux de valeur sont dirigées par des équipes d'experts fonctionnels (ou par des consultants) qui habituellement ne voient pas la totalité du flux de valeur, les besoins les plus pressants du client ni les besoins commerciaux les plus pressants de l'entreprise. Ils utilisent les outils qu'ils maîtrisent le mieux pour résoudre les problèmes qui semblent les plus faciles.
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  • La partie « Plan » est vraiment simple. Mais il est particulièrement important, car il permet de créer un consensus sur la manière dont se porte votre organisation, sur son « état actuel ». Otherwise the plan is based on illusion. Ceci signifie développer des mesures simples et visuelles de la performance actuelle que chacun peut voir et sur lesquels tous le monde est d’accord. Autrement, le plan est basé sur des illusions.
 
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Que peut apporter le "management lean" ? Voici trois éléments simples du management lean qui méritent d’être expérimentés.
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  • La partie « Do » réussira si le plan raconte une histoire simple et convaincante et que chaque élément du plan est facilement compréhensible par tous. La méthode A3 de Toyota qui décrit sur une feuille de papier unique le problème que chaque élément du plan aborde – et la manière dont l'organisation compte le résoudre – prend toute sa dimension une fois que chacun apprend à lire cette feuille A3. (J'ai été stupéfait de voir ce que l'analyse A3 a permis pour notre gestion de la chaîne de valeur au LEI et de voir également ce qu’elle a permis pour ce qui concerne ma capacité à communiquer à chacun sur ce que la direction du LEI est en train de faire)
 
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Faites en sorte que chaque flux de valeur soit sous la supervision d'un responsable de la totalité du flux, qui améliore constamment chaque aspect du process à la lumière des besoins des clients et de l'entreprise.
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  • La partie « Check » du plan est décisive et est ignorée de presque tous. Pourtant il n'est pas raisonnable de commencer à déployer un plan sans qu’il n’y ait une méthode standardisée pour mesurer les résultats et un engagement du management de les observer.
 
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La question que doit poser ce gestionnaire du flux de valeur est : "Comment puis-je satisfaire les clients tout en gagnant de l'argent en engageant toutes les énergies de nos employés pour améliorer ce flux de valeur ?"
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  • L’étape « Act » ou « Adjust » est également importante mais elle exige une méthode de résolution de problèmes efficace pour comprendre pourquoi le plan ne produit pas les résultats attendus (comme montré à l'étape « contrôle »). Même les organisations qui contrôlent leur progression sont souvent très mauvaises dans la phase « Adjust ». Pourtant presque aucun plan, même chez Toyota, ne produit exactement les résultats prévus. L'ajustement est inévitable et continu.
Chaque élément du plan a besoin d'un responsable de déploiement qui peut intervenir de manière transversale aux fonctions, voir l’ensemble et assumer la responsabilité d’obtenir un bon résultat. Cette personne est comme l'ingénieur en chef chez Toyota. Et la bonne nouvelle est que le fait de désigner un responsable du déploiement pour chaque élément du plan n'exige aucun ajustement dans l'organigramme. Le management du déploiement est simplement une tâche supplémentaire pour les senior managers désignés, et elle devient beaucoup plus facile avec l'expérience acquise sur plusieurs années.
 
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Notez bien que le gestionnaire du flux de valeur n'a pas besoin d'une équipe imposante ni d’autorité sur les employés au contact du flux de valeur. Au lieu de cela, il doit négocier avec les chefs de service sur les besoins du produit et aplanir toutes les différences en faisant directement appel aux dirigeants.
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Certaines organisations peuvent déployer des éléments de plan pour chaque chaîne de valeur de famille de produit, comme nous avons fait au LEI. Cependant, beaucoup d'organisations - bien plus que je ne l’avais imaginé jusque récemment - sont si instables dans leur processus partagés qu'il serait peut être mieux pour elles de commencer par des thèmes sur l’organisation élargie comme la qualité, la livraison, et les coûts, dans le but de créer une stabilité avant qu'elles ne passent à une approche par la chaîne de valeur.
 
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De même, aucun employé ne devrait avoir plus d'un patron. Un bon système de gestion de flux de valeur donne à chaque subordonné un chef dans son département, qui a déterminé en discutant avec le manager du flux de valeur ce que ce département doit faire pour soutenir le flux de valeur. Ceci évite les matrices complexes dans lesquelles les employés ont (au moins) deux chefs.
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Peut-être le plus important : tout est une question de personnes. J'ai récemment réfléchi au concept de qualité de Toyota, l’« autonomation », ou jidoka, qu'ils décrivent comme « l’automatisation avec une touche humaine ». Ceci signifie que les employés sont impliqués activement, à chaque niveau, pour s’assurer que les processus technologiques – quel que soit leur niveau de complexité – fonctionnent correctement pour produire un bon résultat à chaque fois. J’ai réalisé que le déploiement de stratégie tel qu’il doit être pratiqué est similaire. Ce n'est pas un exercice de logique froide, fait une fois et oublié ensuite. C’est plutôt un « hoshin kanri avec une touche humaine » dans lequel chacun au sein de l'organisation devient un scientifique participant à de continuelles expérimentations sur chaque élément du plan au moyen du PDCA.
 
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Au lieu de développer des indicateurs complexes, demandez aux gestionnaires du flux de valeur comment ils amélioreront les processus créateurs de valeur qu'ils supervisent.

Si les managers se concentrent sur leurs processus, les indicateurs de performance seront au vert ; mais si les managers se concentrent sur leurs indicateurs, le processus ne s'améliorera probablement jamais. Et notez que les indicateurs ne sont rien de plus que du contrôle final : à la fin du trimestre ou à la fin de l'année tout le monde se retourne pour voir ce qui s'est passé, à un point très en aval des erreurs qui ont été faites.

Enseignez à tous les managers la manière de poser des questions sur leurs flux de valeur (plutôt que de donner des réponses et des ordres depuis les niveaux supérieurs.) Transformez ces questions en expérimentations utilisant la méthode PDCA (préparer, expérimenter, valider, modifier).

Seul un management scientifique qui s’appuie sur une expérimentation continuelle pour répondre aux problèmes permet de produire des améliorations pérennes dans les flux de valeur. (Le A3 Toyota est un outil merveilleux de management pour faire utiliser l'approche scientifique et je vous en dirai plus à ce propos dans les mois à venir.)

Comprenez-moi bien : les outils lean sont formidables. Nous tous devons les maîtriser et les déployer, et nos efforts des quinze dernières années ne sont pas vains. Mais, tout comme un charpentier a besoin d'un plan de ce qu'il construit pour tirer le maximum de son marteau, nous avons besoin d'une vision claire de nos objectifs organisationnels et de meilleures méthodes de management avant d'employer nos outils lean.

Le management lean est la clef pour faire cela. Nous n’en connaissons pas encore tous les éléments, mais les découvrir et les mettre en œuvre est le défi que nous devons tous attaquer dans la prochaine étape du mouvement lean.

  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour sa participation à cette traduction.
 
Line: 65 to 47
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (60 - 2007-01-12 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
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La Lettre de Jim Womack en version française


 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (59 - 2006-12-07 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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Produit Intérieur Brut contre Gaspillage Intérieur Brut (23 octobre 2006)

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Des Outils lean au management Lean (21 novembre 2006)

 
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J'ai toujours été fasciné par la façon dont les humains comptent, et plus particulièrement par la manie qu’ils semblent avoir de toujours compter ce qui ne devrait pas compter. Récemment, je me suis intéressé à la manière dont est calculé le Produit Intérieur Brut (PIB) américain. Selon le gouvernement des Etats-Unis, le PIB a augmenté de 2,6% au deuxième trimestre 2006, après avoir connu une augmentation de 5,8% sur le premier trimestre. Les économistes nous gratifient alors de commentaires qui laissent à penser que c'est une bonne chose. Nous produisons plus par habitant, ce qui signifie que la production nationale augmente plus rapidement que la population. Mais la croissance a récemment ralenti pour atteindre un niveau soutenable sans déclencher d'inflation.
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Cela fait maintenant vingt-sept ans que je réfléchis aux défis que pose la transformation lean, depuis que j'ai commencé à étudier Toyota dans le cadre du projet Global Automotive du MIT en 1979. Cela finit par faire longtemps et, durant cette période, j'ai vu la réflexion Lean progresser en plusieurs étapes.
 
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Les gouvernements de tous les pays de la Terre font ce même type de calcul en adoptant le même raisonnement. Le point de vue général est que la croissance du PIB est une bonne chose, point trait !
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Dans les premiers temps, l'obsession était de faire la part de ce qui était spécifique à une culture nationale. Est-ce que quiconque hors du Japon pouvait adopter la réflexion Lean ? Et même, en-dehors de Toyota ? Et il y avait beaucoup de confusion à propos des éléments constitutifs du lean. Concernait-il uniquement l'usine ? S'appliquait-il au contraire à chaque aspect de l'entreprise, du développement de produits au management de la chaîne logistique, en passant par les relations commerciales et le management ? Dans La Machine qui va changer le monde, en 1990, Dan Jones, Dan Roos et moi-même avons démontré que le mode de réflexion Lean est adaptable à chaque société, n'importe où dans le monde, mais que la puissance du système ne se révèle que lorsqu’elle est appliquée dans tous les secteurs de l'entreprise.
 
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Mais pour les penseurs lean, cela devrait au contraire être le début de la discussion. Le PIB prend simplement en compte l’ensemble de l'activité économique. Toutes les biens produits ou les services fournis sont considérés comme du « produit » à condition que quelqu'un les paye.
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Au fur et à mesure que ce point de vue a été de plus en plus accepté, les regards se sont tournés sur la manière dont les entreprises pouvaient évoluer du paradigme de la production de masse au Lean. Etant donné l'ampleur de la tâche et ses nombreuses dimensions, il est compréhensible que les outils lean vinrent au premier plan : 5S, SMED, 5 Pourquoi, coûts-cibles, ingénierie simultanée et comparative, cartes de flux de valeur, kanban, kaizen. En fait, je pense que la période qui commence au début des années 1990 et dans laquelle nous sommes encore est "l'ère de l'outil" du mouvement lean.
 
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De ce fait, l’explosion de la croissance des services en ligne et des centres d’appel pour aider les consommateurs à utiliser les produits qu’ils ne savent pas installer, qui ne fonctionnent pas avec leurs autres produits, ou simplement qui ne marchent pas, contribue à la croissance du Produit Intérieur Brut. Il en va de même pour le rappel des produits défectueux. Et il en va de même pour les nouveaux lieux d’entreposage de stocks inutiles. Que pensez-vous de la construction d’immenses aéroports pour transporter des passagers à qui l’on impose une escale à un point C alors qu’ils souhaitent juste aller directement d’un point A à un point B ? Que pensez vous également des dépenses engagées dans les gigantesques centres médicaux pour faire attendre des patients qui attendent la prochaine étape dans leur traitement dans un flux engorgé ? Tout cela contribue à augmenter le Produit Intérieur Brut !
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La séduction des outils vient du fait qu'ils peuvent être appliqués à de nombreux domaines de l'entreprise, souvent par des équipes d'amélioration internes ou par des consultants externes. Mieux encore, ils peuvent être appliqués isolément, sans s'attaquer à la rude tâche de transformer l'entreprise et le regard porté sur les méthodes de management. Je dis souvent que les dirigeants essayeront n'importe quoi de facile mais qui ne marche pas, avant d'essayer n'importe quoi de difficile mais qui fonctionne, et ceci pourrait être un résumé honnête de ce qui s'est passé pendant l'ère de l'outil.
 
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Clairement le problème ici est que la mesure de ce qui est appellé « Produit » mélange deux choses très différentes : la valeur et le gaspillage. Ce dont nous avons vraiment besoin est de mesurer le PIB (calculé sur la base de l’ensemble des « produits » qui créent réellement de la valeur au sens où celle-ci est perçue par le consommateur) et de le comparer au Gaspillage Intérieur Brut (que nous pourrions également apellé le PDG, le Produit Intérieur Gaspillé). Nous voulons que le premier augmente mais nous voulons que le dernier disparaisse.
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Au cours des quinze dernières années, nous avons tous appris énormément de choses à propos de nombreux outils lean. Nous avons aussi étudié comment les utiliser et nous avons eu des résultats encourageants. Mais nous sommes cependant loin d'avoir créé un second Toyota, encore moins un troisième, quatrième, ou cinquième ! A contrario, l'approche managériale de la production de masse – telle que perfectionnée par Alfred Sloan chez General Motors dans les années 1920 – s’est généralisée avec un grand succès dans un laps de temps très court après qu’elle ait démontré de sa supériorité.
 
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Ce problème comptable a en fait deux dimensions supplémentaires. D’une part, même dans le cas de biens qui créent vraiment de la valeur pour le consommateur- imaginons un nouvel ordinateur qui fonctionnerait sans avoir besoin d’appeler un centre d’appel – les processus pour le concevoir, le fabriquer et le livrer sont un mélange de valeur et de gaspillage. Par exemple, assembler les pièces est une action qui crée de la valeur tandis que retoucher le produit fini dans l'usine jusqu’à réussir à faire en sorte que tout fonctionne correctement constitue un gaspillage. Mais le consommateur doit payer à la fois pour la valeur et pour le gaspillage.
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Heureusement, je commence à voir des signes que le mouvement lean s'attaque aux points fondamentaux du management lean. J'ai eu récemment de nombreuses conversations dans de nombreux pays – les Etats-Unis, l'Allemagne, la Chine – avec des cadres dirigeants qui réalisent qu'ils doivent se pencher sur management lean avant de s’atteler aux outils lean.
 
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La deuxième dimension est que des externalités imposées à l'environnement par les processus de création de valeur sont actuellement comptabilisées en tant que produit économique. Par exemple, une étude récente menée par le ministère de l'environnement du gouvernement chinois a estimé que sur les 10 % d’augmentation du Produit Intérieur Brut chinois, 3% ont en fait été dépensé pour essayer de traiter les dommages environnementaux causés sur la santé humaine et l'agriculture et provoqués par les autres 7% ! Dans ce cas, les « internalités », sous forme de marchandises et de services produits pour les consommateurs, sont confondus avec les externalités : le fardeau de leur production sur l'environnement. Tous les deux sont comptabilisés dans le PIB.
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A quoi fais-je allusion en parlant de "management lean" ? Laissez-moi vous en dire quelques mots en partant d’observations générales sur l'entreprise et le management :
 
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Nous sommes tous familiers des étiquettes sur les produits qui nous indiquent quelle est la proportion du produit fabriquée sur le territoire national, quelle est la proportion du produit faite à l’aide de produits recyclés, quelle est la proportion du produit en graisse, en protéine, en hydrate de carbone, etc. Que penseriez-vous d’étiquettes qui nous informeraient sur le nombre d’étape qu’il a fallu pour créer la valeur et sur le nombre d’étape qui sont du gaspillage du point de vue du consommateur ? C'est-à-dire, une comptabilisation des étapes que le client est content de payer comparées à celles que le client est forcé de payer en raison de la mauvaise conception ou de la mauvaise performance des processus mobilisés pour la production du produit ? Et que penseriez-vous d’étiquettes « vertes » qui montreraient les coûts sur l'environnement qui doivent être soustraits de la valeur du produit ?
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  • Toute la valeur créée dans une entreprise est le résultat final d'une longue séquence d'étapes – un flux de valeur. Ces étapes doivent être conduites correctement dans le bon ordre et au bon moment.
  • Fournir la valeur adéquate au client au bon moment et au juste coût pour l'entreprise est la clef de la survie et de la prospérité.
  • Le flux de valeur vers le client est horizontal, à travers l'entreprise.
  • Toutes les entreprises – y compris Toyota – sont organisées verticalement par services (industrialisation, achats, production, ventes, etc.). Elles le resteront toujours car c'est la meilleure façon de créer et de conserver du savoir et la façon la plus pratique de diriger les carrières.
  • Quelqu'un doit observer, diriger, et améliorer le processus horizontal complet de la création de valeur pour le client, du concept au lancement, de la commande à la livraison en passant par la production, et après la livraison tout au long du cycle de vie du produit.
  • Dans la plupart des entreprises, personne n'est vraiment responsable du flux horizontal de valeur par famille de produits, quoiqu'en pensent les cadres dirigeants. Le produit est un orphelin organisationnel.
  • Dans la plupart des entreprises les managers à chaque niveau sont évalués sur la réalisation des objectifs de leur service. Tels sont les indicateurs – habituellement financiers – définis par les cadres dirigeants lorsqu'ils essayent d'utiliser au maximum les ressources et de " comptrôler " l'entreprise.
  • Les améliorations des flux de valeur sont dirigées par des équipes d'experts fonctionnels (ou par des consultants) qui habituellement ne voient pas la totalité du flux de valeur, les besoins les plus pressants du client ni les besoins commerciaux les plus pressants de l'entreprise. Ils utilisent les outils qu'ils maîtrisent le mieux pour résoudre les problèmes qui semblent les plus faciles.
 
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En réalité, tout cela serait absurde si ce n’était qu’un exercice comptable supplémentaire. À moins que les gaspillages soient réellement évités, ce type de comptabilisation ne serait bon qu’à produire davantage de muda.
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Que peut apporter le "management lean" ? Voici trois éléments simples du management lean qui méritent d’être expérimentés.
 
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Ce que je propose à la place, c’est que les penseurs lean aident les autres (ceux qui ont moins de vision lean) à voir que la croissance est une bonne chose mais seulement la croissance de la valeur, pas la croissance des gaspillages. Et ainsi j'espère que nous tous réexaminerons chaque processus que nous touchons pour distinguer clairement ce qui est de la valeur et ce qui est du gaspillage. Ceci n’est naturellement qu’un préalable nécessaire. La valeur de l'exercice se situe dans l’élimination des gaspillages, pas dans sa comptabilisation.
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Faites en sorte que chaque flux de valeur soit sous la supervision d'un responsable de la totalité du flux, qui améliore constamment chaque aspect du process à la lumière des besoins des clients et de l'entreprise.
 
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Mon espoir ultime est qu'un jour notre méthode actuelle de comptabilisation du Produit Intérieur Brut devienne parfaitement fiable même si nous ne la changeons pas. Nous compterons alors vraiment la croissance de Valeur Intérieure Brute, quelle que soit le nom que nous lui donnerons, parce que nous aurons enlevé le Gaspillage Intérieur Brut.
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La question que doit poser ce gestionnaire du flux de valeur est : "Comment puis-je satisfaire les clients tout en gagnant de l'argent en engageant toutes les énergies de nos employés pour améliorer ce flux de valeur ?"

Notez bien que le gestionnaire du flux de valeur n'a pas besoin d'une équipe imposante ni d’autorité sur les employés au contact du flux de valeur. Au lieu de cela, il doit négocier avec les chefs de service sur les besoins du produit et aplanir toutes les différences en faisant directement appel aux dirigeants.

De même, aucun employé ne devrait avoir plus d'un patron. Un bon système de gestion de flux de valeur donne à chaque subordonné un chef dans son département, qui a déterminé en discutant avec le manager du flux de valeur ce que ce département doit faire pour soutenir le flux de valeur. Ceci évite les matrices complexes dans lesquelles les employés ont (au moins) deux chefs.

Au lieu de développer des indicateurs complexes, demandez aux gestionnaires du flux de valeur comment ils amélioreront les processus créateurs de valeur qu'ils supervisent.

Si les managers se concentrent sur leurs processus, les indicateurs de performance seront au vert ; mais si les managers se concentrent sur leurs indicateurs, le processus ne s'améliorera probablement jamais. Et notez que les indicateurs ne sont rien de plus que du contrôle final : à la fin du trimestre ou à la fin de l'année tout le monde se retourne pour voir ce qui s'est passé, à un point très en aval des erreurs qui ont été faites.

Enseignez à tous les managers la manière de poser des questions sur leurs flux de valeur (plutôt que de donner des réponses et des ordres depuis les niveaux supérieurs.) Transformez ces questions en expérimentations utilisant la méthode PDCA (préparer, expérimenter, valider, modifier).

Seul un management scientifique qui s’appuie sur une expérimentation continuelle pour répondre aux problèmes permet de produire des améliorations pérennes dans les flux de valeur. (Le A3 Toyota est un outil merveilleux de management pour faire utiliser l'approche scientifique et je vous en dirai plus à ce propos dans les mois à venir.)

Comprenez-moi bien : les outils lean sont formidables. Nous tous devons les maîtriser et les déployer, et nos efforts des quinze dernières années ne sont pas vains. Mais, tout comme un charpentier a besoin d'un plan de ce qu'il construit pour tirer le maximum de son marteau, nous avons besoin d'une vision claire de nos objectifs organisationnels et de meilleures méthodes de management avant d'employer nos outils lean.

Le management lean est la clef pour faire cela. Nous n’en connaissons pas encore tous les éléments, mais les découvrir et les mettre en œuvre est le défi que nous devons tous attaquer dans la prochaine étape du mouvement lean.

  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour sa participation à cette traduction.
 
Line: 41 to 65
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (58 - 2006-12-05 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Produit Intérieur Brut contre Gaspillage Intérieur Brut (23 octobre 2006)

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Produit Intérieur Brut contre Gaspillage Intérieur Brut (23 octobre 2006)

 

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (57 - 2006-11-07 - Main.GodefroyBeauvallet)
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META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Produit Intérieur Brut (PIB) contre Gaspillage Intérieur Brut (GIP) (23 octobre 2006)

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La dernière lettre : Produit Intérieur Brut contre Gaspillage Intérieur Brut (23 octobre 2006)

 

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (56 - 2006-11-07 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : La voie lean pour avancer chez Ford (19 septembre 2006)

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La dernière lettre : Produit Intérieur Brut (PIB) contre Gaspillage Intérieur Brut (GIP) (23 octobre 2006)

 
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J'ai réfléchi sur les gros titres de la presse au sujet du dernier recul de Ford concernant sa campagne "Way Forward". Je crois utile de réfléchir à l'histoire de l'approche lean chez Ford depuis 100 ans. L'histoire offre des leçons utiles pour notre approche lean quotidienne ainsi que sur les choix de Ford.
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J'ai toujours été fasciné par la façon dont les humains comptent, et plus particulièrement par la manie qu’ils semblent avoir de toujours compter ce qui ne devrait pas compter. Récemment, je me suis intéressé à la manière dont est calculé le Produit Intérieur Brut (PIB) américain. Selon le gouvernement des Etats-Unis, le PIB a augmenté de 2,6% au deuxième trimestre 2006, après avoir connu une augmentation de 5,8% sur le premier trimestre. Les économistes nous gratifient alors de commentaires qui laissent à penser que c'est une bonne chose. Nous produisons plus par habitant, ce qui signifie que la production nationale augmente plus rapidement que la population. Mais la croissance a récemment ralenti pour atteindre un niveau soutenable sans déclencher d'inflation.
 
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L'histoire est claire. Henry Ford fut le premier à avoir une approche lean.C'est au processus de création de valeur qu'il s'est intéressé, plutôt qu'aux actifs ou à la firme. Et il fut le premier à bien visualiser le flux de valeur du début à la fin, de la conception au lancement et des matériaux au client. De plus, Ford a été le plus féroce ennemi du gaspillage, à l'exception peut-être de Taiichi Ohno de Toyota -- qui explique qu'il a beaucoup appris de la lecture des livres de Henry Ford.
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Les gouvernements de tous les pays de la Terre font ce même type de calcul en adoptant le même raisonnement. Le point de vue général est que la croissance du PIB est une bonne chose, point trait !
 
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Ford a insisté sans relâche sur le besoin d'analyser chaque étape de chaque processus pour voir s'il y a de la valeur créée et trouver une façon de l'améliorer. Sinon l'étape doit être supprimée. C'est la plus grande critique faite par Ford à Frederick Taylor et à l'organisation scientifique du travail : pourquoi, demandait Ford, Taylor était-il si obsédé à faire travailler les gens plus durement et plus efficacement pour effectuer des tâches qui n'étaient en fait pas nécessaires dès lors que le travail était organisé dans la bonne séquence ? Enfin, lorsque les étapes inutiles sont éliminées, il est temps d'organiser les autres en flux.
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Mais pour les penseurs lean, cela devrait au contraire être le début de la discussion. Le PIB prend simplement en compte l’ensemble de l'activité économique. Toutes les biens produits ou les services fournis sont considérés comme du « produit » à condition que quelqu'un les paye.
 
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Dès 1914 à l'usine de Highland Park, Ford avait rassemblé la plupart des étapes de la fabrication de son produit -- le Modèle T -- dans un seul bâtiment et avait créé des flux presque continus pour bon nombre d'aspects des opérations, en utilisant des cellules de fabrication pour les composants en plus de la chaîne d'assemblage automatisée finale. Il avait même imaginé un système de pull très primitif, où des "chasseurs de pénurie" vérifiaient le niveau des inventaires à chaque point d'assemblage le long de la chaîne et faisaient passer l'information aux zones de fabrication. Cela accélérait les processus amonts qui avait pris du retard et faisait ralentir ceux qui étaient en avance.
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De ce fait, l’explosion de la croissance des services en ligne et des centres d’appel pour aider les consommateurs à utiliser les produits qu’ils ne savent pas installer, qui ne fonctionnent pas avec leurs autres produits, ou simplement qui ne marchent pas, contribue à la croissance du Produit Intérieur Brut. Il en va de même pour le rappel des produits défectueux. Et il en va de même pour les nouveaux lieux d’entreposage de stocks inutiles. Que pensez-vous de la construction d’immenses aéroports pour transporter des passagers à qui l’on impose une escale à un point C alors qu’ils souhaitent juste aller directement d’un point A à un point B ? Que pensez vous également des dépenses engagées dans les gigantesques centres médicaux pour faire attendre des patients qui attendent la prochaine étape dans leur traitement dans un flux engorgé ? Tout cela contribue à augmenter le Produit Intérieur Brut !
 
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Tout aussi remarquable, fut le fait que Ford a conçu son Modèle T en seulement trois mois dans une seule pièce avec un petit groupe d'ingénieurs sous sa supervision directe, ce qui a constitué sans aucun doute un modèle d'approche lean durant des décennies.
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Clairement le problème ici est que la mesure de ce qui est appellé « Produit » mélange deux choses très différentes : la valeur et le gaspillage. Ce dont nous avons vraiment besoin est de mesurer le PIB (calculé sur la base de l’ensemble des « produits » qui créent réellement de la valeur au sens où celle-ci est perçue par le consommateur) et de le comparer au Gaspillage Intérieur Brut (que nous pourrions également apellé le PDG, le Produit Intérieur Gaspillé). Nous voulons que le premier augmente mais nous voulons que le dernier disparaisse.
 
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Puis tout cela s'est perdu. L'étendue du contrôle de Ford sur la gestion de Highland Park a été remarquablement large car il pouvait facilement se déplacer pour voir les conditions de travail de chaque processus, dans la conception, l'assemblage et la fabrication. Et il pouvait former une cohorte de managers pour voir ce qu'il voyait et éliminer plus de gaspillage. Pas besoin de mesure abstraite des performances.
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Ce problème comptable a en fait deux dimensions supplémentaires. D’une part, même dans le cas de biens qui créent vraiment de la valeur pour le consommateur- imaginons un nouvel ordinateur qui fonctionnerait sans avoir besoin d’appeler un centre d’appel – les processus pour le concevoir, le fabriquer et le livrer sont un mélange de valeur et de gaspillage. Par exemple, assembler les pièces est une action qui crée de la valeur tandis que retoucher le produit fini dans l'usine jusqu’à réussir à faire en sorte que tout fonctionne correctement constitue un gaspillage. Mais le consommateur doit payer à la fois pour la valeur et pour le gaspillage.
 
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Cependant comme l'entreprise se développait la méthode de management de Ford est devenue impraticable. Mais par quoi la remplacer ? Ford lui-même semble ne pas avoir eu de réponse, sauf relier chaque étape par des tapis roulants comme il a tenté de le faire au grand complexe Rouge achevé dans les années 1920. Durant les année 1930 l'ensemble de la Ford Motor Company était en un sens un seul processus lié. (Ohno, bien sûr, a réalisé que les longs tapis roulants dirigés de façon centralisée constituent en fait un système de push, pas de pull, mais ce fut bien plus tard). Cela voulait-il dire que dans l'esprit du fondateur la firme n'avait besoin que d'un seul manager -- Ford lui-même -- alors qu'elle devenait la plus grande entreprise industrielle du monde ?
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La deuxième dimension est que des externalités imposées à l'environnement par les processus de création de valeur sont actuellement comptabilisées en tant que produit économique. Par exemple, une étude récente menée par le ministère de l'environnement du gouvernement chinois a estimé que sur les 10 % d’augmentation du Produit Intérieur Brut chinois, 3% ont en fait été dépensé pour essayer de traiter les dommages environnementaux causés sur la santé humaine et l'agriculture et provoqués par les autres 7% ! Dans ce cas, les « internalités », sous forme de marchandises et de services produits pour les consommateurs, sont confondus avec les externalités : le fardeau de leur production sur l'environnement. Tous les deux sont comptabilisés dans le PIB.
 
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Quoi qu'il en soit, le système s'effondrait dans les années 1930 tandis que Ford tentait de produire plusieurs produits avec plusieurs options dans des marchés en perpétuelle évolution. Seules les impressionnantes réserves de liquidités conservées de l'époque du Modèle T ont permis à la firme de tenir jusqu'à l'arrivée de Henry Ford II en 1945.
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Nous sommes tous familiers des étiquettes sur les produits qui nous indiquent quelle est la proportion du produit fabriquée sur le territoire national, quelle est la proportion du produit faite à l’aide de produits recyclés, quelle est la proportion du produit en graisse, en protéine, en hydrate de carbone, etc. Que penseriez-vous d’étiquettes qui nous informeraient sur le nombre d’étape qu’il a fallu pour créer la valeur et sur le nombre d’étape qui sont du gaspillage du point de vue du consommateur ? C'est-à-dire, une comptabilisation des étapes que le client est content de payer comparées à celles que le client est forcé de payer en raison de la mauvaise conception ou de la mauvaise performance des processus mobilisés pour la production du produit ? Et que penseriez-vous d’étiquettes « vertes » qui montreraient les coûts sur l'environnement qui doivent être soustraits de la valeur du produit ?
 
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Mais quel système de management doit-il imposer dans un tel chaos ? Henry Ford II a lu le classique de Peter Drucker de 1946, The Concept of the Corporation, qui défendait le système de General Motors, et a rapidement remodelé Ford à l'image de GM.
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En réalité, tout cela serait absurde si ce n’était qu’un exercice comptable supplémentaire. À moins que les gaspillages soient réellement évités, ce type de comptabilisation ne serait bon qu’à produire davantage de muda.
 
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Quelle différence ! Henry Ford avait géré en pratiquant le terrain pour tout inspecter des processus de création de valeur. Les cadres de General Motors gèrent en analysant des abstractions financières. Par exemple utilisation des actifs (normalisés pour le volume des ventes), jours d'inventaires, coût des non-qualités, etc. Heures d'ingénierie disponibles pour la conception des produits. Les gestionnaires étaient ensuite récompensé pour atteindre des objectifs numériques en utilisant des méthodes développées par des équipes d'experts que les managers comprenaient rarement. Une bonne manière d'atteindre la plupart de ces objectifs quantitatifs est alors de produire en lots de fort volume pour obtenir un taux d'utilisation des actifs élevé combiné à un faible coût par étape isolée. Le processus de création de valeur de bout en bout -- qui aparaissait si clairement à Henry Ford -- fut petit à petit perdu de vue.
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Ce que je propose à la place, c’est que les penseurs lean aident les autres (ceux qui ont moins de vision lean) à voir que la croissance est une bonne chose mais seulement la croissance de la valeur, pas la croissance des gaspillages. Et ainsi j'espère que nous tous réexaminerons chaque processus que nous touchons pour distinguer clairement ce qui est de la valeur et ce qui est du gaspillage. Ceci n’est naturellement qu’un préalable nécessaire. La valeur de l'exercice se situe dans l’élimination des gaspillages, pas dans sa comptabilisation.
 
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Bientôt les cadres de Ford, par l'utilisation des mesures financières développées par le tsar de la finance J. Edward Lundy, furent encore plus rigoureux dans l'analyse des performances de leur domaine de responsabilité que les cadres de GM eux-même. Robert McNamara et les Whiz Kids en étaient exemplaires. Et Ford a amélioré sa compétitivité comme clône de GM, gagnant durablement la place de second dans l'industrie automobile.

De plus, vers la fin des années 1940 Ford était l'une des trois firmes automobiles américaines à utiliser le même système de gestion dans la même ville avec le même syndicat. Avec des barrières à l'entrée élevées du fait des investissements nécessaires, une ère de stabilité remarquable s'est installée pour près de quarante ans, jusqu'au succès des usines japonaises transplantées aux États-Unis à la fin des années 1980.

Lorsqu'il est soudainement apparu à ce moment que les firmes japonaises leader -- Toyota, suivi de Honda -- mettaient en oeuvre un système de gestion différent, il fut très difficile pour Ford de répondre.

À la fin des années 1980, quand que Dan Jones, Dan Roos et moi avons écrit The Machine that Changed the World , nous avons montré que Ford avait appliqué un certain nombre de techniques lean dans ses opérations et améliorait sa productivité. Nous en avons conclu qu'au moins une firme américaine appliquait les principes lean avec de bons résultats.

Ce que nous ne pouvions pas rapporter, parce qu'il n'existait pas de façon de le mesurer, c'était l'état du système de gestion. Et là, pas grand chose n'avait changé. Les gestionnaires de Ford manipulaient toujours des abstractions et la conscience du terrain de la Ford Motor Company originelle était perdue. Pire, dans le développement des produits et les processus de gestion des fournisseurs, rien n'avait changé du tout.

Mais Ford allait encore avoir du succès dans son marché intérieur pendant 20 ans en développant de gros pickup et autres 4x4. Il s'agissait essentiellement de voitures destinées aux États-Unis, bien adaptées aux routes larges et à des prix de l'énergie bas. Elles pouvaient être talonnées seulement par Toyota et ses émules japonais dès lors qu'ils concevaient des véhicules spécifiquement pour les États-Unis et localisaient la production en Amérique du Nord.

En 1997 j'ai reçu un appel de Jac Nasser, qui venait juste de prendre la direction des opérations automobiles de Ford en Amérique du Nord, peu avant de devenir PDG. Il m'a dit très directement que la série de pickup F100 Explorer étaient les seuls produits sérieusement rentables de Ford et qu'il avait calculé avoir quatre ans pour devenir aussi efficace que Toyota. Sinon, les gros pickups et les 4x4 seraient copiés par les firmes à moindre coût et meilleure qualité et Ford serait en phase de déclin finale. "Donc, comment Ford peut-il devenir Toyota en quatre ans ?", m'a-t-il demandé.

Nous nous sommes assis pour discuter de ce que cela voulait dire -- changer du tout au tout le système de gestion des fournisseurs, de développement des produits, de la production, et ce que les managers ont à faire -- et il a rapidement conclu que ce serait trop compliqué. Il a donc changé la mesure de la performance des managers, licencié les managers qui réussissaient le moins d'après ces mesures, et exprimenté la vente de voitures sur le Web. On ne m'a pas demandé de revenir, et je n'en avais aucune envie.

Ford a en fait survécu cinq ans de plus que la date pronostiquée par Nasser - mais pas avec Nasser comme PDG - pour arriver à la crise actuelle. Mais mes recommandations au nouveau PDG de Ford Alan Mulally sont identiques : repenser complètement le système de gestion des fournisseurs, de développement des produits, de production avec une attention spéciale à la gestion des informations. (On peut encore apprendre beaucoup de la filiale de Ford Mazda, qui est devenu une efficace filleule de Toyota après une crise en 1973). Surtout, repenser radicalement ce que font les managers et comment ils le font de manière à retrouver la conscience du terrain qui a conduit Ford à la domination mondiale. En bref, Ford doit se réinventer une fois de plus, cette fois à l'image de la companie qui a originellement copié le modèle de Ford : Toyota.

De plus, il faut finir de repenser le contrat social pour que Ford devienne une firme normale (pas un oligopole) dans une ville normale (où le travail ne vient pas d'un seul fournisseur) qui évolue dans un marché global. Enfin, repenser la stratégie de la marque pour se débarrasser des gammes qui ne gagnent jamais d'argent -- Mercury, Jaguar, peut-être également Lincoln ? -- tout en se focalisant sur le reste des marques où il existe une vraie demande des consommateurs -- des véhicules sophistiqués, sans soucis, de toutes les gammes de prix. (Une clé : combler le grand écart entre la firme et le client pour fournir de la mobilité sans soucis sur une base continue à des utilisateurs-partenaires, plutôt que de vendre des voitures à des étrangers lors de transactions bien cernées.)

Qui sait si ceci est faisable dans le temps qui reste, mais c'est la voie lean pour avancer. Ce serait tragique que l'inventeur de l'approche lean s'effondre finalement faute d'avoir sû tirer les leçons lean de son meilleur élève.

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Mon espoir ultime est qu'un jour notre méthode actuelle de comptabilisation du Produit Intérieur Brut devienne parfaitement fiable même si nous ne la changeons pas. Nous compterons alors vraiment la croissance de Valeur Intérieure Brute, quelle que soit le nom que nous lui donnerons, parce que nous aurons enlevé le Gaspillage Intérieur Brut.
  Cordialement,

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (55 - 2006-11-07 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (54 - 2006-09-27 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Penser de bout en bout (11 août 2006)

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La dernière lettre : La voie lean pour avancer chez Ford (19 septembre 2006)

 
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Un flux de valeur démarre de matériau brut et chemine jusqu'au consommateur final. Et la valeur pour le client n'est délivrée qu'à la toute fin du processus.
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J'ai réfléchi sur les gros titres de la presse au sujet du dernier recul de Ford concernant sa campagne "Way Forward". Je crois utile de réfléchir à l'histoire de l'approche lean chez Ford depuis 100 ans. L'histoire offre des leçons utiles pour notre approche lean quotidienne ainsi que sur les choix de Ford.
 
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Dans beaucoup d'industries de services, le matériau est bien sûr constitué d'information plutôt que de molécules - par exemple les données d'un formulaire traité par une société d'assurance. Mais la situation est la même. La valeur n'est délivrée qu'à la toute fin du flux.
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L'histoire est claire. Henry Ford fut le premier à avoir une approche lean.C'est au processus de création de valeur qu'il s'est intéressé, plutôt qu'aux actifs ou à la firme. Et il fut le premier à bien visualiser le flux de valeur du début à la fin, de la conception au lancement et des matériaux au client. De plus, Ford a été le plus féroce ennemi du gaspillage, à l'exception peut-être de Taiichi Ohno de Toyota -- qui explique qu'il a beaucoup appris de la lecture des livres de Henry Ford.
 
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On voit aujourd'hui beaucoup de progrès dans l'application des principes lean à des segments isolés de la chaîne de valeur à l'intérieur de l'entreprise. Mais l'optimisation de toute la chaîne y compris entre les entreprises -- afin de résoudre réellement les problèmes du client tout en contribuant au développement des organisationsimpliquées -- semble à un stade moins avancé.
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Ford a insisté sans relâche sur le besoin d'analyser chaque étape de chaque processus pour voir s'il y a de la valeur créée et trouver une façon de l'améliorer. Sinon l'étape doit être supprimée. C'est la plus grande critique faite par Ford à Frederick Taylor et à l'organisation scientifique du travail : pourquoi, demandait Ford, Taylor était-il si obsédé à faire travailler les gens plus durement et plus efficacement pour effectuer des tâches qui n'étaient en fait pas nécessaires dès lors que le travail était organisé dans la bonne séquence ? Enfin, lorsque les étapes inutiles sont éliminées, il est temps d'organiser les autres en flux.
 
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Prenons l'exemple des véhicules à moteur. Comme consommateurs, nous voulons uniquement un objet physique c'est-à-dire une voiture ou un camion. Mais le vrai problème est en général celui de la mobilité personnelle : nous souhaitons nous déplacer d'un endroit à l'autre à moindre frais et sans temps perdu. Ainsi, le processus d'achat d'un véhicule et ensuite d'entretien pendant sa durée de vie font partie intégrante de la chaîne de valeur. Cette chaîne complète doit lier le fabricant de voiture (conception et production) au concessionnaire (ventes et services).
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Dès 1914 à l'usine de Highland Park, Ford avait rassemblé la plupart des étapes de la fabrication de son produit -- le Modèle T -- dans un seul bâtiment et avait créé des flux presque continus pour bon nombre d'aspects des opérations, en utilisant des cellules de fabrication pour les composants en plus de la chaîne d'assemblage automatisée finale. Il avait même imaginé un système de pull très primitif, où des "chasseurs de pénurie" vérifiaient le niveau des inventaires à chaque point d'assemblage le long de la chaîne et faisaient passer l'information aux zones de fabrication. Cela accélérait les processus amonts qui avait pris du retard et faisait ralentir ceux qui étaient en avance.
 
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Je viens d'étudier les données de satisfaction client publiées par J.D. Power and Associates, par marque de véhicule, sur l'activité d'achat de voitures et de service des voitures aux États-Unis. J'ai comparé ces informations avec les données sur la satisfaction vis-à-vis du véhicule lui-même. Sans surprise, parmi les marques disponibles aux États-Unis, Toyota continue d'obtenir les meilleures notes en terme de satisfaction pour le véhicule. Sa marque Lexus était numéro 1 en 2006 alors que Toyota était numéro 4, malgré des problèmes de rappels de modèles chez le constructeur. Ces données concernent les problèmes avec le véhicule durant les trois premiers mois après l'achat, et les résultats sont proches si l'on étudie les problèmes sur trois ans. Ce sont les acheteurs de Lexus qui ont signalé le moins de problème, et la marque Toyota est 5e sur 37 dans ce classement.
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Tout aussi remarquable, fut le fait que Ford a conçu son Modèle T en seulement trois mois dans une seule pièce avec un petit groupe d'ingénieurs sous sa supervision directe, ce qui a constitué sans aucun doute un modèle d'approche lean durant des décennies.
 
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Mais l'expérience de service chez les concessionnaires Toyota - tel que rapportée par l'indice Power Consumer Service Index - est classée 27e parmi 37 marques (Lexus est numéro 1). Et l'expérience d'achat chez les concessionnaires Toyota - tel que rapportée par l'indice Power Sales Satisfaction Index - est classée 29e sur 37 (Lexus est numéro 2).
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Puis tout cela s'est perdu. L'étendue du contrôle de Ford sur la gestion de Highland Park a été remarquablement large car il pouvait facilement se déplacer pour voir les conditions de travail de chaque processus, dans la conception, l'assemblage et la fabrication. Et il pouvait former une cohorte de managers pour voir ce qu'il voyait et éliminer plus de gaspillage. Pas besoin de mesure abstraite des performances.
 
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Pire, comme Dan Jones et moi le signalons dans notre ouvrage récent, Lean Solutions (où nous utilisons les données collectées par l'Internet Car Distribution Programme), l'ensemble des 37 marques sont très mauvaises en termes de satisfaction des consommateurs à coût efficient. Ainsi, les revendeurs Toyota sont plutôt médiocres dans un domaine où personne n'est bon.
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Cependant comme l'entreprise se développait la méthode de management de Ford est devenue impraticable. Mais par quoi la remplacer ? Ford lui-même semble ne pas avoir eu de réponse, sauf relier chaque étape par des tapis roulants comme il a tenté de le faire au grand complexe Rouge achevé dans les années 1920. Durant les année 1930 l'ensemble de la Ford Motor Company était en un sens un seul processus lié. (Ohno, bien sûr, a réalisé que les longs tapis roulants dirigés de façon centralisée constituent en fait un système de push, pas de pull, mais ce fut bien plus tard). Cela voulait-il dire que dans l'esprit du fondateur la firme n'avait besoin que d'un seul manager -- Ford lui-même -- alors qu'elle devenait la plus grande entreprise industrielle du monde ?
 
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Au total, Toyota répond à la moitié des problèmes du consommateur en proposant des véhicules de haute qualité. Mais elle a encore du mal pour résoudre l'autre moitié, par l'amélioration de la chaîne de valeur de la vente et des services.
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Quoi qu'il en soit, le système s'effondrait dans les années 1930 tandis que Ford tentait de produire plusieurs produits avec plusieurs options dans des marchés en perpétuelle évolution. Seules les impressionnantes réserves de liquidités conservées de l'époque du Modèle T ont permis à la firme de tenir jusqu'à l'arrivée de Henry Ford II en 1945.
 
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Comment cela est-il possible ? Comment les performances de Toyota sur son plus gros marché, les États-Unis, peuvent-elles être si différentes de ses performances sur son marché domestique au Japon où l'expérience d'achat et de service Toyota sont légendaires pour leur excellente satisfaction clientèle ?
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Mais quel système de management doit-il imposer dans un tel chaos ? Henry Ford II a lu le classique de Peter Drucker de 1946, The Concept of the Corporation, qui défendait le système de General Motors, et a rapidement remodelé Ford à l'image de GM.
 
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Le cœur du problème, je pense, est que les revendeurs Toyota au Japon sont en partie la propriété de Toyota. Dès lors, appliquer l'approche lean aux processus de vente et de service est beaucoup plus facile : le revendeur doit réellement écouter. Dans le reste du monde, les concessionnaires automobiles, quelle que soit la marque et y compris Toyota, sont indépendants. Et, d'après mon expérience, la plupart des revendeurs automobiles -- pas uniquement ceux Toyota -- sont des "chasseurs". Ils se focalisent sur la vente à un bon prix et passent à la vente suivante. Il y a besoin au contraire d'"artisans" qui étudient avec attention leur processus de vente et de service pour répondre complètement à chaque problème rencontré par le consommateur tout au long de la vie du véhicule.
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Quelle différence ! Henry Ford avait géré en pratiquant le terrain pour tout inspecter des processus de création de valeur. Les cadres de General Motors gèrent en analysant des abstractions financières. Par exemple utilisation des actifs (normalisés pour le volume des ventes), jours d'inventaires, coût des non-qualités, etc. Heures d'ingénierie disponibles pour la conception des produits. Les gestionnaires étaient ensuite récompensé pour atteindre des objectifs numériques en utilisant des méthodes développées par des équipes d'experts que les managers comprenaient rarement. Une bonne manière d'atteindre la plupart de ces objectifs quantitatifs est alors de produire en lots de fort volume pour obtenir un taux d'utilisation des actifs élevé combiné à un faible coût par étape isolée. Le processus de création de valeur de bout en bout -- qui aparaissait si clairement à Henry Ford -- fut petit à petit perdu de vue.
 
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Le fait est que qu'en raison de la supériorité du produit qu'ils distribuent, les revendeurs Toyota peuvent se permettre de mal traiter le client. La combinaison d'une véhicule de haute qualité et de vente et services de mauvaise qualité -- ce qui fait au total l'expérience du consommateur -- reste compétitive sur le marché. De plus, la plupart des concessionnaires se trompent en pensant que créer d'exellentes conditions d'achat et de maintenance leur coûterait cher.
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Bientôt les cadres de Ford, par l'utilisation des mesures financières développées par le tsar de la finance J. Edward Lundy, furent encore plus rigoureux dans l'analyse des performances de leur domaine de responsabilité que les cadres de GM eux-même. Robert McNamara et les Whiz Kids en étaient exemplaires. Et Ford a amélioré sa compétitivité comme clône de GM, gagnant durablement la place de second dans l'industrie automobile.
 
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Les concessionnaires Lexus, en revanche, traitent leurs clients correctement. Mais ils semblent qu'ils y parviennent en dépensant plus en vente et services, plutôt qu'en créant des chaînes de valeur qui s'écoulent bien et coûtent peu. Avec un produit plus cher, ils peuvent se permettre des gaspillages dans leurs processus.
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De plus, vers la fin des années 1940 Ford était l'une des trois firmes automobiles américaines à utiliser le même système de gestion dans la même ville avec le même syndicat. Avec des barrières à l'entrée élevées du fait des investissements nécessaires, une ère de stabilité remarquable s'est installée pour près de quarante ans, jusqu'au succès des usines japonaises transplantées aux États-Unis à la fin des années 1980.
 
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Nous savons maintenant qu'il est faux de croire que de meilleurs ventes et services coûtent plus cher. En fait cela coûte moins cher, comme une meilleure qualité pour les produits. En effet, de gros gaspillages de temps et d'efforts pour les concessionnaires et leurs clients peuvent être éliminés par une analyse minutieuse des processus. Dan Jones et ses collègues de la Lean Enterprise Academy en Grande-Bretagne l'ont clairement démontré lors de leur travail avec le système de vente de voitures GFS au Portugal, où un tiers des coûts ont été supprimés alors que dans le même temps le niveau de satisfaction clientèle augmentait nettement.
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Lorsqu'il est soudainement apparu à ce moment que les firmes japonaises leader -- Toyota, suivi de Honda -- mettaient en oeuvre un système de gestion différent, il fut très difficile pour Ford de répondre.
 
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Les autres constructeurs rattrapent désormais les marques Toyota en ce qui concerne les non-qualités et la durée de vie des produits -- regardez par exemple les récents progrès de Hyundai -- et Toyota prend enfin des mesures pour perfectionner l'intégralité de sa chaîne de valeur y compris dans la relation client. Elle a récemement tenté des expérimentations auprès de cinq concessionnaires européens avec le "Toyota Retailling System" conçu pour appliquer les techniques du Toyota Production System à la vente et aux services. Au fur et à mesure de l'expérience accumulée dans ce domaine, Toyota espère étendre ce système aux revendeurs de par le monde.
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À la fin des années 1980, quand que Dan Jones, Dan Roos et moi avons écrit The Machine that Changed the World , nous avons montré que Ford avait appliqué un certain nombre de techniques lean dans ses opérations et améliorait sa productivité. Nous en avons conclu qu'au moins une firme américaine appliquait les principes lean avec de bons résultats.
 
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Je ne doute pas que Toyota fera des progrès, même si transformer des chasseurs en artisants constitue un sérieux défi. Mais quid du reste d'entre nous, de tous secteurs ? Presque toutes les firmes du monde dés-intégré d'aujourd'hui soit atteignent leurs clients via d'autres firmes, soit obtiennent les éléments dont elles ont besoin pour répondre aux besoins de leurs clients de plusieurs fournisseurs. Les clients -- vous et moi comme consommateurs -- s'intéressent uniquement à la valeur délivrée à la toute fin de la chaîne. Et nous ne voulons certainement pas écouter les plaintes des revendeurs, distributeurs, fabricants et autres fournisseurs expliquant leurs difficultés à coopérer pour résoudre nos problèmes.
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Ce que nous ne pouvions pas rapporter, parce qu'il n'existait pas de façon de le mesurer, c'était l'état du système de gestion. Et là, pas grand chose n'avait changé. Les gestionnaires de Ford manipulaient toujours des abstractions et la conscience du terrain de la Ford Motor Company originelle était perdue. Pire, dans le développement des produits et les processus de gestion des fournisseurs, rien n'avait changé du tout.
 
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Ainsi, le défi pour nous est désormais -- dans tous les secteurs -- d'entamer un dialogue entre les firmes pour discuter de l'optimisation des chaînes de valeur complètes. La meilleure approche consiste à tracer une carte fidèle de la chaîne de valeur complète avec tous ses goulots d'étranglement. Il faudra ensuite discuter sérieusement de la création de flux de valeur plus fluides et de haute qualité qui peuvent être du gagnant-gagnant-gagnant pour les entreprises, leurs fournisseurs et les clients, dès lors que tout le monde adopte une approche de bout en bout.
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Mais Ford allait encore avoir du succès dans son marché intérieur pendant 20 ans en développant de gros pickup et autres 4x4. Il s'agissait essentiellement de voitures destinées aux États-Unis, bien adaptées aux routes larges et à des prix de l'énergie bas. Elles pouvaient être talonnées seulement par Toyota et ses émules japonais dès lors qu'ils concevaient des véhicules spécifiquement pour les États-Unis et localisaient la production en Amérique du Nord.

En 1997 j'ai reçu un appel de Jac Nasser, qui venait juste de prendre la direction des opérations automobiles de Ford en Amérique du Nord, peu avant de devenir PDG. Il m'a dit très directement que la série de pickup F100 Explorer étaient les seuls produits sérieusement rentables de Ford et qu'il avait calculé avoir quatre ans pour devenir aussi efficace que Toyota. Sinon, les gros pickups et les 4x4 seraient copiés par les firmes à moindre coût et meilleure qualité et Ford serait en phase de déclin finale. "Donc, comment Ford peut-il devenir Toyota en quatre ans ?", m'a-t-il demandé.

Nous nous sommes assis pour discuter de ce que cela voulait dire -- changer du tout au tout le système de gestion des fournisseurs, de développement des produits, de la production, et ce que les managers ont à faire -- et il a rapidement conclu que ce serait trop compliqué. Il a donc changé la mesure de la performance des managers, licencié les managers qui réussissaient le moins d'après ces mesures, et exprimenté la vente de voitures sur le Web. On ne m'a pas demandé de revenir, et je n'en avais aucune envie.

Ford a en fait survécu cinq ans de plus que la date pronostiquée par Nasser - mais pas avec Nasser comme PDG - pour arriver à la crise actuelle. Mais mes recommandations au nouveau PDG de Ford Alan Mulally sont identiques : repenser complètement le système de gestion des fournisseurs, de développement des produits, de production avec une attention spéciale à la gestion des informations. (On peut encore apprendre beaucoup de la filiale de Ford Mazda, qui est devenu une efficace filleule de Toyota après une crise en 1973). Surtout, repenser radicalement ce que font les managers et comment ils le font de manière à retrouver la conscience du terrain qui a conduit Ford à la domination mondiale. En bref, Ford doit se réinventer une fois de plus, cette fois à l'image de la companie qui a originellement copié le modèle de Ford : Toyota.

De plus, il faut finir de repenser le contrat social pour que Ford devienne une firme normale (pas un oligopole) dans une ville normale (où le travail ne vient pas d'un seul fournisseur) qui évolue dans un marché global. Enfin, repenser la stratégie de la marque pour se débarrasser des gammes qui ne gagnent jamais d'argent -- Mercury, Jaguar, peut-être également Lincoln ? -- tout en se focalisant sur le reste des marques où il existe une vraie demande des consommateurs -- des véhicules sophistiqués, sans soucis, de toutes les gammes de prix. (Une clé : combler le grand écart entre la firme et le client pour fournir de la mobilité sans soucis sur une base continue à des utilisateurs-partenaires, plutôt que de vendre des voitures à des étrangers lors de transactions bien cernées.)

Qui sait si ceci est faisable dans le temps qui reste, mais c'est la voie lean pour avancer. Ce serait tragique que l'inventeur de l'approche lean s'effondre finalement faute d'avoir sû tirer les leçons lean de son meilleur élève.

  Cordialement,

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (53 - 2006-09-27 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (52 - 2006-09-27 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (51 - 2006-09-07 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Mura, Muri, Muda ? (6 juillet 2006)

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La dernière lettre : Penser de bout en bout (11 août 2006)

 
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Il y a vingt ans ce mois-ci, lors de la naissance de ma première fille, les jeune gens dont je supervisais les travaux au programme International Motor Vehicle du MIT se sont précipités pour lui acheter un cadeau. Ils sont revenus peu après avec un T-shirt rose qui arborait le message « Muda, Mura, Muri ».
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Un flux de valeur démarre de matériau brut et chemine jusqu'au consommateur final. Et la valeur pour le client n'est délivrée qu'à la toute fin du processus.
 
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Ma femme était perplexe — « est-ce là leur manière de souhaiter la bienvenue à un bébé ?! ». Mais je les comprenais. Nous avions passé l'été à comprendre ces nouveaux termes japonais pour le gaspillage (muda), les déséquilibres dans un flux de travail (mura), et la srucharge des hommes et des équipements (muri). Ces termes sont entrés dans nos vies lorsque John Krafcik nous a rejoint en provnenance du NUMMI, la joint-venture Toyota/GM en Californie. Les garçons voulaient simplement partager leur enthousiasme, et ont saisi la première occasion.
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Dans beaucoup d'industries de services, le matériau est bien sûr constitué d'information plutôt que de molécules - par exemple les données d'un formulaire traité par une société d'assurance. Mais la situation est la même. La valeur n'est délivrée qu'à la toute fin du flux.
 
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Nous pensions à l'époque que "_muda, mura, muri_" était la séquence d'améliorations pour un penseur lean.
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On voit aujourd'hui beaucoup de progrès dans l'application des principes lean à des segments isolés de la chaîne de valeur à l'intérieur de l'entreprise. Mais l'optimisation de toute la chaîne y compris entre les entreprises -- afin de résoudre réellement les problèmes du client tout en contribuant au développement des organisationsimpliquées -- semble à un stade moins avancé.
 
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Nous suggérions de commencer avec le muda, toute activité qui est en fait du gaspillage parce qu'elle n'ajoute pas de valeur pour le consommateur mais consomme bien des ressources. Taiichi Ohno de Toyota avait produit depuis longtemps une liste des sept types de muda, qui était un excellent guide pour agir. Nous poussions donc les managers à limiter la surproduction (c'est à dire tout ce qui est produit en plus de ce dont le consommateur a besoin) ainsi que les attentes inutiles, transports, traitements, stocks, mouvements et corrections.
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Prenons l'exemple des véhicules à moteur. Comme consommateurs, nous voulons uniquement un objet physique c'est-à-dire une voiture ou un camion. Mais le vrai problème est en général celui de la mobilité personnelle : nous souhaitons nous déplacer d'un endroit à l'autre à moindre frais et sans temps perdu. Ainsi, le processus d'achat d'un véhicule et ensuite d'entretien pendant sa durée de vie font partie intégrante de la chaîne de valeur. Cette chaîne complète doit lier le fabricant de voiture (conception et production) au concessionnaire (ventes et services).
 
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Un avantage supplémentaire à commencer par le muda était que plusieurs types de gaspillages pouvaient être supprimés localement, sans avoir besoin d'impliquer l'entreprise dans son ensemble, ni plusieurs firmes. Par exemple, les machines peuvent être déplacées rapidement dans un exercice de kaizen pour créer une cellule — afin d'éliminer le muda de l'attente, des transports, des stocks et des mouvements. Et cela peut être implémenté sans déranger (ni obtenir l'autorisation de) la production dans son ensemble. Nous pensions alors que l'élimination progressive du muda mènerait à la supression du mura et du muri.
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Je viens d'étudier les données de satisfaction client publiées par J.D. Power and Associates, par marque de véhicule, sur l'activité d'achat de voitures et de service des voitures aux États-Unis. J'ai comparé ces informations avec les données sur la satisfaction vis-à-vis du véhicule lui-même. Sans surprise, parmi les marques disponibles aux États-Unis, Toyota continue d'obtenir les meilleures notes en terme de satisfaction pour le véhicule. Sa marque Lexus était numéro 1 en 2006 alors que Toyota était numéro 4, malgré des problèmes de rappels de modèles chez le constructeur. Ces données concernent les problèmes avec le véhicule durant les trois premiers mois après l'achat, et les résultats sont proches si l'on étudie les problèmes sur trois ans. Ce sont les acheteurs de Lexus qui ont signalé le moins de problème, et la marque Toyota est 5e sur 37 dans ce classement.
 
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C'était la théorie. Mais vingt ans plus tard, je suis surpris de l'effort que nous avons consacré à éliminer le muda et du peu d'attention accordé au mura et au muri. Par exemple, les constructeurs de voitures américains viennent d'annoncer de nouveaux système d'incitation qui les fera vendre beaucoup de véhicules sur une courte période, faisant baisser les stocks. Cela conduira à plus de surproduction de la part des usines, ce qui amènera plus de stocks, ce qui amènera de nouvelles incitations, ce qui...
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Mais l'expérience de service chez les concessionnaires Toyota - tel que rapportée par l'indice Power Consumer Service Index - est classée 27e parmi 37 marques (Lexus est numéro 1). Et l'expérience d'achat chez les concessionnaires Toyota - tel que rapportée par l'indice Power Sales Satisfaction Index - est classée 29e sur 37 (Lexus est numéro 2).
 
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Pendant ce temps, cette inadéquation entre les ventes et une production qui n'est pas conforme à la demande des clients (un genre de mura très courant), va ruiner les efforts de toute l'entreprise pour éliminer le muda.
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Pire, comme Dan Jones et moi le signalons dans notre ouvrage récent, Lean Solutions (où nous utilisons les données collectées par l'Internet Car Distribution Programme), l'ensemble des 37 marques sont très mauvaises en termes de satisfaction des consommateurs à coût efficient. Ainsi, les revendeurs Toyota sont plutôt médiocres dans un domaine où personne n'est bon.
 
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Dans la plupart des firmes on constate des mura qui consistent à atteindre absolument les objectifs chiffrés vers la fin de l'exercice comptable (lui-même complètement arbitraire). Le département des ventes va enregistrer trop de commandes à la fin de l'exercice et les gestionnaire de la production iront trop vite pour les satisfaire, écartant toute les routines nécessaires aux performances de long-terme. Cette vague de commandes, qui mettra à rude épreuve les hommes et le matériel à l'aproche de la date limite, causera les surcharges qui constituent le muri. Cela, à son tour, suscitera des pannes, des erreurs et un mauvais écoulement -- le muda de l'attente, des corrections et du transport. Le résultat inévitable est que le mura crée le muri qui sape les efforts précédents pour éliminer le muda.
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Au total, Toyota répond à la moitié des problèmes du consommateur en proposant des véhicules de haute qualité. Mais elle a encore du mal pour résoudre l'autre moitié, par l'amélioration de la chaîne de valeur de la vente et des services.
 
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En clair, mura et muri sont désormais les causes racines de muda dans beaucoup de firmes. Pire, ils permettent le retour du muda que managers et opérationnels avaient déjà éliminés.
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Comment cela est-il possible ? Comment les performances de Toyota sur son plus gros marché, les États-Unis, peuvent-elles être si différentes de ses performances sur son marché domestique au Japon où l'expérience d'achat et de service Toyota sont légendaires pour leur excellente satisfaction clientèle ?
 
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Je conseillerais donc les garçons du MIT de façon différente s'ils préparaient ce T-shirt aujourd'hui. Je leur dirais de préférer "_Mura, muri, muda_" (mon épouse n'en aurait pas été moins perplexe). Et j'aurais le même conseil pour les managers, notamment les plus anciens, qui tentent de mettre en place le lean :
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Le cœur du problème, je pense, est que les revendeurs Toyota au Japon sont en partie la propriété de Toyota. Dès lors, appliquer l'approche lean aux processus de vente et de service est beaucoup plus facile : le revendeur doit réellement écouter. Dans le reste du monde, les concessionnaires automobiles, quelle que soit la marque et y compris Toyota, sont indépendants. Et, d'après mon expérience, la plupart des revendeurs automobiles -- pas uniquement ceux Toyota -- sont des "chasseurs". Ils se focalisent sur la vente à un bon prix et passent à la vente suivante. Il y a besoin au contraire d'"artisans" qui étudient avec attention leur processus de vente et de service pour répondre complètement à chaque problème rencontré par le consommateur tout au long de la vie du véhicule.
 
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  • Surveillez bien vos mura et vos muri au moment dès que vous commencez à vous attaquer à vos muda ;
  • Interrogez-vous sur chaque activité surperflue par rapport à ce que la demande exige ;
  • Inquiétez-vous ensuite de savoir comment la variation dans la demande des clients qui subsiste, et qui est réelle, peut-être lissée en interne pour stabiliser vos opérations ;
  • Demandez-vous enfin comment les surcharges de vos équipes et de votre équipement -- quelle qu'en soit l'origine -- peuvent être progressivement éliminées.
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Le fait est que qu'en raison de la supériorité du produit qu'ils distribuent, les revendeurs Toyota peuvent se permettre de mal traiter le client. La combinaison d'une véhicule de haute qualité et de vente et services de mauvaise qualité -- ce qui fait au total l'expérience du consommateur -- reste compétitive sur le marché. De plus, la plupart des concessionnaires se trompent en pensant que créer d'exellentes conditions d'achat et de maintenance leur coûterait cher.
 
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Il faudra travailler dur et cela demandera beaucoup de courage parce qu'il faudra souvent repenser des pratiques de vente, de gestion et de comptabilité bien établies mais qui génèrent le mura et le muri. Cependant, si vous pouvez dès le début éliminer le mura et le muri de manière à créer un environnement qui soit stable pour vos ventes et vos opérations, vous découvrirez que le muda s'élimine bien plus rapidement. Et une fois supprimé, il ne reviendra pas.
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Les concessionnaires Lexus, en revanche, traitent leurs clients correctement. Mais ils semblent qu'ils y parviennent en dépensant plus en vente et services, plutôt qu'en créant des chaînes de valeur qui s'écoulent bien et coûtent peu. Avec un produit plus cher, ils peuvent se permettre des gaspillages dans leurs processus.

Nous savons maintenant qu'il est faux de croire que de meilleurs ventes et services coûtent plus cher. En fait cela coûte moins cher, comme une meilleure qualité pour les produits. En effet, de gros gaspillages de temps et d'efforts pour les concessionnaires et leurs clients peuvent être éliminés par une analyse minutieuse des processus. Dan Jones et ses collègues de la Lean Enterprise Academy en Grande-Bretagne l'ont clairement démontré lors de leur travail avec le système de vente de voitures GFS au Portugal, où un tiers des coûts ont été supprimés alors que dans le même temps le niveau de satisfaction clientèle augmentait nettement.

Les autres constructeurs rattrapent désormais les marques Toyota en ce qui concerne les non-qualités et la durée de vie des produits -- regardez par exemple les récents progrès de Hyundai -- et Toyota prend enfin des mesures pour perfectionner l'intégralité de sa chaîne de valeur y compris dans la relation client. Elle a récemement tenté des expérimentations auprès de cinq concessionnaires européens avec le "Toyota Retailling System" conçu pour appliquer les techniques du Toyota Production System à la vente et aux services. Au fur et à mesure de l'expérience accumulée dans ce domaine, Toyota espère étendre ce système aux revendeurs de par le monde.

Je ne doute pas que Toyota fera des progrès, même si transformer des chasseurs en artisants constitue un sérieux défi. Mais quid du reste d'entre nous, de tous secteurs ? Presque toutes les firmes du monde dés-intégré d'aujourd'hui soit atteignent leurs clients via d'autres firmes, soit obtiennent les éléments dont elles ont besoin pour répondre aux besoins de leurs clients de plusieurs fournisseurs. Les clients -- vous et moi comme consommateurs -- s'intéressent uniquement à la valeur délivrée à la toute fin de la chaîne. Et nous ne voulons certainement pas écouter les plaintes des revendeurs, distributeurs, fabricants et autres fournisseurs expliquant leurs difficultés à coopérer pour résoudre nos problèmes.

Ainsi, le défi pour nous est désormais -- dans tous les secteurs -- d'entamer un dialogue entre les firmes pour discuter de l'optimisation des chaînes de valeur complètes. La meilleure approche consiste à tracer une carte fidèle de la chaîne de valeur complète avec tous ses goulots d'étranglement. Il faudra ensuite discuter sérieusement de la création de flux de valeur plus fluides et de haute qualité qui peuvent être du gagnant-gagnant-gagnant pour les entreprises, leurs fournisseurs et les clients, dès lors que tout le monde adopte une approche de bout en bout.

  Cordialement,

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (50 - 2006-09-07 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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  • [[Lettre6Juillet2006]Mura, Muri, Muda ?]] (6 juillet 2006)
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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (49 - 2006-09-07 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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  • [[Lettre6Juillet2006]Mura, Muri, Muda ?]] (6 juillet 2006)
 

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (48 - 2006-07-13 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Projets, Processus, Personnes (12 juin 2006)

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La dernière lettre : Mura, Muri, Muda ? (6 juillet 2006)

 
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Plusieurs membres de la communauté Lean se sont récemment ouverts à moi sur leurs difficultés à évaluer l’état de progrès de leur démarche lean. « Comment savoir dans quelle mesure nous sommes lean ? ». « Quel critère utiliser pour mesurer nos progrès ? ». « Somme-nous au niveau international en matière de lean ? » (quoi que « être au niveau international » puisse vouloir dire !). Puisque l'on me pose des questions de ce type depuis des années, voici ma réponse.
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Il y a vingt ans ce mois-ci, lors de la naissance de ma première fille, les jeune gens dont je supervisais les travaux au programme International Motor Vehicle du MIT se sont précipités pour lui acheter un cadeau. Ils sont revenus peu après avec un T-shirt rose qui arborait le message « Muda, Mura, Muri ».
 
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Je commence toujours par la question du projet global, de l'objectif de l'entreprise : que demandent vos clients et que vous n'êtes en ce moment pas capable d'offrir ? Des prix plus bas (impossible à atteindre en raison de coûts trop élevés) ? Une meilleure qualité ? Une réponse plus rapide aux commandes ? Un meilleur service après-vente une fois le produit livré ? Un système de devis plus rapide ? Des produits plus robustes, plus flexibles – en un mot, mieux conçus ?
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Ma femme était perplexe — « est-ce là leur manière de souhaiter la bienvenue à un bébé ?! ». Mais je les comprenais. Nous avions passé l'été à comprendre ces nouveaux termes japonais pour le gaspillage (muda), les déséquilibres dans un flux de travail (mura), et la srucharge des hommes et des équipements (muri). Ces termes sont entrés dans nos vies lorsque John Krafcik nous a rejoint en provnenance du NUMMI, la joint-venture Toyota/GM en Californie. Les garçons voulaient simplement partager leur enthousiasme, et ont saisi la première occasion.
 
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Et quels sont les besoins de votre entreprise pour prospérer ? Des marges plus élevées ? Etre capable d’exploiter rapidement de nouvelles opportunités de croissance ? Une nouvelle manière de résoudre les problèmes de vos clients et d'entrer dans de nouveaux marchés ?
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Nous pensions à l'époque que "_muda, mura, muri_" était la séquence d'améliorations pour un penseur lean.
 
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L'objectif de l'entreprise combine systématiquement ces deux aspects : ce dont vous avez besoin pour satisfaire vos clients, et ce que vous devez améliorer pour survivre et prospérer. Heureusement, s'attaquer au premier problème résout habituellement du même coup le second, mais vous devez connaître précisément le problème au départ.
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Nous suggérions de commencer avec le muda, toute activité qui est en fait du gaspillage parce qu'elle n'ajoute pas de valeur pour le consommateur mais consomme bien des ressources. Taiichi Ohno de Toyota avait produit depuis longtemps une liste des sept types de muda, qui était un excellent guide pour agir. Nous poussions donc les managers à limiter la surproduction (c'est à dire tout ce qui est produit en plus de ce dont le consommateur a besoin) ainsi que les attentes inutiles, transports, traitements, stocks, mouvements et corrections.
 
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Par exemple, en visitant le département de rédaction des polices d'assurance de Jefferson Pilot, il y a quelques années de cela, j'ai constaté que l'encadrement pouvait citer immédiatement ses objectifs opérationnels. Il s'agissait pour eux de réduire le temps nécessaire à la rédaction d'une police (de 30 jours à une journée seulement). Cela servait à la fois les intérêts de l'assuré et ceux des agents qui vendent les polices, car ces derniers n'obtiennent leur commission qu'une fois la police présentée au client. Plus intéressant encore pour la firme, un service de très bonne qualité incite les agents indépendants à vendre des assurances Jefferson Pilot, ce qui permettrait aux ventes de JP de croître rapidement, sans baisse de prix, dans un marché par ailleurs stagnant.
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Un avantage supplémentaire à commencer par le muda était que plusieurs types de gaspillages pouvaient être supprimés localement, sans avoir besoin d'impliquer l'entreprise dans son ensemble, ni plusieurs firmes. Par exemple, les machines peuvent être déplacées rapidement dans un exercice de kaizen pour créer une cellule — afin d'éliminer le muda de l'attente, des transports, des stocks et des mouvements. Et cela peut être implémenté sans déranger (ni obtenir l'autorisation de) la production dans son ensemble. Nous pensions alors que l'élimination progressive du muda mènerait à la supression du mura et du muri.
 
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Et pourtant, je suis souvent surpris du manque de lien entre les projets lean actuels et des objectifs business clairement identifiés. On supprime des postes parce que ça fait bien — c'est lean ! On installe des systèmes de flux tirés parce que les flux poussés n’ont pas la cote. Pendant ce temps, les clients ne sont pas plus heureux et l'entreprise ne se porte pas mieux financièrement pour autant. Commencez donc par vos besoins business, définis par rapport à vos clients et votre entreprise, et intéressez-vous à l'écart entre le point où vous êtes et celui que vous devez atteindre.
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C'était la théorie. Mais vingt ans plus tard, je suis surpris de l'effort que nous avons consacré à éliminer le muda et du peu d'attention accordé au mura et au muri. Par exemple, les constructeurs de voitures américains viennent d'annoncer de nouveaux système d'incitation qui les fera vendre beaucoup de véhicules sur une courte période, faisant baisser les stocks. Cela conduira à plus de surproduction de la part des usines, ce qui amènera plus de stocks, ce qui amènera de nouvelles incitations, ce qui...
 
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Les clients, évidemment, ne s'intéressent qu'à leur produit en particulier et pas à la moyenne de tout votre catalogue. C’est pourquoi il est important d'effectuer cette analyse par familles de produits pour des produits spécifiques afin de synthétiser l'écart en termes de besoins business que votre démarche lean doit satisfaire.
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Pendant ce temps, cette inadéquation entre les ventes et une production qui n'est pas conforme à la demande des clients (un genre de mura très courant), va ruiner les efforts de toute l'entreprise pour éliminer le muda.
 
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Avec en main une description simple des objectifs, on est en mesure de déterminer le processus qui fournit au client la valeur recherchée. Un processus, selon l’acception que je donne à ce mot, c’est simplement un flux de valeur -- toutes les tâches réalisées pour répondre à un client, du début à la fin, plus les actions ancillaires nécessaire à ces tâches. Souvenons-nous que toute valeur résulte au final d'un processus et que les processus ne peuvent produire que ce qu'ils ont été conçus pour produire -- jamais mieux et parfois pire.
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Dans la plupart des firmes on constate des mura qui consistent à atteindre absolument les objectifs chiffrés vers la fin de l'exercice comptable (lui-même complètement arbitraire). Le département des ventes va enregistrer trop de commandes à la fin de l'exercice et les gestionnaire de la production iront trop vite pour les satisfaire, écartant toute les routines nécessaires aux performances de long-terme. Cette vague de commandes, qui mettra à rude épreuve les hommes et le matériel à l'aproche de la date limite, causera les surcharges qui constituent le muri. Cela, à son tour, suscitera des pannes, des erreurs et un mauvais écoulement -- le muda de l'attente, des corrections et du transport. Le résultat inévitable est que le mura crée le muri qui sape les efforts précédents pour éliminer le muda.
 
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Cartographier la chaîne de valeur constitue l'outil le plus utile pour évaluer l'état d'un processus. Cela met en évidence toutes les étapes du processus et permet de vérifier si chaque étape est bien créatrice de valeur, efficace, disponible, adéquate et flexible. On vérifie également que la valeur coule naturellement d'une étape à l'autre, tirée par le client après estimation du niveau de la demande.
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En clair, mura et muri sont désormais les causes racines de muda dans beaucoup de firmes. Pire, ils permettent le retour du muda que managers et opérationnels avaient déjà éliminés.
 
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Notez toutefois que la cartographie doit être interprétée en termes de besoins business. Toutes les étapes ne peuvent pas être éliminées ou améliorées sans délai et certaines étapes peuvent remplir leur rôle dans leur état actuel même sans être totalement lean. Il faut travailler sur les étapes et les problèmes pertinents pour les clients et le succès de votre entreprise.
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Je conseillerais donc les garçons du MIT de façon différente s'ils préparaient ce T-shirt aujourd'hui. Je leur dirais de préférer "_Mura, muri, muda_" (mon épouse n'en aurait pas été moins perplexe). Et j'aurais le même conseil pour les managers, notamment les plus anciens, qui tentent de mettre en place le lean :
 
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Je mesure par expérience combien il est aisé de perdre de vue l'essentiel et de suivre, pourrait-on dire, l'appel du lean plutôt que les objectifs business. Lorsque je m'occupais d'une petite fabrique de vélos, il y a quelques années, nous parvenions à souder et assembler huit vélos par jour, A livrer et à passer des commandes de pièces une fois par jour (c'était une avancée révolutionnaire par rapport à la situation initiale). Mais j'avais bien l'intention d'être plus lean que Toyota, et j'ai poussé à ce que nous construisions les vélos dans l'ordre exact où les commandes nous parvenaient, ce qui nous faisait passer d'un modèle à l'autre dans une séquence de type ABABCBAB.
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  • Surveillez bien vos mura et vos muri au moment dès que vous commencez à vous attaquer à vos muda ;
  • Interrogez-vous sur chaque activité surperflue par rapport à ce que la demande exige ;
  • Inquiétez-vous ensuite de savoir comment la variation dans la demande des clients qui subsiste, et qui est réelle, peut-être lissée en interne pour stabiliser vos opérations ;
  • Demandez-vous enfin comment les surcharges de vos équipes et de votre équipement -- quelle qu'en soit l'origine -- peuvent être progressivement éliminées.
 
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Et cela était fort satisfaisant. Mais nous n’étions cependant capables que de livrer et de commander une fois par jour ! Une séquence AAABBBBC eut été équivalente pour nos clients et nos fournisseurs et nous aurait fait économiser cinq changements par jour, qui demandaient des efforts humains bien utiles ailleurs.

J'ai eu une expérience similaire en visitant une firme où le temps de mise en route d'une grosse machine a été réduit de huit heures à cinq minutes. Dans une démarche kaizen d'amélioration continue, réduire ce temps de mise en route de manière aussi importante semblait un objectif valable pour l'équipe. Pourtant, après avoir posé quelques questions, j'ai appris que la machine ne servait qu'à un seul type de pièce et jamais pour plus d'une pièce à la fois ! Réduire le temps de mise en marche de cette machine n'était d'aucune utilité concrète, bien que passer de huit heures à cinq minutes ait semblé très lean en théorie. L'équipe lean a justifié leur démarche par le challenge que représentait cet objectif et le fait que chacun avait bénéficié de cette expérience dans d'autres projets. Mais c'est exactement ce que j'avais pensé à l'entreprise de vélo où chaque centime comptait pour les besoins de l'entreprise. Je suis désormais plus mature.

Des processus brillants qui servent de vrais objectifs, cela ne se met pas en place tout seul. Cela implique des équipes menées par des gens responsables. Et l’intégration en continu au sein d’équipes plus grandes menées par des gestionnaires de flux de valeur. La dernière question à se poser touche donc les personnes: chaque processus important dans votre entreprise est-il attribué à un responsable qui évalue en permanence le flux de valeur en terme de besoins business ? Chaque personne participant au flux de valeur est-il/elle activement impliqué(e) dans sa mise en œuvre et son amélioration continue avec comme objectif les besoins business ?

Aussi, si j’étais à votre place, la formule que j’emploierais pour évaluer votre démarche lean est très simple : définissez vos objectifs, puis vos processus, puis votre personnel. Notez que cette manière de faire est complètement différent des multiples "métriques" que les membres de la communauté lean exigent souvent : combien de chantiers kaizen ont été réalisés ? Combien de temps d'attente a ainsi été récupéré ? Quel volume de stock a été supprimé ? Et comment tout ceci se compare-t-il avec la concurrence, ou avec Toyota ?

Un bon résultat sur ces critères lean peut constituer un objectif valable, mais voir ces critères abstraits comme une mesure réaliste de "lean-itude" sans lien avec les besoins d'affaires serait une grosse erreur. Au mieux, ces critères sont des mesures efficaces pour conduire l'amélioration des fonctions lean. Ce qu'il faut vraiment, ce sont des mesures qui ont un sens par rapport au modèle d'affaires, des mesures développées et largement partagées par un responsable du flux de valeur et comprises et soutenues par toute l'équipe en charge du flux de valeur.

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Il faudra travailler dur et cela demandera beaucoup de courage parce qu'il faudra souvent repenser des pratiques de vente, de gestion et de comptabilité bien établies mais qui génèrent le mura et le muri. Cependant, si vous pouvez dès le début éliminer le mura et le muri de manière à créer un environnement qui soit stable pour vos ventes et vos opérations, vous découvrirez que le muda s'élimine bien plus rapidement. Et une fois supprimé, il ne reviendra pas.
  Cordialement,

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (47 - 2006-07-13 - Main.GodefroyBeauvallet)
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META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (46 - 2006-06-16 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Moins de héros, plus de paysans (12 mai 2006)

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La dernière lettre : Projets, Processus, Personnes (12 juin 2006)

 
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J'ai récemment rencontré le directeur général d'une très grande société américaine organisée par filiales, chacune intégrant ses propres services de développement, de production, d’achats et commerciaux. Je lui ai demandé ce que fait un patron dans une telle situation, et sa réponse a été simple : « je cherche des leaders héroïques pour galvaniser mes unités opérationnelles. Je leur donne des objectifs à atteindre rapidement. Quand ils les atteignent, ils sont richement récompensés. Quand ils ne les atteignent pas, je trouve de nouveaux leaders. »
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Plusieurs membres de la communauté Lean se sont récemment ouverts à moi sur leurs difficultés à évaluer l’état de progrès de leur démarche lean. « Comment savoir dans quelle mesure nous sommes lean ? ». « Quel critère utiliser pour mesurer nos progrès ? ». « Somme-nous au niveau international en matière de lean ? » (quoi que « être au niveau international » puisse vouloir dire !). Puisque l'on me pose des questions de ce type depuis des années, voici ma réponse.
 
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J'ai remarqué que son entreprise, comme beaucoup d'autres que j'ai observées, a un niveau élevé de rotation des effectifs dans les directions de ses divisions. J'ai alors posé cette question simple : « Pourquoi votre entreprise a-t-elle besoin de tant de héros ? Pourquoi vos divisions ne maintiennent-elles pas un niveau de performance suffisant pour qu'aucun nouveau leader ne soit nécessaire. Et pourquoi même ceux de vos leaders qui semblent réussir vous quittent-ils ? »
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Je commence toujours par la question du projet global, de l'objectif de l'entreprise : que demandent vos clients et que vous n'êtes en ce moment pas capable d'offrir ? Des prix plus bas (impossible à atteindre en raison de coûts trop élevés) ? Une meilleure qualité ? Une réponse plus rapide aux commandes ? Un meilleur service après-vente une fois le produit livré ? Un système de devis plus rapide ? Des produits plus robustes, plus flexibles – en un mot, mieux conçus ?
 
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Sa réponse fut que les affaires sont dures, le leadership la ressource critique rare par excellence et qu'un niveau élevé de rotation des effectifs est le signe d’une culture de management dynamique. Mais je n’ai pas pu être d’accord. En observant cette entreprise et beaucoup d'autres lors de mes visites, je vois habituellement trois problèmes apparemment non détectés par le leader héroïque au sommet en train de dérouler le dernier programme de revitalisation.
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Et quels sont les besoins de votre entreprise pour prospérer ? Des marges plus élevées ? Etre capable d’exploiter rapidement de nouvelles opportunités de croissance ? Une nouvelle manière de résoudre les problèmes de vos clients et d'entrer dans de nouveaux marchés ?
 
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Ce sont :
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L'objectif de l'entreprise combine systématiquement ces deux aspects : ce dont vous avez besoin pour satisfaire vos clients, et ce que vous devez améliorer pour survivre et prospérer. Heureusement, s'attaquer au premier problème résout habituellement du même coup le second, mais vous devez connaître précisément le problème au départ.
 
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  • un état de confusion sur les objectifs économiques des processus clefs de l’entreprise,
  • un développement de produits, une gestion de la production, des fournisseurs et des ventes peu performants et qui tendent à devenir pire plutôt que meilleurs,
  • et des gens découragés qui font fonctionner ces processus défectueux à chaque échelon de l'entreprise.
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Par exemple, en visitant le département de rédaction des polices d'assurance de Jefferson Pilot, il y a quelques années de cela, j'ai constaté que l'encadrement pouvait citer immédiatement ses objectifs opérationnels. Il s'agissait pour eux de réduire le temps nécessaire à la rédaction d'une police (de 30 jours à une journée seulement). Cela servait à la fois les intérêts de l'assuré et ceux des agents qui vendent les polices, car ces derniers n'obtiennent leur commission qu'une fois la police présentée au client. Plus intéressant encore pour la firme, un service de très bonne qualité incite les agents indépendants à vendre des assurances Jefferson Pilot, ce qui permettrait aux ventes de JP de croître rapidement, sans baisse de prix, dans un marché par ailleurs stagnant.
 
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Inutile d'ajouter qu'il y a aussi des mini-héros à chaque échelon qui inventent des solutions de contournement des processus défectueux.
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Et pourtant, je suis souvent surpris du manque de lien entre les projets lean actuels et des objectifs business clairement identifiés. On supprime des postes parce que ça fait bien — c'est lean ! On installe des systèmes de flux tirés parce que les flux poussés n’ont pas la cote. Pendant ce temps, les clients ne sont pas plus heureux et l'entreprise ne se porte pas mieux financièrement pour autant. Commencez donc par vos besoins business, définis par rapport à vos clients et votre entreprise, et intéressez-vous à l'écart entre le point où vous êtes et celui que vous devez atteindre.
 
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De quoi aurions-nous besoin à la place de cette triste réalité ? De plus de paysans !
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Les clients, évidemment, ne s'intéressent qu'à leur produit en particulier et pas à la moyenne de tout votre catalogue. C’est pourquoi il est important d'effectuer cette analyse par familles de produits pour des produits spécifiques afin de synthétiser l'écart en termes de besoins business que votre démarche lean doit satisfaire.
 
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Laissez-moi illustrer cette idée par un second exemple. Récemment, un magazine fort réputé de l’industrie automobile proposait sa liste des cinquante leaders les plus influents (lire « héroïques ») de l'industrie automobile mondiale. Bill Ford chez Ford. Carlos Ghosn chez Renault-Nissan. Rick Wagoner chez GM. Etc.
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Avec en main une description simple des objectifs, on est en mesure de déterminer le processus qui fournit au client la valeur recherchée. Un processus, selon l’acception que je donne à ce mot, c’est simplement un flux de valeur -- toutes les tâches réalisées pour répondre à un client, du début à la fin, plus les actions ancillaires nécessaire à ces tâches. Souvenons-nous que toute valeur résulte au final d'un processus et que les processus ne peuvent produire que ce qu'ils ont été conçus pour produire -- jamais mieux et parfois pire.
 
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Ce que je trouve renversant, c'est que cette liste ne comporte aucun « leader » de chez Toyota, à l’exception d’un américain dans un poste de marketing aux Etats-Unis. Et pourtant, Toyota est l'entreprise automobile la plus performante au monde. Comment l'entreprise la plus performante peut-elle fonctionner presque sans aucun héros ? Parce que ses dirigeants réfléchissent encore comme les paysans des alentours de son siège social, dans la région reculée d'Aichi, au Japon, où l'entreprise a été créée.
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Cartographier la chaîne de valeur constitue l'outil le plus utile pour évaluer l'état d'un processus. Cela met en évidence toutes les étapes du processus et permet de vérifier si chaque étape est bien créatrice de valeur, efficace, disponible, adéquate et flexible. On vérifie également que la valeur coule naturellement d'une étape à l'autre, tirée par le client après estimation du niveau de la demande.
 
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Le rôle du héros est de s'attaquer à une situation dans laquelle tout est hors contrôle et d'imposer rapidement un semblant d'ordre. Et parfois les héros sont vraiment nécessaires. Taiichi Ohno, Shotaro Kamiya, Kenya Nakamura, et Kiichiro Toyoda ont certainement fait des actions héroïques chez Toyota à des moments de crise lorsque les processus essentiels étaient en cours de définition après la deuxième guerre mondiale.
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Notez toutefois que la cartographie doit être interprétée en termes de besoins business. Toutes les étapes ne peuvent pas être éliminées ou améliorées sans délai et certaines étapes peuvent remplir leur rôle dans leur état actuel même sans être totalement lean. Il faut travailler sur les étapes et les problèmes pertinents pour les clients et le succès de votre entreprise.
 
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Mais les héros ne devraient plus être nécessaires une fois que l’organisation est transformée. A la place, chaque processus important devrait être continuellement cultivé par un « paysan » (que nous appelons souvent un gestionnaire du flux de valeur) qui repose sans cesse trois questions simples :
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Je mesure par expérience combien il est aisé de perdre de vue l'essentiel et de suivre, pourrait-on dire, l'appel du lean plutôt que les objectifs business. Lorsque je m'occupais d'une petite fabrique de vélos, il y a quelques années, nous parvenions à souder et assembler huit vélos par jour, A livrer et à passer des commandes de pièces une fois par jour (c'était une avancée révolutionnaire par rapport à la situation initiale). Mais j'avais bien l'intention d'être plus lean que Toyota, et j'ai poussé à ce que nous construisions les vélos dans l'ordre exact où les commandes nous parvenaient, ce qui nous faisait passer d'un modèle à l'autre dans une séquence de type ABABCBAB.
 
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  • l'objectif économique du processus est-il correctement défini ?
  • les actions sont-elles mises en œuvre efficacement pour créer de la valeur, du flux et de l'appel par l'aval à chaque étape du processus en même temps que les gaspillages sont éliminés.
  • les personnes en contact avec le processus sont-elles activement employées à l'améliorer ?
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Et cela était fort satisfaisant. Mais nous n’étions cependant capables que de livrer et de commander une fois par jour ! Une séquence AAABBBBC eut été équivalente pour nos clients et nos fournisseurs et nous aurait fait économiser cinq changements par jour, qui demandaient des efforts humains bien utiles ailleurs.
 
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C’est la mentalité gemba du paysan qui, année après année, trace des sillons droits, entretien la haie, s'inquiète de la météo, alors que le pionnier ou le chasseur héroïque qui ont initialement occupé le terrain le quittent.
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J'ai eu une expérience similaire en visitant une firme où le temps de mise en route d'une grosse machine a été réduit de huit heures à cinq minutes. Dans une démarche kaizen d'amélioration continue, réduire ce temps de mise en route de manière aussi importante semblait un objectif valable pour l'équipe. Pourtant, après avoir posé quelques questions, j'ai appris que la machine ne servait qu'à un seul type de pièce et jamais pour plus d'une pièce à la fois ! Réduire le temps de mise en marche de cette machine n'était d'aucune utilité concrète, bien que passer de huit heures à cinq minutes ait semblé très lean en théorie. L'équipe lean a justifié leur démarche par le challenge que représentait cet objectif et le fait que chacun avait bénéficié de cette expérience dans d'autres projets. Mais c'est exactement ce que j'avais pensé à l'entreprise de vélo où chaque centime comptait pour les besoins de l'entreprise. Je suis désormais plus mature.
 
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Pourquoi avons-nous tant de héros, si peu de paysans et d’aussi mauvais résultats dans la plupart de nos activités ? Parce que nous sommes aveugles au simple fait que les héros d’entreprise échouent généralement à transformer les activités. Il améliorent les choses sur le court terme, au moins selon les indicateurs officiels, mais soit cela le correspond à rien de réel, soit cela ne se maintient pas parce qu'aucun paysan ne vient s'occuper des champs. Intelligemment, ils s'en vont avant que cela ne transparaisse. Pendant ce temps, nous sommes totalement aveugles à la contribution critique des paysans qui devraient être nos héros. Ce sont les gars qui créent une stabilité continue et sans variation au cœur de chaque entreprise lean.
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Des processus brillants qui servent de vrais objectifs, cela ne se met pas en place tout seul. Cela implique des équipes menées par des gens responsables. Et l’intégration en continu au sein d’équipes plus grandes menées par des gestionnaires de flux de valeur. La dernière question à se poser touche donc les personnes: chaque processus important dans votre entreprise est-il attribué à un responsable qui évalue en permanence le flux de valeur en terme de besoins business ? Chaque personne participant au flux de valeur est-il/elle activement impliqué(e) dans sa mise en œuvre et son amélioration continue avec comme objectif les besoins business ?
 
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J'espère qu’en réfléchissant à votre poste, vous deviendrez un paysan lean qui prend la responsabilité des processus sur lesquels il est actif, et que vous travaillerez chaque jour à tracer le sillon droit, entretenir la haie et vous inquiéter de la météo. C’est de cette manière que le management crée véritablement de la valeur. Et c’est à ce prix que l’on n’aura plus besoin de héros à l’avenir.
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Aussi, si j’étais à votre place, la formule que j’emploierais pour évaluer votre démarche lean est très simple : définissez vos objectifs, puis vos processus, puis votre personnel. Notez que cette manière de faire est complètement différent des multiples "métriques" que les membres de la communauté lean exigent souvent : combien de chantiers kaizen ont été réalisés ? Combien de temps d'attente a ainsi été récupéré ? Quel volume de stock a été supprimé ? Et comment tout ceci se compare-t-il avec la concurrence, ou avec Toyota ?

Un bon résultat sur ces critères lean peut constituer un objectif valable, mais voir ces critères abstraits comme une mesure réaliste de "lean-itude" sans lien avec les besoins d'affaires serait une grosse erreur. Au mieux, ces critères sont des mesures efficaces pour conduire l'amélioration des fonctions lean. Ce qu'il faut vraiment, ce sont des mesures qui ont un sens par rapport au modèle d'affaires, des mesures développées et largement partagées par un responsable du flux de valeur et comprises et soutenues par toute l'équipe en charge du flux de valeur.

  Cordialement,

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (45 - 2006-06-16 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Line: 53 to 53
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (44 - 2006-05-29 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Le Nouveau Lean Enterprise Institute (5 avril 2006)

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La dernière lettre : Moins de héros, plus de paysans (12 mai 2006)

 
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Quand j'ai fondé le Lean Enterprise Institute, qui aura neuf ans cet été, je voulais améliorer rendre accessible la connaissance des fondements du lean sous des formes faciles à comprendre. Mon souhait était que chacun puisse accomplir des progrès plus rapides sur le chemin de la création d’organisations qui créent plus de valeur avec moins de gaspillages.
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J'ai récemment rencontré le directeur général d'une très grande société américaine organisée par filiales, chacune intégrant ses propres services de développement, de production, d’achats et commerciaux. Je lui ai demandé ce que fait un patron dans une telle situation, et sa réponse a été simple : « je cherche des leaders héroïques pour galvaniser mes unités opérationnelles. Je leur donne des objectifs à atteindre rapidement. Quand ils les atteignent, ils sont richement récompensés. Quand ils ne les atteignent pas, je trouve de nouveaux leaders. »
 
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Si je regarde en arrière, je pense que nous nous en sommes plutôt bien sortis, même si nous avons réalisé, conformément à l’esprit du hansei, que rien n’est jamais parfait. Nous avons produit une série de cahiers qui a eu beaucoup de succès et des séries de séminaires/ateliers qui ont rencontré le succès public sur l’implémentation du lean au niveau opérationnel. Nous avons même édité un roman lean et nous avons organisé quelques conférences très courues pendant lesquelles nous avons essayé de rassembler les troupes et de créer une communauté lean. Ce qui est peut être le plus étonnant, parce que les technologies pour le faire sont apparues au moment de la création du LEI, c’est d’avoir créé une communauté lean globale via le web qui compte à présent plus de 88 000 membres dans 89 pays.
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J'ai remarqué que son entreprise, comme beaucoup d'autres que j'ai observées, a un niveau élevé de rotation des effectifs dans les directions de ses divisions. J'ai alors posé cette question simple : « Pourquoi votre entreprise a-t-elle besoin de tant de héros ? Pourquoi vos divisions ne maintiennent-elles pas un niveau de performance suffisant pour qu'aucun nouveau leader ne soit nécessaire. Et pourquoi même ceux de vos leaders qui semblent réussir vous quittent-ils ? »
 
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Voilà les bonnes nouvelles, auxquelles il faut ajouter la bonne santé financière du LEI à laquelle la communauté lean a contribué en achetant nos produits. Mais après plus de hansei cette année, nous avons conclu que nous devions faire plus. Nous avons donc décidé de faire un grand saut aussi bien pour ce qui concerne les activités que les objectifs du LEI, et c’est ce que nous annonçons aujourd'hui.
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Sa réponse fut que les affaires sont dures, le leadership la ressource critique rare par excellence et qu'un niveau élevé de rotation des effectifs est le signe d’une culture de management dynamique. Mais je n’ai pas pu être d’accord. En observant cette entreprise et beaucoup d'autres lors de mes visites, je vois habituellement trois problèmes apparemment non détectés par le leader héroïque au sommet en train de dérouler le dernier programme de revitalisation.
 
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  • Nous allons élargir notre gamme de publications pour traiter de l'entreprise lean dans son ensemble - étendant nos sujets au développement de produits, à la gestion des fournisseurs, aux problématiques clients, au management et à la gestion de la chaîne de valeur étendue. Pour ce faire, j'ai demandé à Michael Brassard de nous rejoindre comme président de « Produits Educatifs Lean ». Il s’agit d’une nouvelle entité qui gérera l'édition du LEI grâce à laquelle nous espérons publier des cahiers, des guides, des vidéos, des CDs, des logiciels et tous les autres produits dont vous pourriez avoir besoin pour soutenir le développement lean dans l’ensemble de votre entreprise. Michael apporte ses années d’expérience dans le développement de documents de formation dans le domaine de la qualité, et je suis sûr que nous allons maintenant aller beaucoup plus vite pour développer de nouveaux produits que nous le faisions ces neuf dernières années, où je m’en occupais seul.
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Ce sont :
 
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  • Nous allons étendre notre gamme de formations pour toucher tous les employés, des opérateurs à la direction, dans de nombreux secteurs d’activité. Pour ce faire, j'ai demandé à Dave LaHote de nous rejoindre comme président de « Formations Lean ». Il s’agit de la nouvelle entité éducative du LEI grâce à laquelle nous espérons trouver des moyens de toucher les agents du changement, les managers, les directeurs des opérations et les PDG grâce à des exercices pédagogiques montrant comment créer des entreprises lean à la fois dans les sites anciens et sur de nouveaux sites dans un grand nombre de secteurs d’activité. Dave a passé 30 ans dans l'industrie, en bonne partie au niveau de directeur général, et nous avons travaillé ensemble sur un certain nombre d'initiatives de transformation lean dans le passé. Il s’intéresse tout particulièrement à la formation des managers et je suis certain que vous en verrez bientôt les résultats à la fois dans nos séminaires habituels et dans nos nouvelles formes d'enseignement.
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  • un état de confusion sur les objectifs économiques des processus clefs de l’entreprise,
  • un développement de produits, une gestion de la production, des fournisseurs et des ventes peu performants et qui tendent à devenir pire plutôt que meilleurs,
  • et des gens découragés qui font fonctionner ces processus défectueux à chaque échelon de l'entreprise.
 
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  • Nous allons accroître notre connaissance de ce qu’il faut vraiment faire pour créer d’une entreprise lean - en partant du PDG - en lançant une série de partenariats de haut niveau, avec plusieurs entreprises. Pour engager cette démarche, j'ai demandé à Dave Logozzo de nous rejoindre comme président de « Entreprises Partenaires Lean ». Dave et moi avons travaillé étroitement ensemble au cours des six dernières années sur le partenariat LEI/Delphi où Dave a animé les efforts de Delphi en tant que « Directeur exécutif pour l’entreprise lean ». Représentez-vous cette entité comme étant le laboratoire de recherche du LEI, grâce auquel nous essayons de dépasser la situation actuelle qui est qu’il n’existe qu’un seul Toyota en dépit des efforts de beaucoup de membres de la communauté lean. Nous y testerons des hypothèses sur les changements cruciaux concernant le management, le leadership et l'organisation requis pour égaler la performance de Toyota ou pour faire encore mieux. Nous présenterons nos résultats au sujet du leadership lean dans les prochaines publications du LEI et les prochains événements publics.
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Inutile d'ajouter qu'il y a aussi des mini-héros à chaque échelon qui inventent des solutions de contournement des processus défectueux.
 
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  • Une dernière information sur le nouveau LEI concerne la nomination d’Helen Zak, notre directrice des opérations, au poste supplémentaire de directrice des événements lean. Helen organisera une série de conférences, certaines publiques et d’autres privées, où nous partagerons nos expériences mutuelles sur le leadership lean et nos voyages lean afin de réunir tous les éléments du nouveau LEI.
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De quoi aurions-nous besoin à la place de cette triste réalité ? De plus de paysans !
 
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Je suis vraiment enthousiasmé par cette nouvelle aventure avec une équipe plus grande et avec un nouveau quartier général, à Cambridge, Massachusetts. (Il se trouve que nous sommes en face du bâtiment du MIT où j’ai travaillé pendant presque 20 années, donc j’ai l’impression d’être rentré à la maison.) Je suis certain que nous allons ainsi fournir un meilleur travail de leadership pour la Communauté Lean, nous dépendrons toujours de vos réactions franches sur ce que nous faisons, dans l'esprit du hansei.
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Laissez-moi illustrer cette idée par un second exemple. Récemment, un magazine fort réputé de l’industrie automobile proposait sa liste des cinquante leaders les plus influents (lire « héroïques ») de l'industrie automobile mondiale. Bill Ford chez Ford. Carlos Ghosn chez Renault-Nissan. Rick Wagoner chez GM. Etc.
 
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Ce que je trouve renversant, c'est que cette liste ne comporte aucun « leader » de chez Toyota, à l’exception d’un américain dans un poste de marketing aux Etats-Unis. Et pourtant, Toyota est l'entreprise automobile la plus performante au monde. Comment l'entreprise la plus performante peut-elle fonctionner presque sans aucun héros ? Parce que ses dirigeants réfléchissent encore comme les paysans des alentours de son siège social, dans la région reculée d'Aichi, au Japon, où l'entreprise a été créée.

Le rôle du héros est de s'attaquer à une situation dans laquelle tout est hors contrôle et d'imposer rapidement un semblant d'ordre. Et parfois les héros sont vraiment nécessaires. Taiichi Ohno, Shotaro Kamiya, Kenya Nakamura, et Kiichiro Toyoda ont certainement fait des actions héroïques chez Toyota à des moments de crise lorsque les processus essentiels étaient en cours de définition après la deuxième guerre mondiale.

Mais les héros ne devraient plus être nécessaires une fois que l’organisation est transformée. A la place, chaque processus important devrait être continuellement cultivé par un « paysan » (que nous appelons souvent un gestionnaire du flux de valeur) qui repose sans cesse trois questions simples :

  • l'objectif économique du processus est-il correctement défini ?
  • les actions sont-elles mises en œuvre efficacement pour créer de la valeur, du flux et de l'appel par l'aval à chaque étape du processus en même temps que les gaspillages sont éliminés.
  • les personnes en contact avec le processus sont-elles activement employées à l'améliorer ?

C’est la mentalité gemba du paysan qui, année après année, trace des sillons droits, entretien la haie, s'inquiète de la météo, alors que le pionnier ou le chasseur héroïque qui ont initialement occupé le terrain le quittent.

Pourquoi avons-nous tant de héros, si peu de paysans et d’aussi mauvais résultats dans la plupart de nos activités ? Parce que nous sommes aveugles au simple fait que les héros d’entreprise échouent généralement à transformer les activités. Il améliorent les choses sur le court terme, au moins selon les indicateurs officiels, mais soit cela le correspond à rien de réel, soit cela ne se maintient pas parce qu'aucun paysan ne vient s'occuper des champs. Intelligemment, ils s'en vont avant que cela ne transparaisse. Pendant ce temps, nous sommes totalement aveugles à la contribution critique des paysans qui devraient être nos héros. Ce sont les gars qui créent une stabilité continue et sans variation au cœur de chaque entreprise lean.

J'espère qu’en réfléchissant à votre poste, vous deviendrez un paysan lean qui prend la responsabilité des processus sur lesquels il est actif, et que vous travaillerez chaque jour à tracer le sillon droit, entretenir la haie et vous inquiéter de la météo. C’est de cette manière que le management crée véritablement de la valeur. Et c’est à ce prix que l’on n’aura plus besoin de héros à l’avenir.

  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour cette traduction.
 

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (43 - 2006-05-29 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
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La Lettre de Jim Womack en version française

Line: 30 to 30
 Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour cette traduction.
 

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (42 - 2006-05-29 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
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La Lettre de Jim Womack en version française

Line: 36 to 36
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (41 - 2006-04-11 - Main.GodefroyBeauvallet)
Line: 1 to 1
 
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Il était une fois deux modèles d’affaires (7 février 2006)

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La dernière lettre : Le Nouveau Lean Enterprise Institute (5 avril 2006)

 
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A l’automne 1990, Dan Jones, Dan Roos et moi avons écrit Le Système qui va changer le monde, notre description de l’entreprise lean. À la page 253 [de l’édition américaine, NDT], nous avions prévu que 1991 ou 1992 serait le moment crucial, celui où la puissance du lean (représenté par Toyota) menacerait de renverser la production de masse (défendue par General Motors). Et en 1992, GM fut très proche de la faillite.
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Quand j'ai fondé le Lean Enterprise Institute, qui aura neuf ans cet été, je voulais améliorer rendre accessible la connaissance des fondements du lean sous des formes faciles à comprendre. Mon souhait était que chacun puisse accomplir des progrès plus rapides sur le chemin de la création d’organisations qui créent plus de valeur avec moins de gaspillages.
 
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Cependant, comme cela se produit souvent avec les prévisions, nous nous sommes trompé sur le calendrier. Le moment de vérité a en fait été retardé de quinze ans. Ce qui semble à présent certain, c’est, d’une part, que Toyota dépassera GM en 2006 pour devenir la plus grande entreprise industrielle du monde et, d’autre part, que GM et Ford subiront une transformation profonde – menée par la direction actuelle ou par quelqu’un d’autre.
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Si je regarde en arrière, je pense que nous nous en sommes plutôt bien sortis, même si nous avons réalisé, conformément à l’esprit du hansei, que rien n’est jamais parfait. Nous avons produit une série de cahiers qui a eu beaucoup de succès et des séries de séminaires/ateliers qui ont rencontré le succès public sur l’implémentation du lean au niveau opérationnel. Nous avons même édité un roman lean et nous avons organisé quelques conférences très courues pendant lesquelles nous avons essayé de rassembler les troupes et de créer une communauté lean. Ce qui est peut être le plus étonnant, parce que les technologies pour le faire sont apparues au moment de la création du LEI, c’est d’avoir créé une communauté lean globale via le web qui compte à présent plus de 88 000 membres dans 89 pays.
 
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Voilà les bonnes nouvelles, auxquelles il faut ajouter la bonne santé financière du LEI à laquelle la communauté lean a contribué en achetant nos produits. Mais après plus de hansei cette année, nous avons conclu que nous devions faire plus. Nous avons donc décidé de faire un grand saut aussi bien pour ce qui concerne les activités que les objectifs du LEI, et c’est ce que nous annonçons aujourd'hui.
 
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Ces derniers temps, en écoutant les dirigeants du secteur et les médias parler de cet événement historique, j’ai été frappé par le manque manifeste de pertinence dans les explications qu’ils avançaient des causes profondes de cet événement. La crise n'est pas due à des cours malencontreux des devises, ni à des subventions de l’entreprise Japon à ses sociétés, ni à l’augmentation des prix de l'énergie (bien que celle-ci ait affecté le calendrier). Elle ne s’explique pas non plus simplement par le fait que GM et Ford aient à financer un nombre trop élevé de retraités par rapport à leur main d'oeuvre actuelle. (En fait, cette idée confond les causes et les conséquences : GM et Ford doivent financer trop de retraités nord-américains par rapport à leur niveau d’emploi actuel parce que ces deux compagnies ont perdu la moitié de leur part du marché nord-américain au cours des 25 dernières années et n’ont à peu près personne en un quart de siècle.) La cause profonde de la crise est imputable à la confrontation entre deux modèles d'affaires, et le meilleur est en train de gagner.
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  • Nous allons élargir notre gamme de publications pour traiter de l'entreprise lean dans son ensemble - étendant nos sujets au développement de produits, à la gestion des fournisseurs, aux problématiques clients, au management et à la gestion de la chaîne de valeur étendue. Pour ce faire, j'ai demandé à Michael Brassard de nous rejoindre comme président de « Produits Educatifs Lean ». Il s’agit d’une nouvelle entité qui gérera l'édition du LEI grâce à laquelle nous espérons publier des cahiers, des guides, des vidéos, des CDs, des logiciels et tous les autres produits dont vous pourriez avoir besoin pour soutenir le développement lean dans l’ensemble de votre entreprise. Michael apporte ses années d’expérience dans le développement de documents de formation dans le domaine de la qualité, et je suis sûr que nous allons maintenant aller beaucoup plus vite pour développer de nouveaux produits que nous le faisions ces neuf dernières années, où je m’en occupais seul.
 
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Comme nous l’avons montré dans Le Système, y consacrant à chaque fois un chapitre, une entreprise lean se décompose en cinq éléments : un processus de développement de produit, un processus de gestion des fournisseurs, un processus de gestion des clients, un processus global de gestion d'entreprise et un processus de production qui va des commandes jusqu’à la livraison. Et chacun de ces processus est supérieur aux processus utilisés pour les mêmes tâches dans une entreprise de production de masse.
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  • Nous allons étendre notre gamme de formations pour toucher tous les employés, des opérateurs à la direction, dans de nombreux secteurs d’activité. Pour ce faire, j'ai demandé à Dave LaHote de nous rejoindre comme président de « Formations Lean ». Il s’agit de la nouvelle entité éducative du LEI grâce à laquelle nous espérons trouver des moyens de toucher les agents du changement, les managers, les directeurs des opérations et les PDG grâce à des exercices pédagogiques montrant comment créer des entreprises lean à la fois dans les sites anciens et sur de nouveaux sites dans un grand nombre de secteurs d’activité. Dave a passé 30 ans dans l'industrie, en bonne partie au niveau de directeur général, et nous avons travaillé ensemble sur un certain nombre d'initiatives de transformation lean dans le passé. Il s’intéresse tout particulièrement à la formation des managers et je suis certain que vous en verrez bientôt les résultats à la fois dans nos séminaires habituels et dans nos nouvelles formes d'enseignement.
 
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Le processus lean de développement de produit, tel qu’il est en œuvre chez Toyota, permet à une entreprise de produire des véhicules en utilisant moins d'heures d’ingénierie, en moins de mois de développement de produit et avec moins de défauts, tout en investissant moins de capital et en satisfaisant mieux les clients. Les outils clefs en sont le concept d’ingénieur en chef, le set-based concurrent engineering (qui est également simultané), le prototypage à grande vitesse avec des courbes d’arbitrage de manière à éviter de réinventer la roue. (Ce n’est pas un hasard si Toyota a été capable d’entendre en premier la voix du consommateur pour ce qui concerne les moteurs hybrides ou si la Prius, qui incorpore plus de nouvelles technologies que n'importe quel autre véhicule depuis une génération, ait été développée très rapidement et récemment élue par Consumer Reports véhicule le plus fiable vendu aux États-Unis. Ce sont les résultats prévisibles du processus de développement lean.)
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  • Nous allons accroître notre connaissance de ce qu’il faut vraiment faire pour créer d’une entreprise lean - en partant du PDG - en lançant une série de partenariats de haut niveau, avec plusieurs entreprises. Pour engager cette démarche, j'ai demandé à Dave Logozzo de nous rejoindre comme président de « Entreprises Partenaires Lean ». Dave et moi avons travaillé étroitement ensemble au cours des six dernières années sur le partenariat LEI/Delphi où Dave a animé les efforts de Delphi en tant que « Directeur exécutif pour l’entreprise lean ». Représentez-vous cette entité comme étant le laboratoire de recherche du LEI, grâce auquel nous essayons de dépasser la situation actuelle qui est qu’il n’existe qu’un seul Toyota en dépit des efforts de beaucoup de membres de la communauté lean. Nous y testerons des hypothèses sur les changements cruciaux concernant le management, le leadership et l'organisation requis pour égaler la performance de Toyota ou pour faire encore mieux. Nous présenterons nos résultats au sujet du leadership lean dans les prochaines publications du LEI et les prochains événements publics.
 
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La gestion lean des fournisseurs consiste à créer un partenariat de long terme avec un nombre restreint de fournisseurs performants. Les fournisseurs travaillent pour satisfaire des exigences ambitieuses en terme de coût, de qualité, de fiabilité des livraisons et de recours à des nouvelles technologies et réalisent ces objectifs en examinant conjointement avec leurs clients les processus de développement et de production qu'ils partagent. L'approche lean a des avantages très importants et prévisibles, mais même si GM et Ford comprenaient ces concepts, le fait qu’ils croient devoir sauver leur peau en saignant à mort leurs fournisseurs a rendu l'application du lean chez eux impossible.
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  • Une dernière information sur le nouveau LEI concerne la nomination d’Helen Zak, notre directrice des opérations, au poste supplémentaire de directrice des événements lean. Helen organisera une série de conférences, certaines publiques et d’autres privées, où nous partagerons nos expériences mutuelles sur le leadership lean et nos voyages lean afin de réunir tous les éléments du nouveau LEI.
 
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Un système de gestion lean des consommateurs produit des clients pour la vie tout en réduisant les coûts de distribution, en raisonnant de l’aval vers l’amont à partir de ce que le client souhaite obtenir, et de l’amont vers l’aval en explicitant les besoins du système de production. En réalité, bien que Toyota ait déployé ces concepts de manière brillante au Japon, il n’a pas réussi jusqu'ici à les mettre en place aux Etats-Unis. Son réseau de distribution Lexus a permis d’obtenir un niveau très élevé de satisfaction client, mais à un coût substantiel. Réussir à satisfaire le client tout en maintenant des coûts faibles est un sujet clef que Dan Jones et moi traitons dans _ Lean Solutions_ ; il y a là une grande opportunité pour GM et Ford de prendre Toyota de vitesse, en utilisant ses propres méthodes. Ou alors, s’ils échouent, ce pourrait être l'acte final de cette tragédie, surtout si Toyota rend enfin lean ses concessionnaires dans les prochaines années, de la même manière qu’elle l’a fait avec ses prestataires de service après-vente dans les années 90.
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Je suis vraiment enthousiasmé par cette nouvelle aventure avec une équipe plus grande et avec un nouveau quartier général, à Cambridge, Massachusetts. (Il se trouve que nous sommes en face du bâtiment du MIT où j’ai travaillé pendant presque 20 années, donc j’ai l’impression d’être rentré à la maison.) Je suis certain que nous allons ainsi fournir un meilleur travail de leadership pour la Communauté Lean, nous dépendrons toujours de vos réactions franches sur ce que nous faisons, dans l'esprit du hansei.
 
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Enfin, un système de management lean sollicite les managers à chaque niveau pour qu’ils identifient les principaux problèmes qui doivent être résolus et qu’ils demandent aux équipes qu’ils animent de développer et de mettre en application les réponses à ces problèmes. Cette pratique qui consiste à poser les bonnes questions plutôt que de fournir les bonnes réponses (qu’un patron à niveau élevé ne peut d’ailleurs pas connaître) est peut-être le contraste le plus saisissant entre la démarche lean et la production de masse classique, et la chose la plus difficile à implémenter.

Si nous prenons en compte ces quatre éléments, il n’est pas étonnant que Toyota, exemplaire sur le lean, progresse de façon constante alors que les entreprises de production de masse, GM et Ford, perdent du terrain de façon constante bien qu’elles adoptent certains aspects du système lean. Et notez que je n'ai pas mentionné le cinquième trait d’une entreprise lean – les opérations de production – parce que GM et Ford sont maintenant presque concurrentiels concernant cette dimension en terme de productivité de travail. La cause profonde de la crise actuelle n'est pas dans l'usine. Elle est dans le reste du système de création de valeur.

Quelles sont les mesures à prendre rapidement pour que GM et Ford résolvent cette crise?

Réécrire le contrat social. Comme Toyota l’a appris au moment où elle a fait faillite en 1950 et a licencié un quart de sa main d’œuvre, aucune entreprise dans une industrie véritablement concurrentielle ne peut faire des promesses aux employés (ou aux retraités) qui ne soit pas soutenable sur le marché. Toyota a alors passé un marché avec ses employés : supprimer la surcapacité d’un seul coup, lier les primes et les avantages des employés aux conditions du marché (avec pour tous les employés des bonus fonction des profits et des pensions indexées sur les contributions), et s’efforcer de défendre chaque employé disposé à s’approprier le nouveau système de création de valeur. Depuis plus de 50 ans, en suivant soigneusement ces règles, Toyota a pu accroître solidement sa compétitivité tout en défendant ses employés. Mais chaque employé chez Toyota comprend que le fait de garder son emploi et d’obtenir des augmentations dépend du fait de créer toujours plus de valeur par employé. C’est pourquoi chacun s'inquiète tellement et pense tellement à améliorer continuellement chaque processus. L'emploi à vie est une conséquence de la création de valeur, pas une condition préalable ni un droit.

Introduire tous les éléments d'une entreprise lean. Ceci inclut le développement des produits, la gestion des fournisseurs, la gestion des clients, et la politique managériale. Ces pratiques permettent à Toyota d’être en avance sur les produits qu’elle propose en Amérique du Nord, de pratiquer des prix de vente sensiblement plus élevés pour chaque segment avec des coûts sensiblement inférieurs. Et cela bien que ses employés en Amérique du Nord soient payés à des niveaux de salaires et d’avantages comparables à ceux de GM et Ford, à l’exception des plans irréalistes de pré-retraite et de retraites non-indexées sur les contributions, et tout en permettant à ses fournisseurs de réaliser des marges correctes.

Simplifier les gammes proposées. En vérité, GM et Ford ont un problème spécifique, que Toyota n’a jamais eu, qui est la pléthore de marques qu’ils ont à gérer. Mais la solution se situe en fait dans le passé de GM. Le Président Alfred Sloan a fait des miracles au début des années 20 en rationalisant le méli-mélo d’entreprises se concurrençant et de marques se recouvrant dont il avait hérité du fondateur Billy Durant. Mais où est le nouvel Alfred Sloan, qui puisse soit expliquer ce que sont Buick, Pontiac, Saab, Saturn et GMC (et Mercury, Mazda et Jaguar à Ford), soit se débarrasser des marques qui ne font qu’ajouter des coûts ? Le portefeuille de Toyota en Amérique du Nord se compose de Scion, une marque à la mode et innovante, de Toyota, marque sans surprise pour les personnes qui apprécient le un trajet confortable, sans histoire, mais qui n’accordent pas un intérêt particulier aux voitures, et de Lexus, pour ceux qui souhaitent manifester un statut ou une image avec leur véhicule ; il se compose du maximum de marques qu’un constructeur automobile moderne de nos jours peut offrir.

Que se passerait-il si tout le monde adoptait uniformément la démarche lean ? Après un moment de vérité auquel participeraient les employés, les retraités, les fournisseurs et les investisseurs, suivi par une restructuration en profondeur de chaque entreprise, l’équilibre pourrait revenir dans ce secteur industriel colossal. GM et Ford pourraient survivre en tant qu’entreprises indépendantes, bien que considérablement plus petites, et Toyota constaterait qu'elle doit travailler encore plus dur pour améliorer chaque processus à présent que les concurrents auraient adopté la démarche lean. Et ce serait bon pour le monde entier.

Mais que va-t-il se produire en réalité ? C’est aux managers, aux employés et aux investisseurs de GM et de Ford d’en décider prochainement. Dan et moi avons appris en 1990 que la démarche lean constituait une méthode formidable pour identifier la cause profonde du problème, mais que les penseurs lean ne doivent pas avoir confiance dans les prédictions !

  Cordialement,
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (40 - 2006-02-10 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Juste-à-temps, juste au cas où, et juste tout faux (22 janvier 2006)

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La dernière lettre : Il était une fois deux modèles d’affaires (7 février 2006)

 
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J'ai commencé mes lettres électroniques immédiatement après les attentats du 11 septembre 2001, comme une réponse aux nombreux commentateurs qui affirmaient que le Juste-à-temps ne pourrait plus fonctionner du fait du risque de rupture des chaînes d'approvisionnement dans le nouvel environnement international. Selon eux, des stocks imposants étaient nécessaires tout au long des chaînes de valeur pour permettre une réponse rapide à des conditions chaotiques.
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A l’automne 1990, Dan Jones, Dan Roos et moi avons écrit Le Système qui va changer le monde, notre description de l’entreprise lean. À la page 253 [de l’édition américaine, NDT], nous avions prévu que 1991 ou 1992 serait le moment crucial, celui où la puissance du lean (représenté par Toyota) menacerait de renverser la production de masse (défendue par General Motors). Et en 1992, GM fut très proche de la faillite.
 
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Je savais que c’était une analyse totalement erronée de la situation. Compter sur des produits finis entreposés à divers endroits pour répondre d’une manière ou d’une autre à des interruptions des moyens de transport ou dans des usines-clefs serait aussi inefficace que dangereux pour les organisations productives et pour la société tout entière. D’où ma première lettre électronique, « non-sens à propos du Juste-à-temps ». (J'espère que vous savez que celle-ci et mes 50 lettres électroniques suivantes sont disponibles sur www.lean.org (dossier Archives, onglet Community) – et que les traductions françaises des 20 dernières sont en ligne sur www.lean.enst.fr).
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Cependant, comme cela se produit souvent avec les prévisions, nous nous sommes trompé sur le calendrier. Le moment de vérité a en fait été retardé de quinze ans. Ce qui semble à présent certain, c’est, d’une part, que Toyota dépassera GM en 2006 pour devenir la plus grande entreprise industrielle du monde et, d’autre part, que GM et Ford subiront une transformation profonde – menée par la direction actuelle ou par quelqu’un d’autre.
 
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Depuis ce moment, j'ai conservé un dossier de presse sur les raisons avancées par ceux qui pensent que le Juste-à-temps ne peut pas fonctionner dans notre monde moderne. La toute dernière provient de l'édition du 12 janvier du Wall Street Journal, où un article de une porte le titre : « la gestion des stocks en Juste-à-temps rend les Etats-Unis vulnérables à une pandémie. » La phrase capitale dans cet article décrit le problème de la manière suivante : « Au cœur du problème, les pratiques de gestion en Juste-à-temps qui sont très largement répandues visent à réduire les coûts et à améliorer la qualité en réduisant les stocks et en produisant les produits en fonction de la demande ; elles sont à l'opposé de la logique du « juste au cas où », qui promeut le stockage de médicaments, l'intervention du gouvernement, et une préparation générale.
 
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Donc, si quelqu'un était assez fou pour penser que le Jute-à-temps était une bonne idée après le 11 septembre, certainement il reviendra à la raison devant la perspective de la grippe aviaire! Laissez moi prendre une minute pour voir si je peux remettre ça d'aplomb.
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Ces derniers temps, en écoutant les dirigeants du secteur et les médias parler de cet événement historique, j’ai été frappé par le manque manifeste de pertinence dans les explications qu’ils avançaient des causes profondes de cet événement. La crise n'est pas due à des cours malencontreux des devises, ni à des subventions de l’entreprise Japon à ses sociétés, ni à l’augmentation des prix de l'énergie (bien que celle-ci ait affecté le calendrier). Elle ne s’explique pas non plus simplement par le fait que GM et Ford aient à financer un nombre trop élevé de retraités par rapport à leur main d'oeuvre actuelle. (En fait, cette idée confond les causes et les conséquences : GM et Ford doivent financer trop de retraités nord-américains par rapport à leur niveau d’emploi actuel parce que ces deux compagnies ont perdu la moitié de leur part du marché nord-américain au cours des 25 dernières années et n’ont à peu près personne en un quart de siècle.) La cause profonde de la crise est imputable à la confrontation entre deux modèles d'affaires, et le meilleur est en train de gagner.
 
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Premièrement, qu'est-ce que le Juste-à-temps ? C'est une idée toute simple formulée par Kiichiro Toyoda chez Toyota à la fin des années trente. Chaque étape dans un flux de valeur devrait prélever précisément ce dont elle a besoin de l'étape qui la précède dans le flux de valeur. Ce prélèvement devrait être le signal qu’attend l'étape précédente pour immédiatement fabriquer de nouvelles pièces et remplacer exactement celles prélevées. L'idée est de remplacer des systèmes de planification complexes – qui reposent sur l'accumulation centralisée des données et sur des formules complexes – par des systèmes simples et intuitifs qui marchent bien mieux tout en réduisant spectaculairement la taille des stocks le long du flux de valeur.
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Comme nous l’avons montré dans Le Système, y consacrant à chaque fois un chapitre, une entreprise lean se décompose en cinq éléments : un processus de développement de produit, un processus de gestion des fournisseurs, un processus de gestion des clients, un processus global de gestion d'entreprise et un processus de production qui va des commandes jusqu’à la livraison. Et chacun de ces processus est supérieur aux processus utilisés pour les mêmes tâches dans une entreprise de production de masse.
 
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Toyota mit en place son système de flux tirés grâce à quelques règles simples. L’une d'entre elles était qu'entre chaque étape dans un flux de valeur il est fondamental de calculer exactement le stock standard. Il s’agit de la quantité de pièces qui doit être disponible pour que le client en aval soit toujours satisfait. Ce stock est composé de trois éléments : le stock tampon, le stock de sécurité, et le stock d'expédition :
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Le processus lean de développement de produit, tel qu’il est en œuvre chez Toyota, permet à une entreprise de produire des véhicules en utilisant moins d'heures d’ingénierie, en moins de mois de développement de produit et avec moins de défauts, tout en investissant moins de capital et en satisfaisant mieux les clients. Les outils clefs en sont le concept d’ingénieur en chef, le set-based concurrent engineering (qui est également simultané), le prototypage à grande vitesse avec des courbes d’arbitrage de manière à éviter de réinventer la roue. (Ce n’est pas un hasard si Toyota a été capable d’entendre en premier la voix du consommateur pour ce qui concerne les moteurs hybrides ou si la Prius, qui incorpore plus de nouvelles technologies que n'importe quel autre véhicule depuis une génération, ait été développée très rapidement et récemment élue par Consumer Reports véhicule le plus fiable vendu aux États-Unis. Ce sont les résultats prévisibles du processus de développement lean.)
 
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  • Le stock tampon, ce sont les produits déjà produits par une étape et qui sont conservés pour faire face à une soudaine augmentation de demande de la part du client situé en aval ;
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La gestion lean des fournisseurs consiste à créer un partenariat de long terme avec un nombre restreint de fournisseurs performants. Les fournisseurs travaillent pour satisfaire des exigences ambitieuses en terme de coût, de qualité, de fiabilité des livraisons et de recours à des nouvelles technologies et réalisent ces objectifs en examinant conjointement avec leurs clients les processus de développement et de production qu'ils partagent. L'approche lean a des avantages très importants et prévisibles, mais même si GM et Ford comprenaient ces concepts, le fait qu’ils croient devoir sauver leur peau en saignant à mort leurs fournisseurs a rendu l'application du lean chez eux impossible.
 
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  • Le stock de sécurité, ce sont les produits ou composants qui sont stockés pour protéger le niveau de production du processus dans le cas où des fournisseurs en amont échouent à répondre pas au signal d'approvisionnement dans les délais ou si le processus lui-même rencontre des problèmes (mauvaise qualité, panne d'équipement, par exemple).
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Un système de gestion lean des consommateurs produit des clients pour la vie tout en réduisant les coûts de distribution, en raisonnant de l’aval vers l’amont à partir de ce que le client souhaite obtenir, et de l’amont vers l’aval en explicitant les besoins du système de production. En réalité, bien que Toyota ait déployé ces concepts de manière brillante au Japon, il n’a pas réussi jusqu'ici à les mettre en place aux Etats-Unis. Son réseau de distribution Lexus a permis d’obtenir un niveau très élevé de satisfaction client, mais à un coût substantiel. Réussir à satisfaire le client tout en maintenant des coûts faibles est un sujet clef que Dan Jones et moi traitons dans _ Lean Solutions_ ; il y a là une grande opportunité pour GM et Ford de prendre Toyota de vitesse, en utilisant ses propres méthodes. Ou alors, s’ils échouent, ce pourrait être l'acte final de cette tragédie, surtout si Toyota rend enfin lean ses concessionnaires dans les prochaines années, de la même manière qu’elle l’a fait avec ses prestataires de service après-vente dans les années 90.
 
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  • Le stock d'expédition, ce sont les produits qui sont rassemblés pour la prochaine expédition.
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Enfin, un système de management lean sollicite les managers à chaque niveau pour qu’ils identifient les principaux problèmes qui doivent être résolus et qu’ils demandent aux équipes qu’ils animent de développer et de mettre en application les réponses à ces problèmes. Cette pratique qui consiste à poser les bonnes questions plutôt que de fournir les bonnes réponses (qu’un patron à niveau élevé ne peut d’ailleurs pas connaître) est peut-être le contraste le plus saisissant entre la démarche lean et la production de masse classique, et la chose la plus difficile à implémenter.
 
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La seconde règle cruciale est de choisir un point du flux de valeur comme métronome et d'y placer un stock tampon qui sert à gérer les fluctuations normales de la demande des clients. Ce stock tampon est dimensionné pour répondre à toutes les variations raisonnables de la demande commerciale, pour que le client soit toujours servi. Grâce à ce tampon, chaque étape amont du métronome peut fonctionner sans à-coups, avec une demande lissée sur de longues périodes. Le nom de cette technique, bien sûr, c’est le Heijunka. Quand il est réalisé correctement, le lissage de demande élimine le besoin de stocks tampon entre chaque étape et réduit spectaculairement le stock total au long du flux de valeur.
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Si nous prenons en compte ces quatre éléments, il n’est pas étonnant que Toyota, exemplaire sur le lean, progresse de façon constante alors que les entreprises de production de masse, GM et Ford, perdent du terrain de façon constante bien qu’elles adoptent certains aspects du système lean. Et notez que je n'ai pas mentionné le cinquième trait d’une entreprise lean – les opérations de production – parce que GM et Ford sont maintenant presque concurrentiels concernant cette dimension en terme de productivité de travail. La cause profonde de la crise actuelle n'est pas dans l'usine. Elle est dans le reste du système de création de valeur.
 
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Alors, quel est le problème et pourquoi les commentateurs continuent à suggérer que le Juste-à-temps ne peut fonctionner dans un monde chaotique ? Le problème est que les interruptions graves induites par des événements géopolitiques et des catastrophes biologiques ou naturelles doivent être gérées en dehors du cadre du Juste-à-temps. Mélanger les conditions normales d’opération et les situations d’urgence extrême ne conduit qu’à embrouiller les esprits.
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Quelles sont les mesures à prendre rapidement pour que GM et Ford résolvent cette crise?
 
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Comment ces problèmes doivent-ils être démêlés ? Analysons à un problème particulier de la grippe aviaire, pour laquelle une des principales inquiétudes est le manque de respirateurs artificiels pour aider les victimes à respirer en attendant que leurs forces reviennent. Les gouvernements doivent dès à présent décider de combien d'unités de réserve – construites et prêtes à fonctionner – ils doivent avoir sous la main pour s'adapter à une soudaine, et énorme, déferlante de demande. (L'article du Wall Street Journal affirme que le gouvernement américain dispose d'un stock de 4 500 respirateurs, mais que des dizaines de milliers d'unités supplémentaires pourraient être nécessaires très rapidement, sachant qu’il ne s’en fabrique actuellement que quelques milliers par an.)
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Réécrire le contrat social. Comme Toyota l’a appris au moment où elle a fait faillite en 1950 et a licencié un quart de sa main d’œuvre, aucune entreprise dans une industrie véritablement concurrentielle ne peut faire des promesses aux employés (ou aux retraités) qui ne soit pas soutenable sur le marché. Toyota a alors passé un marché avec ses employés : supprimer la surcapacité d’un seul coup, lier les primes et les avantages des employés aux conditions du marché (avec pour tous les employés des bonus fonction des profits et des pensions indexées sur les contributions), et s’efforcer de défendre chaque employé disposé à s’approprier le nouveau système de création de valeur. Depuis plus de 50 ans, en suivant soigneusement ces règles, Toyota a pu accroître solidement sa compétitivité tout en défendant ses employés. Mais chaque employé chez Toyota comprend que le fait de garder son emploi et d’obtenir des augmentations dépend du fait de créer toujours plus de valeur par employé. C’est pourquoi chacun s'inquiète tellement et pense tellement à améliorer continuellement chaque processus. L'emploi à vie est une conséquence de la création de valeur, pas une condition préalable ni un droit.
 
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Ces produits devraient être gérés séparément des stocks commerciaux normaux, sous le contrôle du gouvernement, et dénommés de manière appropriée : stocks d'urgence. Ceux-ci sont simplement la version matérielle d'une police d'assurance, à ceci près que la police est au nom de la société et non d’un individu.
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Introduire tous les éléments d'une entreprise lean. Ceci inclut le développement des produits, la gestion des fournisseurs, la gestion des clients, et la politique managériale. Ces pratiques permettent à Toyota d’être en avance sur les produits qu’elle propose en Amérique du Nord, de pratiquer des prix de vente sensiblement plus élevés pour chaque segment avec des coûts sensiblement inférieurs. Et cela bien que ses employés en Amérique du Nord soient payés à des niveaux de salaires et d’avantages comparables à ceux de GM et Ford, à l’exception des plans irréalistes de pré-retraite et de retraites non-indexées sur les contributions, et tout en permettant à ses fournisseurs de réaliser des marges correctes.
 
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Refuser cette logique et espérer que le vieux concept de stocks "juste au cas où" situés tout au long du flux de valeur des respirateurs artificiels pourrait résoudre le problème est naïf : le vrai problème, c’est le manque de capacité d’assemblage des composants en produits finis. Et penser que des entreprises vont maintenir de leur propre chef un stock tampon de produits finis adéquat pour traiter une vraie situation d’urgence est également naïf. Elles feraient faillite si elles essayaient.
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Simplifier les gammes proposées. En vérité, GM et Ford ont un problème spécifique, que Toyota n’a jamais eu, qui est la pléthore de marques qu’ils ont à gérer. Mais la solution se situe en fait dans le passé de GM. Le Président Alfred Sloan a fait des miracles au début des années 20 en rationalisant le méli-mélo d’entreprises se concurrençant et de marques se recouvrant dont il avait hérité du fondateur Billy Durant. Mais où est le nouvel Alfred Sloan, qui puisse soit expliquer ce que sont Buick, Pontiac, Saab, Saturn et GMC (et Mercury, Mazda et Jaguar à Ford), soit se débarrasser des marques qui ne font qu’ajouter des coûts ? Le portefeuille de Toyota en Amérique du Nord se compose de Scion, une marque à la mode et innovante, de Toyota, marque sans surprise pour les personnes qui apprécient le un trajet confortable, sans histoire, mais qui n’accordent pas un intérêt particulier aux voitures, et de Lexus, pour ceux qui souhaitent manifester un statut ou une image avec leur véhicule ; il se compose du maximum de marques qu’un constructeur automobile moderne de nos jours peut offrir.
 
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(Les gouvernements doivent également décider de la manière de distribuer les stocks d'urgence quand ce sera nécessaire, parce que la fixation des prix par les lois habituelles de l’offre et de la demande ne peut fonctionner dans la panique. La bonne nouvelle, comme l'a montré l'urgence lors de la tempête tropicale Katrina, c’est que les entreprises modernes de logistique comme FedEx et DHL sont capables de livrer les produits rapidement dans des conditions chaotiques, même quand les efforts du gouvernement échouent.)
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Que se passerait-il si tout le monde adoptait uniformément la démarche lean ? Après un moment de vérité auquel participeraient les employés, les retraités, les fournisseurs et les investisseurs, suivi par une restructuration en profondeur de chaque entreprise, l’équilibre pourrait revenir dans ce secteur industriel colossal. GM et Ford pourraient survivre en tant qu’entreprises indépendantes, bien que considérablement plus petites, et Toyota constaterait qu'elle doit travailler encore plus dur pour améliorer chaque processus à présent que les concurrents auraient adopté la démarche lean. Et ce serait bon pour le monde entier.
 
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Le point clef à retenir, c’est qu'avec des stocks d'urgence en place, comme nous devons tous espérer qu'il y en aura, le Juste-à-temps fonctionne très bien. Il aide les systèmes de production à absorber les variations normales de la demande du marché au moindre coût, avec la meilleure qualité et une réactivité maximale aux désirs des clients. En fait, les économies permises par le Juste-à-temps, que nous avons tout juste commencé à mettre en place sur l’ensemble de notre économie, sont une bonne façon pour la société de se payer des stocks d'urgence.

Donc, s'il vous plait, quand vous entendez des personnes bien intentionnées mais à l'esprit embrouillé attaquer le Juste-à-temps alors qu'elles devraient dénoncer l’absence de stocks d'urgence, faites ce que vous pouvez pour remettre les choses d'aplomb.

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Mais que va-t-il se produire en réalité ? C’est aux managers, aux employés et aux investisseurs de GM et de Ford d’en décider prochainement. Dan et moi avons appris en 1990 que la démarche lean constituait une méthode formidable pour identifier la cause profonde du problème, mais que les penseurs lean ne doivent pas avoir confiance dans les prédictions !
  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour cette traduction.
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (39 - 2006-01-31 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Une Réelle Opportunité (7 novembre 2005)

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La dernière lettre : Juste-à-temps, juste au cas où, et juste tout faux (22 janvier 2006)

 
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J'ai commencé à étudier la performance industrielle il y a quelques 26 ans. Nous avions alors entrepris, au MIT, de réaliser un état des lieux comparatif aussi exhaustif et précis que possible de la plus grande industrie du monde – les véhicules à moteur - parce que nous pensions que cette industrie était représentative de l’industrie en général et parce qu'un changement profond dans les pratiques industrielles était en train de s’y produire.
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J'ai commencé mes lettres électroniques immédiatement après les attentats du 11 septembre 2001, comme une réponse aux nombreux commentateurs qui affirmaient que le Juste-à-temps ne pourrait plus fonctionner du fait du risque de rupture des chaînes d'approvisionnement dans le nouvel environnement international. Selon eux, des stocks imposants étaient nécessaires tout au long des chaînes de valeur pour permettre une réponse rapide à des conditions chaotiques.
 
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Quand je me remémore ces 26 années, je vois ce que beaucoup des membres de la Communauté lean qui ont encore des carrières plus courtes ne peuvent pas voir. Nous avons amélioré de façon absolument remarquable les processus de conception et de production de produits, ainsi que ceux de gestion des fournisseurs. De ce fait, le nombre de défauts sur les nouveaux véhicules et le nombre de problèmes rencontrés au long d’une utilisation sur plusieurs années ont baissé de manière significative. Dans le même temps, le coût réel (corrigé de l’inflation) pour le consommateur d’un ensemble de fonctionnalités d’un véhicule a diminué année après année. Ces gains ne sont pas dus aux économies d’échelle comme cela était le cas à l’époque de la production de masse. Ces gains se sont en effet produits en dépit d’une baisse du volume annuel de production pour un véhicule donné et d’une durée de vie des produits écourtée, car l’industrie automobile offre des modèles toujours plus variés et de nouvelles options. Mieux encore, cette triple victoire pour le consommateur -- une meilleure qualité pour un coût inférieur et avec plus de variété – s’est répandue rapidement dans tous les secteurs industriels. Bref, en un quart de siècle, nous sommes globalement devenus bien meilleurs à fabriquer des choses et il y a tout lieu de penser que cette évolution va se poursuivre puisque nous apprenons toujours davantage au sujet du management lean des processus.
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Je savais que c’était une analyse totalement erronée de la situation. Compter sur des produits finis entreposés à divers endroits pour répondre d’une manière ou d’une autre à des interruptions des moyens de transport ou dans des usines-clefs serait aussi inefficace que dangereux pour les organisations productives et pour la société tout entière. D’où ma première lettre électronique, « non-sens à propos du Juste-à-temps ». (J'espère que vous savez que celle-ci et mes 50 lettres électroniques suivantes sont disponibles sur www.lean.org (dossier Archives, onglet Community) – et que les traductions françaises des 20 dernières sont en ligne sur www.lean.enst.fr).
 
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Cependant, quand je compare les produits industriels remarquables que nous avons autour de nous aux efforts que nous devons fournir continuellement pour résoudre entièrement, en tant que consommateurs, nos problèmes de consommation, le tableau est bien moins réjouissant. Les biens que je possède sont à présent bien plus réussis que mon expérience de consommateur tentant de résoudre des problèmes qui vont du logement à la mobilité en passant par la santé ou les communications. Je me retrouve ainsi engagé dans des accrochages interminables avec les fournisseurs (mon concessionnaire, ma mutuelle, mon supermarché ou encore les compagnies aériennes) de tous les biens et services que j’utilise dans ma vie trop occupée afin de résoudre mes problèmes sans y consacrer trop de temp et pour un coût raisonnable. En bref, nous sommes maintenant à l'âge de la production lean mais nous sommes toujours coincés à l'âge de la consommation de masse et des approvisionnements de masse.
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Depuis ce moment, j'ai conservé un dossier de presse sur les raisons avancées par ceux qui pensent que le Juste-à-temps ne peut pas fonctionner dans notre monde moderne. La toute dernière provient de l'édition du 12 janvier du Wall Street Journal, où un article de une porte le titre : « la gestion des stocks en Juste-à-temps rend les Etats-Unis vulnérables à une pandémie. » La phrase capitale dans cet article décrit le problème de la manière suivante : « Au cœur du problème, les pratiques de gestion en Juste-à-temps qui sont très largement répandues visent à réduire les coûts et à améliorer la qualité en réduisant les stocks et en produisant les produits en fonction de la demande ; elles sont à l'opposé de la logique du « juste au cas où », qui promeut le stockage de médicaments, l'intervention du gouvernement, et une préparation générale.
 
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En nous penchant sur ce problème avec Dan Jones en tant que spécialistes de la gestion de processus, il nous est naturellement apparu que la manière de progresser serait d’améliorer les processus. Après tout, la consommation et l’approvisionnement des biens et des services dont nous avons besoin sont des processus – des séquences complexes de tâches interdépendantes que le consommateur et le fournisseur doivent exécuter. Au total, nous avons rapidement réalisé que le type de raisonnements lean auxquels nous nous sommes tous habitués dans l’industrie a rarement été appliqué à la grande majorité des activités de la vie quotidienne. Or les services privés et publics représentent 80% ou plus des activités au sein des économies avancées, et ceci laisse penser qu'il existe une réelle opportunité de rendre nos vies meilleures si nous pouvions simplement transférer la compréhension lean des processus de l'usine au reste de l'économie. Dan et moi avons maintenant achevé notre participation à cet effort, qui prend la forme de notre nouveau livre, Lean Solutions, et nous voudrions récapituler nos résultats pour la Communauté lean. C’est pourquoi j’organise le premier « web-minaire » du LEI le 15 novembre à 14 heures (heure de la côte est des Etats-Unis, soit 20 heures, heure française, NDR). Grâce aux avancées majeures de la technologie Internet disponible à partir de nos PC (un exemple formidable de produits remarquables connectés et maintenus par des services inefficaces médiocres), nous pouvons y inviter tous les membres de notre Communauté qui souhaitent être présents. Parce qu’il s’agit d’un petit remerciement à la Communauté pour son grand soutien au LEI au cours des huit dernières années, cet événement en ligne, qui durera une heure, est gratuit.
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Donc, si quelqu'un était assez fou pour penser que le Jute-à-temps était une bonne idée après le 11 septembre, certainement il reviendra à la raison devant la perspective de la grippe aviaire! Laissez moi prendre une minute pour voir si je peux remettre ça d'aplomb.
 
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Je commencerai par une projection de diapositives décrivant les principes de la consommation et de l’approvisionnement lean, qui permettent de créer des solutions lean qui bénéficient aux consommateurs, aux fournisseurs, et aux fabricants. Et je vous donnerai quelques exemples séminaux de firmes qui comblent l'énorme fossé qui existe généralement entre le consommateur et l'usine. Nous aurons ensuite une période de questions/réponses pendant laquelle vous pourrez m’envoyer vos questions par mél, et où j'essayerai de répondre en temps réel. Je suis vraiment excité par le potentiel de la consommation et des approvisionnements lean qui, joints à la production lean, rendront toutes nos vies meilleures, pas seulement en tant que consommateurs mais aussi en tant que fournisseurs et fabricants. J'espère que vous me rejoindrez pour le premier « webminaire » du LEI le 15 novembre en vous inscrivant sur www.lean.org.
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Premièrement, qu'est-ce que le Juste-à-temps ? C'est une idée toute simple formulée par Kiichiro Toyoda chez Toyota à la fin des années trente. Chaque étape dans un flux de valeur devrait prélever précisément ce dont elle a besoin de l'étape qui la précède dans le flux de valeur. Ce prélèvement devrait être le signal qu’attend l'étape précédente pour immédiatement fabriquer de nouvelles pièces et remplacer exactement celles prélevées. L'idée est de remplacer des systèmes de planification complexes – qui reposent sur l'accumulation centralisée des données et sur des formules complexes – par des systèmes simples et intuitifs qui marchent bien mieux tout en réduisant spectaculairement la taille des stocks le long du flux de valeur.
 
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Toyota mit en place son système de flux tirés grâce à quelques règles simples. L’une d'entre elles était qu'entre chaque étape dans un flux de valeur il est fondamental de calculer exactement le stock standard. Il s’agit de la quantité de pièces qui doit être disponible pour que le client en aval soit toujours satisfait. Ce stock est composé de trois éléments : le stock tampon, le stock de sécurité, et le stock d'expédition :

  • Le stock tampon, ce sont les produits déjà produits par une étape et qui sont conservés pour faire face à une soudaine augmentation de demande de la part du client situé en aval ;

  • Le stock de sécurité, ce sont les produits ou composants qui sont stockés pour protéger le niveau de production du processus dans le cas où des fournisseurs en amont échouent à répondre pas au signal d'approvisionnement dans les délais ou si le processus lui-même rencontre des problèmes (mauvaise qualité, panne d'équipement, par exemple).

  • Le stock d'expédition, ce sont les produits qui sont rassemblés pour la prochaine expédition.

La seconde règle cruciale est de choisir un point du flux de valeur comme métronome et d'y placer un stock tampon qui sert à gérer les fluctuations normales de la demande des clients. Ce stock tampon est dimensionné pour répondre à toutes les variations raisonnables de la demande commerciale, pour que le client soit toujours servi. Grâce à ce tampon, chaque étape amont du métronome peut fonctionner sans à-coups, avec une demande lissée sur de longues périodes. Le nom de cette technique, bien sûr, c’est le Heijunka. Quand il est réalisé correctement, le lissage de demande élimine le besoin de stocks tampon entre chaque étape et réduit spectaculairement le stock total au long du flux de valeur.

Alors, quel est le problème et pourquoi les commentateurs continuent à suggérer que le Juste-à-temps ne peut fonctionner dans un monde chaotique ? Le problème est que les interruptions graves induites par des événements géopolitiques et des catastrophes biologiques ou naturelles doivent être gérées en dehors du cadre du Juste-à-temps. Mélanger les conditions normales d’opération et les situations d’urgence extrême ne conduit qu’à embrouiller les esprits.

Comment ces problèmes doivent-ils être démêlés ? Analysons à un problème particulier de la grippe aviaire, pour laquelle une des principales inquiétudes est le manque de respirateurs artificiels pour aider les victimes à respirer en attendant que leurs forces reviennent. Les gouvernements doivent dès à présent décider de combien d'unités de réserve – construites et prêtes à fonctionner – ils doivent avoir sous la main pour s'adapter à une soudaine, et énorme, déferlante de demande. (L'article du Wall Street Journal affirme que le gouvernement américain dispose d'un stock de 4 500 respirateurs, mais que des dizaines de milliers d'unités supplémentaires pourraient être nécessaires très rapidement, sachant qu’il ne s’en fabrique actuellement que quelques milliers par an.)

Ces produits devraient être gérés séparément des stocks commerciaux normaux, sous le contrôle du gouvernement, et dénommés de manière appropriée : stocks d'urgence. Ceux-ci sont simplement la version matérielle d'une police d'assurance, à ceci près que la police est au nom de la société et non d’un individu.

Refuser cette logique et espérer que le vieux concept de stocks "juste au cas où" situés tout au long du flux de valeur des respirateurs artificiels pourrait résoudre le problème est naïf : le vrai problème, c’est le manque de capacité d’assemblage des composants en produits finis. Et penser que des entreprises vont maintenir de leur propre chef un stock tampon de produits finis adéquat pour traiter une vraie situation d’urgence est également naïf. Elles feraient faillite si elles essayaient.

(Les gouvernements doivent également décider de la manière de distribuer les stocks d'urgence quand ce sera nécessaire, parce que la fixation des prix par les lois habituelles de l’offre et de la demande ne peut fonctionner dans la panique. La bonne nouvelle, comme l'a montré l'urgence lors de la tempête tropicale Katrina, c’est que les entreprises modernes de logistique comme FedEx et DHL sont capables de livrer les produits rapidement dans des conditions chaotiques, même quand les efforts du gouvernement échouent.)

Le point clef à retenir, c’est qu'avec des stocks d'urgence en place, comme nous devons tous espérer qu'il y en aura, le Juste-à-temps fonctionne très bien. Il aide les systèmes de production à absorber les variations normales de la demande du marché au moindre coût, avec la meilleure qualité et une réactivité maximale aux désirs des clients. En fait, les économies permises par le Juste-à-temps, que nous avons tout juste commencé à mettre en place sur l’ensemble de notre économie, sont une bonne façon pour la société de se payer des stocks d'urgence.

Donc, s'il vous plait, quand vous entendez des personnes bien intentionnées mais à l'esprit embrouillé attaquer le Juste-à-temps alors qu'elles devraient dénoncer l’absence de stocks d'urgence, faites ce que vous pouvez pour remettre les choses d'aplomb.

  Cordialement,

Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

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Merci à Emmanuel JALLAS, LYSIPPE Consulting, pour cette traduction.
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (38 - 2005-11-14 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Line: 10 to 10
  J'ai commencé à étudier la performance industrielle il y a quelques 26 ans. Nous avions alors entrepris, au MIT, de réaliser un état des lieux comparatif aussi exhaustif et précis que possible de la plus grande industrie du monde – les véhicules à moteur - parce que nous pensions que cette industrie était représentative de l’industrie en général et parce qu'un changement profond dans les pratiques industrielles était en train de s’y produire.
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Quand je me remémore ces 26 années, je vois ce que beaucoup des membres de la Communauté lean qui ont encore des carrières plus courtes ne peuvent pas voir. Nous avons fait des améliorer de façon absolument remarquable les processus de conception et de production de produits, ainsi que ceux de gestion des fournisseurs. De ce fait, le nombre de défauts sur les nouveaux véhicules et le nombre de problèmes rencontrés au long d’une utilisation sur plusieurs années ont baissé de manière significative. Dans le même temps, le coût réel (corrigé de l’inflation) pour le consommateur d’un ensemble de fonctionnalités d’un véhicule a diminué année après année. Ces gains ne sont pas dus aux économies d’échelle comme cela était le cas à l’époque de la production de masse. Ces gains se sont en effet produits en dépit d’une baisse du volume annuel de production pour un véhicule donné et d’une durée de vie des produits écourtée, car l’industrie automobile offre des modèles toujours plus variés et de nouvelles options. Mieux encore, cette triple victoire pour le consommateur -- une meilleure qualité pour un coût inférieur et avec plus de variété – s’est répandue rapidement dans tous les secteurs industriels. Bref, en un quart de siècle, nous sommes globalement devenus bien meilleurs à fabriquer des choses et il y a tout lieu de penser que cette évolution va se poursuivre puisque nous apprenons toujours davantage au sujet du management lean des processus.
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Quand je me remémore ces 26 années, je vois ce que beaucoup des membres de la Communauté lean qui ont encore des carrières plus courtes ne peuvent pas voir. Nous avons amélioré de façon absolument remarquable les processus de conception et de production de produits, ainsi que ceux de gestion des fournisseurs. De ce fait, le nombre de défauts sur les nouveaux véhicules et le nombre de problèmes rencontrés au long d’une utilisation sur plusieurs années ont baissé de manière significative. Dans le même temps, le coût réel (corrigé de l’inflation) pour le consommateur d’un ensemble de fonctionnalités d’un véhicule a diminué année après année. Ces gains ne sont pas dus aux économies d’échelle comme cela était le cas à l’époque de la production de masse. Ces gains se sont en effet produits en dépit d’une baisse du volume annuel de production pour un véhicule donné et d’une durée de vie des produits écourtée, car l’industrie automobile offre des modèles toujours plus variés et de nouvelles options. Mieux encore, cette triple victoire pour le consommateur -- une meilleure qualité pour un coût inférieur et avec plus de variété – s’est répandue rapidement dans tous les secteurs industriels. Bref, en un quart de siècle, nous sommes globalement devenus bien meilleurs à fabriquer des choses et il y a tout lieu de penser que cette évolution va se poursuivre puisque nous apprenons toujours davantage au sujet du management lean des processus.
  Cependant, quand je compare les produits industriels remarquables que nous avons autour de nous aux efforts que nous devons fournir continuellement pour résoudre entièrement, en tant que consommateurs, nos problèmes de consommation, le tableau est bien moins réjouissant. Les biens que je possède sont à présent bien plus réussis que mon expérience de consommateur tentant de résoudre des problèmes qui vont du logement à la mobilité en passant par la santé ou les communications. Je me retrouve ainsi engagé dans des accrochages interminables avec les fournisseurs (mon concessionnaire, ma mutuelle, mon supermarché ou encore les compagnies aériennes) de tous les biens et services que j’utilise dans ma vie trop occupée afin de résoudre mes problèmes sans y consacrer trop de temp et pour un coût raisonnable. En bref, nous sommes maintenant à l'âge de la production lean mais nous sommes toujours coincés à l'âge de la consommation de masse et des approvisionnements de masse.

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (37 - 2005-11-08 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Nécessaire mais pas suffisant (17 octobre 2005)

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La dernière lettre : Une Réelle Opportunité (7 novembre 2005)

 
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L’une des choses les plus dures dans mon métier, c’est de voir une entreprise faire d'énormes pas pour devenir lean et, pourtant, ne pas réussir s’en sortir. Ce qui me fend le cœur aujourd'hui, c’est Delphi, l’équipementier géant américain qui a été l’un des fondateurs du Lean Enterprise Institute et qui a été un banc d'essai pour nos idées et nos publications au cours des huit dernières années. Comme vous le savez peut être, Delphi a été placé sous la protection de la loi sur les faillites (Chapter XI) le 8 octobre 2005 et est maintenant en pleine réorganisation.
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J'ai commencé à étudier la performance industrielle il y a quelques 26 ans. Nous avions alors entrepris, au MIT, de réaliser un état des lieux comparatif aussi exhaustif et précis que possible de la plus grande industrie du monde – les véhicules à moteur - parce que nous pensions que cette industrie était représentative de l’industrie en général et parce qu'un changement profond dans les pratiques industrielles était en train de s’y produire.
 
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J'ai visité des douzaines d'usines Delphi dans de nombreux pays et, au cours de mes dernières visites, j'y ai observé certaines des pratiques les plus lean que j’ai jamais vues en dehors de Toyota City. Delphi a travaillé avec les meilleurs sensei issus de Toyota, s’est lancé à fond dans le kaizen et le kaikaku, et a réussi à économiser des milliards de dollars en frais d'exploitation. Dans le même temps, la qualité s’est améliorée de manière spectaculaire (atteignant même des valeurs de PPM à un seul chiffre), la réactivité aux exigences changeantes des clients a progressé, les besoins d’investissement pour un niveau donné de capacité ont été réduit, et les stocks se sont effondrés. En bref, Delphi a pris toutes les mesures nécessaires pour transformer son système de production, mais ces mesures à elles seules n’ont pas été suffisantes.
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Quand je me remémore ces 26 années, je vois ce que beaucoup des membres de la Communauté lean qui ont encore des carrières plus courtes ne peuvent pas voir. Nous avons fait des améliorer de façon absolument remarquable les processus de conception et de production de produits, ainsi que ceux de gestion des fournisseurs. De ce fait, le nombre de défauts sur les nouveaux véhicules et le nombre de problèmes rencontrés au long d’une utilisation sur plusieurs années ont baissé de manière significative. Dans le même temps, le coût réel (corrigé de l’inflation) pour le consommateur d’un ensemble de fonctionnalités d’un véhicule a diminué année après année. Ces gains ne sont pas dus aux économies d’échelle comme cela était le cas à l’époque de la production de masse. Ces gains se sont en effet produits en dépit d’une baisse du volume annuel de production pour un véhicule donné et d’une durée de vie des produits écourtée, car l’industrie automobile offre des modèles toujours plus variés et de nouvelles options. Mieux encore, cette triple victoire pour le consommateur -- une meilleure qualité pour un coût inférieur et avec plus de variété – s’est répandue rapidement dans tous les secteurs industriels. Bref, en un quart de siècle, nous sommes globalement devenus bien meilleurs à fabriquer des choses et il y a tout lieu de penser que cette évolution va se poursuivre puisque nous apprenons toujours davantage au sujet du management lean des processus.
 
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Alors, qu’est-ce qui a mal tourné ? L’entreprise Delphi a été prise en étau entre les promesses faites à ses employés au moment où elle s’est séparée de General Motors et les exigences de son plus grand client (General Motors représente encore 50% de ventes de Delphi) qui s’efforce de s'ajuster à l’économie mondiale hyper-compétitive d'aujourd'hui. Quand Delphi a gagné sa liberté en 1999, c’était avec l'espoir que l’entreprise aurait du temps pour effectuer sa transition. Delphi pensait pouvoir honorer ses accords sur les salaires et les retraites avec les anciens employés de GM qui continuaient à travailler sur des produits GM en Amérique du Nord (au départ, GM représentait 90% des ventes de Delphi), tout en se diversifiant rapidement sur de nouveaux marchés. Ensuite, au fur et à mesure que les ouvriers syndiqués de Delphi aux Etats Unis, payés à un niveau de salaire « GM », partiraient à la retraite, ils devaient être remplacés par de jeunes ouvriers avec des niveau de salaires « normaux », c’est-à-dire comparables à ceux encourus par les équipementiers concurrents de Delphi. Dans le même temps, GM devait se montrer compréhensif face au problème du coût de Delphi sur ses lignes de produits dédiées, et n’exiger des baisses des prix qu’en tenant compte de la capacité de Delphi à réduire les coûts.
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Cependant, quand je compare les produits industriels remarquables que nous avons autour de nous aux efforts que nous devons fournir continuellement pour résoudre entièrement, en tant que consommateurs, nos problèmes de consommation, le tableau est bien moins réjouissant. Les biens que je possède sont à présent bien plus réussis que mon expérience de consommateur tentant de résoudre des problèmes qui vont du logement à la mobilité en passant par la santé ou les communications. Je me retrouve ainsi engagé dans des accrochages interminables avec les fournisseurs (mon concessionnaire, ma mutuelle, mon supermarché ou encore les compagnies aériennes) de tous les biens et services que j’utilise dans ma vie trop occupée afin de résoudre mes problèmes sans y consacrer trop de temp et pour un coût raisonnable. En bref, nous sommes maintenant à l'âge de la production lean mais nous sommes toujours coincés à l'âge de la consommation de masse et des approvisionnements de masse.
 
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Pendant cinq ans, alors que Delphi augmentait significativement sa productivité grâce à son initiative lean et que ses ouvriers à haut salaire partaient à la retraite, il a semblé que ce pari pourrait réussir. Mais, tout d’un coup, les prix de l'énergie sont partis en flèche, les marchés des Pick-Ups et des 4x4 où GM faisait toujours de belles marges ont stagné, et des concurrents lean comme Toyota ont lancé des produits dans chacune des niches profitables qui restaient à GM. GM a répondu en exerçant une pression de plus en plus forte sur le prix des produits de Delphi, jusqu’à faire exploser les pertes de Delphi. (L'ironie pour les penseurs lean est que le fleuron lean Toyota a battu GM et que GM a répondu en abattant Delphi qui était devenu l’un des émules les plus enthousiastes de Toyota. Ah ! Si seulement Delphi avait eu Toyota comme client principal !)
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En nous penchant sur ce problème avec Dan Jones en tant que spécialistes de la gestion de processus, il nous est naturellement apparu que la manière de progresser serait d’améliorer les processus. Après tout, la consommation et l’approvisionnement des biens et des services dont nous avons besoin sont des processus – des séquences complexes de tâches interdépendantes que le consommateur et le fournisseur doivent exécuter. Au total, nous avons rapidement réalisé que le type de raisonnements lean auxquels nous nous sommes tous habitués dans l’industrie a rarement été appliqué à la grande majorité des activités de la vie quotidienne. Or les services privés et publics représentent 80% ou plus des activités au sein des économies avancées, et ceci laisse penser qu'il existe une réelle opportunité de rendre nos vies meilleures si nous pouvions simplement transférer la compréhension lean des processus de l'usine au reste de l'économie. Dan et moi avons maintenant achevé notre participation à cet effort, qui prend la forme de notre nouveau livre, Lean Solutions, et nous voudrions récapituler nos résultats pour la Communauté lean. C’est pourquoi j’organise le premier « web-minaire » du LEI le 15 novembre à 14 heures (heure de la côte est des Etats-Unis, soit 20 heures, heure française, NDR). Grâce aux avancées majeures de la technologie Internet disponible à partir de nos PC (un exemple formidable de produits remarquables connectés et maintenus par des services inefficaces médiocres), nous pouvons y inviter tous les membres de notre Communauté qui souhaitent être présents. Parce qu’il s’agit d’un petit remerciement à la Communauté pour son grand soutien au LEI au cours des huit dernières années, cet événement en ligne, qui durera une heure, est gratuit.
 
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Il fallait bien faire quelque chose, et Delphi a décidé que la faillite était la seule manière de faire face à ses pertes américaines, alors même que l’entreprise réalise de bonnes performances financières dans le reste du monde, toujours grâce au lean.
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Je commencerai par une projection de diapositives décrivant les principes de la consommation et de l’approvisionnement lean, qui permettent de créer des solutions lean qui bénéficient aux consommateurs, aux fournisseurs, et aux fabricants. Et je vous donnerai quelques exemples séminaux de firmes qui comblent l'énorme fossé qui existe généralement entre le consommateur et l'usine. Nous aurons ensuite une période de questions/réponses pendant laquelle vous pourrez m’envoyer vos questions par mél, et où j'essayerai de répondre en temps réel. Je suis vraiment excité par le potentiel de la consommation et des approvisionnements lean qui, joints à la production lean, rendront toutes nos vies meilleures, pas seulement en tant que consommateurs mais aussi en tant que fournisseurs et fabricants. J'espère que vous me rejoindrez pour le premier « webminaire » du LEI le 15 novembre en vous inscrivant sur www.lean.org.
 
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Bref, que retenir de cette expérience pour les penseurs lean ? Se contenter de remettre la production en ordre de marche peut ne pas suffire si les dirigeants attendent trop longtemps pour se lancer et si les coûts des facteurs de production (principalement les salaires et les coûts de santé de nos jours) sont vraiment trop élevés. Delphi va maintenant passer par un processus de réorganisation où ce sera le juge des faillites (et non les cadres supérieurs, les chefs des syndicats ou les clients) qui décidera comment repartir la douleur. And here is a contrarian prediction: I believe Delphi has a great future as the world's leading car parts supplier once promises made in a much less competitive past are addressed. Voici une prévision à contre-courant : Je crois que Delphi a un grand futur en tant que leader du marché des équipementiers automobile, une fois que l’on sera revenu sur des promesses faites dans un environnement bien moins concurrentiel. Ceci parce que Delphi a déjà construit les fondations lean de son succès.

Beaucoup d'observateurs supposent, bien sûr, qu'une étape clef pour Delphi va être de déplacer pratiquement toutes ses opérations des Etats-Unis et de l’Europe occidentale vers des pays où le coût du travail est faible. Et ceci peut effectivement faire partie de la solution. Mais, encore une fois, je suis à contre-courant et je pense que ce mouvement, bien que souvent nécessaire, n’est jamais suffisant.

Après tout, n'importe qui peut « délocaliser ». Si Delphi déplace simplement toutes ses opérations en Chine – en supposant que c'est le pays aux coûts les plus bas - mais mène ses opérations comme un producteur de masse, comment pourra–t-elle gagner un avantage concurrentiel durable puisque ses concurrents poursuivent la même stratégie à la même vitesse ? En fait, les avantages soutenables résident dans la combinaison de pratiques véritablement lean dans la conception de produits, les opérations et la logistique, les achats et le contact avec le client, avec une main d'œuvre appropriée et placée à l’endroit adéquat pour servir les clients spécifiques.

Ce que sont ces coûts et l’endroit où les activités doivent être localisées dépendent des clients spécifiques à servir. (vous aurez besoin de quelques "maths lean" pour obtenir la bonne réponse.) Mais je prévois que dans beaucoup de cas le bon endroit pour Delphi sera d’être plus près du client que ce que ne croient la plupart des observateurs aujourd'hui. Dans tous les cas, et quelle que soit l’entreprise et l’industrie, seuls des processus lean au bon endroit seront à la fois nécessaires et suffisants.

  Cordialement,
Line: 36 to 30
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (36 - 2005-10-19 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : L’édition Lean et la parution de Lean Solutions (8 septembre 2005)

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La dernière lettre : Nécessaire mais pas suffisant (17 octobre 2005)

 
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Habituellement, je me promène dans les industries des autres. Mais laissez-moi aujourd’hui faire un bref tour de la mienne : l’édition. Vous n’avez pas à marcher bien loin pour y découvrir des choses ahurissantes.
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L’une des choses les plus dures dans mon métier, c’est de voir une entreprise faire d'énormes pas pour devenir lean et, pourtant, ne pas réussir s’en sortir. Ce qui me fend le cœur aujourd'hui, c’est Delphi, l’équipementier géant américain qui a été l’un des fondateurs du Lean Enterprise Institute et qui a été un banc d'essai pour nos idées et nos publications au cours des huit dernières années. Comme vous le savez peut être, Delphi a été placé sous la protection de la loi sur les faillites (Chapter XI) le 8 octobre 2005 et est maintenant en pleine réorganisation.
 
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Cela prend aux éditeurs traditionnels jusqu'à trois mois pour « remplir le canal » avec un nouveau livre, du fait des multiples niveaux de stockage chez l’imprimeur, l'éditeur, les grossistes et les détaillants. Ce processus dans son ensemble, avec des piles de stocks partout, n’est pas vraiment lean.
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J'ai visité des douzaines d'usines Delphi dans de nombreux pays et, au cours de mes dernières visites, j'y ai observé certaines des pratiques les plus lean que j’ai jamais vues en dehors de Toyota City. Delphi a travaillé avec les meilleurs sensei issus de Toyota, s’est lancé à fond dans le kaizen et le kaikaku, et a réussi à économiser des milliards de dollars en frais d'exploitation. Dans le même temps, la qualité s’est améliorée de manière spectaculaire (atteignant même des valeurs de PPM à un seul chiffre), la réactivité aux exigences changeantes des clients a progressé, les besoins d’investissement pour un niveau donné de capacité ont été réduit, et les stocks se sont effondrés. En bref, Delphi a pris toutes les mesures nécessaires pour transformer son système de production, mais ces mesures à elles seules n’ont pas été suffisantes.
 
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Bien pire, parce qu’ils impriment de grands lots qu’ils « poussent » vers le client et qu’ils utilisent une chaîne de distribution très longue, les éditeurs impriment souvent une quantité inappropriée de livres, le font au mauvais moment et les envoient au mauvais endroit. En effet, à peu près la moitié des livres imprimés aux Etats-Unis chaque année ne seront jamais vendus par les canaux usuels. Soit ils aboutissent dans des canaux secondaires de type discount comme Costco, soit – et c’est une image mentale douloureuse pour les auteurs – ils sont déchiquetés sans avoir été ouverts. Dans le même temps, nombreux sont les détaillants qui se retrouvent à court de stock, ce qui impose des commandes urgentes ou résulte en ventes perdues. C’est exactement le contraire du lean.
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Alors, qu’est-ce qui a mal tourné ? L’entreprise Delphi a été prise en étau entre les promesses faites à ses employés au moment où elle s’est séparée de General Motors et les exigences de son plus grand client (General Motors représente encore 50% de ventes de Delphi) qui s’efforce de s'ajuster à l’économie mondiale hyper-compétitive d'aujourd'hui. Quand Delphi a gagné sa liberté en 1999, c’était avec l'espoir que l’entreprise aurait du temps pour effectuer sa transition. Delphi pensait pouvoir honorer ses accords sur les salaires et les retraites avec les anciens employés de GM qui continuaient à travailler sur des produits GM en Amérique du Nord (au départ, GM représentait 90% des ventes de Delphi), tout en se diversifiant rapidement sur de nouveaux marchés. Ensuite, au fur et à mesure que les ouvriers syndiqués de Delphi aux Etats Unis, payés à un niveau de salaire « GM », partiraient à la retraite, ils devaient être remplacés par de jeunes ouvriers avec des niveau de salaires « normaux », c’est-à-dire comparables à ceux encourus par les équipementiers concurrents de Delphi. Dans le même temps, GM devait se montrer compréhensif face au problème du coût de Delphi sur ses lignes de produits dédiées, et n’exiger des baisses des prix qu’en tenant compte de la capacité de Delphi à réduire les coûts.
 
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A contrario, quand nous parcourons le processus entièrement différent que nous avons développé pour fournir les publications du LEI aux lecteurs, nous observons quelque chose qui n’a rien à voir : nous imprimons les livres du LEI nous même – qu’il s’agisse de nos cahiers ou du roman lean récemment lancé, The Gold Mine -- et nous le faisons en petites quantités. Nous stockons de petites quantités dans un entrepôt minuscule. Et nous vendons les livres directement en les expédiant immédiatement aux clients qui passent leurs commandes sur le Web aux adresses www.lean.org et www.leanuk.org. (Au fur et à mesure de l’avancée des technologies, nous serons certainement bientôt capables d’imprimer uniquement sur commande ou de laisser les lecteurs imprimer leurs propres copies. C'est l'idéal lean mais le coût et la qualité d'impression ne sont pas encore assez bons.)
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Pendant cinq ans, alors que Delphi augmentait significativement sa productivité grâce à son initiative lean et que ses ouvriers à haut salaire partaient à la retraite, il a semblé que ce pari pourrait réussir. Mais, tout d’un coup, les prix de l'énergie sont partis en flèche, les marchés des Pick-Ups et des 4x4 où GM faisait toujours de belles marges ont stagné, et des concurrents lean comme Toyota ont lancé des produits dans chacune des niches profitables qui restaient à GM. GM a répondu en exerçant une pression de plus en plus forte sur le prix des produits de Delphi, jusqu’à faire exploser les pertes de Delphi. (L'ironie pour les penseurs lean est que le fleuron lean Toyota a battu GM et que GM a répondu en abattant Delphi qui était devenu l’un des émules les plus enthousiastes de Toyota. Ah ! Si seulement Delphi avait eu Toyota comme client principal !)
 
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Alors que nous approchions de la publication de notre nouveau livre, Lean Solutions, Dan Jones et moi avons vraiment essayé de publier ce livre par le biais du LEI. Mais, finalement, ce n’est pas ce que nous avons fait. Pourquoi ? Parce que nous n’aurions pu atteindre que ceux, comme vous, qui sont déjà des membres de la Communauté Lean. Sans les magasins en ligne comme Amazon et sans les librairies traditionnelles comme Barnes & Noble - qui touchent des lecteurs en entreprise qui ont peu de connaissances lean comme le grand public à la recherche de nouvelles idées - nous ne pourrions pas atteindre le marché le plus large que nous devons capturer si nous voulons attirer de plus en plus de personnes dans la Communauté Lean.
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Il fallait bien faire quelque chose, et Delphi a décidé que la faillite était la seule manière de faire face à ses pertes américaines, alors même que l’entreprise réalise de bonnes performances financières dans le reste du monde, toujours grâce au lean.
 
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Ce constat étant fait, nous avons décidé d’emprunter l'itinéraire de l’édition conventionnelle pour Lean Solutions. Mais dans le même temps, nous avons voulu mettre en place une manière de fournir rapidement nos livres à la Communauté Lean avec le minimum de gène pour les lecteurs et avec une touche personnelle.
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Bref, que retenir de cette expérience pour les penseurs lean ? Se contenter de remettre la production en ordre de marche peut ne pas suffire si les dirigeants attendent trop longtemps pour se lancer et si les coûts des facteurs de production (principalement les salaires et les coûts de santé de nos jours) sont vraiment trop élevés. Delphi va maintenant passer par un processus de réorganisation où ce sera le juge des faillites (et non les cadres supérieurs, les chefs des syndicats ou les clients) qui décidera comment repartir la douleur. And here is a contrarian prediction: I believe Delphi has a great future as the world's leading car parts supplier once promises made in a much less competitive past are addressed. Voici une prévision à contre-courant : Je crois que Delphi a un grand futur en tant que leader du marché des équipementiers automobile, une fois que l’on sera revenu sur des promesses faites dans un environnement bien moins concurrentiel. Ceci parce que Delphi a déjà construit les fondations lean de son succès.
 
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Nous nous sommes donc arrangés avec notre éditeur pour obtenir les premières copies imprimées de Lean Solutions et pour les rendre disponibles exclusivement par le biais du LEI et de la Lean Enterprise Academy de Dan, fournissant respectivement l'Amérique du Nord et l'Europe. A partir d’aujourd’hui, je dédicace également chaque copie achetée sur www.lean.org. (si vous aimez essayer avant d’acheter, ce qui est mon cas, vous pouvez lire la préface, l'introduction, et les deux premiers chapitres de Lean Solutions dans la section « bibliothèque » du site Web du LEI.
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Beaucoup d'observateurs supposent, bien sûr, qu'une étape clef pour Delphi va être de déplacer pratiquement toutes ses opérations des Etats-Unis et de l’Europe occidentale vers des pays où le coût du travail est faible. Et ceci peut effectivement faire partie de la solution. Mais, encore une fois, je suis à contre-courant et je pense que ce mouvement, bien que souvent nécessaire, n’est jamais suffisant.
 
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Si vous choisissez aujourd'hui l'alternative logique - Amazon - vous noterez trois choses. Le livre n'est pas encore disponible et ne sera envoyé qu’à une hypothétique date à venir. Il n'est pas dédicacé. Et... quand le livre est livré, il vous coûtera moins cher qu'il ne coûte sur www.lean.org ou www.leanuk.org.
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Après tout, n'importe qui peut « délocaliser ». Si Delphi déplace simplement toutes ses opérations en Chine – en supposant que c'est le pays aux coûts les plus bas - mais mène ses opérations comme un producteur de masse, comment pourra–t-elle gagner un avantage concurrentiel durable puisque ses concurrents poursuivent la même stratégie à la même vitesse ? En fait, les avantages soutenables résident dans la combinaison de pratiques véritablement lean dans la conception de produits, les opérations et la logistique, les achats et le contact avec le client, avec une main d'œuvre appropriée et placée à l’endroit adéquat pour servir les clients spécifiques.
 
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Ainsi vous avez le choix. (Ce qui est toujours une bonne chose.) Vous pouvez obtenir le livre maintenant au prix catalogue. Il sera personnalisé, et vous soutiendrez ainsi les activités du Lean Enterprise Institute. Sinon, vous pouvez obtenir le livre plus tard à un prix escompté et soutenir Amazon ou Barnes & Noble.

En considérant ces options, rappelez-vous s’il vous plait que le LEI est un organisme sans but lucratif qui promeut les intérêts de la Communauté Lean. Nous n'avons aucun actionnaire et nous ne créons aucun retour sur investissement pour qui que ce soit qui travaille ici. Nous employons les bénéfices des produits existants - livres, ateliers et événements - pour les réinvestir dans notre prochain livre ou notre prochaine initiative. Par exemple, le LEI vient tout juste d’accepter d'aider financièrement le démarrage du tout nouveau réseau universitaire pour l’enseignement du Lean (Lean Education Academic Network ou LEAN, bien sûr) que nous avons aidé à lancer. Il s’agit strictement d’une contribution à la communauté, sans aucune intention de générer des revenus pour rembourser les coûts. Nous avons besoin de trouver les moyens de financer cette initiative et d’autres du même type, et les marges sur nos produits sont la seule solution.

Bref, le choix vous appartient. De quelque manière que vous l’obteniez, Dan et moi espérons que vous apprécierez Lean Solutions, qui est la plus grande avancée dans notre analyse depuis Le Système qui va changer le monde en 1990.

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Ce que sont ces coûts et l’endroit où les activités doivent être localisées dépendent des clients spécifiques à servir. (vous aurez besoin de quelques "maths lean" pour obtenir la bonne réponse.) Mais je prévois que dans beaucoup de cas le bon endroit pour Delphi sera d’être plus près du client que ce que ne croient la plupart des observateurs aujourd'hui. Dans tous les cas, et quelle que soit l’entreprise et l’industrie, seuls des processus lean au bon endroit seront à la fois nécessaires et suffisants.
  Cordialement,
Line: 40 to 36
 

Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (35 - 2005-09-25 - Main.MichaelBalle)
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La Lettre de Jim Womack en version française

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  Ce constat étant fait, nous avons décidé d’emprunter l'itinéraire de l’édition conventionnelle pour Lean Solutions. Mais dans le même temps, nous avons voulu mettre en place une manière de fournir rapidement nos livres à la Communauté Lean avec le minimum de gène pour les lecteurs et avec une touche personnelle.
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Nous nous sommes donc arrangés avec notre éditeur pour obtenir les premières copies imprimées de Lean Solutions et pour les rendre disponibles exclusivement par le biais du LEI et de la Lean Enterprise Academy de Dan, fournissant respectivement l'Amérique du Nord et l'Europe. Starting today, I’m also signing each copy you obtain at www.lean.org. (If you like to try before you buy, and I certainly do, you can read the Preface, Introduction, and first two chapters of Lean Solutions in the Library section of the LEI web site by clicking here www.lean.org/Library/BookDetails.cfm?LibraryBookId=8. A partir d’aujourd’hui, je dédicace également chaque copie achetée sur www.lean.org. (si vous aimez essayer avant d’acheter, ce qui est mon cas, vous pouvez lire la préface, l'introduction, et les deux premiers chapitres de Lean Solutions dans la section « bibliothèque » du site Web du LEI.
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Nous nous sommes donc arrangés avec notre éditeur pour obtenir les premières copies imprimées de Lean Solutions et pour les rendre disponibles exclusivement par le biais du LEI et de la Lean Enterprise Academy de Dan, fournissant respectivement l'Amérique du Nord et l'Europe. A partir d’aujourd’hui, je dédicace également chaque copie achetée sur www.lean.org. (si vous aimez essayer avant d’acheter, ce qui est mon cas, vous pouvez lire la préface, l'introduction, et les deux premiers chapitres de Lean Solutions dans la section « bibliothèque » du site Web du LEI.
  Si vous choisissez aujourd'hui l'alternative logique - Amazon - vous noterez trois choses. Le livre n'est pas encore disponible et ne sera envoyé qu’à une hypothétique date à venir. Il n'est pas dédicacé. Et... quand le livre est livré, il vous coûtera moins cher qu'il ne coûte sur www.lean.org ou www.leanuk.org.

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (34 - 2005-09-22 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Consommer et distribuer : des solutions lean (16 août 2005)

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La dernière lettre : L’édition Lean et la parution de Lean Solutions (8 septembre 2005)

 
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Voici de bonnes nouvelles pour la communauté lean. Nous sommes réellement en train d’améliorer les usines dans le monde entier. J'étais récemment en Espagne, où j'ai visité un site appartenant à une entreprise américaine dont j’avais déjà visité les usines aux Etats-Unis, pour la première fois en 1992. A cette époque, c’était épouvantable. En fait, ils étaient des producteurs de masse typiques. Cette entreprise voulait vraiment s’améliorer rapidement et ils ont vite recruté un vétéran de Toyota à la tête de leurs opérations pour appliquer ce qu'il avait appris. Des progrès impressionnant en ont bientôt découlé.
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Habituellement, je me promène dans les industries des autres. Mais laissez-moi aujourd’hui faire un bref tour de la mienne : l’édition. Vous n’avez pas à marcher bien loin pour y découvrir des choses ahurissantes.
 
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Mais le vétéran a ensuite quitté l’entreprise, qui a de surcroît été vendue. Je n'avais plus eu de contact avec eux depuis quelques années et je me demandais ce que je verrais en visitant leur unité de Barcelone. Avaient-ils été capables de maintenir leur tout nouveau système lean ?
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Cela prend aux éditeurs traditionnels jusqu'à trois mois pour « remplir le canal » avec un nouveau livre, du fait des multiples niveaux de stockage chez l’imprimeur, l'éditeur, les grossistes et les détaillants. Ce processus dans son ensemble, avec des piles de stocks partout, n’est pas vraiment lean.
 
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Ce fut pour moi un plaisir de découvrir un site véritablement lean, à la tête duquel se trouvait un directeur expérimenté récemment recruté chez Valeo en France. Il avait ajouté aux méthodes lean déjà en place des techniques qu’il avait apprises chez son ancien employeur, qui fournissait Toyota.
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Bien pire, parce qu’ils impriment de grands lots qu’ils « poussent » vers le client et qu’ils utilisent une chaîne de distribution très longue, les éditeurs impriment souvent une quantité inappropriée de livres, le font au mauvais moment et les envoient au mauvais endroit. En effet, à peu près la moitié des livres imprimés aux Etats-Unis chaque année ne seront jamais vendus par les canaux usuels. Soit ils aboutissent dans des canaux secondaires de type discount comme Costco, soit – et c’est une image mentale douloureuse pour les auteurs – ils sont déchiquetés sans avoir été ouverts. Dans le même temps, nombreux sont les détaillants qui se retrouvent à court de stock, ce qui impose des commandes urgentes ou résulte en ventes perdues. C’est exactement le contraire du lean.
 
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Il m’est soudain apparu que la perspective lean au niveau de l’usine se propage en ce moment à travers le monde à partir de nombreux points d’apprentissage, et que les vagues se renforcent les unes les autres. Bref, je me répète, mais nous sommes vraiment en train de faire des progrès.
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A contrario, quand nous parcourons le processus entièrement différent que nous avons développé pour fournir les publications du LEI aux lecteurs, nous observons quelque chose qui n’a rien à voir : nous imprimons les livres du LEI nous même – qu’il s’agisse de nos cahiers ou du roman lean récemment lancé, The Gold Mine -- et nous le faisons en petites quantités. Nous stockons de petites quantités dans un entrepôt minuscule. Et nous vendons les livres directement en les expédiant immédiatement aux clients qui passent leurs commandes sur le Web aux adresses www.lean.org et www.leanuk.org. (Au fur et à mesure de l’avancée des technologies, nous serons certainement bientôt capables d’imprimer uniquement sur commande ou de laisser les lecteurs imprimer leurs propres copies. C'est l'idéal lean mais le coût et la qualité d'impression ne sont pas encore assez bons.)
 
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Mais quand je regarde au delà du portail de l’usine, nous n’en sommes qu’au commencement. En fait, le plus gros problème de l'usine lean de Barcelone, ce sont les ordres extraordinairement changeants et aléatoires passés par leurs clients (des grossistes), dont les systèmes de pilotage de vente et de logistique reposent sur des lots de grande taille (batch) et des stocks intermédiaires (queue). (Ce qui oblige l'usine à stocker de grandes quantités de produits finis pour faire face à des pics de commandes.) Incidemment, mon long voyage pour arriver sur place depuis Boston, au cours duquel j’ai dû passer par deux centres d’auto-triage (communément appelées « salles d’enregistrement ») et de nombreuses files d'attente, n’a fait que démontrer une fois de plus que personne dans l'industrie du voyage n'a la moindre idée de ce qu’est la perspective lean.
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Alors que nous approchions de la publication de notre nouveau livre, Lean Solutions, Dan Jones et moi avons vraiment essayé de publier ce livre par le biais du LEI. Mais, finalement, ce n’est pas ce que nous avons fait. Pourquoi ? Parce que nous n’aurions pu atteindre que ceux, comme vous, qui sont déjà des membres de la Communauté Lean. Sans les magasins en ligne comme Amazon et sans les librairies traditionnelles comme Barnes & Noble - qui touchent des lecteurs en entreprise qui ont peu de connaissances lean comme le grand public à la recherche de nouvelles idées - nous ne pourrions pas atteindre le marché le plus large que nous devons capturer si nous voulons attirer de plus en plus de personnes dans la Communauté Lean.
 
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Il y a environ deux ans, Dan Jones et moi avons commencé à penser que les plus grands défis à venir pour la perspective lean ne se situeraient pas à l’intérieur de l'usine mais dans le monde qui l’entoure. C’est pourquoi nous avons décidé de consacrer notre livre suivant sur la vaste zone qui s’étend entre l'usine et le client.
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Ce constat étant fait, nous avons décidé d’emprunter l'itinéraire de l’édition conventionnelle pour Lean Solutions. Mais dans le même temps, nous avons voulu mettre en place une manière de fournir rapidement nos livres à la Communauté Lean avec le minimum de gène pour les lecteurs et avec une touche personnelle.
 
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En réfléchissant au problème, nous avons estimé que l'endroit où commencer était le client final. C'est-à-dire vous et moi, dans notre rôle de consommateurs essayant de résoudre nos problèmes quotidiens. Nous voulions examiner ce que les consommateurs veulent vraiment et les procédés qu’ils mettent en place pour résoudre leurs problèmes. Nous avons ensuite comparé ces besoins aux processus créés par le fournisseur et par la ou les sociétés situées entre le client et le point de production.
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Nous nous sommes donc arrangés avec notre éditeur pour obtenir les premières copies imprimées de Lean Solutions et pour les rendre disponibles exclusivement par le biais du LEI et de la Lean Enterprise Academy de Dan, fournissant respectivement l'Amérique du Nord et l'Europe. Starting today, I’m also signing each copy you obtain at www.lean.org. (If you like to try before you buy, and I certainly do, you can read the Preface, Introduction, and first two chapters of Lean Solutions in the Library section of the LEI web site by clicking here www.lean.org/Library/BookDetails.cfm?LibraryBookId=8. A partir d’aujourd’hui, je dédicace également chaque copie achetée sur www.lean.org. (si vous aimez essayer avant d’acheter, ce qui est mon cas, vous pouvez lire la préface, l'introduction, et les deux premiers chapitres de Lean Solutions dans la section « bibliothèque » du site Web du LEI.
 
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Nous avons fait ce que nous faisons toujours, qui est de remonter soigneusement la chaîne de consommation en partant du client puis de descendre la chaîne de distribution correspondante en partant du fournisseur, pour comprendre en quoi elles s’interfacent. Nous n'avons pas eu besoin de marcher bien loin pour nous rendre compte que nous étions en train d’en tirer des enseignements majeurs.
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Si vous choisissez aujourd'hui l'alternative logique - Amazon - vous noterez trois choses. Le livre n'est pas encore disponible et ne sera envoyé qu’à une hypothétique date à venir. Il n'est pas dédicacé. Et... quand le livre est livré, il vous coûtera moins cher qu'il ne coûte sur www.lean.org ou www.leanuk.org.
 
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La plupart des activités de consommation sont des processus longs qui exigent beaucoup de notre temps personnel et d’efforts. Pendant ce temps, la plupart des flux de distribution, qu’il s’agisse de produits manufacturés ou de services comme la santé ou les voyages, sont encore plus compliqués et consomment de grandes quantités de temps et de ressources de la part du fournisseur. Enfin, ces deux flux s’interfacent souvent très mal, créant des frustrations et des gaspillages de toutes sortes.
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Ainsi vous avez le choix. (Ce qui est toujours une bonne chose.) Vous pouvez obtenir le livre maintenant au prix catalogue. Il sera personnalisé, et vous soutiendrez ainsi les activités du Lean Enterprise Institute. Sinon, vous pouvez obtenir le livre plus tard à un prix escompté et soutenir Amazon ou Barnes & Noble.
 
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Pourquoi ? Pour commencer, les fournisseurs et les consommateurs ont des difficultés à voir le processus dans son ensemble et ont souvent des avis très différents sur de ce qui est important. Par exemple, la plupart des fournisseurs traitent le temps du client comme s’il était gratuit. Et pourtant, quand nous enlevons nos chapeaux de fournisseurs et que nous les remplaçons par nos chapeaux de consommateur – comme chacun de nous fait chaque jour - nous nous rendons compte que notre temps est souvent notre ressource la plus précieuse. Il n'est certainement pas gratuit et nous adorerions trouver un fournisseur qui ne gâche pas notre temps. Si seulement les fournisseurs et les consommateurs pouvaient apprendre à voir ensemble leurs procédures de création de valeur et travailler tranquillement et conjointement pour éliminer le gaspillage tout en maximisant la valeur !
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En considérant ces options, rappelez-vous s’il vous plait que le LEI est un organisme sans but lucratif qui promeut les intérêts de la Communauté Lean. Nous n'avons aucun actionnaire et nous ne créons aucun retour sur investissement pour qui que ce soit qui travaille ici. Nous employons les bénéfices des produits existants - livres, ateliers et événements - pour les réinvestir dans notre prochain livre ou notre prochaine initiative. Par exemple, le LEI vient tout juste d’accepter d'aider financièrement le démarrage du tout nouveau réseau universitaire pour l’enseignement du Lean (Lean Education Academic Network ou LEAN, bien sûr) que nous avons aidé à lancer. Il s’agit strictement d’une contribution à la communauté, sans aucune intention de générer des revenus pour rembourser les coûts. Nous avons besoin de trouver les moyens de financer cette initiative et d’autres du même type, et les marges sur nos produits sont la seule solution.
 
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Nous venons tout juste d’achever trois années d’efforts à comprendre les problèmes fondamentaux auxquels nous faisons tous face en tant que consommateurs et fournisseurs, en nous rappelant que chacun de nous est à la fois l’un et l’autre. A la lumière de notre analyse, nous proposons quelques manières simples mais saisissantes d’améliorer considérablement la situation du point de vue des consommateurs, des employés, du haut management et des investisseurs.

Je suis enchanté de vous annoncer que le livre où nous récapitulons nos résultats, Lean Solutions, est à la disposition de la communauté lean en date d'aujourd'hui. Vous pouvez aller sur www.lean.org pour en obtenir une copie.

Dan et moi avons le sentiment que Lean Solutions est un saut majeur pour les penseurs lean. Il explore un nouveau terrain, dépassant notre approche du Système qui va changer le monde et de Système Lean, pour s’intéresser à l’ensemble du processus de consommation et à sa mise en relation avec l’ensemble du processus de distribution. Nous pensons que vous allez le trouver stimulant et nous savons que vous le trouverez amusant quand vous penserez à vos propres expériences de consommation et de distribution.

Dans mes prochaines lettres, je vous donnerai des détails sur les nouveaux concepts de la distribution lean et de la consommation lean, ainsi que des solutions lean qui peuvent être ralisées quand ces deux innovations sont combinées. D’ici là, Dan et moi espérons par-dessus tout que vous trouverez nos nouvelles idées utiles, quelles ques soit les chaînes de consommation et les flux de distribution auxquels vous participez.

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Bref, le choix vous appartient. De quelque manière que vous l’obteniez, Dan et moi espérons que vous apprécierez Lean Solutions, qui est la plus grande avancée dans notre analyse depuis Le Système qui va changer le monde en 1990.
  Cordialement,
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (33 - 2005-09-03 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : La Vérité émerge des rêves de la fiction (31 mai 2005)

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La dernière lettre : Consommer et distribuer : des solutions lean (16 août 2005)

 
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Il y a vingt ans de cela, dans l'avion qui m'emmenait vers mes dernières vacances sans enfants, je me suis retrouvé à lire Le But, d'Eli Goldratt. C'était une superbe histoire, bien qu'un peu avare sur les détails pratiques. (Vous étiez supposé partir à la recherche de vos "Herbie" - vos goulots d'étranglements en production - mais la méthode à employer semblait un peu vague.) J'ai beaucoup manqué de temps pour lire depuis ce voyage, mais j'ai souvent souhaité que quelqu'un raconte une transformation lean sous la forme d'une oeuvre de fiction réussie, qui combine les éléments émotionnels du changement avec un avis précis sur ce qu'il y a à faire.
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Voici de bonnes nouvelles pour la communauté lean. Nous sommes réellement en train d’améliorer les usines dans le monde entier. J'étais récemment en Espagne, où j'ai visité un site appartenant à une entreprise américaine dont j’avais déjà visité les usines aux Etats-Unis, pour la première fois en 1992. A cette époque, c’était épouvantable. En fait, ils étaient des producteurs de masse typiques. Cette entreprise voulait vraiment s’améliorer rapidement et ils ont vite recruté un vétéran de Toyota à la tête de leurs opérations pour appliquer ce qu'il avait appris. Des progrès impressionnant en ont bientôt découlé.
 
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Mais le vétéran a ensuite quitté l’entreprise, qui a de surcroît été vendue. Je n'avais plus eu de contact avec eux depuis quelques années et je me demandais ce que je verrais en visitant leur unité de Barcelone. Avaient-ils été capables de maintenir leur tout nouveau système lean ?
 
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Récemment, et venant de nulle part, j'ai reçu le manuscrit du roman lean que je recherchais depuis longtemps, The Gold Mine. Il avait été écrit par Freddy et Michael Ballé, un duo père et fils original. Freddy, le père, a fait une longue carrière comme dirigeant d'entreprise en France, applicant les méthodes Toyota qu'il avait apprises depuis le milieu des années 1970 en allant à Toyota City et en demandant à devenir deshi (l'élève des grands experts Toyota). Michael, le fils et l'écrivain, s'est fait une spécialité de comprendre comment nous apprenons de nouvelles choses et comment nous nous les approprions pour qu'elles deviennent une partie fondamentale de notre façon d'agir.
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Ce fut pour moi un plaisir de découvrir un site véritablement lean, à la tête duquel se trouvait un directeur expérimenté récemment recruté chez Valeo en France. Il avait ajouté aux méthodes lean déjà en place des techniques qu’il avait apprises chez son ancien employeur, qui fournissait Toyota.
 
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Pendant que je lisais leur manuscrit, un souvenir m'est revenu, une phrase de mon professeur d'Anglais à l'université, il y a près de 40 ans : "la vérité émerge des rêves de la fiction." Ce qu'il voulait dire, c'est que rien dans une fiction n'est réellement vrai - c'est un rêve, ou cela ne serait pas de la fiction. Mais les vérités émotionnelles que nous rencontrons dans les histoires sont souvent plus vraies et plus puissantes que celles que nous rencontrons dans la "vraie vie." De plus, une bonne histoire peut avoir plus d'effet sur la manière dont nous nous comportons que la meilleure synthèse de faits bruts.
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Il m’est soudain apparu que la perspective lean au niveau de l’usine se propage en ce moment à travers le monde à partir de nombreux points d’apprentissage, et que les vagues se renforcent les unes les autres. Bref, je me répète, mais nous sommes vraiment en train de faire des progrès.
 
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Et en lisant l'histoire de Papa, Mickey, Phil et Amy tentant de remettre à flot une entreprise en difficulté, tout ce qui leur arrivait me semblait plus vrai que la plupart des essais sur l'entreprise que j'ai pu lire, et beaucoup plus utile ! C'est un mélange unique entre, d'une part, les côtés émotionnels de la transformation d'une entreprise et, de l'autre, une description précise des outils et des techniques à employer, le tout permettant de comprendre comment tout cela doit être appliqué de manière combinée.
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Mais quand je regarde au delà du portail de l’usine, nous n’en sommes qu’au commencement. En fait, le plus gros problème de l'usine lean de Barcelone, ce sont les ordres extraordinairement changeants et aléatoires passés par leurs clients (des grossistes), dont les systèmes de pilotage de vente et de logistique reposent sur des lots de grande taille (batch) et des stocks intermédiaires (queue). (Ce qui oblige l'usine à stocker de grandes quantités de produits finis pour faire face à des pics de commandes.) Incidemment, mon long voyage pour arriver sur place depuis Boston, au cours duquel j’ai dû passer par deux centres d’auto-triage (communément appelées « salles d’enregistrement ») et de nombreuses files d'attente, n’a fait que démontrer une fois de plus que personne dans l'industrie du voyage n'a la moindre idée de ce qu’est la perspective lean.
 
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Publier un roman est un grand pas pour nous au LEI, et je suis sûr qu'au moins quelques membres de la communauté Lean penseront que ce n'est pas notre genre de beauté. Mais je pense que c'est au contraire plutôt cohérent avec notre mission. J'ai fondé le LEI pour enseigner les méthodes lean dans un contexte où les candidats deshi sont nombreux (vous et moi sommes des étudiants) mais un manque sans espoir de remède de sensei (des enseignants possédant à la fois les connaissances et les capacités psychologiques de transformer les organisations). Jusqu'ici, nous nous sommes attaqué au côté intellectuel de l'apprentissage : dans nos workbooks, nous avons enseigné les outils et les techniques dont vous aurez besoin. Mais nous devons également enseigner les éléments émotionnels du changement et, en la matière, la vérité qui émerge des rêves de la fiction est la meilleure méthode disponible.
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Il y a environ deux ans, Dan Jones et moi avons commencé à penser que les plus grands défis à venir pour la perspective lean ne se situeraient pas à l’intérieur de l'usine mais dans le monde qui l’entoure. C’est pourquoi nous avons décidé de consacrer notre livre suivant sur la vaste zone qui s’étend entre l'usine et le client.
 
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C'est pourquoi j'espère que vous trouverez notre nouveau roman lean, The Gold Mine, aussi passionnant que je l'ai trouvé et qu'il vous aidera à intégrer les éléments intellectuels et émotionnels de votre propre transformation. Nous venons de le mettre en vente sur Lean.org, où vous pouvez également trouver un résumé, lire un extrait et parcourir les questions/réponses avec les auteurs.
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En réfléchissant au problème, nous avons estimé que l'endroit où commencer était le client final. C'est-à-dire vous et moi, dans notre rôle de consommateurs essayant de résoudre nos problèmes quotidiens. Nous voulions examiner ce que les consommateurs veulent vraiment et les procédés qu’ils mettent en place pour résoudre leurs problèmes. Nous avons ensuite comparé ces besoins aux processus créés par le fournisseur et par la ou les sociétés situées entre le client et le point de production.

Nous avons fait ce que nous faisons toujours, qui est de remonter soigneusement la chaîne de consommation en partant du client puis de descendre la chaîne de distribution correspondante en partant du fournisseur, pour comprendre en quoi elles s’interfacent. Nous n'avons pas eu besoin de marcher bien loin pour nous rendre compte que nous étions en train d’en tirer des enseignements majeurs.

La plupart des activités de consommation sont des processus longs qui exigent beaucoup de notre temps personnel et d’efforts. Pendant ce temps, la plupart des flux de distribution, qu’il s’agisse de produits manufacturés ou de services comme la santé ou les voyages, sont encore plus compliqués et consomment de grandes quantités de temps et de ressources de la part du fournisseur. Enfin, ces deux flux s’interfacent souvent très mal, créant des frustrations et des gaspillages de toutes sortes.

Pourquoi ? Pour commencer, les fournisseurs et les consommateurs ont des difficultés à voir le processus dans son ensemble et ont souvent des avis très différents sur de ce qui est important. Par exemple, la plupart des fournisseurs traitent le temps du client comme s’il était gratuit. Et pourtant, quand nous enlevons nos chapeaux de fournisseurs et que nous les remplaçons par nos chapeaux de consommateur – comme chacun de nous fait chaque jour - nous nous rendons compte que notre temps est souvent notre ressource la plus précieuse. Il n'est certainement pas gratuit et nous adorerions trouver un fournisseur qui ne gâche pas notre temps. Si seulement les fournisseurs et les consommateurs pouvaient apprendre à voir ensemble leurs procédures de création de valeur et travailler tranquillement et conjointement pour éliminer le gaspillage tout en maximisant la valeur !

Nous venons tout juste d’achever trois années d’efforts à comprendre les problèmes fondamentaux auxquels nous faisons tous face en tant que consommateurs et fournisseurs, en nous rappelant que chacun de nous est à la fois l’un et l’autre. A la lumière de notre analyse, nous proposons quelques manières simples mais saisissantes d’améliorer considérablement la situation du point de vue des consommateurs, des employés, du haut management et des investisseurs.

Je suis enchanté de vous annoncer que le livre où nous récapitulons nos résultats, Lean Solutions, est à la disposition de la communauté lean en date d'aujourd'hui. Vous pouvez aller sur www.lean.org pour en obtenir une copie.

Dan et moi avons le sentiment que Lean Solutions est un saut majeur pour les penseurs lean. Il explore un nouveau terrain, dépassant notre approche du Système qui va changer le monde et de Système Lean, pour s’intéresser à l’ensemble du processus de consommation et à sa mise en relation avec l’ensemble du processus de distribution. Nous pensons que vous allez le trouver stimulant et nous savons que vous le trouverez amusant quand vous penserez à vos propres expériences de consommation et de distribution.

Dans mes prochaines lettres, je vous donnerai des détails sur les nouveaux concepts de la distribution lean et de la consommation lean, ainsi que des solutions lean qui peuvent être ralisées quand ces deux innovations sont combinées. D’ici là, Dan et moi espérons par-dessus tout que vous trouverez nos nouvelles idées utiles, quelles ques soit les chaînes de consommation et les flux de distribution auxquels vous participez.

  Cordialement,
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Lettres archivées

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 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (32 - 2005-06-01 - Main.GodefroyBeauvallet)
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META TOPICPARENT name="BarreGauche"

La Lettre de Jim Womack en version française

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Il y a vingt ans de cela, dans l'avion qui m'emmenait vers mes dernières vacances sans enfants, je me suis retrouvé à lire Le But, d'Eli Goldratt. C'était une superbe histoire, bien qu'un peu avare sur les détails pratiques. (Vous étiez supposé partir à la recherche de vos "Herbie" - vos goulots d'étranglements en production - mais la méthode à employer semblait un peu vague.) J'ai beaucoup manqué de temps pour lire depuis ce voyage, mais j'ai souvent souhaité que quelqu'un raconte une transformation lean sous la forme d'une oeuvre de fiction réussie, qui combien les éléments émotionnels du changement avec un avis précis sur ce qu'il y a à faire.
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Il y a vingt ans de cela, dans l'avion qui m'emmenait vers mes dernières vacances sans enfants, je me suis retrouvé à lire Le But, d'Eli Goldratt. C'était une superbe histoire, bien qu'un peu avare sur les détails pratiques. (Vous étiez supposé partir à la recherche de vos "Herbie" - vos goulots d'étranglements en production - mais la méthode à employer semblait un peu vague.) J'ai beaucoup manqué de temps pour lire depuis ce voyage, mais j'ai souvent souhaité que quelqu'un raconte une transformation lean sous la forme d'une oeuvre de fiction réussie, qui combine les éléments émotionnels du changement avec un avis précis sur ce qu'il y a à faire.
 
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Récemment, et venant de nulle part, j'ai reçu le manuscrit du roman lean que je recherchais depuis longtemps, The Gold Mine. Il avait été écrit par Freddy et Michael Ballé, un duo père et fils original. Freddy, le père, a fait une longue carrière comme dirigeant d'entreprise en France, applicant les méthodes Toyota qu'il avait apprise depuis le milieu des années 1970 en allant à Toyota City et en demandant à devenir deshi (l'élève des grands experts Toyota). Michael, le fils et l'écrivain, s'est fait une spécialité de comprendre comment nous apprenons de nouvelles choses et comment nous nous les approprions pour qu'elles deviennent une partie fondamentale de notre façon d'agir.
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Récemment, et venant de nulle part, j'ai reçu le manuscrit du roman lean que je recherchais depuis longtemps, The Gold Mine. Il avait été écrit par Freddy et Michael Ballé, un duo père et fils original. Freddy, le père, a fait une longue carrière comme dirigeant d'entreprise en France, applicant les méthodes Toyota qu'il avait apprises depuis le milieu des années 1970 en allant à Toyota City et en demandant à devenir deshi (l'élève des grands experts Toyota). Michael, le fils et l'écrivain, s'est fait une spécialité de comprendre comment nous apprenons de nouvelles choses et comment nous nous les approprions pour qu'elles deviennent une partie fondamentale de notre façon d'agir.
 
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Pendant que je lisais leur manuscrit, un souvenir m'est revenu, une phrase de mon professeur d'Anglais à l'université, il y a près de 40 ans : "la vérité émerge des rêves de la fiction." Ce qu'il voulait dire, c'est que rien dans une fiction n'est réellement vrai - c'est un rêve, ou cela ne serait pas de la fiction. Mais les vérités émorionnelles que nous rencontrons dans les histoires sont souvent plus vraies et plus puissantes que celles que nous rencontrons dans la "vraie vie." De plus, une bonne histoire peut avoir plus d'effet sur la manière dont nous nous comportons que la meilleure synthèse de faits bruts.
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Pendant que je lisais leur manuscrit, un souvenir m'est revenu, une phrase de mon professeur d'Anglais à l'université, il y a près de 40 ans : "la vérité émerge des rêves de la fiction." Ce qu'il voulait dire, c'est que rien dans une fiction n'est réellement vrai - c'est un rêve, ou cela ne serait pas de la fiction. Mais les vérités émotionnelles que nous rencontrons dans les histoires sont souvent plus vraies et plus puissantes que celles que nous rencontrons dans la "vraie vie." De plus, une bonne histoire peut avoir plus d'effet sur la manière dont nous nous comportons que la meilleure synthèse de faits bruts.
  Et en lisant l'histoire de Papa, Mickey, Phil et Amy tentant de remettre à flot une entreprise en difficulté, tout ce qui leur arrivait me semblait plus vrai que la plupart des essais sur l'entreprise que j'ai pu lire, et beaucoup plus utile ! C'est un mélange unique entre, d'une part, les côtés émotionnels de la transformation d'une entreprise et, de l'autre, une description précise des outils et des techniques à employer, le tout permettant de comprendre comment tout cela doit être appliqué de manière combinée.
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Publier un roman est un grand pas pour nous au LEI, et je suis sûr qu'au moins quelques membres de la communauté Lean penseront que ce n'est pas notre genre de beauté. Mais je pense que c'est au contraire plutôt cohérent avec notre mission. J'ai fondé le LEU pour enseigner les méthodes lean dans un contexte où les candidats deshi sont nombreux (vous et moi sommes des étudiants) mais un manque sans espoir de remède de sensei (des enseignants possédant à la fois les connaissances et les capacités psychologiques de transformer les organisations). Jusqu'ici, nous nous sommes attaqué au côté intellectuel de l'apprentissage : dans nos workbooks, nous avons enseigné les outils et les techniques dont vous aurez besoin. Mais nous devons également enseigner les éléments émotionnels du changement et, en la matière, la vérité qui émerge des rêves de la fiction est la meilleure méthode disponible.
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Publier un roman est un grand pas pour nous au LEI, et je suis sûr qu'au moins quelques membres de la communauté Lean penseront que ce n'est pas notre genre de beauté. Mais je pense que c'est au contraire plutôt cohérent avec notre mission. J'ai fondé le LEI pour enseigner les méthodes lean dans un contexte où les candidats deshi sont nombreux (vous et moi sommes des étudiants) mais un manque sans espoir de remède de sensei (des enseignants possédant à la fois les connaissances et les capacités psychologiques de transformer les organisations). Jusqu'ici, nous nous sommes attaqué au côté intellectuel de l'apprentissage : dans nos workbooks, nous avons enseigné les outils et les techniques dont vous aurez besoin. Mais nous devons également enseigner les éléments émotionnels du changement et, en la matière, la vérité qui émerge des rêves de la fiction est la meilleure méthode disponible.
 
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C'est pourquoi j'espère que vous trouverez notre nouveau roman lean, The Gold Mine, aussi passionnant que je l'ai trouvé et qu'il vous aidera à intégrer les éléments intellectuels et émotionnels de votre propre transformation. Nous venons de le mettre en vente sur www.lean.org/library/thegoldmine, où vous pouvez également trouver un résumé, lire un extrait et parcourir les questions/réponses avec les auteurs.Cordialement,
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C'est pourquoi j'espère que vous trouverez notre nouveau roman lean, The Gold Mine, aussi passionnant que je l'ai trouvé et qu'il vous aidera à intégrer les éléments intellectuels et émotionnels de votre propre transformation. Nous venons de le mettre en vente sur Lean.org, où vous pouvez également trouver un résumé, lire un extrait et parcourir les questions/réponses avec les auteurs.

Cordialement,

  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute

 <<O>>  Difference Topic LettreJimWomack (31 - 2005-06-01 - Main.GodefroyBeauvallet)
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La Lettre de Jim Womack en version française

Avec l'accord du Lean Enterprise Institute, nous vous proposons régulièrement la traduction en Français de la lettre de Jim Womack. Toute reproduction publique, même partielle, de cette traduction est soumise à autorisation. Les lettres archivées sont accessibles en bas de page.

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La dernière lettre : Le hic avec le travail créatif et le management créatif (10 mai 2005)

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La dernière lettre : La Vérité émerge des rêves de la fiction (31 mai 2005)

 
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Il y a des années j'ai suivi une présentation de quelqu'un de chez Toyota qui expliquait où commencer la mise en place du Système de Production Toyota. "Commencez par analyser les tâches à effectuer". Cela signifiait qu'il fallait faire la liste de toutes les actions nécessaires pour créer de la valeur pour un produit donné puis de séparer ces actions en trois catégories :
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Il y a vingt ans de cela, dans l'avion qui m'emmenait vers mes dernières vacances sans enfants, je me suis retrouvé à lire Le But, d'Eli Goldratt. C'était une superbe histoire, bien qu'un peu avare sur les détails pratiques. (Vous étiez supposé partir à la recherche de vos "Herbie" - vos goulots d'étranglements en production - mais la méthode à employer semblait un peu vague.) J'ai beaucoup manqué de temps pour lire depuis ce voyage, mais j'ai souvent souhaité que quelqu'un raconte une transformation lean sous la forme d'une oeuvre de fiction réussie, qui combien les éléments émotionnels du changement avec un avis précis sur ce qu'il y a à faire.
 
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  • Travail produisant de la valeur : tâches ajoutant directement au produit de la valeur telle qu'elle est définie par le client. (Par exemple en production c'est peindre le produit ou ajouter des composants lors de l'assemblage.) Un test simple est de vérifier si les clients seraient gênés si la tâche n'était pas faite tout en continuant à fabriquer le produit correctement. Si l'absence de la tâche génère une gêne pour le client, c'est que la tâche crée de la valeur. Par exemple, presque tous les clients attendent que leurs produits soient peints et tous les composants assemblés, donc ces étapes créent de la valeur.
  • Travail accessoire : tâches qui sont actuellement nécessaires pour fabriquer un produit pour un client mais qui n'ont aucune valeur pour le client. Par exemple, manutentionner les composants, brider le produit pour le maintenir, et renvoyer les cartes kanban. Aucun client n'a jamais acheté un produit et proposé de payer plus parce que les kanban sont toutes retournées au point de programmation !
  • Gaspillages : tâches qui ne créent aucune valeur et qui peuvent être totalement éliminées. Par exemple les retouches, l'entreposage des pièces entre deux étapes de production, la recherche des composants perdus. Aucun client nulle part ne veut payer pour ces tâches et il n'y a aucun besoin de les effectuer si les principes Lean sont entièrement appliqués.
 
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Trier les étapes existantes est une excellente façon de commencer à penser Lean, et c'est assez facile dans une usine quand vous dessinez une carte du flux de valeur. Mais quand vous allez au-delà de l'usine, comme beaucoup le font aujourd'hui, il est facile de se méprendre sur la nature du travail. En particulier, dans les bureaux ou dans le secteur médical, dans la maintenance, le re-conditionnement, le commerce de détail et dans d'autres environnements de production n'impliquant pas d'usines, de nombreux employés et cadres me disent qu'ils font du "travail créatif". Ils affirment que le résultat de chaque étape est imprévisible, que les étapes peuvent changer avec chaque nouveau produit, et que les tâches ne peuvent être clairement prévues. C'est pourquoi ils ne pourraient pas facilement définir les étapes dont ils auront besoin pour produire un résultat donné. Et, de leur point de vue, la plupart des étapes qu'ils effectuent actuellement sont créatrices de valeur, et non des tâches accessoires ni des gaspillages.
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Récemment, et venant de nulle part, j'ai reçu le manuscrit du roman lean que je recherchais depuis longtemps, The Gold Mine. Il avait été écrit par Freddy et Michael Ballé, un duo père et fils original. Freddy, le père, a fait une longue carrière comme dirigeant d'entreprise en France, applicant les méthodes Toyota qu'il avait apprise depuis le milieu des années 1970 en allant à Toyota City et en demandant à devenir deshi (l'élève des grands experts Toyota). Michael, le fils et l'écrivain, s'est fait une spécialité de comprendre comment nous apprenons de nouvelles choses et comment nous nous les approprions pour qu'elles deviennent une partie fondamentale de notre façon d'agir.
 
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Cependant, lorsque j'observe leur travail, je vois généralement quelque chose de très différent. Peu de situations nécessitent réellement des modifications créatives au milieu du processus – le patient qui fait une attaque cardiaque lors d'une appendicectomie de routine – ; au contraire, la plupart du travail hors-usine est vraiment banal. C'est à dire que les mêmes étapes doivent être effectuées de la même façon à chaque fois pour obtenir un bon résultat et que la plupart des tâches se classent en familles bien différenciées qui sont effectuées encore et encore. L'appendicectomie standard, la clôture mensuelle des comptes, la visite D (maintenance de fond) sur un 747.
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Pendant que je lisais leur manuscrit, un souvenir m'est revenu, une phrase de mon professeur d'Anglais à l'université, il y a près de 40 ans : "la vérité émerge des rêves de la fiction." Ce qu'il voulait dire, c'est que rien dans une fiction n'est réellement vrai - c'est un rêve, ou cela ne serait pas de la fiction. Mais les vérités émorionnelles que nous rencontrons dans les histoires sont souvent plus vraies et plus puissantes que celles que nous rencontrons dans la "vraie vie." De plus, une bonne histoire peut avoir plus d'effet sur la manière dont nous nous comportons que la meilleure synthèse de faits bruts.
 
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La raison pour laquelle le travail apparaît "créatif", c'est que les familles de produits ne sont pas clairement identifiées, qu'aucune des étapes n'est clairement définie, et que de nombreux processus supports nécessaires pour effectuer avec succès chaque étape font défaut. Par exemple, les instruments ou médicaments nécessaires pour l'étape suivante d'une procédure médicale manquent, ce qui fait quele médecin, l'infirmière ou le technicien doit partir "à la chasse au trésor" pour les trouver. Ce qui apparaît aux employés comme relevant d'un travail essentiellement productif mêlé d'un peu de travail accessoire m'apparaît à moi comme un petit peu de travail productif, un peu de travail accessoire et un énorme gaspillage.
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Et en lisant l'histoire de Papa, Mickey, Phil et Amy tentant de remettre à flot une entreprise en difficulté, tout ce qui leur arrivait me semblait plus vrai que la plupart des essais sur l'entreprise que j'ai pu lire, et beaucoup plus utile ! C'est un mélange unique entre, d'une part, les côtés émotionnels de la transformation d'une entreprise et, de l'autre, une description précise des outils et des techniques à employer, le tout permettant de comprendre comment tout cela doit être appliqué de manière combinée.
 
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Mais ce n'est pas le seul gaspillage que je vois. En regardant un niveau au-dessus du travail de base, je vois des armées de cadres courir furieusement pour débloquer des en-cours dans les processus. Nombre de leurs tournées sont réellement "créatives". Mais est-ce que le client veut réellement payer pour des interventions de cadres (c'est à dire, pour des retouches) dans les processus qui ne nécessiteraient aucune intervention s'ils étaient correctement conçus ? Certainement, ce sont autant d'exemples de créativité dont nous nous passerions volontiers, et c'est une honte que si peu d'employés et cadres s'aperçoivent que dans beaucoup de cas créativité et retouches sont une seule et même chose.
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Publier un roman est un grand pas pour nous au LEI, et je suis sûr qu'au moins quelques membres de la communauté Lean penseront que ce n'est pas notre genre de beauté. Mais je pense que c'est au contraire plutôt cohérent avec notre mission. J'ai fondé le LEU pour enseigner les méthodes lean dans un contexte où les candidats deshi sont nombreux (vous et moi sommes des étudiants) mais un manque sans espoir de remède de sensei (des enseignants possédant à la fois les connaissances et les capacités psychologiques de transformer les organisations). Jusqu'ici, nous nous sommes attaqué au côté intellectuel de l'apprentissage : dans nos workbooks, nous avons enseigné les outils et les techniques dont vous aurez besoin. Mais nous devons également enseigner les éléments émotionnels du changement et, en la matière, la vérité qui émerge des rêves de la fiction est la meilleure méthode disponible.
 
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S'il vous plait, ne vous méprenez pas : il y a du travail vraiment créatif à faire chaque jour. Par exemple, en trouvant une nouvelle façon ingénieuse de concevoir un produit auquel jamais personne n'a pensé auparavant. Mais c'est une toute petite fraction du travail total et la plupart de ce qui porte l'étiquette "travail créatif" est en fait du gaspillage pur et simple.

Par contraste, l'acte véritablement créatif que nous tous devrions effectuer comme employés et cadres est de repenser fondamentalement les processus que nous opérons et gérons pour que les familles de produits soient clairement identifiées, que les étapes soient précisément déterminées et standardisées et que les gaspillages soient éliminés et le travail accessoire réduit. Mais, pour cela aussi, nous avons besoin d'utiliser les processus standards de la cartographie du flux de valeur sur feuille A3. C'est le rôle réel de la créativité au travail.

Cordialement,

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C'est pourquoi j'espère que vous trouverez notre nouveau roman lean, The Gold Mine, aussi passionnant que je l'ai trouvé et qu'il vous aidera à intégrer les éléments intellectuels et émotionnels de votre propre transformation. Nous venons de le mettre en vente sur www.lean.org/library/thegoldmine, où vous pouvez également trouver un résumé, lire un extrait et parcourir les questions/réponses avec les auteurs.Cordialement,
  Jim WOMACK
Président et fondateur du Lean Enterprise Institute
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